mercredi 4 janvier 2017

La grâce avant les oeuvres

La grâce avant les œuvres
Image associée 

Ce matin, je me suis décidé à écrire un blogue sur les magnifiques pages que j’ai lues en fin d’année dernière de la plume et du cœur d’un auteur que j’aime beaucoup: le Père Raniero Cantalamessa. J’ai décidé de donner comme titre à ce blogue, les mots suivants: « La grâce avant les œuvres ». Or voici que je reçois ce matin un mot d’un de mes confrères québécois qui vit en France. Il m’a envoyé les mots suivants, après avoir lu mon dernier blogue intitulé: « Mon Dieu bénissez la nouvelle année » :

Merci, Guy.
Tout est grâce en effet, même notre pauvre participation.
Je te souhaite une bonne et sainte année, santé, paix et l’héritage du Paradis à la fin de tes jours.
Mes souhaits à toute la communauté,
Patrice

Ces quelques mots du Père Patrice, qui a été durant douze ans le supérieur général de notre Congrégation religieuse, m’ont confirmé qu’il était temps de mettre sur papier les intuitions et les découvertes du Père Cantalamessa. Cela fait déjà quelques semaines que je désire écrire ce blogue; le moment est donc venu. Merci Patrice!

Les considérations qui suivent, sont tirées du livre du Père Cantalamessa, intitulé: Le regard de la Miséricorde, au chapitre 15. Voici le principe qui sous-tend tout ce chapitre 15 :

« Le christianisme – à la différence de toute religion ou philosophie religieuse – ne commence pas en disant à l’homme ce qu’il doit faire pour être sauvé; il commence en disant ce que Dieu a fait pour le sauver. Il ne commence pas par le devoir, mais par le don. …  Avant le devoir, il y a le don; avant les œuvres, la grâce. » (Raniero Cantalamessa, Le regard de la Miséricorde, p. 159).

La phrase biblique la plus explicite sur ce sujet, est selon moi celle-ci: « Voici en quoi consiste l’amour: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. » (1 Jn 4, 10).

Voilà ce qui est premier: l’amour de Dieu pour moi, pour chacun d'entre nous; l’amour de Dieu pour le monde. Ce sera toujours cela qui sera premier dans ma vie et dans mes actions. Pourquoi aimer les autres? Parce que Dieu m’aime; parce que Dieu aime la personne que je rencontre, parce que Dieu aime toutes ses créatures. Et parce que Jésus a prié son Père lors de la dernière Cène, pour que l’amour dont le Père L’aime lui le Fils, soit en nous: « Père, je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » (Jn 17, 26)

Le Père Cantalamessa souligne le fait que certains passages des évangiles peuvent nous mettre sur une fausse piste. Par exemple:

« Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde. » (Mt 5, 7)

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6, 12)

« Si vous ne remettez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous remettra pas vos manquements. » (Mt 6, 15)

Le Père Cantalamessa nous dit que « ces phrases pourraient nous porter à croire que la miséricorde de Dieu envers nous est un effet de notre miséricorde envers les autres, et qu’elle lui est proportionnée. Mais si c’était le cas, le rapport entre grâce et bonnes œuvres s’en trouverait complètement renversé, et on détruirait le caractère de pure gratuité de la miséricorde divine. … Nous devons faire miséricorde parce qu’il nous a été fait miséricorde, non pour qu’il nous soit fait miséricorde. » (Ibid, p. 161)

« Le Seigneur vous a pardonnés, faites de même à votre tour. » (Col 2, 13). C’est la grande leçon que nous apprend la parabole des deux serviteurs, ou la parabole du serviteur qui refuse de pardonner, en Mt 18, 23 sq.

GRÂCE – DON – GRATUITÉ

Comment pouvons-nous imiter l’amour gratuit de Dieu? Le Père Cantalamessa cite un texte magnifique de sainte Catherine de Sienne :

« Je vous demande de m’aimer du même amour dont je vous aime. En vérité vous ne le sauriez faire complètement. Moi je vous ai aimés, avant d’être aimé, et dès lors, tout amour que vous avez pour moi, est une dette que vous acquittez, non une grâce que vous me faites, tandis que l’amour que j’ai pour vous est une faveur que je vous accorde, mais que je ne vous dois pas. Vous ne pouvez donc me rendre, à moi, l’amour que je vous réclame. Mais je vous ai placés à côté de votre prochain, pour vous permettre de faire pour lui ce que vous ne pouvez faire pour  moi: l’aimer par grâce, et avec désintéressement, sans en attendre aucun avantage. Je considère alors comme fait à moi ce que vous faites au prochain. » (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue de la Divine Providence, Paris, Seuil, 2002, p. 64)

Cette citation de sainte Catherine de Sienne est très intéressante, mais elle ne résout pas tout puisque saint Paul nous dit: « N’ayez de dettes envers personne, sinon celle de l’amour mutuel » (Rm 13, 8). Voilà le paradoxe: je puis aimer gratuitement et de façon désintéressée mon prochain, mais il n’en demeure pas moins que cet amour, je le lui dois. Pourquoi? Parce « l’amour a été répandu en nos cœurs par le Saint Esprit » (Rm 5, 5). L’amour qui est dans le cœur du chrétien, ne vient pas de lui, Il vient de Dieu, et plus précisément de l’Esprit Saint. Cet amour ne peut pas être conservé égoïstement et gardé pour soi; il doit être répandu. Mon prochain y a droit et il pourra toujours réclamer son dû. 

« Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout, s’écria: « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture: De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. » En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » (Jn 7, 37-39) 







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire