lundi 11 mars 2019

Pier Giorgio Frassati et le pape François

Pier Giorgio Frassati et le pape François
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Le pape François recueilli devant la tombe du Bienheureux Pier Giorgio Frassati, 
en la cathédrale de Turin. 

Le Bienheureux Pier Giorgio Frassati et le pape François ont la même spiritualité, la même façon de voir la vie chrétienne et de la vivre. Les lignes qui suivent, le démontreront.

Lors de son voyage apostolique en Lituanie, Lettonie et Estonie, en septembre dernier, le pape François est allé au Sanctuaire de la Mère de Dieu d’Aglona, en Lettonie. Durant l’homélie qu’il a prononcée en ce lieu béni, le 24 septembre dermier, le pape a commenté la présence de la Vierge Marie au pied de la Croix. Voici, ci-dessous, un extrait de cette homélie. Veuillez remarquer que c’est moi qui ai mis certains passages en caractères gras car ce sont les phrases qui m’ont immédiatement fait penser à Pier Giorgio Frassati.  

MESSE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Sanctuaire de la Mère de Dieu d'Aglona (Lettonie)

Lundi 24 septembre 2018

La première chose que l’Évangéliste fait remarquer est que Marie se tient “debout” à côté de son Fils. Ce n’est pas une manière légère de se tenir, ni fuyante et encore moins pusillanime. Elle est, avec fermeté, “clouée” au pied de la croix, exprimant par la posture de son corps que rien ni personne ne pourrait la déplacer de ce lieu. Marie se montre en premier lieu ainsi : à côté de ceux qui souffrent, de ceux que le monde entier fuit, de ceux aussi qui sont poursuivis en justice, condamnés par tous, déportés. Ils ne sont pas seulement opprimés ou exploités, mais ils sont directement “hors du système”, aux marges de la société (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium n. 53). Avec eux, il y a aussi la Mère, clouée avec eux sur cette croix de l’incompréhension et de la souffrance.

Marie nous montre aussi une manière de se tenir à côté de ces réalités ; il ne s’agit pas de faire une promenade ou une brève visite, et ce n’est pas non plus un “tourisme solidaire”. Il faut que ceux qui souffrent réellement nous sentent à leurs côtés et de leur côté, de manière ferme, stable ; tous les rejetés de la société peuvent faire l’expérience de cette Mère délicatement proche, parce que les plaies ouvertes de son Fils Jésus demeurent en celui qui souffre. Elle l’a appris au pied de la croix. Nous aussi, nous sommes appelés à “toucher” la souffrance des autres. Allons à la rencontre de notre peuple pour le consoler et l’accompagner ; n’ayons pas peur d’expérimenter la force de la tendresse et de nous impliquer et de nous compliquer la vie pour les autres (cf. ibid n. 270). Et comme Marie, restons fermes et debout : avec le cœur tourné vers Dieu et courageux, relevant celui qui est tombé, réconfortant la personne humble, aidant à mettre fin à n’importe quelle situation d’oppression qui les fait vivre comme des crucifiés.

Marie est appelé par Jésus à accueillir le disciple aimé comme son fils. Le texte nous dit qu’ils étaient ensemble, mais Jésus s’aperçoit que cela ne suffit pas, qu’ils ne se sont pas accueillis l’un l’autre. Parce qu’on peut rester à côté de très nombreuses personnes, on peut aussi partager la même habitation, le quartier ou le travail ; on peut partager la foi, contempler et jouir des mêmes mystères, mais ne pas accueillir, ne pas accepter l’autre avec amour. Combien de conjoints pourraient raconter l’histoire de leur manière d’être proches mais pas ensemble ; combien de jeunes sentent avec souffrance cette distance par rapport aux adultes ; combien de personnes âgées se sentent assistées froidement mais pas soignées ni accueillies avec amour.

Pier Giorgio n’était vraiment pas ce que le pape appelle un « touriste solidaire ». Les mots du pape François que vous avez lus ci-dessus, me touchent et m’interpellent. Je suis curé de paroisse et je me considère malheureusement comme un touriste solidaire. Aller voir une malade une fois ou deux par année suffit à me donner bonne conscience. Tel n’était pas le cas de Pier Giorgio. Il savait où trouver les familles les plus pauvres et il les visitait régulièrement, apportant des cadeaux aux enfants de ces familles, pour leur plus grande joie.

Pier Giorgio est décédé le 4 juillet 1925, après six jours d’une terrible agonie. Ce n’est que le vendredi 3 juillet, la veille de sa mort, que le diagnostic de sa maladie est finalement prononcé :

« Ce vendredi, le diagnostic est prononcé : « paralysie flasque des membre inférieurs, abolition de réflexes, parésie du bras gauche. Impossibilité de s’asseoir sur le lit par suite de l’affaiblissement de la musculature du tronc. Respiration irrégulière due à un commencement de parésie du diaphragme. » … Seul son bras droit remue, pour faire l’unique geste qui fut son geste préféré, le plus beau de ses gestes : le signe de la croix. » (1) 

Et ce jour-là, en la veille de sa mort dans de grandes souffrances, Pier Giorgio s’inquiète d’une personne pauvre et malade à laquelle il apportait les médicaments dont elle avait besoin :

« C’est vendredi, le beau jour de la mort de Jésus. Pier Giorgio avec effort demande Luciana (NDLR : la sœur de Pier Giorgio) auprès de lui et lui demande, à elle, d’aller chercher son portefeuille dans sa veste. Sur son bureau, les feuilles des cours à réviser, son missel ouvert à la messe du dimanche suivant. De son portefeuille, il tire un reçu du mont de piété. Avec effort, il demande à Luciana d’aller à son bureau prendre une boîte d’ampoules à injecter, une carte, un stylo. Et il trace lui-même quelques mots à l’attention d’un membre des Conférences Saint-Vincent-de-Paul pour qu’il s’occupe à sa place des ampoules et qu’il renouvèle l’ordonnance à ses frais. Sa dernière action sera de ne pas oublier, en ce vendredi, jour de ses visites, ce qui était nécessaire à une personne pauvre, souffrante, et qui comptait sur lui. » (2)

Pier Giorgio et le pape François se ressemblent sur plusieurs points : leur amour des pauvres, leur solidarité et leur fidélité envers les plus pauvres, leur simplicité, leur joie de vivre et leur large sourire. Il me tarde de voir Pier Giorgio élevé sur les autels et proclamé saint. Il me semble qu’il serait tellement normal que ce soit notre pape actuel qui canonise notre cher jeune Bienheureux. Je confie cette intention à la Vierge Marie, Notre-Dame-des-Douleurs, Notre-Dame de la Compassion, la compagne fidèle et joyeuse de Pier Giorgio sur les routes qui le menait vers les laissés-pour-compte, les mal-aimés et tous les nécessiteux. Mais pour cela le temps presse car qui sait combien de temps encore notre cher pape François sera à à tête de l'Église ?


(1) Anne-Sophie Rondeau, Pier Giorgio Frassati, l’homme des huit béatitudes, Office d’Édition Impression Librairie (O.E.I.L.), Paris, 2004, p. 197.

(2) Ibid, pp. 199-200.




2 commentaires:

  1. Merci père. Je cherche le texte concernant le miracle obtenu par l'intercession de Pier Giorgio. Pourriez vous me dire comment le trouver. Merci Père

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  2. Bonsoir à vous ! Vous aurez des réponses en allant sur le site suivant:
    https://piergiorgio.ca/temoignage-de-guerison-et-espoir-de-canonisation/

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