Miséricordieux comme le Père
Jean-Georges Cornelius, Jésus sur la Croix
Richard Vidal, dans le magnifique
chant qu’il a composé en vue du Jubilé de la Miséricorde que nous
vivons présentement, met comme première phrase du refrain :
« Miséricordieux comme le Père, entends
le cri profond de la misère ». (1)
J’aime
beaucoup la peinture ci-dessus de Jean-Georges Cornelius. Le Père souffre avec
son Fils en croix. Il a même les mains liées à la croix avec son Fils.
Le Père
a « entendu
le cri profond de la misère de son Fils »,
quand celui-ci, du haut de la croix, s’est écrié d’une voix forte: « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné? » (Mc 15,
34).
Si la
miséricorde consiste en particulier à souffrir avec celui qui souffre, je crois
que notre Père du ciel n’a jamais été aussi Miséricordieux que durant les six
heures où Jésus fut en croix.
Durant
le présent Jubilé, nous sommes invités à devenir Miséricordieux comme le Père. Cette
Miséricorde, nous devons l’exercer bien sûr envers le prochain. C’est ce que
nous invite à faire le logo du jubilé, où on voit Jésus qui porte Adam (c’est-à-dire chacun de nous) sur ses
épaules.
Mais j’aime
aussi voir dans ce logo, le Père qui porte sur ses épaules le Fils. Et tout
comme le Père souffre de voir souffrir le Fils, nous devrions nous aussi nous
attendrir devant les souffrances que Jésus a endurées pour nous. Pour être Miséricordieux
comme le Père, nous devons demander la grâce de la compassion envers Jésus en contemplant tout
ce qu'Il a voulu souffrir pour nous.
Voici
un texte de saint Bernard que nous lisons à l’office des lectures du 29
décembre et qui m’a particulièrement touché cette année (ou plutôt: en fin d’année dernière) :
« C’est
comme un couffin plein de sa miséricorde que Dieu le Père a envoyé sur terre;
oui, dis-je, un couffin que la
Passion devra déchirer pour laisser se répandre ce qu’il
contient: notre paix; un couffin, peut-être petit, mais rempli. …
Pourquoi
Dieu déclare-t-il avec tant de soin sa miséricorde, au point de faire sienne
notre misère elle-même? Pourquoi est-il rempli d’une bonté telle que la parole
de Dieu, pour nous, s’est faite herbe fanée? Seigneur, qu’est-ce que l’homme, pour que tu en fasses si grand cas? Qu’est-il
pour que ton cœur lui soit ouvert? Voici où l’homme doit porter son
attention pour découvrir quel souci Dieu prend de lui; voici où l’homme doit
apprendre quelle pensée et quel sentiment Dieu nourrit à son égard. N’interroge
pas ce que tu souffres, toi, mais ce qu’il a souffert, lui. À ce qu’il est
devenu pour toi, reconnais ta valeur à ses yeux, afin que sa bonté t’apparaisse
à partir de son humanité. En effet, l’abaissement qu’il accomplit dans son
humanité a révélé la grandeur même de sa bonté, et plus il s’est rendu
méprisable en ma faveur, plus il me devient cher. » (Saint Bernard, Sermon pour l’Épiphanie)
(1) Pour entendre le chant de Richard Vidal, veuillez cliquer sur les mots suivants:
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