samedi 24 avril 2021

Le jour où Pierre sauva l'Église

 Le jour où Pierre sauva l'Église 

L'évangile de la  messe d'aujourd'hui est la suite immédiate de l'évangile d'hier (voir le blogue précédent) où Jésus disait aux Juifs qu'il donnerait un jour sa chair à manger. 

24 AVRIL 2021

 samedi, 3ème Semaine du Temps Pascal —

ÉVANGILE (Jn 6, 60-69)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus avait donné un enseignement
dans la synagogue de Capharnaüm.
Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent :
« Cette parole est rude !
Qui peut l’entendre ? »
Jésus savait en lui-même
que ses disciples récriminaient à son sujet.
Il leur dit :
« Cela vous scandalise ?
Et quand vous verrez le Fils de l’homme
monter là où il était auparavant !…
C’est l’esprit qui fait vivre,
la chair n’est capable de rien.
Les paroles que je vous ai dites sont esprit
et elles sont vie.
Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. »
Jésus savait en effet depuis le commencement
quels étaient ceux qui ne croyaient pas,
et qui était celui qui le livrerait.
Il ajouta :
« Voilà pourquoi je vous ai dit
que personne ne peut venir à moi
si cela ne lui est pas donné par le Père. »

À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent
et cessèrent de l’accompagner.
Alors Jésus dit aux Douze :
« Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Simon-Pierre lui répondit :
« Seigneur, à qui irions-nous ?
Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons,
et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Chers amis, le titre de ce blogue risque de vous intriguer; et avec raison. L'opinion que je vais émettre dans un instant, et que j'ai énoncée à deux reprises sur mon blogue (voir: LA SEMAINE EUCHARISTIQUE ) est purement personnelle. C'est une idée qui m'est venue à l'esprit et dans le coeur le 17 avril 2013.   

Pourquoi le chapitre 6 de saint Jean existe-t-il ?   

Il est très étonnant que seul l'évangéliste saint Jean nous rapporte le discours que Jésus a prononcé un jour dans la synagogue de Capharnaüm. Oui, c'est très étonnant, car c'est un discours capital. Or je suis certain qu'il s'agit d'un discours historique. Il fallait absolument, selon moi, que Jésus annonce le plus grand de tous les mystères, celui qu'on appelle "le mystère de la foi" immédiatement après le moment de la consécration à la messe, avant d'instituer ce mystère. Il fallait, selon moi que Jésus annonce qu'il donnerait un jour sa chair à manger avant d'instituer l'eucharistie au soir du Jeudi Saint. S'il n'avait pas annoncé clairement ce mystère lors de sa vie publique, comment les apôtres auraient-ils pu croire les paroles extraordinaires de Jésus prononcées la veille de sa mort, quand il disait avec le pain dans ses mains adorables: "Ceci est mon corps"; et quand il tenait dans ses mains la coupe de vin et qu'il dit: "Ceci est mon sang" ? Pour que les apôtres croient en ces paroles, il fallait absolument que les apôtres aient déjà entendu de la bouche de Jésus la promesse de l'eucharistie. Et il fallait, selon moi, que quelqu'un sur cette terre ait déjà cru en l'eucharistie. Un peu comme c'est le cas pour l'Incarnation du Fils de Dieu. Il fallait qu'un être humain croie en l'Incarnation du Fils de Dieu et donne son assentiment à ce projet divin, pour que le Verbe se fasse CHAIR. Or c'est Marie, notre Mère, qui a fait cet acte de foi EXTRAORDINAIRE et indispensable. Oh comme l'être humain est grand aux yeux de Dieu; et comme la liberté humaine est importante aux yeux de Dieu !!!

De même, il fallait, selon moi, que quelqu'un croit en la réalité corporelle et physique de Jésus dans l'eucharistie pour que Jésus puisse un jour s'incarner dans le pain et le vin. Et celui qui a fait cet acte de foi EXTRAORDINAIRE, c'est Simon, fils de Jonas, surnommé Pierre. Or le jour où Pierre fit cet acte de foi, il a SAUVÉ L'ÉGLISE. Pourquoi ? PARCE QUE L'EUCHARISTIE FAIT L'ÉGLISE. Le Père Henri de Lubac, paraphrasant des paroles prononcées en Afrique au troisième siècle (1), a écrit un jour: "L'Église fait l'Eucharistie, l'Eucharistie fait l'Église ". 

On ne pense pas souvent, selon moi, à la vérité suivante: "S'il n'y avait pas d'Eucharistie, il n'y aurait pas d'Église". Je disais cela à un de mes confrères hier et il m'a répondu: "Bien sûr, puisque l'Église, c'est Jésus au milieu de son peuple". Mon cher confrère avait tout à fait raison. Mais il faut ajouter et préciser, selon moi, que l'Église, c'est Jésus Ressuscité, présent corporellement au milieu de son peuple. 

Voici, ci-dessous, deux textes du pape Benoît XVI qui explique en quel sens on peut et on doit entendre que l'Eucharistie fait l'Église. 

"Sans l'Eucharistie, l'Église, tout simplement, n'existerait pas" (Benoît XVI)

Le phrase ci-dessus a été prononcée dimanche le 26 juin 2011, par le pape Benoît XVI, lors de la solennité du Corps et du Sang de Jésus :  

"Aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, nous célébrons le Corpus Domini , la fête de l’Eucharistie, le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur qu’Il a institué lors de la dernière Cène et qui constitue le trésor le plus précieux de l’Église. L’Eucharistie est comme le cœur battant qui donne vie à tout le corps mystique de l’Église : un organisme social totalement fondé sur le lien spirituel mais concret avec le Christ. C’est ce qu’affirme l’apôtre Paul : « Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique » (1 Co 10,17). Sans l’Eucharistie, l’Église, tout simplement, n’existerait pas. C’est l’Eucharistie, en effet, qui fait d’une communauté humaine un mystère de communion, capable de porter Dieu au monde et le monde à Dieu. L’Esprit Saint, qui transforme le pain et le vin en Corps et Sang du Christ, transforme aussi tous ceux qui le reçoivent avec foi en membres du Corps du Christ, si bien que l’Église est réellement sacrement d’unité des hommes avec Dieu et entre eux." (2)

Eucharistie et Église

Eucharistie, principe causal de l'Église

14. À travers le Sacrement de l'Eucharistie, Jésus fait entrer les fidèles dans son « heure »; il nous montre ainsi le lien qu'il a voulu entre lui et nous, entre sa personne et l'Église. En effet, le Christ lui-même, dans le Sacrifice de la croix, a engendré l'Église comme son épouse et son corps. Les Pères de l'Église ont médité longuement sur la relation entre l'origine d'Ève, issue du côté d'Adam endormi (cf. Gn 2, 21-23), et celle de la nouvelle Ève, l'Église, née du côté du Christ, immergé dans le sommeil de la mort: de son côté transpercé, raconte Jean, il sortit du sang et de l'eau (cf. Jn 19, 34), symbole des sacrements. (30) Un regard contemplatif vers « celui qu'ils ont transpercé » (Jn 19, 37) nous conduit à considérer le lien causal qui existe entre le sacrifice du Christ, l'Eucharistie et l'Église. L'Église, en effet, « vit de l'Eucharistie ». (31) Puisqu'en elle se rend présent le sacrifice rédempteur du Christ, on doit avant tout reconnaître qu'« aux origines mêmes de l'Église, il y a une influence causale de l'Eucharistie ». (32) L'Eucharistie est le Christ qui se donne à nous, en nous édifiant continuellement comme son corps. Par conséquent, dans la relation circulaire suggestive entre l'Eucharistie qui édifie l'Église et l'Église elle-même qui fait l'Eucharistie, (33) la causalité première est celle qui est exprimée dans la première formule: l'Église peut célébrer et adorer le mystère du Christ présent dans l'Eucharistie justement parce que le Christ lui-même s'est donné en premier à elle dans le Sacrifice de la croix. La possibilité, pour l'Église, de « faire » l'Eucharistie est complètement enracinée dans l'offrande que le Christ lui a faite de lui-même. Nous découvrons ici aussi un aspect convaincant de la formule de saint Jean: « Il nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Ainsi, dans chaque célébration, nous confessons nous aussi le primat du don du Christ. L'influence causale de l'Eucharistie à l'origine de l'Église révèle en définitive l'antériorité non seulement chronologique mais également ontologique du fait qu'il nous a aimés « le premier ». Il est pour l'éternité celui qui nous aime le premier.

Eucharistie et communion ecclésiale

15. L'Eucharistie est donc constitutive de l'être et de l'agir de l'Église. C'est pourquoi l'Antiquité chrétienne désignait par la même expression, Corpus Christi, le corps né de la Vierge Marie, le Corps eucharistique et le Corps ecclésial du Christ. (34) Cette donnée bien présente dans la tradition nous aide à faire grandir en nous la conscience du caractère inséparable du Christ et de l'Église. Le Seigneur Jésus, en s'offrant lui-même pour nous en sacrifice, a annoncé à l'avance dans ce don, de manière efficace, le mystère de l'Église. Il est significatif que la deuxième prière eucharistique, en invoquant le Paraclet, formule en ces termes la prière pour l'unité de l'Église: « Qu'en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps ». Ce passage fait bien comprendre comment la res du Sacrement de l'Eucharistie est l'unité des fidèles dans la communion ecclésiale. L'Eucharistie se montre ainsi à la racine de l'Église comme mystère de communion. (35) (3)

La parole que Jésus a dite un jour à Pierre prend ici un sens très profond: "Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église " (Mt 16, 23).


(1)https://www.revue-resurrection.org/L-Eglise-fait-l-Eucharistie-l

(2)http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/angelus/2011/documents/hf_ben-xvi_ang_20110626.html

(3)http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/apost_exhortations/documents/hf_ben-xvi_exh_20070222_sacramentum-caritatis.html



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