Premier dimanche de l’Avent 2017
Le mot Avent vient du mot latin « adventus »
qui veut dire venue. Durant l’Avent, nous célébrons la venue de Dieu ou plutôt
les venues de Dieu:
a) l’humble venue de Dieu sur cette terre, il y a deux
mille ans (Lc 1, 38). Cette venue, nous la célébrerons surtout à partir du 17
décembre.
b) la venue de Dieu à chaque jour de notre vie: Dieu ne
cesse de nous visiter, de venir à notre rencontre et ce, plusieurs fois par
jour. Il nous appartient d’aiguiser notre regard afin de percevoir toutes ces
venues de notre doux Maître.
c)
la venue de Dieu à l’heure de notre mort.
d)
la venue grandiose de Dieu à la fin des temps, à la fin
du monde (Mt 25, 31).
Aujourd’hui, dans l’évangile de
ce premier dimanche de l’Avent (Mc 13, 33-37), Jésus nous invite et nous ordonne
de « veiller » car nous ne connaissons pas l’heure où Il viendra.
Cette heure dont parle aujourd’hui Jésus, c’est clairement selon moi, l’heure
de notre mort. Est-ce que nous nous préparons à cette première rencontre avec
notre Dieu, qui aura lieu dès notre passage dans l’autre vie?
La Bible nous dit qu’un jour nous
verrons clairement la différence entre les humains; entre ceux qui auront cru
en Dieu et ceux et celles qui auront refusé de croire (livre du prophète Malachie chapitre 3, verset 18). Ce jour, dont parle la
Bible, est le jour où Dieu jugera le monde entier, à la fin des temps. Mais il nous
arrive aussi parfois, dès cette vie, de voir l’immense différence que peut faire une vie de foi chez un être humain. À preuve, les deux témoignages mis ci-dessous. Aujourd’hui,
je ne mettrai que des extraits de ces témoignages. Pour les lire dans leur
intégralité, veuillez consulter le blogue que j’ai écrit en date du 4 novembre 2015. (1)
Le docteur Camille Laurin: psychiatre,
ministre au sein du Parti québécois, père
de la loi 101, décédé le 11 mars 1999. Voici la lettre qu’il écrivit à son
épouse quelques temps avant sa mort.
"Francine chérie,
Depuis ce coup de tonnerre du mois d'octobre, qui
m'annonce, à plus ou moins brève échéance, la fin de mon pèlerinage terrestre,
mes pensées ont pris un tour plus amoureux et plus éternel.
Jésus (Dieu qui sauve) a toujours été présent en moi, bien
que caché sous le voile de la foi. J'ai toujours aspiré ardemment à comprendre
ses mystères joyeux, douloureux et glorieux. Mais malgré leur soif d'absolu et
d'infini, les fils d'Adam ne peuvent y arriver. Alors que maintenant j'ai la
joie de penser que je serai bientôt en contact direct avec le Père, le Fils et
l'Esprit et qu'au-delà de la foi, j'aurai la réponse à mes questions et
baignerai dans la joie éternelle de la lumière, de la vérité et de l'Amour.
En attendant, devant notre crucifix, que j'ai sans cesse
devant les yeux, je remercie sans cesse Jésus et son Père pour la création du
monde, la création de l'homme et de la femme, l'amour infini qui a présidé à
l'Incarnation qui a fait de Jésus notre Frère humain et de tous les humains les
fils et les filles de Dieu.
Je remercie aussi Jésus pour ma naissance, mon baptême,
mes parents, ma famille, ma Francine chérie et pour toutes les grâces qu'Il n'a
cessé de me dispenser.
Je le remercie pour son enseignement qui m'a guidé,
protégé et orienté vers l'amour de Dieu et de tous les humains,
particulièrement les malades, les malheureux et ceux et celles qui ont soif de
justice.
Comment ne pas remercier enfin pour la Rédemption , qui l'a
amené à souffrir pour nous le martyre de la flagellation et du couronnement
d'épines, porter sa Croix, subir la Crucifixion et donner sa vie pour nous laver
de tous nos péchés (Agnus Dei), ressusciter d'entre les morts, pour nous ouvrir
les portes du Royaume éternel où tout est joie et plénitude de l'Amour.
C'est bien pourquoi, en cette heure douloureuse, je
m'unis à Lui sur la Croix ,
pour bien marquer toutes mes souffrances, mes peines, mes soucis, mes peurs,
mes pensées et mes actes. C'est bien peu à côté de ce qu'Il a souffert. Mais je
veux ainsi participer à la
Rédemption , ma rédemption et celle de tous ceux que j'aime,
la rédemption de tous les humains et particulièrement celle de tous ceux qui
n'ont pas voulu ou ne veulent pas reconnaître Son amour. Comme disait saint
Paul, je veux ainsi compléter en ma chair ce qui manque à la Passion du Christ.
Cette participation contribue également à me purifier et à ouvrir mon âme plus
grande à la Joie et
à l'Amour.
Dr Camille Laurin
Pierre Bourgault:
professeur d’université, homme politique, journaliste, tribun extraordinaire, un des orateurs les plus fameux
qu’ait connu le Québec, indépendantiste convaincu et athée déclaré. Voici la lettre qu'il a écrite quelques semaines avant sa mort. M. Bourgault est décédé le 16 juin 2003.
« Je me
suis toujours un peu moqué de la mort, la mienne et celle des autres. Tout
s'arrête et voilà, c'est tout. Je ne l'ai jamais souhaitée mais je n'ai jamais,
non plus, tenté de l'ignorer. Je savais qu'elle viendrait en son temps. Je
souhaitais simplement qu'elle soit douce et qu'elle me prenne à l'improviste,
sans m'avertir qu'elle s'amenait.
Mais
voilà qu'elle se présente devant moi dans toute sa brutalité, avec une
brusquerie sauvage qui m'arrache de terre avec violence.
Je
comprends maintenant pourquoi il vaut mieux ne pas connaître le jour de sa
mort. Car autrement, on devient un mort-vivant. Vous vous levez un matin, tout
va bien. Puis quelqu'un vous annonce que vous serez exécuté dans l'après-midi.
Entre le matin et l'après-midi, il y a l'éternité. Pas la vie, l'éternité qui,
comme on le sait, ressemble parfois à l'enfer.
Oui,
c'est de cela qu'il faut parler: l'enfer. J'y suis plongé depuis cinq jours,
entouré de tous ces démons déchaînés, les miens et ceux des autres. Ils
m'assaillent de toutes parts et me roulent dans la boue.
Je ne suis plus rien. Moins que rien. Et pourtant, il me
reste la rage. Oui, cette sorte de rage qui est plus que de la colère, …
Voilà cinq jours que ça dure. Non seulement l'épouvante ne diminue pas,
elle s'installe à demeure.
J'attends. Une attente habitée de toutes les angoisses, de
tous les cauchemars.
Je
suis mort et je vis. L'horreur absolue.
Ce
n'est pas tant la mort en soi. C'est la mort qui surgit de nulle part dans
l'humiliation et l'opprobre. Ce n'est pas la mort tout court. C'est la mort qui
s'accompagne du jugement injuste et de la condamnation sans appel. C'est la
mort qui survient dans les cris de vengeance. C'est la pire des morts, et c'est
la mienne.
J'ai
connu, tout au long de ma vie, des souffrances indicibles et de lourdes
épreuves. Mais, réunies toutes ensemble, elles pèsent bien peu auprès de la
tourmente dans laquelle je suis plongé. »
Pierre
Bourgault
Voilà la différence entre la mort
qu’est susceptible de vivre un croyant convaincu ou un athée convaincu. En ce
temps merveilleux de l’Avent, la
charité devrait nous pousser (2 Co 5, 14)) à intensifier notre prière afin que tous
les enfants de notre Père des cieux, s’ouvrent à l’espérance chrétienne. Merci Seigneur de nous donner et de nous
conserver la foi.
(1) Dieu ma joie: Le ciel et l'enfer: Laurin et Bourgault
dieumajoie.blogspot.com/2015/11/le-ciel-et-lenfer-laurin-et-bourgault.html
Ajout: Un de mes meilleurs amis m'a envoyé ce mot, après avoir lu ce blogue:
De : Michel
Envoyé : 5 décembre 2017 17:20
À : Guy Simard
Objet : Re: Bon Avent
Envoyé : 5 décembre 2017 17:20
À : Guy Simard
Objet : Re: Bon Avent
Merci Guy pour ce blogue. Tu avais déjà publié ces deux témoignages.
Bourgault a reçu une grande grâce à l’heure de la mort. Un proverbe arabe dit: "À la fourmi renversée est donnée le possibilité de regarder vers le ciel."
Une grande affliction est le secours que donne Dieu pour nous inciter à tourner notre regard vers Lui. Espérons que Bourgault a saisi la main tendue.
Michel
Magnifique ce message de mon ami. J'aime beaucoup le proverbe arabe. Le souhait de Michel est aussi le mien.
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