La signification du « Seigneur prends pitié ! »
Je suis en train de lire le
magnifique livre du Père Raniero Cantalamessa, intitulé: Le regard de la Miséricorde. Le chapitre 14, intitulé « Vous puiserez
dans l’allégresse aux sources du salut » et ayant pour
sous-titre « La miséricorde de
Dieu dans la liturgie », m’a fait voir de façon nouvelle le rite
pénitentiel que l’on vit à chaque eucharistie, ainsi que le sacrement de la
réconciliation.
Le titre de ce chapitre 14 nous
invite à nous poser cette question: « Comment
se fait-il que je ne sois pas dans l’allégresse quand je vais puiser aux
sources du salut, quand je vais en particulier recevoir le sacrement de la
réconciliation? » Il y a en cela quelque chose de triste et de
mystérieux. Peut-être est-ce parce que je n’ai pas encore compris en quoi
consiste réellement la MISÉRICORDE DIVINE.
Je vais vous dire comment je comprends les
pages du chapitre 14 du livre du fameux Père Capucin. Je ne veux pas faire dire au Père Cantalamessa ce qu’il
ne veut pas dire. Je citerai certaines de ses phrases pour appuyer mes dires.
Nous avons souvent la tendance à appliquer l’invocation « Seigneur prends pitié » à notre
état de pécheur, à nos péchés. Cela est vrai, mais cela devrait venir en second
lieu. En tout premier lieu, nous devrions invoquer la Miséricorde divine sur nos misères psychologiques,
émotionnelles, corporelles, les misères associées à notre être profond, hérité
de nos parents, influencé par tout ce que nous avons vécu durant notre vie.
C’est cela que la Miséricorde Divine veut guérir
avant tout, en un sens. Et en guérissant cela, Dieu guérira souvent notre
propension au péché. Car le péché a souvent sa source dans des blessures reçues
consciemment ou inconsciemment. Il ne s’agit pas ici de nier notre
responsabilité lorsque nous péchons et d’excuser tout péché que nous commettons
en mettant tout sur le dos de la génétique, de la façon dont nous avons été
éduqués par nos parents, et des influences extérieures qui ont contribué à
faire de nous ce que nous sommes devenus. Mais il s’agit de savoir que Dieu,
dans sa Miséricorde infinie, veut
aussi guérir tout cela. Et cela devrait nous réjouir. En ce sens, je suis très
heureux du titre que le pape François a donné à sa plus récente lettre
apostolique: « Misericordia et
misera » (« Miséricorde et
misère »). (1)
Voici quelques passages tirés du
livre du Père Cantalamessa:
« Selon
la Bible , on
devrait traduire Kyrie eleison (Seigneur prends pitié) par: « Seigneur, fais descendre la tendresse de ta
miséricorde sur nous. » Il suffit de lire comment Dieu parle de son
peuple dans Jérémie: « Mes
entrailles s’émeuvent pour lui, pour lui déborde ma tendresse (eleos). »
Quand les malades, les lépreux et les
aveugles crient à Jésus: « Aie pitié
de nous, Fils de David! », cela ne signifie pas:
« pardonne-nous », mais « aie compassion de nous ». En plus
du pardon des péchés, la conclusion de l’acte pénitentiel assure justement
aussi la miséricorde: « Que Dieu
tout puissant nous fasse miséricorde, qu’il nous pardonne nos péchés, et nous
conduise à la vie éternelle. » (2)
C’est moi qui ai mis en
caractères foncés le deuxième paragraphe de la citation ci-dessus. La façon
dont le Père Cantalamessa commente la conclusion du rite pénitentiel à la
messe, est vraiment géniale, selon moi. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours considéré
les deux premières demandes de cette conclusion, comme étant synonymes ou
disant la même chose. J’appliquais ces deux demandes à mes péchés. Mais je vois
bien maintenant que c’est une erreur de considérer ainsi les deux premiers
éléments de la prière de conclusion de l’acte pénitentiel. Car Dieu ne « rabâche pas comme les païens » (Mt 6, 7);
Dieu ne se répète pas quand il fait prier son Église. Il y a vraiment trois
intentions de prière dans la conclusion de l’acte pénitentiel à la messe:
1-
Que Dieu tout puissant nous fasse miséricorde.
2-
Qu’il nous pardonne nos péchés.
3-
Et nous conduise à la vie éternelle.
La première intention vise
justement, selon moi, à guérir toutes nos misères, toutes nos blessures, tous
nos maux physiques et psychologiques.
(1) « Juste
une petite remarque sur le titre de la lettre apostolique: il ne faut peut-être
pas le traduire. « Miséricordieuse
et pauvre », est erreur de traduction... de Misericordia et misera
(propagée par certaines agences de presse). C’est en
fait: « La miséricorde et la
pauvre » (femme adultère). " Miséricorde
et misère " traduit Benoît XVI en 2007 *. Mais la Lettre NE TRADUIT
PAS : parce que justement c’est difficile... Saint Augustin commente
l’épisode de la femme adultère et une fois que tous se sont retirés, il ne
reste que la femme (la pauvre) et Jésus (la miséricorde): « misera et misericordia ». Le Pape
inverse les termes pour souligner l’antériorité de la miséricorde sur le péché: misericordia en premier. »
Tiré de: Misericordia et misera - France Catholique www.france-catholique.fr
*Voir: 25 mars 2007: Visite pastorale dans la paroisse "Sainte Félicité et ses ...
(2) Raniero Cantalamessa, Le regard de la Miséricorde , Éditions
des Béatitudes, 2016, pp. 148-149.
Je ne me rappelle pas où, ni quand, mais une fois durant la messe, le prêtre avec pris une pause un peu plus longue entre les intentions:
RépondreSupprimer"Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde"...(PAUSE)
Qu'il nous pardonne nos péchés... (PAUSE)
Et qu'il nous conduise à la vie éternelle".
C'est à ce comment que j'avais réalisé que la miséricorde était plus importante que nos péchés, que nos offenses faites à Dieu. Il nous pardonne parce qu'il est miséricordieux. C'est un cadeau qu'il nous fait à chaque fois que nous lui demandons d'un coeur sincère.
Bravo Mathieu! Tu as compris la beauté et la profondeur de cette prière, bien avant moi. Vive l'Esprit Saint qui éclaire chacun de nous.
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