jeudi 29 juillet 2021

La parabole de l'ivraie et du bon grain

 La parabole de l'ivraie et du bon grain 

"Ne jugez pas avant le temps, mais attendez la venue du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et il rendra manifestes les intentions des cœurs. Alors, la louange qui revient à chacun lui sera donnée par Dieu." (Première lettre aux Corinthiens, chapitre 4, verset 5)

Nous avons entendu ces jours-ci lors des messes sur semaine, la parabole de Jésus sur l'ivraie et le bon grain. Quelle parabole extraordinaire ! Mais comme il est difficile de l'appliquer dans nos vies ! En tout cas, moi, j'ai de la misère parfois à l'appliquer dans ma vie.    

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Chapitre 13, versets 24 à 30 :  

Il leur proposa une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla. Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi. Les serviteurs du maître vinrent lui dire :

Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?

Il leur dit : “C’est un ennemi qui a fait cela.”

 Les serviteurs lui disent : “Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?

Il répond : “Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.” 

Oui, comme elle est belle cette parabole de Jésus. Jésus nous révèle ici le coeur de son Père. 

Le coeur de chacun de nous est fait de bon grain et d'ivraie. Les deux seules personnes qui ont vécu sur cette terre et qui n'étaient constituées que de bon grain, sont Jésus et son admirable Mère. 

La personne humaine est UNE. La tendance au mal qui m'habite et le mal qui m'habite, font partie de ma personne. Ce ne sont pas un organe qu'on pourrait enlever de moi et qu'on pourrait remplacer. Amputer le mal qui m'habite, ce serait m'amputer moi, comme personne; je n'existerais plus. Il faut donc accepter chaque personne humaine en son entier: avec le bon grain et l'ivraie qui la constituent. 

Il y a deux ans environ, j'ai écrit un blogue sur le roman à succès intitulé "La Cabane" ("The Shack", dans la langue originale). Ce livre a été mis en film et le film a touché énormément de gens. Le film s'intitule "Le Chemin du Pardon" ou "Le Refuge". Beaucoup de passages du livre m'avaient plu et ému ; c'est la raison pour laquelle j'avais écrit un blogue sur le livre. Or quelques jours après avoir mis ce blogue sur le web, je l'ai retiré suite à ce que j'avais lu sur la vie et la pensée de l'auteur. J'ai donc décidé d'enlever l'ivraie de la personne de l'auteur, et de priver ainsi mes lecteurs du bon grain que son livre contient. 

C'est un peu comme si on arrêtait de lire les fables de Jean de La Fontaine parce que ce cher monsieur ne semble pas avoir vécu à la hauteur de ses fables et des principes qu'elles contiennent. Il semble en effet que ce monsieur n'ait pas mené une vie morale très exemplaire. 

Je viens de terminer le livre (ou plutôt la "pièce de théâtre") d'Éric-Emmanuel Schmitt, intitulé: "Mes Évangiles". J'aime beaucoup cet auteur, même si je ne partage pas certaines de ses idées. Je n'aime pas la façon dont Schmitt présente et décrit Judas l'Iscariote. L'auteur fait de Judas le disciple préféré de Jésus et lui attribue une sagesse qui dépasse par moments celle du Maître. Il fut un temps où, à cause de cela, je n'aurais probablement pas lu en entier le livre. Mais je me serais alors privé du bon grain qu'il contient. Voici un de ces grains, tiré de la deuxième partie du livre qui porte sur le mystère de la résurrection de Jésus. 

Mise en situation: Pilate refuse de croire que Jésus soit ressuscité. Il cherche par tous les moyens à trouver le coupable, l'imposteur qui se déguise en Jésus ressuscité. Pilate croit que c'est saint Jean, l'apôtre, qui est l'imposteur. Il le fait donc mettre en prison. Voici un dialogue entre Jean et Pilate : 

- Je t'aime, Pilate. 

- Cesse de parler de lui. 

- C'est lui qui m'a appris. 

- Comment peux-tu prétendre m'aimer ? Je te capture; dans quelques heures, je te livrerai au sanhédrin; tu ne reverras sans doute jamais le jour, et tu prétends m'aimer ?

- Je t'aime. Et Yéchoua (Jésus) t'aimait aussi. Et sur la croix, il a murmuré pour toi et ceux du sanhédrin: "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font."

... - Non, je ne veux pas de ton amour, je préfère choisir qui m'en donne. Et à qui j'en donne. Domaine réservé.

- Tu as raison, Pilate, Que deviendrions-nous si nous nous aimions tous ? Penses-y, Pilate, que deviendrions-nous dans un monde d'amour? Que deviendrait Pilate, préfet de Rome, qui doit sa place à la conquête, à la haine et au mépris des autres? Que deviendrait Caïphe, le grand prêtre du Temple, qui t'achète sa charge à force de cadeaux et assoit son autorité sur la crainte qu'il inspire? Y aurait-il encore des Juifs, des Grecs, des Romains dans un monde inspiré par l'amour? Encore des puissants et des faibles, des riches et des pauvres, des hommes libres et des esclaves? Tu as raison, Pilate, d'avoir si peur: l'amour serait la destruction de ton monde. Tu ne verrais le Royaume de l'amour que sur les cendres du tien." (1)

J'ai fait un blogue il y a deux ans sur l'interprétation de l'hymne national américain faite par Jimi Hendrix lors du célèbre concert rock à Woodstock, aux États-Unis. Je trouve cette performance admirable (2). Un de mes bons amis m'a critiqué fortement d'avoir fait cela. Il jugeait indécent de mettre en valeur une personne si dominante de la contre-culture. Or on ne peut certainement pas reprocher à Jimi Hendrix d'avoir enseveli son talent de musicien. Il est considéré comme un des meilleurs guitaristes de tous les temps. En enlevant à pleine mains l'ivraie, on arrache à coup sûr du bon grain.  

Révélation du Père 

J'ai dit au début de ce blogue que la parabole de l'ivraie et du bon grain nous révèle le coeur de notre Père des cieux. Voici comment j'explique cela, tout en espérant ne scandaliser aucun d'entre vous. 

Nos déceptions 

Ce qui nous empêche d'aimer, ce sont les jugements défavorables que nous portons sur les gens. Ces jugements produisent en nous une DÉCEPTION. Nous sommes déçus et notre amour s'en trouve diminuer. Être déçu n'est pas un péché. Jésus semble bien avoir été déçu à quelques reprises dans son humanité. Dans le jardin des oliviers, alors que notre doux Seigneur souffrait terriblement et avait besoin du réconfort de l'amitié, il aurait bien aimé trouver auprès de lui des consolateurs. Il va vers ses amis à qui il avait demandé de prier et de veiller et il les trouve endormis. Il leur dit alors: "Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ? " (Mt 26, 40) Voilà ce qui me semble être une déception. Et Jésus semble aussi avoir été déçu à certaines occasions du peu de foi de ses disciples: "Combien de temps resterai-je auprès de vous ? Combien de temps devrai-je vous supporter ?" (Mc 9, 19).

Mais posons-nous cette question: est-ce que notre Père du ciel a été déçu quand il a entendu son Fils crier sur la croix : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? " (Mc 15, 34). Je pense entendre votre réponse : "Non, le Père n'a pas été déçu." Et pourquoi cela? Parce qu'il comprenait très bien la douleur de son Fils. Ce n'est pas pour rien que Jésus sur la croix a prié son Père de pardonner à ses bourreaux parce qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Jésus savait que son Père comprendrait l'attitude de ses bourreaux. 

Oui, dit Jésus : " Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait." (Mt 5, 48) 


(1) Éric-Emmanuel Schmitt, Mes Évangiles, Albin Michel, 2004, pp. 120-121. 

(2) 

17 août 2019 — On nous parle beaucoup ces jours-ci de Woodstock. Le moment le plus mémorable de ce festival musical, fut la façon dont Jimi Hendrix a ...


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