Roberto Benigni et les dix commandements
En décembre dernier, l’acteur italien Roberto Benigni a commenté le Décalogue (les dix commandements que Moïse a reçus de
Dieu) durant deux soirs, à la
RAI , la première chaîne publique italienne. Plus de neuf millions de personnes ont regardé ces émissions. Ayant accès chez moi à la RAI , et connaissant l’italien,
j’ai eu la joie de regarder en partie, une des deux émissions. J’ai été ébloui
par la performance de Benigni. Jamais durant ma vie, je n’ai entendu un aussi
beau commentaire des commandements divins. Si un jour on publie en français les
enseignements de Benigni sur le Décalogue, j’achète immédiatement.
Pourquoi je vous parle de cela
aujourd’hui? Parce que les dix commandements sont la matière de la première
lecture de la messe du troisième dimanche du Carême, que nous vivons
présentement. En lisant ces dix Paroles de Vie, je n’ai pu m’empêcher de penser
à Benigni et au cadeau qu’il a fait au monde vers la fin de l’année 2014.
« Nous avons besoin des dix commandement ! » Roberto Benigni
Le célèbre acteur et réalisateur de La Vie est belle a fait exploser l'audience de
la télévision publique italienne… en commentant le décalogue !
Ce
n'est pas sur France Télévision que l'on risque de voir cela… Même le Pape
l'aurait appelé pour le féliciter ! Le spectacle sur les dix commandements de
Roberto Benigni, célèbre acteur et réalisateur italien, a remporté un véritable
succès en passant en décembre sur l'antenne de la RAI , première chaîne publique
italienne. Un triomphe, même: près de 9 millions d’Italiens étaient devant
leurs écrans.
Des paroles vivantes
Mais
comment se fait-il que parler des dix commandements puisse séduire autant de
téléspectateurs ? Roberto Benigni l'a expliqué lui-même dans une interview
réalisée avant le spectacle, le 13 décembre : les dix commandements « ont
marqué à jamais la vie de l'Occident, peut-être aussi de l'Orient. Du monde
entier. Ce sont des paroles vivantes, qui contiennent morale et éthique. Elles
ont fait entrer l'infini dans la vie quotidienne : si nous disons,
“Souviens-toi de sanctifier le jour du Seigneur ”, aussitôt nous pensons à la
messe du dimanche. Or c'est quelque chose qui nous transporte aux confins de
l'univers »
Nous avons besoin des dix commandements
Mais
pourquoi avoir choisi les dix commandements? La réponse est instantanée: « Parce
que nous en avons besoin. Au sens le plus religieux et profane du terme, c'est
la plus belle histoire du monde, une histoire que nous croyons connaître, mais
qui se révèle toujours nouvelle. C'est la loi des sentiments: pour la première
fois, on nous donne des règles, des règles d'une réalité impressionnante ». « Les
commandements ont été écrits par Dieu avec son doigt, poursuit Roberto Benigni. Je vais faire la version
originale, ce que l'Auteur a écrit, très précisément. La Bible parle d'un peuple
apeuré, effrayé, désespéré (comme nous le sommes tous) parce que la liberté
fait peur à tout le monde, car il s’agit d’une responsabilité dont personne ne
voulait. »
Rien de mystique
En
survolant avec humour l'actualité, l'acteur veut « inviter le public à
réfléchir sur quelque chose en nous, qui nous fait sentir que nous sommes
vivants. Rien de mystique, que ce soit clair. Je fais un spectacle sur les
paroles les plus célèbres de l'humanité, sur la plus belle histoire qui soit au
monde : celle d'un homme qui gravit une montagne et demande comment sauver un
peuple désespéré. Je pense que cela fait beaucoup de bien aux gens d''entendre
ces paroles ». Selon lui, les commandements « sont
tous stupéfiants ». Mais
il en est deux qu'il préfère: les deux seuls qui ne comportent pas
d'interdiction, de « ne… pas »: « Vus ainsi, ils perdent un
peu de leur valeur. Mais, en les lisant, je me suis mis à faire des cabrioles:
"Honore ton père et ta mère" et "Souviens-toi du jour du repos,
pour le sanctifier". Vraiment paradisiaques ! ».
L'Exode, un récit révolutionnaire
Cette
expérience l'a également fait réfléchir sur l'actualité de la Bible. Le récit des
Tables de la Loi
confiées à Moïse par Dieu sur le mont Sinaï est contenu dans le Livre de
l'Exode, centré sur la fuite hors d'Égypte des Hébreux libérés de l'esclavage: « Je ne crois pas qu'il
existe une histoire plus belle que le récit de l'Exode, qui a représenté la
principale source d'inspiration pour tous les mouvements de liberté. On reste
stupéfait parce que, précisément, c'est l'infini qui entre dans l'histoire. Le
récit de l'Exode est un exemple révolutionnaire, un chemin à suivre,
l'inspiration de tous les slogans de liberté ».
Un abîme de lumière
« Les
dix commandements impressionnent par leur beauté, s'émerveille le réalisateur italien. Au final, la beauté est
faite de vérité et les dix commandements contiennent la vérité. Il faudrait
être aveugle pour ne pas voir cet abîme de lumière. Les paroles de Dieu sont
une grande nourriture, tel un remède, bon pour la santé. » Et l'artiste de conclure:« Si
l'on énumère les dix commandements, il semble qu'ils finissent dans les
paroles. En réalité, si on les explore en profondeur, ils peuvent susciter de
merveilleux sauts et bonds en avant. Dieu est spectaculaire ! »
Adapté par Élisabeth de Lavigne
Je
viens de traduire pour vous, le début de cet enseignement magistral de monsieur
Benigni. On peut facilement trouver ces enseignements sur internet, mais
seulement en langue italienne.
« Voici les Paroles les plus
fameuses de la Bible ,
qui est le livre le plus fameux du monde; donc ces Paroles sont les Paroles les
plus fameuses du monde. (Après avoir
dit cela, monsieur Benigni fait une longue pose, un long silence, comme pour
montrer la solennité des Paroles qu’il est sur le point de prononcer) :
Le premier commandement :
« Je suis le Seigneur ton
Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu
n’auras pas d’autre Dieu que moi ».
Voici le commandement principal; c’est le fondement de la
Loi. Avec ces Paroles, l’Éternel fait son
entrée dans le monde. Dieu entre dans l’histoire. Je ne sais pas si vous avez
compris. Ici, Dieu s’est présenté. C’est sa carte d’identité. C’est sa carte de
visite. Puisque les commandements sont un cadeau, voici la carte de visite
attachée au cadeau. Quand on reçoit un cadeau, on commence par regarder la
carte, pour savoir de qui vient le cadeau, n’est-ce pas? Ici, Celui qui envoie
le cadeau est très important, Il change toute la signification du cadeau. Il
dit son nom, il dit ce qu’il fait dans la vie, ce qu’Il a fait, il fait même
entendre sa voix, il nous montre son caractère, il nous dit ce qu’Il veut faire
avec nous, ce qui lui plaît, ce qui ne lui plaît pas. Ce qui le peine
particulièrement, comme nous le verrons par la suite. Il manque seulement son
adresse et on pourrait aller le trouver chez lui. C’est sa carte de visite. Quelle
beauté! Imaginez si vous aviez été là ce jour-là, quand Dieu dit la première
phrase, quand Il a parlé pour la première fois à son peuple: « Je
suis le Seigneur ton Dieu. »
La simplicité de ces paroles. Cette phrase, peu importe comment vous la
récitez, elle est toujours très belle.
Nous, nous sommes tellement habitués à entendre ces paroles (on les a
entendues un milliard de fois), qu’on n’y porte plus attention. Mais
essayez d’imaginer que vous les entendez pour la première fois. Mettez les
paroles, comme vous le voulez, cela nous fait toujours sursauter.
Essayez; dites: « Je suis Dieu, ton Seigneur ». « Je
suis moi, ton Seigneur Dieu ». « Seigneur, je le suis moi ton
Dieu ». Savez-vous ce qui nous émeut quand on entend ces paroles? On
sent qu’il y a quelque chose quand on entend Dieu nous dire: « Je
suis
ton Dieu ».
C’est ce « ton Dieu ». Je ne sais pas si vous l’avez noté, mais Il
aurait pu dire et il aurait dû dire: « Je suis le Seigneur
Dieu. » Et cela aurait suffi; cela aurait été juste. Mais non, Il
dit: « Je suis le Seigneur ton Dieu. » Voilà, c’est le mot
« ton » à la fin, qui le trahit. Il s’est trahi. (1) C’est une chose de
dire: « Tu es l’amour ». Mais c’est autre chose de dire :
« Tu es mon
amour. » C’est le point faible, l’amour. Il ne veut pas être Dieu; Il veut être mon
Dieu. Il veut être aimé. Il le dit clairement: « Je suis le Seigneur
ton Dieu. » Et il ajoute: « Tu n’auras pas d’autre Dieu que
moi ». Voilà ce qu’il dit du contrat qu’il passe avec nous. En effet, la Bible est un pacte, une
alliance entre Dieu et les hommes. Dieu nous dit: « Je
suis à toi; tu es à moi. » Voilà le pacte. Voilà tout ce que sont les
commandements. Et nous, ce contrat, nous devons le signer. On doit se
donner la main. Attention! Car la Bible nous dit que si nous donnons la
main à Dieu, Il lâche difficilement prise; bien plus, Il ne la lâche plus. »
Ce
que je trouve fascinant dans tout cela, c’est la façon dont Roberto Benigni
exerce son rôle prophétique, sa mission prophétique. Toute personne baptisée
est un prophète. En recevant le baptême, nous héritons de la mission
sacerdotale, prophétique et royale de Jésus. Le chrétien devient un autre
Christ pour le monde. Tout chrétien, pour être un prophète digne de ce nom,
doit se nourrir de la Parole
de Dieu et l’annoncer aux autres par sa parole et par ses actes. Monsieur
Benigni a exercé de façon admirable, en décembre dernier, son rôle et sa
mission prophétiques.
(1) Malheureusement, en français, il est beaucoup
plus difficile de montrer de l’affection en prononçant le mot « ton »;
alors qu’en italien, il est assez facile de montrer beaucoup d’affectivité, en
prononçant le mot « tuo ». Roberto Benigni, quand il prononce
la phrase suivante: « Sono il Signore tuo Dio »,
met beaucoup d’affectivité et d’amour en prononçant le mot « tuo »;
ce qui fait toute une différence.
Pour avoir une petite idée de la façon dont Roberto Benigni présente les dix commandements, veuillez cliquer sur le lien ci-dessous. Si vous désirez entendre la partie de la vidéo que j'ai traduite ci-dessus, vous devrez vous rendre à la quarante-neuvième minute et septième seconde (49:07).
Roberto Benigni - I Dieci Comandamenti - Parte 1 ... - Vimeo
https://vimeo.com/11505171620 déc. 2014GUARDALO ORA SU TVITALIAWEB: http://www.tvitaliaweb.tv/rivediamoli-roberto-benigni-i-dieci ...
Et avec Roberto Benigni... " La vita è bella " film que j'ai tellement aimé, tiré de la vie de son père, si je ne me trompe pas. Empreint d'amour et d'humanité pour l'enfant de ce couple; un film que ne voulais pas voir, car me disant encore un film de guerre... et sur la guerre, que je revois toujours à l'occasion avec amour... pour le don du père et le sacrifice également de la mère ...
RépondreSupprimerQuand je lis votre texte, père Guy, il me ramène à la Neuvaine préparatoire du Carême 2015 à l'Oratoire Saint-Joseph, qui a débuté aujourd'hui, 10 mars et qui a pour thème "Avec Joseph, sur le chemin du bonheur " et les Dix commandements, Le Décalogue; homélie et discours du père dominicain, Henri de Longchamp. o.p., en une radieuse journée d'un avant-goût du printemps de Pâques.
J'ai oublié de mentionner... que cette neuvaine est en vue de la Solennité de Saint-Joseph, le 19 mars prochain, tout en nous préparant également à la montée pascale.
Supprimeraucun accès, à aucune traduction française sur ce site ni ailleurs.... d'ailleurs
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