La Trinité par Anne-Marie Forest
La Trinité, oeuvre d'Anne-Marie Forest
Mon amie, Anne-Marie Forest, est une grande artiste. Elle a décoré de ses oeuvres des églises à Montréal. Vous avez devant les yeux une de ses oeuvres.
Le Triptyque de la Trinité de l’église Ste
Bibiane
Une collaboration spéciale de Mme Anne-Marie Forest
Je me suis
donc inspirée de représentations où l’on voit le Christ sur la croix, porté par
le Père, mais au lieu de la croix, les mains du Père enlacent et supportent
celles du Fils dans un geste qui le relève du tombeau. …
Le visage du
Père est plus hiératique que celui du fils, c'est-à-dire avec un caractère plus
« sacré et impassible », se rapprochant du visage écrit dans les icônes. Celui
de Jésus est incliné, vu de trois-quarts et ses cheveux flottent au vent. C’est
un visage de type syro-palestinien, les cheveux et les yeux foncés. J’ai voulu
lui donner un peu de la délicatesse d’un enfant au réveil ou encore celle de
l’agneau immolé qu’est Jésus en m’inspirant du climat plein de douceur des
peintures du peintre Raphaël. Jésus dit aussi de lui-même : « Je suis doux et
humble de cœur »
La couleur de la peau est jaune ocre, se
rapprochant de celle des icônes. Le corps est plutôt athlétique, mais porte les
stigmates de la Passion dans le creux des poignets et sur les pieds. Le Cœur de
Jésus recouvert d’or, est représenté avec l’eau et le sang. Il s’agit de la
référence à la transfixion, c'est-à-dire, au coup de lance dans le récit de la
Passion par saint Jean. « Mais l’un des soldats, de sa lance lui perça le côté
et il sortit aussitôt du sang et de l’eau ». chapitre 19, verset 34 C’est aussi
la référence à la dévotion au Cœur Sacré de Jésus. Cette dévotion a son origine
dans les visions respectives de Marguerite Marie Alacoque et de Sœur Faustine
Kovalska. La première eu lieu le 2 juillet 1688. Cette dévotion a été vécue
comme une réponse à l’amour de Jésus, dans le sens d’une réparation à cet amour
qui n’est pas reconnu et aimé. Avec Sr Faustine, cette dévotion met l’accent
sur la miséricorde de Jésus. C’est surtout sur ce dernier point que j’ai désiré
mettre l’emphase en insistant sur la vie donnée par le Christ dans son
Incarnation, sa Passion et sa Résurrection. En peignant chaque goutte, j’ai
prié les litanies au Cœur de Jésus, et en pensant à des personnes ou des
Communautés qui me sont proches.
L’Esprit Saint, figuré par la colombe sur
l’épaule de Jésus, se trouve à proximité de sa bouche et son cœur. De sa
bouche, car c’est aussi une référence biblique : Ouvrant la bouche, il remit
l’esprit. Esprit et souffle de vie sont un. « La scène de l’apparition de Jésus
aux disciples, le soir de Pâques, nous semble aller dans le sens de cette
interprétation. Comme au moment de la mort de Jésus, l’Esprit sort par la
bouche de Jésus: « Il souffla sur eux » et Jésus leur dit: « Recevez l’Esprit
Saint » (20, 22). L’effusion de l’Esprit est symbolisée par le souffle qui sort
de la bouche de Jésus et qui communique aux disciples l’Esprit Saint. Mais,
dans cet événement, Jésus discrètement rappelle la source profonde d’où
provient l’Esprit: « Il leur montra ses mains et son côté » (20, 20). Il n’y a
pas d’Esprit sans lien avec le « côté » de Jésus. » André Charbonneau s.j.
Jésus a les pieds posés sur un arbre, un pommier en fleurs, dans lequel il y a
beaucoup d’oiseaux. Le pommier, car Jésus est le « nouvel Adam » qui renouvelle
et redonne la vie au monde perdu. C’est toute la création qui est rénovée. Les
oiseaux illustrent la parabole du grain de sénevé ou graine de moutarde, que
l’on trouve dans l’Évangile selon St Matthieu, chapitre 13, versets 30 à 32 :
Jésus leur proposa une autre parabole, et il dit : le royaume des cieux est semblable
à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ. C'est la plus
petite de toutes les semences ; mais, quand il a poussé, il est plus grand que
les légumes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent
habiter dans ses branches. » Dans son commentaire sur la parabole du grain de
moutarde, St jean Chrysostome dit : « Elle est la plus petite de toutes les
semences; mais lorsqu’elle a poussé, elle est plus grande que toutes les
autres, et devient un arbre, en sorte que les oiseaux du ciel viennent se
reposer sur ses branches. »
Cette dernière circonstance est un indice de
grandeur. Or, telle sera la prédication de l’Évangile. Et en effet, ceux qui
l’ont prêché étaient bien les plus humbles des hommes, mais comme il y avait en
eux une grande vertu, leur prédication s’est étendue sur toute la terre. Cette
parabole est aussi à l’image de la foi qui grandit par la Parole de Dieu semée
dans le cœur de celui qui devient disciple, développant aussi sa relation
personnelle au Christ, dans la prière et l’action. « Allez ! De toutes les
nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, Du Fils, et du
SaintEsprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi,
je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » Évangile de St
Matthieu, chapitre 28, versets 16 à 20. L’arbre est donc planté au sol, sur un
demi-cercle qui représente la terre entière, dont le relief est suggéré par les
montagnes et ses vallées. C’est l’Incarnation du Fils dans l’histoire du monde
qui est aussi suggéré par cette représentation. Le Christ est à la fois dans le
ciel et sur terre et il nous est donné par Dieu en même temps qu’il s’offre
luimême. Au sol se trouvent des animaux qui viennent boire à la source. On y
voit des cerfs, des chevreuils. Référence au Psaume 41 (42) Comme un cerf
altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu. Mon âme a
soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m'avancer, paraître face à Dieu
?
Ils sont symboles aussi du catéchumène qui
aspire au baptême, comme dit Saint Jérôme : « à la source du Salut ». On retrouve
cette image du cerf sur des baptistères, dès les premiers temps de l’église. Il
est aussi symbole du Christ qui est vainqueur du serpent, présent dans le
jardin des origines. Les gros oiseaux du bas sont le héron, le pélican et
flamand rose africain. Le pélican est symbole chrétien. En effet, il nourrit
ses petits en dégorgeant les poissons emmagasinés dans une poche extensible
qu’il vide en pressant son bec contre sa poitrine ; au Moyen-âge on croyait
qu’il perçait son flanc pour nourrir ses petits de sa propre chair et de son
sang. Les premiers chrétiens ont représenté Jésus ainsi en pensant à son
sacrifice sur la croix où il a versé son sang par amour pour tous. Le pélican
est donc devenu le symbole de l’amour du Christ qui donna sa vie pour tous les
hommes, afin que tous aient la Vie. « Pendant le repas, Jésus prit du pain,
prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna, en disant : "Prenez,
ceci est mon corps". Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur
donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : "ceci est mon sang, le sang
de l’Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai
plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le
Royaume de Dieu". Après le chant d’action de grâce, ils partirent pour le
mont des Oliviers. »
Cette Trinité est aussi une représentation de
toute la Création, renouvelée et restaurée. « Alors j’ai vu un ciel nouveau et
une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés
et, de mer, il n’y en a plus. Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je
l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme
une épouse parée pour son mari. Et j’entendis une voix forte qui venait du
Trône. Elle disait : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera
avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur
Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y
aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé.
» (Livre de l’Apocalypse 21,1-6).
Anne-Marie
Forest
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