Saint Thomas More
"I die the
king's good servant, and God's first."--Thomas More
“ Je meurs comme un bon serviteur du Roi, et avant tout de Dieu ”
Il y a deux jours, sur mon
blogue, je terminais mon texte sur Le
Christ, Roi de l’univers, en citant saint Thomas More comme étant un très
bel exemple de la façon dont un chrétien doit exercer la fonction royale qu’il
a reçue au baptême. Quoi de mieux, pour connaître l’âme de cet homme, que de
lui laisser la parole? Dans un premier temps, vous pourrez lire le texte que
l’Église catholique a désiré mettre dans le bréviaire (appelé aussi : la Prière du temps présent), le jour où on
célèbre la mémoire facultative de saint Thomas More, le 22 juin de chaque
année. Vous pourrez ensuite lire et méditer une prière composée par ce grand
saint.
ENTRETIENS DE
PRISON DE SAINT THOMAS MORE AVEC SA FILLE MARGARET:
Je sais, ma chère Margaret, toute l'indignité de ma vie
passée: elle m'a bien mérité que Dieu me laisse trébucher. Cependant je ne puis
que faire confiance à sa bonté miséricordieuse. En effet sa grâce m'a fortifié
jusqu'ici; c'est elle qui m'a donné le courage d'abandonner mes biens, mes
propriétés et jusqu'à ma vie, plutôt que de jurer contre ma conscience. C'est
elle aussi qui a suggéré au Roi de me traiter avec clémence, puisque jusqu'à ce
jour il ne m'a pris que ma liberté. Par là, grâce à Dieu, Sa Majesté m'a
procuré un plus grand bien: le progrès spirituel que je suis sûr de trouver
ici. Cela vaut mieux que tous les honneurs et les richesses dont il m'avait
comblé auparavant. Je ne peux donc manquer de confiance en la grâce de Dieu: ou
bien elle retiendra le coeur du roi pour qu'il ne me traite pas plus sévèrement
ou bien elle me donnera toujours les forces nécessaires pour supporter
n'importe quelles épreuves, patiemment, courageusement et même joyeusement.
Ma patience, unie aux mérites de la cruelle passion du
Christ (qui certes surpasse de mille lieues en mérites et en qualité tout ce
que je puis avoir à souffrir), atténuera les châtiments qui me sont dus au
purgatoire et, par la générosité de la bonté divine, elle me vaudra même un
petit surplus de récompense au ciel.
Ma chère Meg. je ne veux pas manquer de confiance en Dieu
pourtant je sens que la peur pourrait bien me submerger. Je me rappellerai que
saint Pierre, à cause de son peu de foi, commençait à s'enfoncer sous un coup
de vent, et je ferai comme lui: j'en appellerai au Christ et lui demanderai son
secours. Ainsi j'espère qu'il me tendra la main, me saisira et ne me laissera
pas m’enfoncer.
Et s'il permet que je joue le rôle de Pierre dans sa
conduite ultérieure, que je tombe tout à fait, en jurant et en abjurant (mais que notre Seigneur, par sa
miséricordieuse Passion, m'en préserve), et qu'une telle chute me nuise
plutôt que de me rapporter aucun bénéfice, s'il permet que je tombe, j'espère
pourtant qu'il jettera sur moi, comme sur Pierre, un regard plein de
miséricorde, et qu'il me relèvera pour que je confesse de nouveau la vérité et
que je libère ma conscience; j'espère aussi qu'il me fera supporter
courageusement le châtiment et la honte d’un tel reniement.
Bref, ma chère Margot, je suis absolument certain que, sauf
péché de ma part, Dieu ne m'abandonnera pas. En toute espérance et
sécurité, je vais donc me confier totalement à lui. S'il me laisse périr à
cause de mes fautes, je servirai au moins à glorifier sa justice. J'espère
pourtant que sa tendre pitié gardera ma pauvre âme saine et sauve et
fera que l'on verra en moi resplendir sa miséricorde plutôt que sa justice.
Donc, ma chère fille, garde un bon moral, ne te laisse
troubler par rien de ce qui peut m'arriver en ce monde. Rien ne peut arriver
sans que Dieu le veuille. Et tout ce qu il veut, si mauvais que cela nous
paraisse, est vraiment meilleur.
(22 juin: S. Paulin de Nole, évêque,
S. Jean Fisher, évêque, et S. Thomas More, martyrs
Mémoire facultative. La liturgie des heures, 1980, Aelf, Paris, volume 3, pp. 1110-1111).
Mémoire facultative. La liturgie des heures, 1980, Aelf, Paris, volume 3, pp. 1110-1111).
Prière que Thomas More a
composée dans la prison de Londres, et que l'on a retrouvée en marge de son
livre d’heures personnel :
De tenir mon esprit fixé en toi, et de ne pas flotter au souffle des bouches humaines;
De m’accommoder de la solitude;
De n’être pas avide de compagnie mondaine.
Peu à peu, de rejeter le monde et de libérer mon esprit de tout son affairement.
De n’être pas avide d’entendre parler de choses mondaines, mais que la rumeur des fantaisies mondaines me fasse déplaisir.
Joyeusement de penser à Dieu, d’implorer son secours et de prendre appui sur son réconfort;
De m’employer et m’affairer à l’aimer,
De connaître ma propre vilenie et misère,
De me faire humble et doux sous la puissante main de Dieu;
De pleurer mes péchés passés; pour m’en purifier, de souffrir patiemment l’adversité;
De supporter joyeusement mon purgatoire ici-bas, d’accueillir avec joie les tribulations, de marcher dans l’étroit chemin qui conduit à la vie;
De porter la croix avec le Christ;
De ne pas traiter la mort en étrangère;
D’avoir continuellement à l’esprit
De le remercier continuellement de ses bienfaits;
De racheter le temps que j’ai perdu, de m’abstenir de vaines parlotes et de sotte gaîté, de couper court aux récréations superflues.
De tenir pour rien la perte des biens de ce monde, des amis, de la liberté et du reste, pour gagner le Christ.
De tenir mes plus grands ennemis pour mes meilleurs amis, car les frères de Joseph n’auraient jamais pu lui faire autant de bien par amour et affection qu’ils lui en firent par leur malice et leur haine.
Ces dispositions sont plus désirables pour tout homme que tout le trésor des princes et rois, chrétiens et païens, fût-il réuni et rassemblé en un seul tas.
Amen
Et voici la prière originale en anglais
(vous noterez que le texte anglais n'est pas en tout semblable au texte français reproduit ci-dessus. J'ai pris ces deux textes sur des sites différents. J'imagine que le texte en anglais est davantage fiable):
Give me the grace, Good Lord, to set the world
at naught.
To set the mind firmly on You and not to hang
upon the words of men's mouths.
To be content to be solitary.
Not to long for worldly pleasures.
Little by little utterly to cast off the world and rid my mind of all its business.
Not to long for worldly pleasures.
Little by little utterly to cast off the world and rid my mind of all its business.
Not to long to hear of earthly things, but that the hearing of worldly
fancies may be displeasing to me.
Gladly to be thinking of God, piteously to call for His help. To lean
into the comfort of God.
Busily to labor to love Him.
Busily to labor to love Him.
To know my own vileness and wretchedness.
To humble myself under the mighty hand of God.
To bewail my sins and, for the purging of them, patiently to suffer adversity.
To humble myself under the mighty hand of God.
To bewail my sins and, for the purging of them, patiently to suffer adversity.
Gladly to bear my purgatory here. To be joyful in tribulations.
To walk the narrow way that leads to life.
To walk the narrow way that leads to life.
To have the last thing in remembrance.
To have ever before my eyes my death that is ever at hand.
To make death no stranger to me.
To foresee and consider the everlasting fire of Hell.
To pray for pardon before the judge comes.
To have ever before my eyes my death that is ever at hand.
To make death no stranger to me.
To foresee and consider the everlasting fire of Hell.
To pray for pardon before the judge comes.
To have continually in mind the passion that Christ suffered for me.
For His benefits unceasingly to give Him thanks.
For His benefits unceasingly to give Him thanks.
To buy the time again that I have lost.
To abstain from vain conversations.
To shun foolish mirth and gladness.
To cut off unnecessary recreations.
To abstain from vain conversations.
To shun foolish mirth and gladness.
To cut off unnecessary recreations.
Of worldly substance, friends, liberty, life and all, to set the loss at
naught, for the winning of Christ.
To think my worst enemies my best friends, for the brethren of Joseph
could never have done him so much good with their love and favor as they did
him with their malice and hatred.
These minds are more to be desired of every man than all the treasures
of all the princes and kings, Christian and heathen, were it gathered and laid
together all in one heap.
Amen
Amen
En terminant, voici ce qu’a écrit
à propos de saint Thomas More, un des écrivains catholiques anglais les plus
fameux : G.K. Chesterton (ma
traduction suivra):
« Blessed Thomas Moore is more
important at this moment than at any moment since his death; but he is not quite so important as he will be in
about a hundred years time. He may come to be counted the greatest
Englishman, or at least the greatest historical character in English history. For he was above all things
historic; he represented at once a type, a
turning point and an ultimate destiny. If there had not happened to be that particular man at that particular moment, the
whole of history would have been different. » (G.K. Chesterton, 'A Turning Point in History' in The Fame of Blessed Thomas More,
London , 1929,
p. 63).
Ce texte a été écrit
en 1929.
Et voici ma traduction :
« Le bienheureux
(à cette époque Thomas More n’avait pas
encore été canonisé) Thomas More est plus important en ce moment qu’à n’importe
quel moment depuis sa mort; mais il n’est pas encore aussi important qu’il le
sera dans cent ans. Il se peut qu’il soit considéré comme le plus grand homme
anglais, ou, tout au moins, comme le personnage historique le plus important de
l’histoire de l’Angleterre. Car il était avant tout historique; il représentait
à la fois un type, un point tournant et une destinée ultime. Si cet homme n’était pas apparu à ce moment particulier de
l’histoire, l’histoire entière aurait été différente. » (G.K. Chesterton, à propos de Thomas More).
Saint Thomas More, vous
que le pape Jean-Paul II a déclaré « patron des responsables de gouvernement et des hommes et des femmes
politiques », priez pour nous! Priez pour notre chère province de
Québec et tous ses habitants! Priez en particulier pour nos dirigeants
politiques, qui ont pour devoir et mission de conduire notre peuple sur les
chemins de la justice (entendue d'abord
et avant tout comme " ce
qui est juste et vrai ") et de la paix !
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