samedi 17 novembre 2018

José Prado Flores

José Prado Flores
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José Prado Flores et son épouse Suzan. 
Ils se sont mariés à Cana, en Galilée, en 1981.

Parmi les personnes les plus compétentes pour parler de l’évangélisation et particulièrement de la « nouvelle évangélisation », telle que l’entend le pape Jean-Paul II, monsieur José Prado Flores occupe une place de choix, selon moi, et se distingue.

Monsieur Flores est un catholique mexicain spécialisé en Écriture Sainte (Bible). Il a publié plus de trente volumes sur l'évangélisation. Il est le fondateur de l’École d’Évangélisation Saint-André (ÉÉSA).

Je me suis plongé dernièrement dans son livre (qui n’est pas tellement un livre, mais un manuel d’évangélisation) intitulé Comment évangéliser les baptisés et j’ai trouvé, dès les premières pages de ce livre, la réponse très claire à une question pastorale qui m’habite depuis trois ans environ et qui fait beaucoup souffrir mon âme de pasteur. Il s’agit de la question suivante: « Doit-on donner les sacrements de la foi à des personnes qui n’ont pas la foi ? » (1) La question que je viens de poser semble facile à répondre. La réponse la plus évidente à cette question est: NON. Et pourtant, nous, moi y compris, continuons à donner les sacrements de la foi à des gens qui n’ont pas la foi chrétienne. 

En ce moment, avec l’aide d’une paroissienne nommée Christiane Gagnon, je donne une formation à six adultes qui désirent être confirmés. La plupart des adultes qui ici à Montréal, demandent le sacrement de la confirmation, le font dans le but de devenir parrains ou marraines. Or ces six adultes, lorsque nous avons abordé le thème de Jésus, m’ont dit clairement qu’ils ne croient pas que Jésus soit Dieu et ils m’ont dit qu’ils ne savaient presque rien sur Jésus. Il y a deux ans, j’ai suivi une formation donnée par le « Catéchuménat de Montréal » sur les sacrements donnés aux adultes. J’y suis allé alors que j’étais en crise et que j’avais l’intention de ne plus continuer à accepter des adultes qui viendraient demander à être confirmés pour être parrains ou marraines. Lors de cette formation, nous avions le choix d’aller dans un des deux ateliers suggérés. J’ai choisi d’aller dans l’atelier donné par une dame qui est experte, selon moi, dans l’évangélisation des adultes. Le témoignage de cette dame m’a convaincu que je devais continuer de donner une formation aux adultes qui désiraient être confirmés et que cette formation ne devait pas durer trop longtemps car les jeunes adultes d’aujourd’hui n’ont vraiment pas beaucoup de temps. De retour chez moi, j’ai pris les résolutions suivantes :

a) Je continuerai à donner une formation aux adultes qui demandent la confirmation.

b) Je ne donnerai plus la formation seul. Je vais donner cette formation à deux. Madame Christiane Gagnon a accepté de se joindre à moi pour former les adultes.

c) La formation durera 12 semaines consécutives à raison d'une rencontre de 90 minutes à chaque semaine.

Cette année, c’est la deuxième fois que je suis fidèle à ces résolutions. Comme je l’ai dit précédemment, le groupe de cette année comprend six adultes qui désirent être confirmés. Deux d’entre eux ont seulement été baptisés. Ils devront donc « faire leur première communion » à la fin du parcours, avant d’être confirmés. En ce 17 novembre 2018, nous sommes parvenus à la moitié de la formation. En début janvier, la formation de ces adultes en vue de la confirmation, sera terminée et ils recevront la confirmation dans trois mois environ. Et voici que je suis de nouveau en crise, pour ainsi dire. Ces jeunes sont merveilleux à mes yeux et aux yeux de Christiane. Nous les aimons beaucoup. Mais comment peut-on espérer que ces chers jeunes reçoivent le don de la foi d’ici l’année nouvelle? La foi, on sait bien que c’est Dieu qui la donne. À chaque soirée de formation, nous terminons la rencontre par quelques minutes d’adoration eucharistique. Ces jeunes savent que Christiane et moi croyons en la présence réelle de JÉSUS dans l’EUCHARISTIE. Nous voulons donner à Jésus la possibilité de toucher le cœur de ces jeunes alors qu’ils sont en prière devant Lui et nous espérons que nos nouveaux amis recevront de l’Esprit Saint le don de la foi. Mais cela requiert de nous beaucoup d’ESPÉRANCE et beaucoup de FOI. J’imagine que vous comprenez le dilemme qui nous habite.

CE QUE DIT JOSÉ PRADO FLORES

Voici maintenant quelques paragraphes du livre Comment évangéliser les baptisés de José Prado Flores. Dans les pages d’où sont tirés les paragraphes mis ci-dessous, M. Flores fait une nette distinction entre « kérygme et catéchèse », le kérygme étant l’annonce explicite du cœur de la foi chrétienne : « Dieu a tant aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Jésus le Fils de Dieu a tant aimé le monde qu’il est mort sur une croix pour nous sauver. Dieu le Père l’a ressuscité et l’a fait siéger à sa droite. Tous les deux, le Père et le Fils, nous ont envoyé l’Esprit Saint. La catéchèse, quant à elle, est l’explicitation de la foi. Si vous n’avez pas lu mon blogue du 10 novembre dernier, intitulé Les 3 sortes d’évangélisation, dans lequel je cite abondamment monsieur José Prado Flores, il serait bon de le lire (1). Cela constitue d’ailleurs une excellente introduction au présent blogue.

« Notre grande erreur pédagogique dans la pastorale de l’évangélisation est que nous « catholicisons » d’abord avant de christianiser. En d’autres mots, nous offrons en premier lieu l’enseignement et la catéchèse aux fidèles sur toutes les vérités de l’Église catholique. Notre préoccupation s’est concentrée sur la transmission d’une saine doctrine orthodoxe. On a voulu former des saints et de savants chrétiens et, pour y arriver, on leur a communiqué tous les éléments et les enseignements nécessaires … On a cependant oublié le principe fondamental que Jésus enseigna à Nicodème : d’abord il faut naître de nouveau! L’essentiel n’est pas d’être « maîtres en Israël » mais de recevoir et de vivre la Bonne Nouvelle du salut qu’apporta Jésus.

Pour qu’une vie croisse, il faut d’abord qu’elle naisse. Nous ne pouvons pas croître dans la foi si d’abord nous ne sommes pas nés en elle, autrement dit, si nous n’avons pas eu une expérience de ce qu’est la Vie Nouvelle qui vient de Jésus.

Le Kérygme a précisément cette finalité : moyennant la présentation de Jésus mort, ressuscité et glorifié, avoir une expérience de Vie Nouvelle grâce à la foi et la conversion, et expérimenter que Jésus est vivant en nous comme Sauveur personnel, comme Seigneur de toute la vie et comme Messie qui (NDLR : le texte emploie ici le « que » au lieu du « qui ») nous donne l’Esprit Saint.

Mais, malheureusement, dans l’évangélisation du peuple de Dieu, on a souvent cru avoir franchi toutes les étapes de la proclamation kérygmatique. Ainsi on commence, on continue et on termine en exposant des vérités, des lois divines et des dogmes chrétiens à qui n’a jamais connu Jésus comme « Sauveur », ni proclamé comme « Seigneur » de toute sa vie, ni expérimenté comme « Messie ».

Certaines cultures indigènes du Mexique avaient des coutumes étranges. Par exemple, on plaçait de la nourriture à l’intérieur des tombeaux comme si le défunt pouvait avoir faim. L’arrivée de l’Évangile mit fin à cette absurdité. Cependant, peut-être les évangélisateurs d’il y a quatre cent cinquante ans se moqueraient-ils de nous qui sommes en train de placer le riche aliment de la doctrine et de la morale chrétienne près des cadavres qui n’ont pas la vie en Jésus.

Nous sommes en train de donner des aliments à des morts. Or les morts n’ont pas besoin d’aliments; ils ont besoin de ressusciter et ce ne sera que lorsqu’ils seront vivants qu’on leur donnera la nourriture et les vitamines pour les nourrir et les fortifier. Rappelons-nous quand Jésus ressuscita la fille de Jaïre : d’abord il lui redonna la vie puis il la remit à ses parents (la communauté) pour qu’ils lui donnent à manger.

Voilà le principe fondamental de toute évangélisation. Nous ne pouvons pas remplacer par une catéchèse ce qui est avant tout une expérience de Vie Nouvelle. La catéchèse, pour donner un fruit qui demeure, doit occuper sa place : toujours après l’annonce kérygmatique. » (José Prado Flores, Comment évangéliser les baptisés, pp. 31-33).

J’aime beaucoup les mots « pour donner un fruit qui demeure »; pour donner un fruit « durable ». On peut parfois produire des fruits immédiats, temporaires; mais on doit viser des fruits durables. Ce texte de monsieur Flores a été écrit dans les années 80. Il est encore actuel selon moi, même si certaines circonstances ont changé, du moins pour ce qui est de la formation chrétienne des enfants. Mais pour ce qui est de la formation chrétienne des adultes, ce texte est encore des plus pertinents.

La question qui demeure pour moi, est celle-ci : QUOI FAIRE POUR NOS JEUNES ADULTES QUI DEMANDENT LES SACREMENTS ???

ESPRIT SAINT, ÉCLAIREZ-NOUS !


(1) Dieu ma joie: Les 3 sortes d'évangélisation

dieumajoie.blogspot.com/2018/11/les-3-sortes-devangelisation.html
 


  


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