Le pharisien et le publicain
26 oct. 2025
30ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C
Lectures de la messe
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 18, 9-14)
En ce temps-là,
    à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes
et qui méprisaient les autres,
Jésus dit la parabole que voici :
    « Deux hommes montèrent au Temple pour prier.
L’un était pharisien,
et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).
    Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
‘Mon Dieu, je te rends grâce
parce que je ne suis pas comme les autres hommes
– ils sont voleurs, injustes, adultères –,
ou encore comme ce publicain.
    Je jeûne deux fois par semaine
et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’
    Le publicain, lui, se tenait à distance
et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant :
‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’
    Je vous le déclare :
quand ce dernier redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l’autre.
Qui s’élève sera abaissé ;
qui s’abaisse sera élevé. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Notre Congrégation religieuse, les Oblats de la Vierge Marie, fondée en Italie par le Vénérable Bruno Lantéri, est de spiritualité ignatienne. Vivre les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola et les faire vivre aux autres fait partie de notre formation et de notre charisme. Durant ces "exercices spirituels", nous sommes invités à contempler les mystères de la vie du Christ. Saint Ignace propose une façon vivante et efficace de faire une contemplation évangélique : il s'agit de s'approprier en premier lieu le texte à contempler en lisant et en relisant le passage des Saintes Écritures que nous avons choisi. Une fois que cela est fait, nous imaginons que nous assistons à la scène en temps réel, que nous sommes sur place à l'époque de Jésus ; nous sommes invités à voir les personnages, à entendre ce qu'ils disent et le ton qu'ils emploient pour le dire. On considère leurs attitudes et le milieu où ils sont. Tout cela nous permettra de tirer pas la suite les leçons véhiculées par le texte. Voyons ce que cela donne.
On note d'emblée que Luc, comme il l'a fait au début des trois paraboles sur la Miséricorde divine au chapitre 15 de son évangile, nous dit à qui s'adressait cette parabole : il l'a prononcée pour ceux qui "étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient les autres". On peut donc supposer que Jésus avait devant lui à ce moment-là, des pharisiens, des docteurs de la loi, des lévites ou des scribes.
Après avoir lu attentivement le texte, on peut reconstruire les événements ou les imaginer comme suit :
Deux hommes allaient au temple pour prier. L'intention de ces deux hommes était très bonne, semble-t-il. Aller prier dans la maison de Dieu, c'est très beau. On peut prier partout mais il n'y a rien comme aller prier dans la maison de Dieu, là où Dieu habite d'une façon toute spéciale. L'un de ces hommes était pharisien et l'autre publicain.
Les pharisiens : les pharisiens étaient considérés comme les personnes les plus religieuses de leur époque.
Les publicains : les publicains étaient des collecteurs d'impôts. Ils étaient Juifs et travaillaient pour les Romains qui occupaient la Palestine. Ils étaient considérés comme des traîtres envers leur nation, des pécheurs publics et des personnes impures. De plus, ils étaient souvent malhonnêtes en raison de leur attachement à l'argent.
Grâce à un détail qui se trouve vers la fin de la parabole, on peut imaginer que le publicain était arrivé en premier au Temple et qu'il se tenait déjà dans le Temple, à l'arrière, tête baissée, quand le pharisien est entré. Le pharisien l'a vu et s'est avancé le plus possible dans le Temple, le plus près possible du Saint des saints et le plus loin possible de l'homme impur qui était derrière lui. Et là, le pharisien s'est mis à prier "en lui-même", dit le texte, et non pas à voix haute comme on s'y serait attendu :
"Je te remercie Seigneur du fait que je ne suis pas comme les autres hommes, ..." Voilà l'erreur principale : les pharisiens se considéraient comme une race à part parmi les humains ou, en tout cas, comme étant supérieurs aux autres hommes. On comprend qu'ils aimaient les premières places et les salutations sur la place publique.
"Je ne suis pas comme les autres hommes - ils sont voleurs, injustes, adultères - ..." Ces trois péchés vont tous à l'encontre du deuxième grand commandement : l'amour du prochain. Et les deux premiers péchés sont toujours associés à la façon de vivre des publicains.
"ou encore comme ce publicain." Il avait donc vu le publicain en entrant. Il manifeste alors tout son dédain envers la seule personne qui semblait être avec lui dans le Temple ce jour-là. Il accuse les "autres hommes" de manquer de charité envers le prochain et il ne se rend pas compte qu'il manque encore plus que les autres au devoir de la charité puisqu'il méprise un de ses semblables. Il est vrai que pour lui le publicain n'est pas un de ses semblables. Mais le mépris est bel et bien là.
" je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne". Cet homme ne semble considérer dans sa vie que ses rapports avec Dieu. Les seuls commandements auxquels il fait référence sont des commandements qui regardent essentiellement Dieu : le jeûne et la dîme. La dîme était surtout demandée pour le culte ; pour aider les prêtres et les lévites à assurer leur subsistance et les services religieux. Vraiment les pharisiens se considéraient comme des êtres à part, qui n'avaient de compte à rendre qu'à Dieu et non pas aux hommes. Ils amputaient ainsi la Loi d'un de ses deux commandements essentiels : l'amour du prochain.
 Le publicain, lui, se tenait à distance
et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant :
‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’
Le publicain ne se considérait pas du tout juste. Il était très conscient de ses péchés. Il regrettait manifestement le mal qu'il avait fait envers ses frères et soeurs Juifs et les escroqueries qu'il avait sûrement commises. Et il était conscient que ces fautes pratiquées contre le prochain avaient meurtri le coeur de Dieu. Et il demandait bien humblement pardon à Dieu.
Je vous le déclare :
quand ce dernier redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l’autre.
Quand les deux priants sont retournés chez eux, le publicain était libéré de son péché et rendu juste alors que le pharisien n'était en rien changé et toujours aussi rempli de lui-même.
Qui s’élève sera abaissé ;
qui s’abaisse sera élevé. »
Merci Seigneur de nous communiquer cette sagesse qui, visiblement, n'est pas de ce monde.
La première lecture de la messe de ce dimanche commençait ainsi :
Lectures de la messe
Première lecture
Lecture du livre de Ben Sira le Sage (Si 35, 15b-17.20-22a)
"Le Seigneur est un juge
qui se montre impartial envers les personnes." 
Dieu ne fait pas de différence entre les personnes ; il aime et le publicain et le pharisien.
Jésus aime le publicain : Il a appelé Matthieu le publicain à devenir apôtre et évangéliste. Le jour de cet appel, Jésus a dit aux pharisiens qui se scandalisaient de ce choix : "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs." (Mt 9, 12-13).
Jésus aime le pharisien : Jésus a aussi appeler un pharisien à devenir apôtre : Saul de Tarse qui deviendra l'apôtre Paul. Je ne pense pas qu'il y ait eu un pharisien plus acharné que lui contre les chrétiens ; il faisait emprisonner hommes, femmes et enfants adeptes de cette religion. Or Jésus en a fait l'apôtre des nations :
"Je suis plein de gratitude envers celui qui me donne la force, le Christ Jésus notre Seigneur, car il m’a estimé digne de confiance lorsqu’il m’a chargé du ministère, moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent. Mais il m’a été fait miséricorde, car j’avais agi par ignorance, n’ayant pas encore la foi ; la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante, avec elle la foi, et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus.
Voici une parole digne de foi, et qui mérite d’être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs. Mais s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui, en vue de la vie éternelle. Au roi des siècles, Dieu immortel, invisible et unique, honneur et gloire pour les siècles des siècles ! Amen." (1Tim 12-17)
 
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