lundi 21 juin 2021

Saint Cyprien et le "NOTRE PÈRE"

 Saint Cyprien et le "NOTRE PÈRE" 

Je ne sais pas si vous êtes au courant du fait que les prêtres, depuis qu'ils ont reçu le premier degré du sacerdoce, qu'on appelle le diaconat, ont promis à l'évêque qui les a ordonnés, de prier tous les jours la "prière de l'Église", appelée aussi le "bréviaire" ou la "prière du temps présent". Cette prière consiste en cinq offices répartis au cours de la journée, pour sanctifier la journée dans son ensemble. Les cinq offices sont: 

1- L'office des lectures: que la plupart des prêtres prient le matin, tôt. Personnellement, je prie cet office le soir, le soir du jour même; ce qui n'est pas très orthodoxe. Toutefois, nous sommes libres de prier cet office à n'importe quel moment de la journée.

2- Les laudes: le matin. Les laudes sont souvent appelées "la prière du matin". 

3- L'office du milieu du jour: Viennent ensuite les offices du milieu du jour: 

Tierce. à neuf heures ; Sexte, à midi et None à 15h. 

Les prêtres qui sont dans la vie active disent normalement un de ces trois offices. Je prie normalement None. Les moines et moniales prient normalement les trois offices. 

4- Les vêpres: Les vêpres sont aussi appelés "la prière du soir". Avant le souper. 

5- Les complies: Avant le coucher. 

L'office des lectures consiste en deux lectures: une lecture tirée de la Parole de Dieu et une autre lecture tirée des écrits des saints ou des saintes.

Durant toute la semaine dernière, grâce au bréviaire, nous avons été invités à méditer le très beau commentaire de Saint Cyprien sur le Notre Père. Nous avions ce commentaire comme deuxième lecture de l'office des lectures. La semaine dernière et cette semaine, aux messes de la semaine, nous contemplons et nous méditons le sermon sur la montagne que nous rapporte l'évangéliste saint Matthieu, aux chapitres 5, 6 et 7 de son évangile. Quel texte magistral et impressionnant !!! En plein milieu de ce sermon sur la montagne, au chapitre 6, Jésus nous enseigne la prière du Notre Père. Nous avons entendu cet enseignement jeudi dernier dans l'évangile de la messe. 

Hier, au Canada, c'était la fête des pères. Qui a eu l'heureuse idée hier de fêter notre Père du ciel et de lui rendre les honneurs qui lui sont dus ? Il est beau que la fête des pères soit toujours un dimanche, lors du JOUR DU SEIGNEUR. 

Pour faire suite à toutes ces occurrences des derniers jours où notre Père du ciel était à l'honneur, voici, ci-dessous, des extraits du commentaire magistral de saint Cyprien, sur le Notre Père. Saint Cyprien est né en Afrique du Nord vers l'an 200. Il s'est converti au christianisme et est devenu évêque de Carthage. Il est un des Pères de l'Église. Il est mort martyr le 14 septembre 258 sous la persécution de Valérien.

COMMENTAIRE DE SAINT CYPRIEN SUR LA PRIÈRE DU SEIGNEUR


Notre prière est publique et communautaire

Avant tout, le Christ, Docteur de la paix et Maître de l'unité, n'a pas voulu que la prière soit individuelle et privée, comme si l'on ne priait que pour soi. Nous ne disons pas : « Mon Père, qui es aux cieux », ni : « Donne-moi aujourd'hui mon pain de ce jour». Chacun ne demande pas pour lui seul, que sa dette lui soit remise, qu'il ne soit pas soumis à la tentation et qu'il soit délivré du Mal. Notre prière est publique et communautaire, et quand nous prions, ce n'est pas pour un seul, mais pour tout le peuple, car nous, le peuple entier, nous ne faisons qu'un.

Le Dieu de la paix et le Maître de la concorde, qui nous a enseigné l'unité, a voulu qu'un seul prie pour tous comme lui-même a porté tous les hommes en lui seul. Les trois jeunes Hébreux, jetés à la fournaise, ont observé cette loi de la prière. Lorsqu'ils priaient, leurs voix n'en faisaient qu'une, leurs esprits étaient accordés, ils n'avaient qu'un seul cœur. Nous pouvons croire ce que déclare l'Écriture en nous enseignant, comment ils priaient, elle donne un exemple que nous pouvons imiter dans nos prières, pour que nous puissions être exaucés comme eux : Alors, dit-elle, tous trois, d'une seule voix, chantaient un hymne et bénissaient Dieu. Ils priaient d'une seule voix, et pourtant le Christ ne leur avait pas encore enseigné à prier. Leur prière méritait d'être exaucée, elle fut efficace parce que la faveur du Seigneur était acquise à une prière pacifique, humble et spirituelle.

Nous voyons les Apôtres prier ainsi avec les disciples, après l'ascension du Seigneur : D'un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes et Marie, la mère de Jésus, et avec ses frères. D'un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière : l'assiduité en même temps que la concorde de leur prière montrait que Dieu, qui fait habiter dans sa maison ceux qui ont un seul cœur, n'admet dans sa demeure éternelle que ceux qui prient d'un seul cœur.

Comme les mystères de la prière du Seigneur, frères bien-aimés, sont nombreux et profonds ! Ils sont contenus dans de brèves paroles, mais avec quelle richesse de vertu spirituelle. Absolument rien n'est omis, parmi tout ce que nous pouvons demander dans la prière ; dans ce condensé de l'enseignement divin : Priez ainsi, dit le Seigneur : Notre Père qui es aux cieux. ~

L'homme nouveau, régénéré et rendu à son Dieu par la grâce divine, commence par dire Père, parce que désormais il est devenu fils. Le Verbe, dit saint Jean, est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, et qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir fils de Dieu. Celui qui a cru en son nom et qui est devenu fils de Dieu doit donc commencer à rendre grâce et à professer qu'il est fils de Dieu, en appelant son Père le Dieu qui est aux cieux.

« Que ton nom soit sanctifié »

Comme le Seigneur est plein de miséricorde ! Comme sa bienveillance et sa bonté envers nous sont généreuses ! Il a voulu que nous fassions notre prière en présence de Dieu, de telle sorte que nous donnions au Seigneur le nom de Père, et que nous nous désignions comme ses fils, de même que le Christ est Fils de Dieu. Aucun de nous n'aurait osé employer ce nom dans la prière si lui-même ne nous avait autorisés à prier ainsi.

Nous devons donc nous rappeler et savoir, frères bien-aimés, lorsque nous appelons Dieu notre Père, que nous devons nous conduire en fils de Dieu : et de même que nous nous complaisons à considérer Dieu comme notre Père, il doit pouvoir se complaire lui aussi en nous.

Vivons comme étant les temples de Dieu, pour qu'il soit évident que Dieu habite en nous. Nos actes ne doivent pas être indignes de l'Esprit : devenus maintenant des hommes spirituels et célestes, n'ayons de pensées et d'actions que spirituelles et célestes, car le Seigneur Dieu l'a dit lui-même : J'honorerai ceux qui m'honorent et ceux qui me méprisent seront méprisés. Et l'Apôtre Paul a déclaré dans sa lettre : Vous n'appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés très cher. Honorez Dieu dans votre corps.

Ensuite nous disons : Que ton nom soit sanctifié. Ce n'est pas parce que nous souhaitons que Dieu soit sanctifié par nos prières, mais parce que nous demandons au Seigneur que son nom soit sanctifié en nous. D'ailleurs, par qui Dieu pourrait-il être sanctifié, puisque c'est lui qui sanctifie ? Il a dit lui-même : Soyez saints parce que je suis saint. Aussi demandons-nous instamment, puisque nous avons été sanctifiés au baptême, de persévérer dans ce que nous avons commencé d'être. Et nous prions pour cela chaque jour. Nous avons besoin d'une sanctification quotidienne : puisque nous péchons chaque jour, nous devons nous purifier par une sanctification spirituelle.

Cette sanctification qui nous est accordée par la bienveillance de Dieu, l'Apôtre la proclame lorsqu'il dit : Ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les sodomites, ni les voleurs, ni les escrocs, ni les ivrognes, ni les dénonciateurs n'obtiendront le Royaume de Dieu. Et c'est bien ce que vous étiez. Mais vous avez été baptisés, vous avez été justifiés, vous avez été sanctifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l'Esprit de notre Dieu.

Il dit que nous avons été sanctifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l'Esprit de notre Dieu. Nous prions pour que cette sanctification demeure en nous. Parce que le Seigneur notre juge interdit à celui qu'il a guéri et rendu à la vie de pécher désormais, de peur qu'il ne lui arrive quelque chose de pire, nous l'en prions par des oraisons continuelles : nous le supplions jour et nuit pour que notre sanctification et le don de la vie, que nous tenons de la grâce de Dieu, nous soient conservés par sa protection.


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