L’aube et l’espérance
chrétienne
« Le
premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au
tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent la
pierre roulée sur le côté du tombeau. » (Lc 24, 1-2)
« Le jour de la passion, il n’y avait pas eu
le temps de terminer les rites funèbres; c’est pourquoi, en cette aube pleine
de tristesse, les femmes se rendent à la tombe de Jésus avec les onguents
parfumés » (Pape François, Audience générale, 17 mai 2017).
« La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les œuvres
des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. » (Rm 13, 12)
La veille de sa Passion, Jésus dit : « Votre peine se changera en joie. »
(Jn 16, 20)
La résurrection de Jésus a eu lieu en pleine nuit,
alors qu’il faisait noir. C’est pour cela que liturgiquement, on célèbre la
Résurrection de Jésus à la tombée du jour, quand la noirceur et les ténèbres
couvrent la terre. Jésus est ressuscité de nuit. Quand les femmes se sont
rendues au tombeau, au lever du jour, à l’aube, Jésus était déjà ressuscité.
Cela est très intéressant. Je pense que Dieu veut nous dire par là que la
Résurrection est déjà dans nos nuits, dans nos épreuves et dans nos morts. Pour
Jésus gloire et passion se vivent en même temps. Quand le moment de sa passion
a été définitivement scellé, c’est-à-dire quand Judas fut sorti du cénacle le
soir du Jeudi Saint, pour aller
chercher les gardes qui feraient Jésus prisonnier, Jésus a dit ces
paroles : « Maintenant le Fils
de l’homme est glorifié » (Jn 13, 31) Donc, Jésus voyait déjà la
gloire de la Résurrection dans la trahison de Judas qui est devenue effective
lorsque Judas a quitté le Cénacle. La
résurrection a lieu dans nos nuits, mais en s’en rend compte, on en fait
l’expérience seulement à l’aube, quand la lumière commence à poindre.
Mon dernier blogue portait sur la session Vie Nouvelle que nous étions sur le
point de vivre. Cette session est maintenant chose du passé mais les fruits
sont bien présents dans nos vies. Toutes les personnes qui ont participé à
cette session de l’École d’Évangélisation Saint-André (ÉÉSA), ont fait l’expérience du matin
de Pâques, sont passées de la tristesse à la joie. Oui, une vie nouvelle coule
dans leurs veines.
Je suis en train de lire le livre de Jean-Claude
Guillebaud, intitulé : La foi qui
reste. Cet auteur, ancien correspondant de guerre, a des pages merveilleuses
sur l’aube. C’est cet auteur qui est à l’origine du présent blogue. Dans son
livre, il ne fait pas de lien entre l’aube matinale et la Résurrection de
Jésus; mais c’est lui qui m’a conduit à voir l’importance de l’aube pour tout
chrétien. Voici quelques extraits de son livre :
« En Charente, la porte-fenêtre de mon bureau est
tournée vers l’est. Plein est, disait mon père. Chaque matin, à l’aube, j’ai
sous les yeux un grand hêtre et le coin d’une grange. C’est là que je guette
l’arrivée du jour. Dès qu’apparaît derrière les branches la blancheur timide de
l’aube, puis le rose poudreux de l’aurore, je m’arrête d’écrire ou de lire. Je
suis suspendu à ce doux recommencement.
J’essaie d’en goûter chaque minute en regrettant qu’elle soit si brève. Je ne
me suis jamais « habitué » à cette puissance renouvelée qui blanchira
bientôt le ciel. …
Aujourd’hui, en tout cas, je comprends mieux pourquoi
cet amour du matin est au cœur de ma foi, qu’il nourrit et fortifie. L’aurore
n’est pas seulement l’annonce du jour. Elle est une écoute, une demande
honorée, une espérance reconduite. Dans la vie monacale, les prières du matin –
vigiles et laudes – sont décrites par saint Bernard comme le moment où « l’esprit est lucide, où règne un silence
plus parfait que tous ceux qui suivront ». … L’aube « commence » effectivement
la journée, mais elle est d’abord une halte, une pause, une respiration, un
abandon.
J’ai
toujours du mal à prier. Je suis embarrassé, maladroit, débutant. En revanche,
un simple intervalle de silence qui voit la palette rose de l’aurore monter
derrière la grange me suffit pour accéder à une véritable prière. La gaieté qui
m’habite alors est ressentie avant d’être pensée. Elle est plus charnelle que
cérébrale. La vue, l’odorat, l’ouïe, le toucher sont plus sollicités que
l’esprit. Bernanos, encore lui, n’oublie jamais d’évoquer cette incarnation réciproque de l’aube et de
l’espérance : « Qui n’a pas vu la route, à l’aube, entre deux rangées
d’arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait pas ce que c’est que
l’espérance. » …
Ce qui vaut pour l’aube, vaut aussi pour la foi. Elle
n’est pas une idée, mais une rencontre.
Elle n’est pas une réflexion mais une sensation. Avant d’être l’objet d’un
raisonnement, elle se vit, s’éprouve et se partage. » (Jean-Claude
Guillebaud, La foi qui reste, pp.
205, 209-210)
Le pape Jean-Paul II, dans un message adressé aux
jeunes en prévision des Journées mondiales
de la jeunesse qui devaient avoir lieu à Toronto en 2002, a écrit ceci :
« Quand
la lumière diminue ou disparaît totalement, on ne parvient plus à distinguer la
réalité autour de soi. Au plus fort de la nuit, on peut se sentir apeuré et
insécurisé, et l’on attend alors avec impatience l’arrivée de la lumière de
l’aurore. Chers jeunes, il vous appartient d’être les sentinelles du matin
(cf. Is 21, 11-12) qui annoncent l’arrivée du soleil qui est
le Christ ressuscité. » (Jean-Paul II, Message en vue des JMJ de Toronto,
le 25 juillet 2001)
Psaume 129 :
J'espère le Seigneur de toute mon âme ; je l'espère, et j'attends sa
parole.
Mon âme attend le Seigneur plus qu'un veilleur ne guette l'aurore.
Plus qu'un veilleur ne guette l'aurore, attends le Seigneur,
Israël.
Oui, près du Seigneur, est l'amour; près de lui, abonde le rachat.
C'est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes. (Psaume 129, 5-8)
Questions pour un
partage :
Quelle est la phrase, l’expression, l’idée qui t’a le
plus touché(e) dans ce texte ?
Crois-tu , ou veux-tu croire que dans tes croix,
réside déjà la lumière de la Résurrection ?
As-tu déjà expérimenté cela durant ta vie ?
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