Évangéliser par la bonté
« Le fruit de l'Esprit est ... bonté » (Galates 5, 22)
« Aimer, c'est révéler à l'autre sa beauté » (Jean Vanier)
Cela fait une couple de jours que je désire écrire ce blogue. Mais il est providentiel que je l’écrive aujourd’hui car au Canada, le 24 mai, c’est la fête liturgique d’un de nos Bienheureux: Mgr Louis-Zéphirin Moreau, évêque. Dès ses premières années de sacerdoce, l’abbé Moreau manifestait une telle bonté envers les pauvres, que ceux-ci l’appelaient « le bon Monsieur Moreau ». Ce Bienheureux québécois et Canadien est né à Bécancour au Québec. J’ai habité pendant onze ans la paroisse voisine de Bécancour et l’évêque de Nicolet de l’époque, Mgr Raymond Saint-Gelais, avait confié à ma communauté la cure de la paroisse de Bécancour. Le jeune Louis-Zéphirin était de santé très fragile; à tel point que lorsqu’il demanda à l’évêque de Québec, Mgr Joseph Signay, de l’admettre au sacerdoce, celui-ci refusa, « estimant qu’il avait déjà assez de « pots fêlés » dans son diocèse » (Recueil de célébration liturgique en l’honneur du Bienheureux). Heureusement que l’évêque de Montréal, Mgr Bourget, a fait preuve de plus de clairvoyance et d’un meilleur discernement. Misère et grandeur de l’Église!
Tout cela pour dire que je suis
heureux d’écrire ce blogue sur la bonté, alors que nous fêtons « le bon Mgr Moreau ».
Mgr Louis-Zéphirin Moreau
J’achève la lecture du livre de madame
Odile Haumonté, intitulé « Au
quotidien avec l’Esprit Saint ». J’ai lu ces jours-ci certains
passages de ce livre, qui m’ont beaucoup interpellé. Le cinquième chapitre de
la deuxième partie du livre, porte sur le fruit de l’Esprit saint qu’est la BONTÉ. Voici quelques extraits
tirés de la section qui a pour sous-titre les mots suivants: TU AS DU PRIX À MES YEUX:
« Que
ce soit un soignant, une vendeuse, un garagiste, un guichetier, tout change
s’il vous fait sentir que vous avez toute son attention, que vous êtes unique à
ses yeux, que votre question le concerne. Que vous avez du prix à ses
yeux. » (1)
Cela
est vrai de la personne qui vous sert de l’autre côté d’un comptoir, mais c’est
aussi vrai de nous lorsque nous demandons à être servis. Il m’est revenu à la
mémoire un événement en apparence anodin, mais dont je n’ai malheureusement pas
encore tiré toutes les conséquences pratiques pour ma vie. Lors d’une journée
de congé, je suis allé acheter du pain dans une boulangerie renommée ici à
Montréal. J’attendais d’être servi, me tenant derrière une jeune femme dans la
trentaine, selon moi, qui elle, était en train de se faire servir. J’ai été très
impressionné et très touché par la façon dont cette jeune femme, qui était très
belle, cela dit en passant, s’adressait à la serveuse du magasin. Elle était
toute gentillesse et tout sourire. J’ai été à ce point impressionné qu’au
sortir du magasin, je me suis adressé à cette femme pour lui dire que sa façon
d’être et sa façon d’interagir étaient magnifiques. Elle a semblé être étonnée
de mes remarques, mais visiblement reconnaissante et très probablement flattée.
Depuis
cet événement, je me dis souvent qu’une de mes meilleurs façons de témoigner de
ma foi, serait de sourire aux personnes qui me servent dans les magasins où je
vais et de leur dire un sincère « Comment
allez-vous? »; de leur montrer qu’elles ont du prix à mes yeux. Et
puisque je porte le collet romain, cette façon d’agir serait immédiatement
associée à mon ministère de prêtre. Ce serait une façon extraordinaire à
Montréal, de redorer en quelque sorte l’image du prêtre. Mais ce serait surtout
faire honneur à Jésus notre Sauveur, qui est si doux et humble de cœur. Tout
cela je le sais, mais je ne le fais pas. Je remercie madame Haumonté de me rappeler
les prises de conscience que j’ai déjà faites, et je demande au Bienheureux
Louis-Zéphirin Moreau de m’aider à être bon, très bon avec les gens. Toute
personne a un besoin immense de sentir qu’elle a de la valeur. Et cela ne prend
pas grand-chose normalement pour le lui manifester. Puisse l’Esprit Saint nous remplir de sa
BONTÉ.
Mme
Haumonté continue:
« Autrefois,
le tissu social était teinté de christianisme, la religion imprégnait chaque
moment de l’existence. Aujourd’hui, un mur sépare la pratique religieuse de la
vie de tous les jours et ce mur est à abattre. J’ai à laisser ma vie de foi,
comme une huile parfumée, glisser dans ma vie de famille, dans ma vie de
couple, dans ma vie professionnelle, dans mes loisirs, dans mes conversations,
dans mes achats, dans mes pensées. Dans certaines communautés religieuses, le
soir du Lundi Saint, pour rappeler l’onction de Béthanie, on parfume une icône
du Christ avec un mélange d’essences de rose et de chèvrefeuille. La chapelle
est alors imprégnée de cette fragrance qui devient, pour les habitués, d’année
en année, le parfum de la Semaine Sainte.
Ainsi en est-il dans l’Évangile: « Toute la maison fut remplie de
l’odeur de ce parfum » (Jn12, 3); ainsi en est-il de notre vie, toute
remplie du parfum de l’amour. » (2)
Je m’attendais
ici à ce que madame Haumonté cite cette phrase de saint Paul: « Nous sommes pour Dieu la bonne odeur du
Christ, parmi ceux qui accueillent le salut comme parmi ceux qui vont à leur
perte » (2 Co 2, 15). À la toute fin du chapitre, comme elle le fait à
chaque conclusion de chapitre, madame Haumonté a mis une citation. La citation qu'elle a choisie est du Cardinal
Suhard: « La bonté, c’est bien le
moyen le plus facile de ressembler à Dieu ». Je ne puis pas dire que
je partage tout à fait cette façon de voir. Je dirais plutôt que « la bonté devrait être le moyen le plus
facile de ressembler à Dieu ». Pour ma part, je crois être
foncièrement bon, mais non pas « visiblement » bon. Je crois être foncièrement joyeux, mais non pas visiblement joyeux. Et pourtant, je
sais que nous devons témoigner du « Dieu
qui s’est rendu visible à nos yeux » (Préface de la messe de Noël).
« Je m’efforce d’aborder les gens avec
un grand sourire et je réalise que, dans la grande majorité des cas, ce sourire
est contagieux. Souriez et l’on vous sourira! » (Odile
Haumonté, Au quotidien avec l’Esprit
Saint, p. 138)
(1) Odile Haumonté, Au quotidien avec l’Esprit Saint, Éditions des Béatitudes, p. 135.
(2) Ibid, pp. 135-136.
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