Le véritable obscurantisme
L'avantage d'un blogue, c'est de pouvoir être lu aisément sur tous les continents. Le désavantage d'un blogue, c'est de traiter de sujets qui parfois sont trop "pointus" ou trop reliés aux circonstances historiques qui ont forgé le lieu où vit le blogueur (l'auteur du blogue).
Il y a un fait qui semble communément admis: la société québécoise est l'endroit dans le monde entier où un peuple très religieux (du moins en apparence) est devenu le plus rapidement un peuple majoritairement indifférent ou hostile à la religion. C'est un peu grossier d'exprimer les choses ainsi, mais c'est quand même assez près de la réalité.
Si vous venez vivre au Québec pendant un certain temps, vous entendrez sûrement parler de la "GRANDE NOIRCEUR" (1). On qualifie souvent de "Grande Noirceur", les années où M. Maurice Duplessis a été au pouvoir comme premier ministre du Québec, de 1944 à 1959. Ce fut une époque où le gouvernement et l'Église marchaient en quelque sorte main dans la main. Avec l'arrivée au pouvoir de M. Jean Lesage, en 1960, le Québec a vécu une véritable transformation, donnant lieu à ce qu'il est désormais convenu d'appeler la "Révolution tranquille". C'est ainsi que l'on qualifie désormais les années où Jean Lesage a été au pouvoir: de 1960 à 1966. Cette révolution fut tranquille en ce sens qu'elle a été vécue sans violence, mais elle n'a pas été tranquille à l'intérieur des personnes, provoquant un réel bouleversement des valeurs. La société québécoise est devenue de plus en plus permissive sur le plan moral et s'est affranchie peu à peu et de plus en plus de l'autorité de l'Église et même de l'autorité de Dieu. Depuis ce temps, plusieurs Québécois et Québécoises se déclarent ouvertement athées. Plusieurs de nos artistes affichent presque joyeusement leur athéisme sur les ondes radio ou télévisuelles. La religion catholique, qui a forgé le Québec, est souvent qualifiée d'obscurantisme.
Pourtant, c'est l'athéisme qui est le VÉRITABLE OBSCURANTISME. Croire que nous finirons tous dans un trou, un trou noir duquel sortira peut-être un brin d'herbe ou une fleur, voilà, à mes yeux, l'obscurantisme à l'extrême.
Je lis présentement le chef d'oeuvre de Georges Bernanos, intitulé "Journal d'un curé de campagne". Quelle oeuvre magistrale ! Je m'étonne qu'on fasse lire ce roman à des jeunes, même de jeunes adultes, car à 69 ans, il y a certains passages du livre que je ne comprends pas. Mais peu importe; je sais cueillir les perles que recèle le roman.
Mon personnage préféré est M. le curé de Torcy, un ami du personnage principal du roman. L'abbé de Torcy a souvent un langage très cru mais qui touche au fond des choses. Voici un passage qui a trait aux propos que je tiens dans le présent blogue:
"Je voudrais tenir un de ces savantasses qui me traitent d'obscurantiste, je lui dirais: "Ce n'est pas ma faute, si je porte un costume de croque-mort. Après tout, la Pape s'habille bien en blanc, et les cardinaux en rouge. J'aurais le droit de me promener vêtu comme la Reine de Saba, parce que j'apporte la joie. Je vous la donnerais pour rien si vous me la demandiez. L'Église dispose de la joie, de toute la part de joie réservée à ce triste monde. Ce que vous avez fait contre elle, vous l'avez fait contre la joie. Est-ce que je vous empêche, moi, de calculer la précession des équinoxes ou de désintégrer les atomes ? Mais que vous servirait de fabriquer la vie même, si vous avez perdu le sens de la vie ? Vous n'auriez plus qu'à vous faire sauter la cervelle devant vos cornues. Fabriquez de la vie tant que vous voudrez ! L'image que vous donnez de la mort empoisonne peu à peu la pensée des misérables, elle assombrit, elle décolore lentement leurs dernières joies. Ça ira encore tant que votre industrie et vos capitaux vous permettront de faire du monde une foire, avec des mécaniques qui tournent à des vitesses vertigineuses, dans le fracas des cuivres et l'explosion des feux d'artifice. Mais attendez, attendez le premier quart d'heure de silence. Alors ils l'entendront, la parole - non pas celle qu'ils ont refusée, qui disait tranquillement : "Je suis la Voie, la Vérité, la Vie " - mais celle qui monte de l'abîme : "Je suis la porte à jamais close, la route sans issue, le mensonge et la perdition." (2)
Dans la même ligne, je vous invite à regarder le témoignage du jeune Guillaume Hue sur YouTube. J'ai écrit un blogue sur Guillaume, blogue que j'ai intitulé: " Guillaume, jeune prophète ". Vous trouverez la vidéo de Guillaume au bas du présent blogue. Guillaume est présentement séminariste en France. Cela vaut vraiment la peine de visionner cette vidéo. J'ai déjà écrit sur mon blogue que si j'étais athée et que j'avais des enfants, jamais je ne leur dirais que leur père est athée. Car être athée, c'est vraiment désespérant. Ce n'est pas tout le monde qui est prêt à vivre une vie considérée comme absurde, comme nous y invite Albert Camus dans son livre intitulé : "Le mythe de Sisyphe ".
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Noirceur
 | La Grande Noirceur est une métaphore utilisée au Québec pour décrire péjorativement le second mandat du premier ministre Maurice Duplessis qui s’échelonne sur quatre législatures de 1944 à 1959. À la manière d'un « âge sombre », l'expression lie figurativement l'héritage de Duplessis à un obscurantisme du Moyen Âge. Son usage dans l'historiographie et dans la culture ... fr.wikipedia.org |
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