lundi 8 octobre 2018

Le premier obstacle à l'évangélisation


Le premier obstacle à l’évangélisation

Quand nous abordons en Église la question des « obstacles à l’évangélisation », notre regard se pose  presque inévitablement sur diverses réalités qui sont en dehors de nous et même, pour beaucoup d’entre elles, sur des réalités sur lesquelles nous n’avons pas beaucoup de contrôle.

Mais le principal obstacle à l’évangélisation, c’est nous-mêmes : c’est notre manque de foi, notre manque d’espérance, notre manque de ferveur.

« Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère : « Laisse-moi enlever la paille de ton œil », alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. » (Mt 7, 3-5).

Avant de jeter la pierre aux autres, il convient de se regarder en face. Georges Bernanos a écrit : « Le grand malheur de ce monde, la grande pitié de ce monde, ce n’est pas qu’il y ait des impies, mais que nous soyons des chrétiens si médiocres. » (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes).

Quand nous voyons qu’un saint Paul, à lui seul, a évangélisé presque tout le monde habité de son époque, nous sommes émerveillés, mais nous devrions aussi éprouver de la honte en voyant ce que la grâce de Dieu peut faire dans un cœur humain et ce que nous ne permettons pas à notre Seigneur de faire dans notre propre coeur. À François d’Assise, Jésus a dit : « François, rebâtis mon Église ». François a entendu le mot Église mais il n’a pas vu comment ce mot était épelé. Il a d’abord pensé qu’il s’agissait de l’église avec un petit « é », l’église paroissiale. Mais non, Jésus lui demandait de rebâtir son Église avec un grand « É ». Et c’est ce que François à fait : à lui seul (presque), il a réformé l’Église de son temps. Au seizième siècle, Ignace de Loyola s’est converti à Dieu lors d’une convalescence suite à une blessure à la jambe. La maison où il était à ce moment là, n’avait pas une bibliothèque bien garnie. Il n’y avait qu’une vie de Jésus et quelques vies de saints. Voici ce qu’il raconte dans son autobiographie (son autobiographie est écrite à la troisième personne, mais c’est bel et bien lui qui nous raconte sa vie) :

« En lisant la vie de Notre Seigneur et des saints, il se prenait à penser et à se dire en lui-même: « Et si je faisais ce que fit saint François et ce que fit saint Dominique ? »  Il songeait aussi à bien des choses qui lui paraissaient bonnes, et il envisageait toujours des entreprises difficiles et pénibles. A se les proposer, il avait le sentiment qu'il lui serait facile de les réaliser. Toutes ces réflexions revenaient à se dire : « Saint Dominique a fait ceci, donc je dois le faire; saint François a fait cela, donc je dois le faire. » (Le récit du pèlerin, autobiographie de saint Ignace de Loyola)

 La Lettre aux Hébreux dans la Bible ne dit-elle pas : « Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont annoncé la Parole de Dieu. Méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur foi. Jésus Christ, hier et aujourd’hui, est le même, il l’est pour l’éternité. » (He 13, 7-8).

Et saint Paul nous dit dans sa Lettre aux Philippiens : « C’est Dieu qui agit pour produire en vous la volonté et l’action. » (Ph 2, 13). C’est le Dieu tout-puissant qui veut agir dans le cœur de ses enfants; tout ce qu’Il demande de notre part, c’est un cœur libre et bien disposé à l’écouter. Jésus a dit : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. » (Jn 14, 12).

Nous devons demander à Dieu pardon pour nos manques de foi et nos manques d’espérance. Le contraire de l’espérance, c’est le découragement. En voyant l’énormité de la tâche d'évangélisation qui est nécessaire aujourd’hui, on peut être tenté par le découragement. Constater la piètre qualité de notre foi et de notre espérance, pourrait aussi être cause de découragement. Mais Dieu veut nous rappeler que nous pouvons TOUT en LUI : « Je peux tout en celui qui me donne la force » (Ph 4, 13).
Pour nous encourager à ne jamais désespérer, l’Esprit Saint nous a donné le pape François. Ce cher pape, dans son premier discours en tant que pape, le discours donné au « Collège cardinalice », le 15 mars 2013, a prononcé ces paroles pleines d’espérance :

« Ne cédons jamais au pessimisme, à cette amertume que le diable nous offre chaque jour; ne cédons pas au pessimisme et au découragement: nous avons la ferme certitude que l’Esprit Saint donne à l’Église, par son souffle puissant, le courage de persévérer et aussi de chercher de nouvelles méthodes d’évangélisation, pour porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Ac 1, 8). »  

Il est bon de se demander ce que signifie le pape François par ces mots : « jusqu’aux extrémités de la terre ». Dans le message que le pape François nous adresse pour la journée missionnaire mondiale qui aura lieu le 21 octobre prochain, je perçois pour ma part une grande révolution. L’Église, jusqu’à maintenant, lorsqu’elle parlait de la « mission ad gentes », voulait signifier la mission donnée par Jésus aux apôtres, d’aller annoncer l’Évangile jusqu’aux terres éloignées. Mais maintenant, en un sens, les terres éloignées, à cause de la mondialisation et des moyens de communication, ne sont plus si éloignées que cela. Ces terres peuvent être évangélisées, en partie tout au moins, par l’internet et les autres moyens de communication sociale. Même mon pauvre blogue se rend jusqu’au bout du monde. Or les gens les plus éloignés de l’évangile, sont ceux qui, aujourd’hui, refusent le message de Jésus et le combattent. Voici les paroles du pape :   

« À l’amour il n’est pas possible de mettre des limites : l’amour est fort comme la mort (cf. Ct 8, 6). Et une telle expansion suscite la rencontre, le témoignage, l’annonce; elle suscite le partage dans la charité avec tous ceux qui, loin de la foi, se montrent indifférents à elle, parfois hostiles et opposés. Des milieux humains, culturels et religieux encore étrangers à l’Évangile de Jésus et à la présence sacramentelle de l’Église représentent les périphéries extrêmes, les “extrêmes confins de la terre”, vers lesquels, depuis la Pâque de Jésus, ses disciples missionnaires sont envoyés, dans la certitude d’avoir toujours leur Seigneur avec eux (cf. Mt 28, 20 ; Ac 1, 8). En cela consiste ce que nous appelons la missio ad gentes. La périphérie la plus désolée de l'humanité qui a besoin du Christ est l'indifférence envers la foi ou encore la haine contre la plénitude divine de la vie.  ...

Les extrêmes confins de la terre, chers jeunes, sont pour vous aujourd’hui très relatifs et toujours facilement “navigables”. Le monde digital, les réseaux sociaux qui nous envahissent et nous traversent, diluent les confins, effacent les marges et les distances, réduisent les différences. Tout semble à portée de main, tout semble si proche et immédiat. » (Pape François, 20 mai 2018, en la Solennité de la Pentecôte) (1). 


(1) Message pour la Journée Mondiale des Missions 2018

w2.vatican.va/.../messages/missions/.../papa-francesco_20180520_giornata-missionari...






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