vendredi 30 juillet 2021

Stanley et le mystère pascal (1)

 Stanley et le mystère pascal (1)

Première partie: la Croix

Stanley Okonkwo, omv

Stanley est un de mes confrères Oblats de la Vierge Marie. Il est arrivé au Canada comme missionnaire en novembre 2019. Il est venu nous aider à porter Jésus Christ à nos concitoyens. Nous le remercions pour cette générosité. Ce cher Stanley vit en ce moment une des épreuves les plus importantes de sa jeune vie de prêtre. Il a 32 ans et est prêtre depuis cinq ans et demi. 

Stanley a eu la brillante idée de coucher sur papier les péripéties qu'il a vécues depuis huit mois. Je vous les partage car cela peut être un encouragement pour quiconque vit une épreuve. La spiritualité propre au chrétien est de croire en la vérité du mystère pascal : mystère de mort et de résurrection. La vie de Jésus et son enseignement témoignent du fait que la mort n'a jamais le dernier mot. Le dernier mot, est toujours la vie. Mais, malheureusement, on ne se rend souvent compte de cela qu'après les événements. C'est ce qui fait dire à plusieurs que Dieu se manifeste normalement "de dos" : 

"Le Seigneur dit enfin : « Voici une place près de moi, tu te tiendras sur le rocher ; quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et je t’abriterai de ma main jusqu’à ce que j’aie passé. Puis je retirerai ma main, et tu me verras de dos, mais mon visage, personne ne peut le voir. » (Livre de l'Exode, chapitre 33, versets 21 à 23)
 

UN MISSIONNAIRE BLOQUÉ DANS SON PAYS D’ORIGINE.

Rendez grâce en toute circonstance: c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus” (Première lettre aux Thessaloniciens, chapitre 5, verset 18).

Il arrive un moment dans l’année où tout le monde arrête de travailler et prend du temps pour se reposer. C’est ce qu’on appelle les vacances. La période que la majorité des gens préfèrent pour prendre des vacances, est l’été. Cependant, cela n’empêche pas quelqu'un de choisir une autre saison pour ses vacances. Cela est vrai surtout pour toute personne qui travaille loin de son pays, de sa famille et de ses amis. Un temps propice pour prendre des vacances, pour quelqu'un comme moi qui oeuvre à l'étranger, c'est le temps des fêtes, le temps de Noël. Cela double en quelque sorte la joie de retrouver sa famille, ses amis et sa culture.  

J'ai vu de mes yeux ici au Québec, la joie que les gens ont eu après avoir été éloignés les uns des autres pendant environ 10 mois à cause de la COVID-19. J’ai eu le privilège de ressentir la joie de mes paroissiens, en particulier les personnes âgées, lorsque le gouvernement a assoupli les restrictions dues à la COVID, alors que les réunions de famille et les contacts physiques étaient de nouveau permis. Cette même joie m'habitait alors que je m'apprêtais à retourner dans mon pays et ma famille, après deux ans de mission au Canada. L’idée d’aller voir ma mère, mes frères et mes sœurs, mes amis et même de manger la nourriture de mon pays, me donnait beaucoup de joie.

Mais avant de voyager, il a fallu que je m'informe sur les nouvelles restrictions et exigences demandées aux voyageurs. Toute personne qui doit voyager, doit s’assurer que tous les protocoles sont respectés pour éviter tout événement triste et indésirable. Donc, j’ai fait mes recherches pour m’assurer que je pouvais partir en vacances chez moi et revenir en toute sécurité et sans aucune complication. J’ai fait des appels téléphoniques à l'Agence des services frontaliers du Canada pour m'informer et m’assurer de remplir toutes les conditions avant de partir. Sûr d'avoir bien fait les choses, je me suis rendu au Nigéria le 7 décembre 2020, pour des vacances d'une durée d'un mois.

J’ai fait un vol merveilleux, sans aucune complication. Je suis arrivé au Nigéria le lendemain, 8 décembre, et j’ai observé les 7 jours de quarantaine obligatoires.  Après cela, je me suis immédiatement rendu dans l’État du Delta, un État au Sud du Nigéria où demeurent ma mère et mes frères et sœurs. J'ai passé vingt-et-un jours avec eux. J'ai vécu des moments merveilleux, d'autant plus que mon frère aîné venait tout juste de se marier quelques jours avant mon arrivée. J'ai célébré la messe avec les nouveaux mariés et toute ma famille. Ce furent des moments inoubliables.  

Vers la fin de mes vacances, je suis rentré à Abuja, la capitale du Nigéria située dans le centre du pays, pour commencer mon processus de préparation en vue de mon retour au Canada, et passer un test de dépistage du COVID-19. À ce moment-là, je ne savais absolument pas ce qui m'attendait et j'étais loin de me douter que Dieu avait un autre plan pour moi, un plan qui me laissera totalement confus et désorienté.

Durant mes vacances, il y a eu une troisième vague de la COVID-19 au Canada et en Europe et à cause de cela, de nombreux pays se sont mis à formuler des restrictions supplémentaires pour les voyageurs à l'étranger. Le Canada pour sa part, limitait les voyages internationaux aux voyages essentiels de leurs citoyens (résidents permanents), des étudiants et travailleurs temporaires ayant un permis de travail et pour des motifs graves laissés à la discrétion d'Immigration Canada.  

Je pensais que mon visa religieux R186l, qui ne nécessite normalement pas de permis de travail, me donnerait la possibilité de retourner au Canada. Mais à ma grande surprise, le 7 janvier, alors que j’essayais de passer le service des douanes à Abuja, la capitale du Nigéria, pour embarquer sur mon vol, qui devait partir à 23h, on m’a dit que je n’étais pas exempté, que j’avais besoin d’un permis de travail valide ou une autorisation d'Immigration du Canada pour voyager.

Pour moi, ce fut une nuit de confusion totale. J’ai été stupéfait de voir la porte d’embarquement se fermer et l’avion que je devais prendre, partir sans moi. Pendant environ deux heures, je ne savais que faire. J’étais désorienté. Je crois que la réaction de toute personne qui se trouve dans une situation aussi dramatique, est de chercher des solutions. Durant toute cette nuit, j'ai cherché des solutions. Je n'avais pas sommeil et mon âme était troublée. Cela aurait été une autre paire de manche et beaucoup plus facile pour moi si j'avais manqué mon avion par ma faute. J’aurais pu réserver un siège pour le prochain vol disponible et payer l’amende. Mais la situation était totalement différente : on m'avait REFUSÈ L'EMBARQUEMENT FAUTE D'AVOIR LES DOCUMENTS REQUIS. Cela ne pouvait qu'avoir des conséquences graves car tous les services vont au ralenti depuis le début de la COVID. Tout processus de retour au Canada, risquait d'être très long.   

Le lendemain, dès le lever du jour, mon programme était clair et j'étais d'attaque : je me suis d’abord rendu au bureau de représentation de la compagnie aérienne Lufthansa à Abuja, car je croyais qu'il s’agissait d’un malentendu de la part des agents de l’aéroport. On m’a alors dit que ce n’était pas de leur faute mais que c'était dû aux nouvelles restrictions émises par le Gouvernement du Canada et que, par conséquent, ils ne pouvaient rien faire pour moi de leur côté. Cependant, on m’a conseillé d'aller expliquer mon cas à l’ambassade du Canada pour voir si là on pourrait m'aider. 

Je suis donc allé à l’ambassade du Canada pour plaider ma cause. Bien que j’aie été très bien reçu, on m’a dit qu’il n’était pas en leur pouvoir de m'aider dans un tel cas. On m'a suggéré de transmettre ma demande à l'ambassade du Canada au Kenya car c'est à cet endroit qu'on traite toutes les questions d’immigration en Afrique. Je l’ai fait mais je n’ai jamais eu de réponse positive.

Ce jour-là, ne pouvant trouver aucune solution, j’étais frustré et agité. Même les paroles d’encouragements de mes confrères au Canada n’ont pas réussi un instant à calmer mes nerfs, ni à élever un tant soit peu mon esprit. J'étais abattu. Cette nuit là, beaucoup de questions me venaient à l'esprit ; surtout celle-ci : " Pourquoi Dieu permettait-t-il que cela m’arrive ?" Mais également celles-ci : "Que devais-je faire ensuite ? Qu’arrivera-t-il à la paroisse où j’ai été envoyé pour travailler ? " J’étais tellement inquiet que je n’avais même pas la force de prier. J’étais dans la noirceur la plus totale. Je vivais ma propre version de la nuit obscure de l’âme.

SUITE AU PROCHAIN BLOGUE INTITULÉ: 

Deuxième partie: la Résurrection


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