Lettre d’un ami à son curé
En ce sixième dimanche de Pâques, je viens de recevoir la lettre ci-dessous qu'un de mes amis a écrite à son curé. Alors que depuis le "lundi de Pâques", nous lisons les Actes des Apôtres, qui nous présentent à chaque jour les disciples de Jésus en train de sortir dans les rues pour annoncer Jésus Ressuscité, je trouve que cette lettre "tombe pile".
Objet
: Voici une lettre à mon curé : je suis tanné d'entendre la
phrase "en rouge"...
Hier
durant la messe où tu prêchais, je me posais la question :
"Combien
de gens dans l'assistance pouvait bien se demander vraiment
avant
d'arriver à la messe:
" Devrais-je aller
sur les places publiques pour
évangéliser ?",
et ayant
entendu une des phrases que tu as "encore" répétée en chair :
"Pas
besoin d'aller sur les places publiques pour évangéliser !"
combien se sont "enfin" trouvés rassurés?
Pour qui cela cause tant de problème pour en parler si souvent?
Pour qui cela cause tant de problème pour en parler si souvent?
D'autant
plus que, le maître que nous avons à imiter (et plus spécialement les
consacrés),
a passé 3 ans à temps plein sur les places publiques, dans les maisons des gens, les synagogues
a passé 3 ans à temps plein sur les places publiques, dans les maisons des gens, les synagogues
et le Temple de Jérusalem pour évangéliser sur les places publiques,
dans les périphéries!
C'est quoi
le problème avec le fait d'évangéliser sur les places?
N'est-ce
pas la mission du clergé? et des laïcs qui ont senti un appel spécifique à le
faire?
Pourtant, cette question sans cesse ressassée "de ne pas évangéliser sur les places",
je ne sens pas qu'elle vient des laïcs, mais plus du clergé...
un peu
comme un remords de conscience incessant qui revient chez ceux qui ont comme
mandat premier d'être les imitateurs de la vie publique de Jésus,
mandat premier d'être les imitateurs de la vie publique de Jésus,
et qui
font, ou ont fait de leur vie, un ministère très reclus dans leur monde
pastoral,
sans être
dans les périphéries.
Nous les
laïcs, nous étions "déjà" en périphérie et déjà sur les places
publiques,
avant même
que le pape François en parle, par le travail, les loisirs, la garderie,
l'épicerie, la maison à entretenir, la famille à visiter, etc.
l'épicerie, la maison à entretenir, la famille à visiter, etc.
Témoigner
par ce que l'on est, notre joie, c'est notre quotidien;
et on
sait, par expérience, qu'on ne peut pas écoeurer nos voisins ou notre parenté
avec le Christ.
Ils n'en
veulent pas, principalement à cause des scandales chez les prêtres pédophiles.
Ça, c'est
notre réalité quotidienne: les gens de nos périphéries pourraient vouloir le
contenu qu'est le Christ,
mais pas le contenant qu'est le clergé.
mais pas le contenant qu'est le clergé.
Quand le
pape a commencé à parler de "périphérie",
il parlait
en tout premier lieu à son clergé, souvent reclus dans un cercle
de travail
religieux. Donc les périphéries, c'est d'aller rencontrer les gens
dans les
maisons et les places publiques: être un signe distinctif,
et le port d'un vêtement distinctif peut y contribuer.
Quand le
pape François, n'était que prêtre ou évêque, il allait partout
et on le
voyait partout avec son col romain. Les photos dans les autobus en témoignent.
On pouvait
donc associer sa "joie", comme tu aimes tant le rappeler, à sa foi.
Un prêtre
qui craint de s'afficher, à quoi peut-on le distinguer ou reconnaître sa joie ?
À
Victoriaville, toute une jeune génération de jeunes gens ne savent
pas qui est prêtre ici ? Peut-on vous identifier facilement
dans les périphéries?
Voici ce
que je te propose.
Au lieu de
dénigrer l'évangélisation sur les places publiques,
qui doit se faire de toute façon (je vous envoie 2 par 2, etc),
tu pourrais apprendre aux gens à être reconnaissants pour tous ceux et celles
qui doit se faire de toute façon (je vous envoie 2 par 2, etc),
tu pourrais apprendre aux gens à être reconnaissants pour tous ceux et celles
qui ont l'audace d'aller
sur les places publiques pour faire
connaître le Christ.
Apprends-leur
que le Christ est "fier" d'eux !
Donc, ne
plus en parler de façon à vouloir effacer et taire cette réalité.
Tu
pourrais aussi apprendre aux gens, que la "joie" n'est pas la
finalité de tout.
Que même
un chrétien qui, par les épreuves, ne peut "ressentir" la joie d'être
en vie,
s'il
accomplit la volonté de Dieu et n'est "que" serein ou en paix par sa
conscience,
peut être
un plus grand témoin que celui qui est dans une joie, peut-être due
au fait
que la vie a été facile pour lui, de par sa naissance ou son métier et son rang
social.
Aussi, beaucoup de gens se sacrifient en vivant moins de joie mais en étant fidèle à l'évangile.
Voici un exemple: certains pourraient en vivant une relation adultère,
recevoir
ainsi de l'affection, du sexe et de la joie.
Mais pour
être fidèle à la parole du Maître, ils y renoncent.
La joie n'est
pas la finalité de tout, mais bien plus la recherche de la vérité dans l'amour
vrai.
Dans la
prière que Jésus nous a enseignée, et qui est la plus importante,
Jésus n'a
pas mis l'accent sur la joie, mais sur l'accomplissement
de la
volonté du Père, de dépasser la haine par le pardon, de demander ce qui est
juste
et de vénérer Dieu.
Qu'en
penses-tu ?
Il est très bon que les fidèles adressent de telles lettres
à leur curé. Mais il n’est pas
nécessaire d’écrire; on peut tout simplement parler à notre curé face à
face; mais jamais dans son dos. Parler dans le dos des prêtres, ce n’est pas
édifiant. Rappelons-nous le dicton populaire qui dit ceci: « Qui mange du curé, en meurt ! ».
Cette phrase ne veut pas dire « qui
se nourrit de son curé en meurt »; le verbe « manger » a ici
un autre sens:
manger du prochain (Québec)
Définition: Parler dans le dos de quelqu'un, de
plusieurs personnes
Exemple: Les filles ont mangé du prochain toute la soirée (1)
Exemple: Les filles ont mangé du prochain toute la soirée (1)
En lisant cette lettre de mon ami, il m’est revenu à la
mémoire la remarque ou le reproche que m’a fait un de mes paroissiens un jour,
après une messe dominicale. Cet ami m’a dit ceci: « Je suis tanné (fatigué, écoeuré) de t’entendre dire que nos
églises au Québec, sont vides. Premièrement ce n’est pas vrai. Nous avons une
belle assistance dans notre église paroissiale. Deuxièmement, il n’existe
aucune autre organisation au Québec qui réunit autant de membres à chaque
semaine. Alors, de grâce, arrête de nous sortir une phrase pareille ! »
Je dois avouer que ce jour-là, cet ami paroissien a « éclairé mes lanternes ». Il avait
tout à fait raison. Et je le remercie pour cette correction fraternelle. Depuis
ce temps, je n’ai plus jamais dit en public que nos églises sont vides.
J’aime aussi ce que dit cet ami à propos de la joie. C’est
vrai que la joie n’est pas un but, une finalité. Tant mieux si notre cœur est
habité par la joie. La joie est avant tout un fruit de l’Esprit Saint. On peut
donc toujours la demander comme un cadeau; j’allais écrire « comme un cadeau supplémentaire »,
que Dieu ajouterait aux innombrables cadeaux qu’Il nous fait.
L’ami qui a écrit cette lettre à son curé, vit une croix très
pesante à tous les jours. Il aurait bien aimé se marier; mais il n’a jamais
trouvé la femme que Dieu lui réservait peut-être. Tout cela est un mystère. Il
n’en demeure pas moins que cet ami est convaincu qu’il a en lui la vocation au
mariage, mais cette vocation n’a jamais pu éclore. Ce doit être très
douloureux; d’autant plus que cette douleur est « quotidienne ». Mais cet ami va à la messe tous les jours, a
une vie de prière et s’efforce de vivre l’Évangile et ses exigences du mieux
qu’il peut. Bravo cher ami. Tu as raison en ce qui concerne la joie. Celui qui
te le dit, est celui qui a un blogue intitulé: Dieu ma joie. En ce temps
de Pâques, je demande à l’Esprit Saint de te faire un « cadeau supplémentaire ».
Je vais (encore) me permettre d'ajouter mon grain de sel...
RépondreSupprimerSelon moi, quand on dit qu'on n'a pas besoin d'aller sur les places publiques pour évangéliser, ça correspond à l'expression que j'aime utiliser à profusion: on n'évangélise pas à coups de Bible et de discours à la saint Pierre (cf.Ac 2).
Le processus d'évangélisation des Cellules Paroissiales d'Évangélisation est le meilleur processus que je n'aie trouvé jusqu'à présent, car bien qu'il soit progressif et pragmatique, il fait cheminer à la fois "l'évangélisé" autant que "l'agent d'évangélisation". Il nous appelle à entrer en relation avec chaque personne, à la suite du Christ.
Je suis d'accord avec ton ami, que les membres du clergé profiteraient davantage de "sorties aux périphéries". Mais quand je vois le "travail" que tu as fait avec moi et dont ce blogue est témoin au fil des années, je suis de plus en plus en paix avec l'idée que les prêtres servent "à l'intérieur du temple" et encouragent les laïcs à témoigner de plus en plus courageusement de la Joie, de la Paix et de l'Amour qui les habitent. N'est-ce pas que ce serait une équipe du tonnerre s tout le monde, chacun selon ses charismes, pouvait être non plus seulement disciple, mais APÔTRES!
Salutations à ton ami!
https://evangeliser.net/series/processus-devangelisation/
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