dimanche 18 juillet 2021

"Je susciterai des pasteurs" (Jr 23, 4)

 "Je susciterai des pasteurs" (Jr 23, 4)


18 JUILLET 2021

 16ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B


LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

« Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs » (Jr 23, 1-6)

La première lecture de la messe d'aujourd'hui est tirée du prophète Jérémie. On comprend qu'au temps du prophète, Dieu n'était pas du content des pasteurs de son peuple. C'est pourquoi le Seigneur promet qu'il sera lui-même le pasteur de son peuple. C'est ce qu'il a fait en nous envoyant Jésus le Bon pasteur, décrit dans l'évangile selon saint Jean, au chapitre 10. Il n'y a désormais qu'un seul Pasteur et tous les autres pasteurs sont pasteurs dans le Pasteur qu'est Jésus. Tout comme il n'y a qu'un seul Prêtre, Jésus, et tous les autres prêtres, sont prêtres dans le Prêtre qu'est Jésus.  

J'ai dit à mes paroissiens aujourd'hui que je ne sais pas exactement pourquoi Dieu a voulu que je sois leur pasteur depuis le premier janvier dernier. Mais je pense que c'est pour leur partager quelque chose de mon expérience. 

Au chapitre 10 de l'évangile selon saint Jean, Jésus, le Bon Pasteur, dit ceci:   

"Je suis venu pour que les brebis aient la vie, et la vie en abondance." (Jn 10, 10)

Cette phrase est très importante. Jésus est venu pour que nous ayons la vie en abondance. Qu'est-ce qui empêche la vie de couler en nous ou de jaillir en nous ? Il y a essentiellement deux raisons à cela. Les deux obstacles principaux qui empêchent la vie de jaillir en nous sont les suivants: ou bien nous oublions que nous avons un corps; ou bien nous oublions que nous avons une âme. 

1- Oublier que nous avons un corps

Oublier que nous avons un corps est souvent le fait des personnes très religieuses. J'ai longtemps oublié que j'avais un corps; et je l'oublie encore trop souvent. J'ai fait une dépression sévère en 1997 et 1998. Ce fut, jusqu'à maintenant, l'épreuve de ma vie. J'ai été placé dans un hôpital psychiatrique pendant un mois, dans l'ouest de la ville de Montréal. Dès que les portes de l'aile psychiatrique se sont fermées sur moi, j'étais certain de ne plus sortir de là. Je pèse 200 livres; j'en pesais alors 130. J'ai été guéri miraculeusement par l'intercession de Saint Joseph et du saint Frère André. Vous pourrez visionner le récit de ma guérison miraculeuse en regardant la vidéo mise ci-dessous (1)

Pourquoi ai-je fait une dépression ? Parce que j'ai oublié que j'avais un corps. Quand j'ai été guéri de ma dépression, le supérieur de ma communauté a jugé bon que je ne retourne pas immédiatement dans le ministère. Il m'a conseillé d'aller vivre une année de formation à l'IFHIM (Institut de Formation Humaine Intégrale de Montréal). Cet institut a été fondé par une grande dame de Montréal, décédée en 2002 : madame Jeannine Guindon (2). Une des découvertes les plus étonnantes que j'ai faites durant mon séjour à cet institut, est la suivante: toutes nos émotions (nos contrariétés, notre stress, nos échecs, notre mal de vivre) se logent DANS NOTRE CORPS. C'est toute une nouvelle n'est-ce pas ? Nous sommes portés à croire que tout cela se loge dans notre psychique. Eh bien non ! Cela se loge dans notre corps. Et le moyen de trouver la paix et l'équilibre tant désiré, consiste à déloger ces émotions négatives de notre corps, EN FAISANT DE L'EXERCICE PHYSIQUE. Notre corps n'est pas fait pour rester inerte, sauf la nuit, bien sûr, durant notre sommeil. Notre corps est fait pour bouger. Si je réussis à déloger les émotions de mon corps, je me sentirai bien, je me sentirai libéré. 

En ce qui me concerne, le stress se loge dans mon système digestif. Les émotions et le stress font en sort que j'ai de la difficulté à avaler. Quand je fais une longue marche à un pas assez rapide, je sens mon système digestif se dénouer et la circulation se fait normalement. C'est une grande grâce que de découvrir cela. Cela peut nous éviter la terrible expérience qu'est une dépression sévère. Quand réaliserons-nous que nous ne sommes pas des anges, de purs esprits, mais que nous avons un corps ? Jésus et les apôtres marchaient beaucoup; je suis sûr que cela contribuait à leur équilibre psychique. 

2- Oublier que nous avons une âme. 

Je ne pense pas vous étonner en vous disant que c'est souvent les personnes qui se disent "non religieuses", qui oublient qu'elles ont une âme. Guy de Larigaudie est un auteur que j'aime beaucoup, Cet homme était un aventurier. Il a visité les cinq continents. Il est malheureusement mort assez jeune, à l'âge de trente-deux ans, pendant qu'il combattait durant la deuxième guerre mondiale. J'aime la façon dont il décrit Hollywood : 

"Hollywood, malgré tous ses mirages, est une terre sans étoiles, où une humanité physiquement admirable, oublie qu'elle a une âme.(3) 

Guy de Larigaudie, qui est allé à Hollywood, n'a pas été obnubilé à la vue des "stars". 

Oublier que nous avons une âme ou nier que nous en avons une, ne peut évidemment qu'empêcher la vie de jaillir en nous. Autant il faut faire bouger notre corps, autant il faut faire reposer l'âme. Et l'âme, de par sa nature, trouve son repos surtout en Dieu. Le pape François ne prend jamais de vacances, mais tous les soirs, de 19h à 20h, il passe une heure devant le Saint-Sacrement, à adorer son Maître et Seigneur qui, certainement, refait ses forces. D'ailleurs Jésus nous a promis qu'il referait nos forces : "Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos." (Mt 11, 28) Le pape François croit en cette parole de Jésus et il a l'intelligence et le mérite de la mettre en pratique. 

Aujourd'hui même, en ce 18 juillet 2021, le pape François a commenté ainsi l'évangile de ce dimanche où Jésus invite ses apôtres, de retour de leur première mission, à se retirer à l'écart, dans un endroit désert, pour se reposer un peu (évangile selon saint Marc, chapitre 6, verset 31) : 

"En faisant cela, Jésus nous donne un enseignement précieux. Même s'il se réjouit de voir ses disciples heureux à cause des prodiges opérés par leur prédication, il ne s'attarde pas en compliments et en interrogations, mais il se préoccupe de leur fatigue physique et intérieure. Pourquoi cela ? Parce qu'il veut les mettre en garde contre un danger qui nous guette nous aussi : le danger de nous laisser prendre par la frénésie du faire, le danger de tomber dans le piège de l'activisme, où la chose le plus importante ce sont les résultats que nous obtenons et qui nous font nous sentir les protagonistes absolus. Combien de fois cela arrive aussi dans l'Église : nous sommes débordés, nous courons, nous pensons que tout dépend de nous, et, à la fin, nous risquons de négliger Jésus et de faire de nous-mêmes le centre. C'est pour cela qu'il invite les siens à se reposer un peu à l'écart, avec Lui. Il ne s'agit pas seulement d'un repos physique, mais aussi d'un repos du coeur. Car il ne suffit pas de se débrancher, il faut se reposer vraiment. Et comment fait-on cela ? Pour faire cela, il faut retourner au coeur des choses : s'arrêter, se tenir en silence, prier, pour ne pas passer des courses du travail aux courses des vacances. Jésus ne se soustrayait pas aux besoins de la foule, mais à chaque jour, avant toute chose, il se retirait en prière, en silence, dans l'intimité avec son Père. Sa tendre invitation - reposez-vous un peu - devrait nous accompagner : gardons-nous frères et soeurs, de l'efficacité, arrêtons la course frénétique qui dicte nos agendas. Apprenons à nous arrêter, à éteindre le téléphone, à contempler la nature et à nous regénérer dans le dialogue avec Dieu." (4)   

(1)

Guérison par l'intercession de Saint Joseph et du Saint Frère André / Guy Simard, omv. 49,385 views49K views ...
24 avr. 2015 · Téléversé par Guy Simard, omv

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeannine_Guindon

(3) Guy de Larigaudie, L'étoile au grand large, Éditions du Seuil, Paris, 1943, p. 28

(4)https://www.vatican.va/content/francesco/it/angelus/2021/documents/papa-francesco_angelus_20210718.html  La traduction est mienne. 


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