dimanche 7 juin 2020

La Trinité par Anne-Marie Forest

 La Trinité par Anne-Marie Forest
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La Trinité, oeuvre d'Anne-Marie Forest

Mon amie, Anne-Marie Forest, est une grande artiste. Elle a décoré de ses oeuvres des églises à Montréal. Vous avez devant les yeux une de ses oeuvres.

Le Triptyque de la Trinité de l’église Ste Bibiane

Une collaboration spéciale de Mme Anne-Marie Forest

Je me suis donc inspirée de représentations où l’on voit le Christ sur la croix, porté par le Père, mais au lieu de la croix, les mains du Père enlacent et supportent celles du Fils dans un geste qui le relève du tombeau. …

Le visage du Père est plus hiératique que celui du fils, c'est-à-dire avec un caractère plus « sacré et impassible », se rapprochant du visage écrit dans les icônes. Celui de Jésus est incliné, vu de trois-quarts et ses cheveux flottent au vent. C’est un visage de type syro-palestinien, les cheveux et les yeux foncés. J’ai voulu lui donner un peu de la délicatesse d’un enfant au réveil ou encore celle de l’agneau immolé qu’est Jésus en m’inspirant du climat plein de douceur des peintures du peintre Raphaël. Jésus dit aussi de lui-même : « Je suis doux et humble de cœur »

La couleur de la peau est jaune ocre, se rapprochant de celle des icônes. Le corps est plutôt athlétique, mais porte les stigmates de la Passion dans le creux des poignets et sur les pieds. Le Cœur de Jésus recouvert d’or, est représenté avec l’eau et le sang. Il s’agit de la référence à la transfixion, c'est-à-dire, au coup de lance dans le récit de la Passion par saint Jean. « Mais l’un des soldats, de sa lance lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l’eau ». chapitre 19, verset 34 C’est aussi la référence à la dévotion au Cœur Sacré de Jésus. Cette dévotion a son origine dans les visions respectives de Marguerite Marie Alacoque et de Sœur Faustine Kovalska. La première eu lieu le 2 juillet 1688. Cette dévotion a été vécue comme une réponse à l’amour de Jésus, dans le sens d’une réparation à cet amour qui n’est pas reconnu et aimé. Avec Sr Faustine, cette dévotion met l’accent sur la miséricorde de Jésus. C’est surtout sur ce dernier point que j’ai désiré mettre l’emphase en insistant sur la vie donnée par le Christ dans son Incarnation, sa Passion et sa Résurrection. En peignant chaque goutte, j’ai prié les litanies au Cœur de Jésus, et en pensant à des personnes ou des Communautés qui me sont proches.

L’Esprit Saint, figuré par la colombe sur l’épaule de Jésus, se trouve à proximité de sa bouche et son cœur. De sa bouche, car c’est aussi une référence biblique : Ouvrant la bouche, il remit l’esprit. Esprit et souffle de vie sont un. « La scène de l’apparition de Jésus aux disciples, le soir de Pâques, nous semble aller dans le sens de cette interprétation. Comme au moment de la mort de Jésus, l’Esprit sort par la bouche de Jésus: « Il souffla sur eux » et Jésus leur dit: « Recevez l’Esprit Saint » (20, 22). L’effusion de l’Esprit est symbolisée par le souffle qui sort de la bouche de Jésus et qui communique aux disciples l’Esprit Saint. Mais, dans cet événement, Jésus discrètement rappelle la source profonde d’où provient l’Esprit: « Il leur montra ses mains et son côté » (20, 20). Il n’y a pas d’Esprit sans lien avec le « côté » de Jésus. » André Charbonneau s.j. Jésus a les pieds posés sur un arbre, un pommier en fleurs, dans lequel il y a beaucoup d’oiseaux. Le pommier, car Jésus est le « nouvel Adam » qui renouvelle et redonne la vie au monde perdu. C’est toute la création qui est rénovée. Les oiseaux illustrent la parabole du grain de sénevé ou graine de moutarde, que l’on trouve dans l’Évangile selon St Matthieu, chapitre 13, versets 30 à 32 : Jésus leur proposa une autre parabole, et il dit : le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ. C'est la plus petite de toutes les semences ; mais, quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches. » Dans son commentaire sur la parabole du grain de moutarde, St jean Chrysostome dit : « Elle est la plus petite de toutes les semences; mais lorsqu’elle a poussé, elle est plus grande que toutes les autres, et devient un arbre, en sorte que les oiseaux du ciel viennent se reposer sur ses branches. »

Cette dernière circonstance est un indice de grandeur. Or, telle sera la prédication de l’Évangile. Et en effet, ceux qui l’ont prêché étaient bien les plus humbles des hommes, mais comme il y avait en eux une grande vertu, leur prédication s’est étendue sur toute la terre. Cette parabole est aussi à l’image de la foi qui grandit par la Parole de Dieu semée dans le cœur de celui qui devient disciple, développant aussi sa relation personnelle au Christ, dans la prière et l’action. « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, Du Fils, et du SaintEsprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » Évangile de St Matthieu, chapitre 28, versets 16 à 20. L’arbre est donc planté au sol, sur un demi-cercle qui représente la terre entière, dont le relief est suggéré par les montagnes et ses vallées. C’est l’Incarnation du Fils dans l’histoire du monde qui est aussi suggéré par cette représentation. Le Christ est à la fois dans le ciel et sur terre et il nous est donné par Dieu en même temps qu’il s’offre luimême. Au sol se trouvent des animaux qui viennent boire à la source. On y voit des cerfs, des chevreuils. Référence au Psaume 41 (42) Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu ?

Ils sont symboles aussi du catéchumène qui aspire au baptême, comme dit Saint Jérôme : « à la source du Salut ». On retrouve cette image du cerf sur des baptistères, dès les premiers temps de l’église. Il est aussi symbole du Christ qui est vainqueur du serpent, présent dans le jardin des origines. Les gros oiseaux du bas sont le héron, le pélican et flamand rose africain. Le pélican est symbole chrétien. En effet, il nourrit ses petits en dégorgeant les poissons emmagasinés dans une poche extensible qu’il vide en pressant son bec contre sa poitrine ; au Moyen-âge on croyait qu’il perçait son flanc pour nourrir ses petits de sa propre chair et de son sang. Les premiers chrétiens ont représenté Jésus ainsi en pensant à son sacrifice sur la croix où il a versé son sang par amour pour tous. Le pélican est donc devenu le symbole de l’amour du Christ qui donna sa vie pour tous les hommes, afin que tous aient la Vie. « Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna, en disant : "Prenez, ceci est mon corps". Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : "ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le Royaume de Dieu". Après le chant d’action de grâce, ils partirent pour le mont des Oliviers. »

Cette Trinité est aussi une représentation de toute la Création, renouvelée et restaurée. « Alors j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari. Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. » (Livre de l’Apocalypse 21,1-6).

Anne-Marie Forest

  Dieu ma joie: Anne-Marie Forest, artiste-peintre


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