Le premier obstacle à
l’évangélisation
Quand nous abordons en Église la question des « obstacles à l’évangélisation »,
notre regard se pose presque inévitablement sur diverses réalités qui sont en dehors de nous et même,
pour beaucoup d’entre elles, sur des réalités sur lesquelles nous n’avons pas
beaucoup de contrôle.
Mais le principal obstacle à l’évangélisation, c’est
nous-mêmes : c’est notre manque de foi, notre manque d’espérance, notre
manque de ferveur.
« Quoi ! Tu regardes la
paille dans l’œil de ton frère; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la
remarques pas ? Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère :
« Laisse-moi enlever la paille de ton œil », alors qu’il y a une
poutre dans ton œil à toi ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton
frère. » (Mt 7, 3-5).
Avant de jeter la pierre aux autres, il convient de se
regarder en face. Georges Bernanos a écrit : « Le grand malheur de ce
monde, la grande pitié de ce monde, ce n’est pas qu’il y ait des impies, mais
que nous soyons des chrétiens si médiocres. » (Georges Bernanos, Le Chemin de la Croix-des-Âmes).
Quand nous voyons qu’un saint Paul, à lui seul, a
évangélisé presque tout le monde habité de son époque, nous sommes émerveillés,
mais nous devrions aussi éprouver de la honte en voyant ce que la grâce de Dieu
peut faire dans un cœur humain et ce que nous ne permettons pas à notre Seigneur de
faire dans notre propre coeur. À François d’Assise, Jésus a dit : « François, rebâtis mon Église ». François
a entendu le mot Église mais il n’a
pas vu comment ce mot était épelé. Il a d’abord pensé qu’il s’agissait de l’église avec un petit « é », l’église paroissiale. Mais
non, Jésus lui demandait de rebâtir son Église
avec un grand « É ». Et
c’est ce que François à fait : à lui seul (presque), il a réformé l’Église
de son temps. Au seizième siècle, Ignace de Loyola s’est converti à
Dieu lors d’une convalescence suite à une blessure à la jambe. La maison où il
était à ce moment là, n’avait pas une bibliothèque bien garnie. Il n’y avait
qu’une vie de Jésus et quelques vies de saints. Voici ce qu’il raconte dans son
autobiographie (son autobiographie
est écrite à la troisième personne, mais c’est bel et bien lui qui nous raconte
sa vie) :
« En lisant la vie de Notre Seigneur
et des saints, il se prenait à penser et à se dire en lui-même: « Et si je
faisais ce que fit saint François et ce que fit saint
Dominique ? » Il songeait aussi à bien des choses qui lui
paraissaient bonnes, et il envisageait toujours des entreprises difficiles et
pénibles. A se les proposer, il avait le sentiment qu'il lui serait facile de
les réaliser. Toutes ces réflexions revenaient à se dire : « Saint Dominique a
fait ceci, donc je dois le faire; saint François a fait cela, donc je dois le
faire. » (Le
récit du pèlerin, autobiographie de saint Ignace de Loyola)
La Lettre aux Hébreux dans la Bible ne
dit-elle pas : « Souvenez-vous
de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont annoncé la Parole de Dieu.
Méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur foi. Jésus Christ, hier et aujourd’hui, est le
même, il l’est pour l’éternité. » (He 13, 7-8).
Et saint Paul nous dit dans sa Lettre aux Philippiens : « C’est Dieu qui agit pour produire en vous la volonté et l’action. »
(Ph 2, 13). C’est le Dieu tout-puissant qui veut agir dans le cœur de ses
enfants; tout ce qu’Il demande de notre part, c’est un cœur libre et bien
disposé à l’écouter. Jésus a dit : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les
œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le
Père. » (Jn 14, 12).
Nous devons demander à Dieu pardon pour nos manques de
foi et nos manques d’espérance. Le contraire de l’espérance, c’est le
découragement. En voyant l’énormité de la tâche d'évangélisation qui est nécessaire
aujourd’hui, on peut être tenté par le découragement. Constater la piètre
qualité de notre foi et de notre espérance, pourrait aussi être cause de découragement. Mais Dieu veut nous rappeler que nous pouvons TOUT en LUI :
« Je peux tout en celui qui me donne
la force » (Ph 4, 13).
Pour nous encourager à ne jamais désespérer, l’Esprit
Saint nous a donné le pape François. Ce cher pape, dans son premier discours en
tant que pape, le discours donné au « Collège
cardinalice », le 15 mars 2013, a prononcé ces paroles pleines d’espérance :
« Ne
cédons jamais au pessimisme, à cette amertume que le diable nous offre chaque
jour; ne cédons pas au pessimisme et au découragement: nous avons la ferme
certitude que l’Esprit Saint donne à l’Église, par son souffle puissant, le
courage de persévérer et aussi de chercher de nouvelles méthodes
d’évangélisation, pour porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Ac 1, 8). »
Il est bon de se demander ce que signifie le pape François
par ces mots : « jusqu’aux
extrémités de la terre ». Dans le message que le pape François nous
adresse pour la journée missionnaire mondiale qui aura lieu le 21 octobre
prochain, je perçois pour ma part une grande révolution. L’Église, jusqu’à
maintenant, lorsqu’elle parlait de la « mission ad gentes »,
voulait signifier la mission donnée par Jésus aux apôtres, d’aller annoncer l’Évangile
jusqu’aux terres éloignées. Mais maintenant, en un sens, les terres éloignées,
à cause de la mondialisation et des moyens de communication, ne sont plus si
éloignées que cela. Ces terres peuvent être évangélisées, en partie tout au
moins, par l’internet et les autres moyens de communication sociale. Même mon
pauvre blogue se rend jusqu’au bout du monde. Or les gens les plus éloignés de
l’évangile, sont ceux qui, aujourd’hui, refusent le message de Jésus et le combattent.
Voici les paroles du pape :
« À
l’amour il n’est pas possible de mettre des limites : l’amour est fort comme la
mort (cf. Ct 8, 6). Et une telle
expansion suscite la rencontre, le témoignage, l’annonce; elle suscite le
partage dans la charité avec tous ceux qui, loin de la foi, se montrent
indifférents à elle, parfois hostiles et opposés. Des milieux humains,
culturels et religieux encore étrangers à l’Évangile de Jésus et à la présence
sacramentelle de l’Église représentent les périphéries extrêmes, les “extrêmes confins de la terre”, vers lesquels,
depuis la Pâque de Jésus, ses disciples missionnaires sont envoyés, dans la
certitude d’avoir toujours leur Seigneur avec eux (cf. Mt 28, 20 ; Ac 1, 8). En cela
consiste ce que nous appelons la missio ad gentes. La périphérie la plus désolée de l'humanité qui a besoin du Christ est l'indifférence envers la foi ou encore la haine contre la plénitude divine de la vie. ...
Les extrêmes confins de la terre, chers jeunes, sont pour vous aujourd’hui très relatifs et toujours facilement “navigables”. Le monde digital, les réseaux sociaux qui nous envahissent et nous traversent, diluent les confins, effacent les marges et les distances, réduisent les différences. Tout semble à portée de main, tout semble si proche et immédiat. » (Pape François, 20 mai 2018, en la Solennité de la Pentecôte) (1).
Les extrêmes confins de la terre, chers jeunes, sont pour vous aujourd’hui très relatifs et toujours facilement “navigables”. Le monde digital, les réseaux sociaux qui nous envahissent et nous traversent, diluent les confins, effacent les marges et les distances, réduisent les différences. Tout semble à portée de main, tout semble si proche et immédiat. » (Pape François, 20 mai 2018, en la Solennité de la Pentecôte) (1).
(1) Message pour la Journée Mondiale des Missions 2018
w2.vatican.va/.../messages/missions/.../papa-francesco_20180520_giornata-missionari...
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