« Avant de Te connaître, je n’existais pas »
En ce mois de mars, j’ai animé une retraite de cinq jours basée sur les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. Le fondateur de ma Congrégation religieuse, le Père Bruno Lantéri, a donné durant toute sa vie de prêtre, les Exercices spirituels de saint Ignace et il a voulu une Congrégation religieuse qui aurait cette spiritualité. Parmi les retraitants, il y avait un jeune de vingt-deux ans, nommé Philipp. Philipp est chrétien depuis quatre ans seulement. Il est donc un jeune baptisé. À la fin de la retraite, j’ai invité les retraitants à nous partager un fruit de leur retraite. Philipp a témoigné devant tous qu’en méditant le mystère de l’Incarnation du Seigneur, il a reçu une très belle grâce. Depuis quelque temps, Philipp se demandait de quoi au juste le Seigneur l’avait sauvé, lui, personnellement. Durant son temps de prière, Philipp a clairement vu que le Seigneur Jésus l’avait sauvé d’une vie sans sens, d’une vie qui n’avait aucun sens. Avant de connaître Jésus et son message, Philipp vivotait, pour ainsi dire; il vivait mais sans vraiment vivre, puisqu’il ne voyait pas de véritable raison de vivre sur cette terre. Les Exercices de saint Ignace ont permis à ce jeune de découvrir un élément très important de ce que sera jusqu’à la fin de ses jours, « sa spiritualité chrétienne ». Car il est vrai que le Seigneur Jésus nous a tous sauvés de nos péchés, mais Philipp avait tout à fait raison de se demander de quoi Jésus l’avait particulièrement sauvé, spécifiquement sauvé, individuellement sauvé. Il est important de concrétiser et de personnaliser la vie et le message de Jésus, à ce que nous vivons personnellement.
Je ne pensais pas parler de tout cela sur mon blogue. Si je le fais, c’est parce que j’ai regardé hier à la télévision, la retransmission de l’office de la Passion, en provenance de Rome. À chaque année, le Vendredi Saint, en la basilique Saint-Pierre de Rome, c’est le Père Raniero Cantalamessa qui prononce l’homélie en présence du pape qui, assis, l’écoute religieusement et de milliers de fidèles. Or, hier, dans son homélie, le Père Cantalamessa a cité cette phrase extraordinaire de saint Hilaire de Poitiers, un Père de l’Église : « Avant de Te connaître, je n’existais pas. » Dès que j’ai entendu ces mots, j’ai pensé à Philipp et à son expérience des Exercices. Philipp pourrait paraphraser et dire : « Avant de Te connaître, je n’avais pas de raison d’exister. » Ce matin, j’ai fait une courte recherche sur Google, pour trouver l’endroit où saint Hilaire de Poitiers avait écrit cela. Voici le fruit de ma recherche :
« Tu permettras, Dieu tout-puissant, que je m'adresse à Toi, et que je te parle en toute liberté ; moi qui ne suis que terre et poussière, je suis cependant enchaîné par la religion de ton amour. Avant de Te connaître, je n'existais pas, j'étais malheureux, le sens de la vie m'était inconnu, et dans mon ignorance, mon être profond m'échappait. Grâce à ta miséricorde, j'ai commencé d'exister: je sais maintenant sans ambiguïté que je ne tiens mon existence que de ta bonté. Je sais que Toi, qui n'avais pas besoin que j'existe, Tu ne m’as pas donné la vie pour mon malheur. Les paroles proférées par ton Fils unique, que nous ont conservé les saints livres, attestent que ton Fils est né comme Dieu de Toi, l'Inengendré, et comme homme de la Vierge, pour le mystère de mon salut. En lui est enfermée la vérité de sa naissance éternelle en Toi, et en Toi demeure entière l’essence de cette génération divine. Dans cette foi, j'ai été instruit, et j'en suis irrémédiablement imprégné. Pardonne-moi, Dieu tout-puissant, je ne pourrais m'en libérer, mais je pourrais en mourir. Tardivement notre temps a produit ces doctrines impies ; elles venaient trop tard pour mettre en échec la foi que Tu avais façonnée en moi. Avant d'avoir entendu leur nom, je t’avais accordé ma foi ; j’étais re-né de Toi ; désormais je suis à Toi. Aussi longtemps que le permet la vie que tu m'as donnée, Père saint, Dieu créateur, je veux te proclamer comme le Dieu éternel et comme l'éternel Père. » (Saint Hilaire de Poitiers († 367), in A. Hamman o.f.m. "Prières des premiers chrétiens" (La prière des Pères de l'Eglise), Librairie Arthème Fayard, Paris, 1952).
Me viennent à l’esprit les paroles de la première lettre de Pierre : « Ce qui vous a libéré de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits. C’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache. » (1 P 1, 18-19)
Ce matin, en me réveillant, j'avais en tête la fort belle chanson de Robert Lebel, "Printemps de Dieu"... Et depuis quelques jours, je dirais quelques semaines,le merveilleux texte également de Robert Lebel "La complainte de Rachel"... qui a été si bien interprété par notre grande comédienne, Madame Monique Miller.
RépondreSupprimerCe texte se retrouve sur le CD de Robert Lebel "Consolez mon peuple", qu'il avait enregistré pour accorder son soutien à Aide à l'Église en détresse.
Et voici que j'ouvre mon ordinateur... et que je vous lis, père Guy.
C'est fort beau et émouvant le témoignage de Philipp !
En conclusion, j'apprécie énormément votre blog et je peux vous dire que c'est toujours la première chose que je fais quand j'ouvre l'ordinateur, que d'aller voir si vous y avez publié un nouveau texte. Vous y tenez une place de choix.
Merci, père Guy, vous êtes un phare dans ma vie.
Et fait à noter... mes ancêtres proviennent de Poitiers...
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