Le « Credo » de Jorge
Bergoglio
Quelques
jours avant d’être ordonné prêtre, le 13 décembre 1969, Jorge Bergoglio a
composé un Credo. Il a mis sur papier ce en qui et en quoi il croyait
profondément. Plusieurs années plus tard, il a remis une copie manuscrite de ce
Credo, à un amie journaliste nommée Stefania Falasca. Le texte de ce Credo
a été publié dans le journal l’Avvenire, en avril 2013. Madame Falasca a
témoigné du fait que le pape lui ait dit qu’il souscrivait encore à cette
profession de foi, écrite en un « moment de grande intensité
spirituelle », alors qu’il avait trente-trois ans.
Credo de Jorge Mario
Bergoglio,
écrit en 1969
« Je veux croire en Dieu le Père, qui m’aime comme un
fils, et en Jésus, le Seigneur, qui a insufflé son esprit dans ma vie pour me
faire sourire et me mener ainsi au Royaume de la vie éternelle.
Je crois en l’Église.
Je crois en l’Église.
Je crois en mon histoire, qui a été transpercée par le regard
d’amour de Dieu et qui, en un jour de printemps, le 21 septembre, m’a amené à
sa rencontre pour m’inviter à le suivre.
Je crois en ma douleur, inféconde à cause de mon égoïsme,
dans lequel je me réfugie.
Je crois en la mesquinerie de mon âme, qui cherche à
engloutir sans donner… sans donner.
Je crois que les autres sont bons, et que je dois les aimer
sans crainte, et sans jamais les trahir dans le but de trouver pour moi une
sécurité.
Je crois en la vie religieuse.
Je crois que je veux aimer beaucoup.
Je crois en la mort quotidienne, brûlante, que je fuis mais
qui me sourit en m’invitant à l’accepter.
Je crois en la patience de Dieu, accueillante, bonne comme un
soir d’été.
Je crois que papa est au Ciel avec le Seigneur.
Je crois que le père Duarte est aussi là-bas, en train
d’intercéder pour mon sacerdoce.
Je crois en Marie, ma mère, qui m’aime et qui ne me laissera
jamais seul. Et j’attends la surprise de chaque jour dans laquelle se
manifesteront l’amour, la force, la trahison et le péché, qui m’accompagneront
jusqu’à la rencontre définitive avec ce visage merveilleux dont je ne sais pas
à quoi il ressemble, que je fuis continuellement, mais que je veux connaître et
aimer. Amen »
(Tiré
du site internet suivant : Agence I.Media
www.imedia-info.org/.../credo-jorge-mario-bergolio-ordonne-pretre-13-... On peut aussi trouver ce Credo, dans le
livre suivant : Le
pape François, L’Église que j’espère, Flammarion/Études, p. 50. Mais je préfère la traduction mise ci-dessus).
Ce qui m’impressionne dans ce texte du pape :
Les premiers mots : « Je veux croire ».
Ces mots sont très forts et disent beaucoup sur la foi. La foi est d’abord et
avant tout un don de Dieu; le plus grand don qui soit. Mais la foi est aussi
une décision. En réponse au don de Dieu, je dois donner mon assentiment et
décider de croire.
Je trouve très impressionnant que le pape croie que le Père Duarte est au ciel et qu’il
intercède pour son sacerdoce. Le Père Duarte est le prêtre que le jeune Jorge
Bergoglio a rencontré pour la première fois
de sa vie, le 21 septembre 1954. Ce jour-là, avant d’aller à une activité
scolaire, le jeune Jorge Mario, décide de s’arrêter à l’église paroissiale. Il
voit un prêtre qu’il ne connaissait pas (le Père Duarte) et se confesse à lui. Durant la
confession, il reçoit l’appel au sacerdoce et à la vie religieuse. L’histoire
ne dit pas si Jorge Bergoglio a revu le Père Duarte. S’il l’a revu, j’imagine
que ce fut à de très rares occasions. Or Jorge Bergoglio, quinze ans après sa
rencontre avec ce prêtre, croit que ce dernier est au ciel et qu’il prie pour
sa vocation de prêtre. Cela m’a rappelé un fait ayant trait à la conversion
d’Alphonse Ratisbonne. La conversion d’Alphonse Ratisbonne est le plus grand
des miracles attribués à la « médaille
miraculeuse ». L’apparition de la Vierge Marie à Ratisbonne, le
20 janvier 1842, ne dura que quelques instants, mais fut riche en enseignements divins. Ce jour-là, Ratisbonne comprit qu’un certain monsieur
Laferronays, qu’il n’avait jamais rencontré, avait prié pour lui et pour sa
conversion. Voici une partie du témoignage de Ratisbonne :
« En
sortant du café, je rencontre la voiture de M. Théodore de Bussières. Elle
s’arrête, et je suis invité à y monter pour une partie de promenade. Le temps
était magnifique, et j’acceptai avec plaisir. Mais M. de Bussières me demanda
la permission de s’arrêter quelques minutes à l’église Saint-André-des-Frères,
qui se trouvait presque à côté de nous, pour une commission qu’il avait à
remplir; il me proposa de l’attendre dans la voiture; je préférai sortir pour
voir cette église. On y faisait des préparatifs funéraires, et je m’informai
du nom du défunt qui devait y recevoir les derniers honneurs. M. de Bussières
me répondit : « C’est un de mes amis, le comte de Laferronays; sa mort subite,
ajouta-t-il, est la cause de cette tristesse que vous avez dû remarquer en moi
depuis deux jours. »
Je ne
connaissais pas M. de Laferronays; je ne l’avais jamais vu, et je n’éprouvais
d’autre impression que celle d’une peine assez vague que l’on ressent toujours
à la nouvelle d’une mort subite. M. de Bussières me quitta pour aller retenir
une tribune destinée à la famille du défunt. « Ne vous impatientez pas, me
dit-il, en montant au cloître, ce sera l’affaire de deux minutes… »
L’église
de Saint-André est petite, pauvre et déserte; je crois y avoir été à peu près
seul; aucun objet d’art n’y attirait mon attention. Je promenai machinalement
mes regards autour de moi, sans m’arrêter à aucune pensée; je me souviens
seulement d’un chien noir qui sautait et bondissait devant mes pas… Bientôt ce
chien disparut, l’église tout entière disparut, je ne vis plus rien… ou plutôt,
ô mon Dieu ! je vis une seule chose !
Comment
serait-il possible d’en parler? Oh ! non, la parole humaine ne doit point
essayer d’exprimer ce qui est inexprimable; toute description, quelque sublime
qu’elle puisse être, ne serait qu’une profanation de l’ineffable vérité.
J’étais là, prosterné, baigné dans mes larmes, le cœur hors de moi-même, quand
M. de Bussières me rappela à la vie.
Je ne
pouvais répondre à ses questions précipitées; mais enfin je saisis la médaille
que j’avais laissée sur ma poitrine; je baisai avec effusion l’image de la Vierge rayonnante de grâce…
Oh ! c’était bien elle !
Je ne
savais où j’étais; je ne savais si j’étais Alphonse ou un autre; j’éprouvais un
si total changement, que je me croyais un autre moi-même… Je cherchais à me
retrouver et je ne me retrouvais pas… La joie la plus ardente éclata au fond de
mon âme; je ne pus parler; je ne voulus rien révéler; je sentais en moi quelque
chose de solennel et de sacré qui me fit demander un prêtre… On m’y conduisit,
et ce n’est qu’après en avoir reçu l’ordre positif, que je parlai selon qu’il
m’était possible, à genoux et le cœur tremblant.
Mes
premiers mots furent des paroles de reconnaissance pour M. de Laferronays et
pour l’Archiconfrérie de Notre-Dame-des-Victoires. Je savais d’une manière certaine que M. de Laferronays avait prié pour
moi; mais je ne saurais dire comment je l’ai su, pas plus que je ne
pourrais rendre compte des vérités dont j’avais acquis la foi et la
connaissance. Tout ce que je puis dire, c’est qu’au moment du geste, le bandeau
tomba de mes yeux; non pas un seul bandeau, mais toute la multitude de bandeaux
qui m’avaient enveloppé disparurent successivement et rapidement, comme la
neige et la boue et la glace sous l’action d’un brûlant soleil. »
(Alphonse Ratisbonne - . - Association de la Médaille ...www.médaille-miraculeuse)
Nous serons surpris d’apprendre un jour à quel point la prière de personnes connues et inconnues de nous, nous ont conduits à Dieu.
Quant
au fait que Jorge Bergoglio, dans son Credo,
mentionne croire que son père au ciel, prie pour lui, et qu'en cette occasion, il ne mentionne pas sa mère, cela s’explique aisément. Quand Jorge
Mario Bergoglio fut ordonné prêtre, son père était décédé, mais sa mère était
vivante.
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