mardi 29 novembre 2016

Procurer de la joie à Dieu

Procurer de la joie à Dieu
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Ce n’est pas pour rien que mon blogue s’intitule Dieu ma joie. La joie est un des éléments essentiels de ma spiritualité. Dieu est ma joie. Mais je dois aussi être la joie de Dieu, comme le dit ce passage du livre d’Isaïe: « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. » (Is 62, 5b). Un peu comme sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui disait souvent qu’elle désirait « faire plaisir au Bon Dieu » ou « faire plaisir à Jésus ». Quel beau désir que celui de vouloir procurer de la joie à Dieu !

Or qu’est-ce qui donne le plus de joie à Dieu? L’événement qui donne le plus de joie à Dieu, c’est lorsqu’un de ses enfants qui s’est égaré du droit chemin, revient à Lui, retourne pour ainsi dire à la maison. Voilà la plus grande joie que l’on puisse procurer à Dieu. Et en corollaire, l’acte qui donne le plus de joie à Dieu, est l’acte de pardonner. C’est donc en travaillant au salut des âmes, en essayant de ramener des brebis au bercail, que nous réjouirons surtout Dieu.

Les trois paraboles de la Miséricorde sont de petits joyaux en ce sens. Je lis en ce moment le très beau livre du Père Raniero Cantalamessa, intitulé: Le regard de la Miséricorde. Le livre contient de très belles pages sur les paraboles de la Miséricorde que l’on retrouve en saint Luc, au chapitre 15.

Le Père Cantalamessa nous dit que Jésus invente trois paraboles qui semblent présenter des situations humaines évidentes, mais qui, après analyse, ne sont pas si évidentes que cela et sont même contraires à l’expérience de tous les jours. Par exemple, Jésus dit : « Lequel d’entre vous, s’il possède 100 brebis et qu’il en perde une, ne laissera pas les 99 dans le pâturage, pour aller à la recherche de la brebis perdue? ». Or de fait, pas un berger ne ferait cela; pas une personne normale ne ferait cela. Le propriétaire des brebis aurait bien trop peur que durant son absence, beaucoup d’autres brebis ne se perdent. Mais il faut savoir que le but de la parabole n’est pas de nous renseigner sur l’être humain, mais sur Dieu. Dieu lui va agir comme ça: Il va chercher la brebis perdue jusqu’à ce qu’Il la retrouve. Pourquoi? Parce que, nous dit le Père Cantalamessa, Dieu ne sait compter que jusqu'à un. Quelle belle phrase! Quelle belle expression!

« Que pouvons-nous déduire pour notre vie de cette lecture « synchronisée » des trois paraboles? Avant toutes choses, ceci: que Dieu nous aime vraiment, que ce qui nous concerne et nous arrive ne le laisse jamais indifférent mais trouve un écho en son cœur, jusqu’à provoquer en lui angoisse, espérance, douleur et joie. Nous devons lui être vraiment chers!

Ensuite que nous lui sommes chers en tant que personnes et non en tant que masse ou en tant que nombres. Le fait que soit ainsi isolée une unique brebis, face à tout le reste du troupeau, sert à nous inculquer précisément que Dieu nous connaît par notre nom, que chacun de nous est son fils ou sa fille unique. Dieu ne sait compter que jusqu’à un, et ce « un », c’est chacun de nous! Mais n’est-ce pas, dans le fond, ce que fait tout vrai père, toute vraie mère sur cette terre? Si une maman a cinq enfants, elle ne divise pas son amour par cinq pour en donner à chacun un petit morceau, elle aime chacun avec tout l’amour dont elle est capable. » (1)

Le Père Cantalamessa nous dit que les trois paraboles de la Miséricorde que l’on retrouve l’une après l’autre en saint Luc, nous révèlent de façon évidente et fulgurante quelque chose sur Dieu que l’Ancien Testament n’avait fait que « révéler en sourdine »: non seulement Dieu est Amour, non seulement Dieu pardonne; mais Il trouve sa joie à faire Miséricorde:

« Si le contexte des paraboles est christologique, le texte, lui, est théologique. Elles contiennent en d’autres termes une révélation sur Dieu, et une révélation fulgurante. Si la miséricorde et l’amour (hesed) est le trait caractéristique de Dieu dans tout l’Ancien Testament, il faut alors dire que ces paraboles constituent le cœur de la révélation biblique sur Dieu et, en plus, elles ajoutent quelque chose qu’on ne savait pas auparavant, au moins de façon aussi claire, à savoir que Dieu se réjouit de faire miséricorde! Le prophète Michée disait déjà que Dieu « n’exaspère pas pour toujours sa colère, mais qu’il prend plaisir à faire grâce » (Mi 7, 18). Et là, ce qui jusque-là avait été dit « en sourdine », est proclamé sur les toits.

Revenons donc au cœur de ces paraboles qui est la joie de Dieu. Elle revient au moins trois fois dans les très courtes paroles du berger : Une fois retrouvée, « tout joyeux », il rentre chez lui …  Il dit à ses amis: « Réjouissez-vous avec moi » …  « Il y a de la joie devant les anges de Dieu ». Dans la parabole du père bon, la joie déborde et se transforme en fête; le père ne tient plus en place et ne sait quoi inventer; il sort son habit de fête, l’anneau marqué du sceau familial …, le veau gras. » (2)

Le Père Cantalamessa se demande pourquoi notre bon Père du ciel se réjouit davantage du retour de la brebis perdue que de la présence autour de lui des 99 autres brebis. Le cher Capucin nous dit que c’est le « poète théologien Charles Péguy » qui l’a le plus éclairé sur ce point. Péguy, dans son chef d’œuvre intitulé Le Porche du mystère de la deuxième vertu (la deuxième vertu, c’est « l’espérance »; quand on parle des trois vertus théologales, on les met toujours dans l’ordre suivant: la foi, l’espérance et la charité), dit que l’attente du Père qui est anxieux de voir revenir son fils prodigue, a fait naître en Dieu un sentiment nouveau, inconnu jusqu’alors. Ce sentiment, c’est l’espérance: « Tous les autres, Dieu les aime en amour. Mais cette brebis, Jésus l’a aimée aussi en espérance. »


(1) Raniero Cantalamessa, Le regard de la Miséricorde, Éditions des Béatitudes, Paris, 2016, pp. 105-106

(2) Ibid, pp. 97-98.







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