samedi 5 novembre 2016

Manifester la tendresse de Dieu

Manifester la tendresse de Dieu
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La Parole de Dieu de ce dimanche nous parle de la mort. Dans la première lecture, nous voyons de jeunes hommes juifs prêts à se faire tuer par amour pour Dieu et ses lois divines. Dans l’évangile, nous voyons des saducéens pour qui la résurrection des morts est une aberration et une fausseté, mettre Jésus à l’épreuve. Pour montrer que la résurrection ne fait aucun sens, les saducéens présentent à Jésus un cas hypothétique et farfelu: le cas de cet homme qui meurt sans avoir d’enfants et dont les sept frères épousent la veuve. Ils posent alors cette question à Jésus: « À la résurrection, de qui cette femme sera-t-elle l’épouse? ». Jésus essaie alors de leur faire comprendre qu’il ne savent absolument rien de la vie future, de la vie dans l’au-delà. La vie « là-bas », n’est plus la vie d’ici. Les personnes mariées se retrouveront au ciel, mais il n’y aura plus de mariage comme telle. La vie matrimoniale, l’union des couples et l’éducation des enfants, c’est ici-bas que cela se joue.

Mais cette année, à cause d’un livre que je suis en train de lire, je vois la Parole de Dieu de ce dimanche, sous un autre angle; sous l’angle de la vie et non pas de la mort. Je lis un livre où il est question des chrétiens que l’on tue en ce moment même dans le monde, particulièrement au Moyen-Orient, là où Dieu s’est incarné, là où Dieu a posé les pas.

L’auteur du livre, Martin Steffens, nous fait comprendre que les chrétiens sont haïs parce qu’ils croient en un Dieu qui s’est fait tellement proche de nous. C’est incroyable, n’est-ce pas? L’homme et la femme moderne craignent le Dieu tendresse des chrétiens, le Dieu qui fait route avec nous, qui est tout proche de nous. C’est quand même incroyable. Steffens fait un parallèle avec ce que l’Église a vécu durant la Révolution française, sous le régime de la Terreur. Sous ce régime, « on pouvait adorer l’Être suprême, mais il était interdit d’adorer de tout son cœur ce Dieu qui ose notre histoire, collective et individuelle. Ce Dieu qui quitte son Ciel pour nous rejoindre. Ce Dieu qui se soustrait aux grandes abstractions dont les hommes font leurs idoles. Ce Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, qui est aussi le Dieu de Chantal, de Jean-Luc et de ma boulangère. » (Martin Steffens, Rien que l’amour, p. 40).

C’est quand même incroyable, n’est-ce pas? Aujourd’hui, en ce 21ème siècle, on ne veut pas d’un Dieu de tendresse et d’amour.

Et pourtant c’est de ce Dieu de tendresse et d'amour dont nous devons témoigner comme chrétiens. Et pour cela, Dieu nous a mis devant les yeux des papes extraordinaires. Le pape Jean-Paul II, qui est déjà un saint. Et le pape François qui incarne si bien la tendresse de Dieu.

J’ai lu hier, de façon providentielle quelque lignes sur le voyage du pape François au Mexique en février dernier. Le pape était tellement content d’aller visiter le sanctuaire marial le plus fréquenté au monde.
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Dans une lettre apostolique que le pape François a écrite au cardinal Marc Ouellet, le pape dit ceci: « Lors de mon récent voyage (la lettre est datée du 19 mars 2016) au Mexique, j’ai eu l’occasion de m’isoler avec la Vierge, me laissant aller à l’admirer. Dans cet espace de prière, j’ai pu lui présenter également mon cœur de fils. … Dans ce moment de prière, je demandais à Marie de ne pas arrêter de soutenir la foi de notre peuple, comme elle l’a fait avec la première communauté de chrétiens. » En effet, le samedi 13 février 2016, après avoir célébré la messe dans la basilique dédiée à Notre-Dame de Guadalupe, le pape s’était accordé un temps de prière solitaire d’environ 20 minutes devant l’icône de la Vierge. Un geste de ce genre lors des voyages pontificaux, est vraiment inhabituel.  

Plus tôt en journée, le pape s'était adressé aux évêques du Mexique, dans la cathédrale de Mexico. Ses paroles ont révélé la tendresse de l'amour qu'éprouve le pape François envers la Vierge Marie. Voici quelques extraits des propos tenus par le pape:  

Chers frères,

Je suis heureux de pouvoir vous rencontrer le lendemain de mon arrivée dans ce pays, que je viens moi aussi visiter, suivant les traces de mes Prédécesseurs

Je ne pouvais pas ne pas venir ! Le Successeur de Pierre, appelé du lointain sud latino-américain, pouvait-il se priver de l’opportunité de poser son regard sur la ‘‘Vierge Brune’’ ?   

 …  Sachant qu’ici se trouve le cœur secret de chaque mexicain, j’entre sur la pointe des pieds comme il convient d’entrer dans la maison ainsi que dans l’âme de ce peuple, et je vous suis profondément reconnaissant de m’ouvrir la porte. Je sais qu’en contemplant les yeux de la Vierge, j’atteins le regard de votre peuple qui, en elle, a appris à se manifester. Je sais qu’aucune autre voix ne peut exprimer avec autant de profondeur le cœur mexicain comme la Vierge peut m’en parler ; elle protège ses plus hautes aspirations, ses espérances les plus cachées, elle recueille ses joies et ses larmes ; elle comprend ses nombreuses langues et leur répond avec la tendresse de Mère, parce que ce sont ses propres enfants.

... je vous demande de me permettre d’exprimer tout ce que j’ai à vous dire en partant de la Guadalupana. Comme je voudrais que ce soit elle-même qui vous exprime, jusqu’au plus profond de vos âmes de Pasteurs et, par vous, à chacune de vos Églises particulières présentes dans ce vaste Mexique, tout ce qui s’écoule intensément du cœur du Pape.

Comme le fit saint Juan Diego et comme le firent les générations successives des enfants de la Guadalupana, le Pape également, depuis longtemps cultivait le désir de la regarder. Mieux, je voulais, moi-même, être sous son regard maternel. J’ai beaucoup réfléchi sur le mystère de ce regard et je vous prie d’accueillir ce qui jaillit de mon cœur de Pasteur en ce moment.

Un regard de tendresse !

Avant tout, la ‘‘Vierge Brune’’ nous enseigne que l’unique force capable de conquérir le cœur des hommes est la tendresse de Dieu. Ce qui enchante et attire, ce qui fait fléchir et vainc, ce qui  ouvre et déchaîne, ce n’est pas la force des instruments ou la dureté de la loi, mais la faiblesse toute-puissante de l’amour divin, qui est la force irrésistible de sa douceur et la promesse irréversible de sa miséricorde.

Voici un autre texte où le pape François parle de la tendresse de Dieu que tous, nous devons imiter. Le pape s’adresse ici aux prêtres qui sont réunis à Rome pour une retraite internationale ou mondiale. Ce texte me touche particulièrement car il a été prononcé un 12 juin, date où j’ai été ordonné prêtre à Rome, par le pape Jean-Paul II (mon ordination presbytérale a eu lieu le 12 juin 1983)

TROISIÈME RETRAITE MONDIALE DES PRÊTRES
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Basilique Saint-Jean-de-Latran
Vendredi 12 juin 2015

Dans la première lecture, nous pénétrons dans la tendresse de Dieu, Dieu raconte à son peuple combien il l’aime, combien il en prend soin. Ce que Dieu dit à son peuple, dans cette lecture du prophète Osée, chapitre ii, il le dit à chacun de nous. Et il sera bon de reprendre ce texte à un moment de solitude, de nous mettre en présence de Dieu et d’écouter : « Quand tu étais enfant, je t’ai aimé ; je t’ai aimé enfant ; je t’ai sauvé ; je t’ai conduit hors de l’Égypte, je t’ai sauvé de l’esclavage », de l’esclavage du péché, de l’esclavage de l’autodestruction et de tous les esclavages que chacun connaît, qu’il a subis et qu’il a en lui. « Je t’ai sauvé, je t’ai enseigné à marcher ». Qu’il est beau d’entendre que Dieu m’enseigne à marcher ! Le Tout-Puissant s’abaisse et m’enseigne à marcher. Je me souviens de cette phrase du Deutéronome, quand Moïse dit à son peuple : « Écoutez-vous — ils ont la tête tellement dure ! —: quand donc avez-vous vu un dieu aussi proche de son peuple, de la même façon que Dieu est proche de nous ? ». Et la proximité de Dieu est cette tendresse, il m’a enseigné à marcher. Sans Lui je ne saurais pas marcher dans l’Esprit. « Et je te tenais par la main. Mais tu n’as pas compris que je te guidais, tu croyais que je t’aurais laissé seul ». C’est l’histoire de chacun de nous. « Je te conduisais avec des liens humains, non avec des lois punitives ». Avec des liens d’amour, des nœuds d’amour. L’amour lie, mais il lie dans la liberté ; il lie en te laissant de la place pour que tu répondes avec amour. « J’étais pour toi comme celui qui soulève un enfant contre sa joue et l’embrasse. Et je me penchais et lui donnais à manger ». Cela est notre histoire, c’est tout au moins mon histoire. Chacun de nous peut lire ici sa propre histoire. « Dis-moi, comment pourrais-je t’abandonner à présent ? Comment pourrais-je te remettre à l’ennemi ? ». Dans les moments où nous avons peur, dans les moments où nous sommes incertains, Il nous dit : « Si j’ai fait tout cela pour toi, comment peux-tu penser que je te laisserais seul, que je puisse t’abandonner ? ».

Sur les côtes de la Libye, les vingt-trois martyrs coptes étaient certains que Dieu ne les aurait pas abandonnés. Et ils se sont laissés décapiter en prononçant le nom de Jésus ! Ils savaient que Dieu, alors qu’on leur coupait la tête, ne les aurait pas abandonnés. (1)

« Comment pourrais-je te traiter comme un ennemi ? Mon cœur s’émeut en moi et toute ma tendresse s’éveille ». La tendresse de Dieu s’éveille, cette tendresse chaleureuse. Il est l’Unique capable d’une tendresse chaleureuse. Je ne laisserai pas libre cours à la colère pour les péchés qui existent, pour toutes ces incompréhensions, pour le fait d’adorer les idoles. Car je suis Dieu, je suis le Saint au milieu de toi. C’est une déclaration d’amour d’un père à son fils. Et à chacun de nous.

Je pense que nous avons souvent peur de la tendresse de Dieu et, du fait que nous avons peur de la tendresse de Dieu, nous ne laissons pas agir celle-ci en nous-mêmes. C’est pour cette raison que nous sommes tant de fois durs, sévères, censeurs... Nous sommes des pasteurs sans tendresse. Que nous dit Jésus dans le chapitre 15 de Luc ? Il nous parle de ce pasteur qui s’aperçut qu’il avait 99 brebis et qu’il lui en manquait une. Il les laissa bien gardées, enfermées à clé, et alla chercher l’autre qui était emprisonnée au milieu des ronces... Et il ne la frappa pas, il ne la réprimanda pas. Il la prit entre ses bras, la serra contre lui et la soigna, car elle était blessée. Faites-vous la même chose avec vos fidèles ? Quand vous vous apercevez qu’il en manque un dans le troupeau ? Ou sommes-nous habitués à être une Église qui n’a qu’une seule brebis dans son troupeau et nous laissons les 99 autres se perdre dans la montagne ? Toute cette tendresse t’émeut-elle ? Es-tu un pasteur de brebis ou es-tu devenu quelqu’un qui « peigne » l’unique brebis restée ? Car tu ne cherches que toi-même et tu as oublié la tendresse qu’a t’a donnée ton Père, et qui te la raconte ici dans le chapitre ii d’Osée. Et tu as oublié comment on donne de la tendresse. Le Cœur du Christ est la tendresse de Dieu. « Comment puis-je te laisser seul ? Comment puis-je t’abandonner ? Quand tu es seul, désorienté, perdu, viens à moi, et je te sauverai, je te consolerai ».

Je vous demande aujourd’hui, pendant cette retraite, d’être des pasteurs avec la tendresse de Dieu. De laisser le «fouet» accroché à la sacristie et d’être des pasteurs avec tendresse, également avec ceux qui vous créent le plus de problèmes. C’est une grâce. C’est une grâce divine. Nous ne croyons pas en un Dieu éthéré, nous croyons en un Dieu qui s’est fait chair, qui a un cœur et ce cœur nous parle ainsi aujourd’hui : « Venez à moi. Si vous êtes las, opprimés et je vous donnerai le repos. Mais traitez les plus petits avec tendresse, avec la même tendresse avec laquelle je les traite ». C’est ce que nous dit aujourd’hui le Cœur de Jésus Christ, et c’est ce qu’au cours de cette Messe je demande pour vous, et aussi pour moi.

(1) Le pape fait ici allusion aux 21 coptes orthodoxes tués par des djihadistes, le 15 février 2015:

Les 21 coptes orthodoxes, martyrs de l'Eglise copte – ZENIT – Francais

https://fr.zenit.org/articles/les-21-coptes-orthodoxes-martyrs-de-l-eglise-copte/

23 févr. 2015 - Les 21 Égyptiens tués par des djihadistes en Libye parce qu'ils confessaient la foi chrétienne seront invoqués comme martyrs de l'Église copte ...




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