Ronger son frein (1): obstacle à la
nouveauté
L’évangile de Luc est souvent
appelé l’évangile de la JOIE. Et pourtant,
cet évangile commence par la déception et le doute et se termine « presque » de la même façon.
Le présent blogue m’a été inspiré
par la lecture que je fais en ce moment du magnifique livre de madame Odile
Haumonté sur « l’Esprit Saint dans
notre quotidien ».
Le premier événement que nous
raconte saint Luc dans son évangile, est l’annonce faite par l’archange Gabriel
à Zacharie, le prêtre. L’archange annonce une grande joie à Zacharie, mais à sa
grande surprise, le messager divin découvre un homme fermé à la joie, un homme
rempli d’amertume. L’ange Gabriel vient annoncer à Zacharie que lui et son
épouse Élisabeth, auront un enfant. Or Zacharie n’y croit pas. Il a tellement
rongé son frein à cause de l’infertilité de leur couple, qu’il ne peut même
plus croire à l’EXTRAORDINAIRE NOUVEAUTÉ que Dieu lui annonce via son messager.
Madame Haumonté décrit très bien la source de l’amertume du prêtre Zacharie. Cette
amertume, elle date du tout début du mariage de Zacharie et Élisabeth et elle s’est
aggravée au cours des jours, des innombrables jours vécus par le couple:
« Le
pauvre Zacharie, dans ces simples mots: « À quoi connaîtrai-je cela ? Car moi je suis un vieillard et ma femme
est avancée en âge » (Lc 1, 18), a mis toute son amertume, ces années
de regrets, de rancune, de doutes, ces milliers de prières lancées vers Dieu,
les yeux rougis d’Élisabeth, chaque mois, quand l’espoir de la maternité venait
d’être emporté dans un flux de sang, les projets abandonnés, les rires d’enfants
chez les voisins, le berceau vide qu’on a fini par donner à une amie. Zacharie
reproche à l’Ange d’arriver trop tard et l’Ange s’enflamme d’une sainte colère à
l’égard ce celui qui ose faire la fine bouche devant le don de Dieu. »
(Odile Haumonté, « Au quotidien avec
l’Esprit Saint, Éditions des Béatitudes, 2015, pp. 85-86).
Madame Haumonté nous fait
vraiment entrer dans l’âme de Zacharie; et en quelques mots, nous comprenons
que tant de petits événements quotidiens ont creusé au fil des ans l’amertume
dans le cœur du vieux prêtre. Mais le bras de Dieu « n’est pas si court; n’est pas raccourci ». On raccourcit
toujours le bras de Dieu. Notre bras a moins d’un mètre de long, mais le bras
de Dieu rejoint le bout du monde et couvre l’univers.
J’ai toujours été étonné de la
sainte colère de l’ange Gabriel envers Zacharie le non croyant. J’ai déjà
exprimé cet étonnement dans un de mes blogues. Je suis heureux de voir que d’autres
personnes aussi s’étonnent de cette sainte colère. J’aime beaucoup comment
madame Haumonté exprime quant à elle son incompréhension:
« Comment expliquer qu’un
Ange puisse « craquer » ainsi: « Tu m’énerves, à la fin, tiens, puisque c’est ça, tu seras muet jusqu’à
la naissance de ton fils ! » (Ibid, p. 85)
L’avant dernière apparition du
Ressuscité en saint Luc, nous présente deux pèlerins amis de Jésus qui, trois jours après la mort de Jésus, partent
de Jérusalem et se rendent dans un village appelé Emmaüs (Lc 24, 13). Sur la route, ils
ressassent les événements des derniers jours et ce faisant, ils s’enfoncent
encore plus dans leur désespoir. On a souvent besoin de quelqu’un pour nous
remonter le moral. Mais dans la peine, il faut savoir choisir ses amis et ses
conversations. Il n’est pas de bon aloi pour quelqu’un en deuil, d’aller
visiter une personne en deuil elle aussi, car la conversation risque de devenir
assez déprimante. Les pèlerins d’Emmaüs était tellement déprimés et rongeaient
tellement leur frein, qu’ils n’ont pas su percevoir la NOUVEAUTÉ EN PERSONNE, qui
marchait avec eux. Heureusement qu’ils l’ont reconnu sur le tard, à la FRACTION DU PAIN.
Méfions-nous donc de notre
amertume. Essayons de ne pas la cultiver car nous risquerions alors de nous
fermer à la NOUVEAUTÉ
et à la JOIE que
Dieu désire nous donner.
(1) Ronger son frein
Cette expression datant de la fin du XIVe siècle, ce n'est
pas aux véhicules motorisés qu'il faut penser, mais à la plus belle conquête de
l'homme : la femme le cheval.
En effet, le 'frein' n'est ici rien d'autre que le mors, cette pièce généralement métallique placée dans la bouche
de l'animal et qui, reliée aux rênes, sert à le diriger.
Or, que fait un cheval qui s'impatiente en attendant le retour de son maître : il ronge son frein, faute de choses plus intéressantes à faire.
Or, que fait un cheval qui s'impatiente en attendant le retour de son maître : il ronge son frein, faute de choses plus intéressantes à faire.
Dans cette métaphore, le 'frein' c'est ce qui bloque l'élan de celui qui aimerait bien exprimer ses sentiments. Et 'ronger' est associé à cette énergie contenue qui devient corrosive et mine l'intérieur. Cette expression pouvait aussi vouloir dire "être condamné à l'ennui",
Tiré de:
Ronger son frein - dictionnaire des expressions françaises Expressio ...
www.expressio.fr/expressions/ronger-son-frein.php
Merci mille fois pour ce beau cadeau! S'il faut choisir ses amis dans des moments de deuil, je suis heureux de pouvoir te compter parmi les miens!
RépondreSupprimer"la plus belle conquête de l'homme : (/la femme/) le cheval..." Si quelqu'un m'a entendu m'esclaffer si bruyamment, il doit me croire fou !