Pourquoi le chrétien « scandalise »
PAPE FRANÇOIS
MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE
MAISON SAINTE-MARTHE
Samedi 1er juin 2013
(L'Osservatore
Romano, Édition hebdomadaire n° 23 du 6 juin 2013)
Le scandale
de l’incarnation
Le scandale d’un Dieu qui s’est fait homme et qui est mort
sur la croix a été au cœur de l’homélie du 1er juin. Le souvenir du martyr
Justin, dont on célébrait la mémoire liturgique, a offert au Pontife l’occasion
de réfléchir sur la cohérence de la vie et sur le noyau fondamental de la foi
de chaque chrétien: la croix. « Nous pouvons faire toutes les œuvres sociales
que nous voulons, — a-t-il affirmé — et ils diront: mais qu’elle est bonne
l’Église, qu’elles sont bonnes les œuvres sociales que fait l’Église ! Mais si
nous nous disons que nous faisons cela parce que ces personnes sont la chair du
Christ, alors vient le scandale ». Sans l’incarnation du Verbe, le fondement de
notre foi vient à manquer, a souligné le Pape : « Ceci est la vérité, ceci est
la révélation de Jésus. Cette présence de Jésus incarné. Tel est le point ». Si
on oublie cela, « la séduction » pour les disciples du Christ « de faire des
choses bonnes sans le scandale du verbe incarné, sans le scandale de la croix »
sera toujours forte. Justin a été un témoin de cette vérité, parce que c’est
précisément pour le scandale de la croix qu’il s’est attiré la persécution du
monde. Il a annoncé Dieu qui est venu parmi nous et s’est identifié à ses
créatures. L’annonce du Christ crucifié et ressuscité bouleverse ses auditeurs,
mais il continue à témoigner de cette vérité à travers une cohérence de vie. «
L’Église n’est pas une organisation de culture, de religion, ni même sociale ;
elle n’est rien de cela. L’Église est la famille de Jésus. L’Église confesse
que Jésus est le Fils de Dieu qui s’est fait chair. C’est cela le scandale et
c’est pour cela qu’ils persécutaient Jésus ».
Mais pourquoi Jésus constituait-il un problème ? « Ce n’est
pas parce qu’il faisait des miracles » a répondu le Pape. Et pas plus parce
qu’il prêchait et parlait de la liberté du peuple. « Le problème qui
scandalisait ces personnes — a-t-il dit — était ce que les démons criaient à
Jésus : “Tu es le Fils de Dieu, tu es le saint”. Cela, cela est le point
central ». Ce qui scandalise de Jésus est sa nature de Dieu incarné. Et comme à
lui, à nous aussi, « ils nous tendent des pièges dans la vie ; ce qui
scandalise de l’Église, c’est le mystère de l’incarnation du Verbe: cela ne
s’ôte pas, cela le démon ne l’ôte pas ». Même aujourd’hui, nous entendons
souvent dire : « Mais vous chrétiens, soyez un peu plus normaux, comme les
autres personnes, soyez raisonnables, ne soyez pas aussi rigides ». Derrière
cette invitation, en réalité, se trouve la demande de ne pas annoncer que «
Dieu s’est fait homme », parce que « l’incarnation du Verbe est le scandale ».
En conclusion, le Pape François a exhorté les fidèles à demander au Seigneur «
de ne pas avoir honte de vivre avec ce scandale de la croix ». Il a invité à
invoquer de Dieu la sagesse pour « ne pas se laisser prendre au piège de
l’esprit du monde qui fera toujours des propositions courtoises, des
propositions civilisées, des propositions bonnes ».
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