lundi 19 décembre 2016

La signification du " Seigneur prends pitié ! "

La signification du « Seigneur prends pitié ! »
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Je suis en train de lire le magnifique livre du Père Raniero Cantalamessa, intitulé: Le regard de la Miséricorde. Le chapitre 14, intitulé « Vous puiserez dans l’allégresse aux sources du salut » et ayant pour sous-titre  « La miséricorde de Dieu dans la liturgie », m’a fait voir de façon nouvelle le rite pénitentiel que l’on vit à chaque eucharistie, ainsi que le sacrement de la réconciliation.

Le titre de ce chapitre 14 nous invite à nous poser cette question: « Comment se fait-il que je ne sois pas dans l’allégresse quand je vais puiser aux sources du salut, quand je vais en particulier recevoir le sacrement de la réconciliation? » Il y a en cela quelque chose de triste et de mystérieux. Peut-être est-ce parce que je n’ai pas encore compris en quoi consiste réellement la MISÉRICORDE DIVINE.

Je vais vous dire comment je comprends les pages du chapitre 14 du livre du fameux Père Capucin. Je ne veux pas faire dire au Père Cantalamessa ce qu’il ne veut pas dire. Je citerai certaines de ses phrases pour appuyer mes dires. Nous avons souvent la tendance à appliquer l’invocation « Seigneur prends pitié » à notre état de pécheur, à nos péchés. Cela est vrai, mais cela devrait venir en second lieu. En tout premier lieu, nous devrions invoquer la Miséricorde divine sur nos misères psychologiques, émotionnelles, corporelles, les misères associées à notre être profond, hérité de nos parents, influencé par tout ce que nous avons vécu durant notre vie. C’est cela que la Miséricorde Divine veut guérir avant tout, en un sens. Et en guérissant cela, Dieu guérira souvent notre propension au péché. Car le péché a souvent sa source dans des blessures reçues consciemment ou inconsciemment. Il ne s’agit pas ici de nier notre responsabilité lorsque nous péchons et d’excuser tout péché que nous commettons en mettant tout sur le dos de la génétique, de la façon dont nous avons été éduqués par nos parents, et des influences extérieures qui ont contribué à faire de nous ce que nous sommes devenus. Mais il s’agit de savoir que Dieu, dans sa Miséricorde infinie, veut aussi guérir tout cela. Et cela devrait nous réjouir. En ce sens, je suis très heureux du titre que le pape François a donné à sa plus récente lettre apostolique: « Misericordia et misera » (« Miséricorde et misère »). (1)

Voici quelques passages tirés du livre du Père Cantalamessa:

« Selon la Bible, on devrait traduire Kyrie eleison (Seigneur prends pitié) par: « Seigneur, fais descendre la tendresse de ta miséricorde sur nous. » Il suffit de lire comment Dieu parle de son peuple dans Jérémie: « Mes entrailles s’émeuvent pour lui, pour lui déborde ma tendresse (eleos). »

Quand les malades, les lépreux et les aveugles crient à Jésus: « Aie pitié de nous, Fils de David! », cela ne signifie pas: « pardonne-nous », mais « aie compassion de nous ». En plus du pardon des péchés, la conclusion de l’acte pénitentiel assure justement aussi la miséricorde: « Que Dieu tout puissant nous fasse miséricorde, qu’il nous pardonne nos péchés, et nous conduise à la vie éternelle. » (2)

C’est moi qui ai mis en caractères foncés le deuxième paragraphe de la citation ci-dessus. La façon dont le Père Cantalamessa commente la conclusion du rite pénitentiel à la messe, est vraiment géniale, selon moi. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours considéré les deux premières demandes de cette conclusion, comme étant synonymes ou disant la même chose. J’appliquais ces deux demandes à mes péchés. Mais je vois bien maintenant que c’est une erreur de considérer ainsi les deux premiers éléments de la prière de conclusion de l’acte pénitentiel. Car Dieu ne « rabâche pas comme les païens » (Mt 6, 7); Dieu ne se répète pas quand il fait prier son Église. Il y a vraiment trois intentions de prière dans la conclusion de l’acte pénitentiel à la messe:

1-      Que Dieu tout puissant nous fasse miséricorde.
2-      Qu’il nous pardonne nos péchés.
3-      Et nous conduise à la vie éternelle.

La première intention vise justement, selon moi, à guérir toutes nos misères, toutes nos blessures, tous nos maux physiques et psychologiques.


(1) « Juste une petite remarque sur le titre de la lettre apostolique: il ne faut peut-être pas le traduire. « Miséricordieuse et pauvre », est erreur de traduction... de Misericordia et misera (propagée par certaines agences de presse). C’est en fait: « La miséricorde et la pauvre » (femme adultère). " Miséricorde et misère " traduit Benoît XVI en 2007 *. Mais la Lettre NE TRADUIT PAS : parce que justement c’est difficile... Saint Augustin commente l’épisode de la femme adultère et une fois que tous se sont retirés, il ne reste que la femme (la pauvre) et Jésus (la miséricorde): « misera et misericordia ». Le Pape inverse les termes pour souligner l’antériorité de la miséricorde sur le péché: misericordia en premier. »

Tiré de: Misericordia et misera - France Catholique www.france-catholique.fr 

*Voir: 25 mars 2007: Visite pastorale dans la paroisse "Sainte Félicité et ses ...  








(2) Raniero Cantalamessa, Le regard de la Miséricorde, Éditions des Béatitudes, 2016, pp. 148-149.








2 commentaires:

  1. Je ne me rappelle pas où, ni quand, mais une fois durant la messe, le prêtre avec pris une pause un peu plus longue entre les intentions:
    "Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde"...(PAUSE)
    Qu'il nous pardonne nos péchés... (PAUSE)
    Et qu'il nous conduise à la vie éternelle".

    C'est à ce comment que j'avais réalisé que la miséricorde était plus importante que nos péchés, que nos offenses faites à Dieu. Il nous pardonne parce qu'il est miséricordieux. C'est un cadeau qu'il nous fait à chaque fois que nous lui demandons d'un coeur sincère.

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  2. Bravo Mathieu! Tu as compris la beauté et la profondeur de cette prière, bien avant moi. Vive l'Esprit Saint qui éclaire chacun de nous.

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