vendredi 4 juillet 2025

Pourquoi j'aime Pier Giorgio Frassati

 Pourquoi j'aime Pier Giorgio Frassati

Tombeau de Pier Giorgio dans la cathédrale de Turin

Il y a cent ans aujourd'hui, mourait un jeune saint du nom de Pier Giorgio Frassati. On peut le qualifier de "saint" car il sera canonisé le 7 septembre prochain.  

Dans ce blogue je veux mettre par écrit pourquoi j'aime ce jeune saint. Les raisons de mon amour pour lui ne sont pas mises par ordre d'importance mais surgissent spontanément de mon esprit lorsque je pense à ce jeune. 

Voici les raisons pour lesquelles j'aime Pier Giorgio Frassati

1- Sa joie : Une des caractéristiques de ce jeune est la joie qui débordait de son coeur et de son être. J'aime beaucoup les paroles suivantes que Richard Vidal a mises dans son chant sur Pier Giorgio et intitulé "Toujours plus haut" :  

"Il a vêtu d'amour, des gens dans le besoin.
Il a laissé sa joie, tomber sur les chemins." (1)

Luciana, la soeur de Pier Giorgio, disait que "le sourire de Pier Giorgio était proverbial et son rire limpide " (Luciana Frassati, Les jours de sa vie, p. 154) 

Pier Giorgio à sa soeur : 

« Tu me demandes si je suis joyeux. Comment pourrais-je ne pas l’être ? Tant que la foi me donnera la force, je serai toujours joyeux ! Chaque catholique ne peut pas ne pas être joyeux (…) Le but pour lequel nous sommes créés nous indique la voie parsemée aussi de multiples épines, mais non une voie triste : elle est joie même à travers la souffrance » (Lettre à sa sœur Luciana, Turin, 14 février 1925).

À son décès, certains diront : "Il est mort celui qui chantait toujours." (2)


2- Son humour : Pier Giorgio avait beaucoup d'humour. C'est sûrement lui, en accord avec ses amis, qui a choisi de donner au groupe de jeunes catholiques dont il faisait partie, le nom suivant : "la société des types louches". Des jeunes de son époque qui vont aider les pauvres, qui participent régulièrement à la messe, même en montagne, devaient vraiment avoir l'air louches. Chaque membre du groupe avait un nom pour le désigner. Pier Giorgio avait choisi le nom de "Robespierre", un des agents les plus contreversés de la Révolution française. Pier Giorgio signait parfois ses lettres de la façon suivante: "Terroristement te salue Robespierre".  

3- Son amour de Jésus Eucharistie : Jésus était le grand amour de sa vie. Il allait à la messe tous les jours, sans que ses parents le sachent. Il demandait au jardinier de le réveiller très tôt pour qu'il puisse aller à la messe et revenir pour le déjeuner sans que ses parents s'en rendent compte. Il aimait passer de longues heures en adoration devant le Saint Sacrement. Il lui arrivait de passer une nuit entière en adoration et de partir tôt le matin pour escalader les montagnes avec ses ami(e)s. Ce jeune avait vraiment une santé de fer. Quelle épreuve cela a dû être lors des derniers jours de sa vie de voir ses muscles perdre de leur force de jour en jour. Pier Giorgio est décédé d'une polyomyélite fulgurante. 

4- Son amour de la Vierge Marie : Pier Giorgio priait le chapelet tous les jours et fabriquait des chapelets pour les donner aux gens. Sur son lit, lorsque nous allons visiter la villa de campagne des Frassati, nous pouvons voir un "rosaire" fait par Pier Giorgio. Le rosaire est constitué de 15 dizaines de chapelet alors qu'un chapelet comprend 5 dizaines (cinq fois dix Je vous salue Marie). Le rosaire comprend donc 165 grains (150 grains pour les "Je vous salue Marie" et 15 grains pour les "Notre Père").  

" Lorsqu’il passe du temps à la maison de campagne, à Pollone, il se rend à la messe au sanctuaire alpin Notre Dame d’Oropa. Pour ce faire, à l’insu de sa famille, tôt le matin, il se fait réveiller par le jardinier grâce un fil attaché soit à un meuble, soit à son bras. Il parcourt les 6 km de route sur 600 mètres de dénivellation et revient discrètement pour le petit déjeuner familial. " (3)  

Sanctuaire "Nostra Signora d'Oropa", sanctuaire marial très aimé de Pier Giorgio


5- Son amour des pauvres et des malades :

"Avant même son entrée à l’école, Pier Giorgio est seul à la maison avec les domestiques lorsqu’une mère, tenant un enfant dans ses bras, frappe à la porte pour demander l’aumône. N’ayant pas d’argent à lui donner et ému devant l’enfant qui a les pieds nus par temps frais, Pier Giorgio s’assied par terre, retire ses bas et ses souliers, puis les tend à la dame.

Ce premier geste de charité est suivi de nombreux autres et ce, jusqu’au jour de son décès où les derniers mots qu’il écrit concernent des médicaments à porter à une famille dans le besoin.

Ci-dessous : les derniers mots écrits par Pier Giorgio la veille de sa mort, sur son lit de mort. On voit clairement que les muscles de ses mains son affectés. Il a écrit ce mot et l'a remis à sa soeur Luciana pour qu'elle voit à renouveler cette médication pour un pauvre dont Pier Giorgio était l'ami. 

Ma traduction : "Voici les injections de Converso, la facture est de Sappa. Je l'ai oubliée, renouvelle-là à mon compte".

Traduction : "Billet écrit par Pier Giorgio Frassati sur son lit de mort, a un confrère de la Conférence de Saint Vincent de Paul, le 3 juillet 1925, un vendredi, journée habituelle pour ses visites aux pauvres. Ce fut tout son testament. Alors que la paralysie montait inexorablement, il pensa à ses pauvres dans un dernier élan de charité ; de cette charité qui était sur le point de devenir parfaite au ciel."

"Sensible à la misère, il multiplie les actes de générosité. Il quitte le matin en tramway et revient à pieds après avoir donné son billet de retour à un pauvre. Il rentre le soir à la maison, en chemise, après avoir donné sa veste à une personne qui avait froid.

Membre de la Société St-Vincent de Paul, il fait la cueillette de matériel pour les gens moins nantis : vêtements, nourriture, médicaments, meubles, etc.   Pour certains, il collabore à trouver un appartement ou un travail.  Et lorsqu’il fait un don, c’est au nom de l’Organisation, taisant son identité de fils du Sénateur Frassati.

Parcourant les quartier insalubres et visitant l’hospice du Cottolengo où il apporte non seulement des biens mais des soins et du réconfort.

« Autour des pauvres, je vois une lumière que nous n’avons pas » disait-il." (4)  

6- Sa grande humilité : Pierre Giorgio était d'une famille riche. Son père était le fondateur du journal La Stampa à Milan et a été ambassadeur en Allemagne pendant quelques années.  Quand Pier Giorgio visitait les pauvres, il ne disait jamais son nom car son père était très connu à Milan. Pier Giorgio ne voulait pas que les pauvres soient intimidés par sa présence. Malheureusement, ce jeune futur saint était presque méprisé par ses parents. Le mot "méprisé" peut sembler fort mais c'est vraiment ce que je ressens quand je lis des biographies à son sujet. Sa soeur Luciana, environ deux ans plus jeune que Pier Giorgio, était très brillante et avait du succès dans ses études. Elle avait l'admiration de ses parents et en particulier de son père. C'était tout le contraire pour Pier Giorgio qui avait des difficultés dans ses études, ce qui décevait beaucoup son père qui aurait voulu que son fils prenne la succession de son journal. Les parents de Pier Giorgio ne compenait pas son amour envers Dieu et envers les pauvres. Quand leur fils arrivait en retard pour le repas parce qu'il avait dû marcher ayant donné son billet de tramway, ses parents lui manifestaient leur mécontentement mais lui ne se justifiait jamais. Il acceptait volontiers qu'on se trompe sur ses agissements et sur ses pensées et ne cherchait pas à se justifier. Avec saint Paul, il se disait sûrement : "Bien que je n'aie rien à me reprocher, ce n'est pas assez pour me justifier:  mon juge, c'est le Seigneur" (1 Co 4, 4).  Quand son fils est décédé et que M. Frassati a vu la foule de gens, en particulier des pauvres, qui s'amassait dans la rue à la suite du cercueil de son garçon, il s'est exclamé : "J'avais un saint dans la maison et je ne le savais pas." Je pense qu'il a presque fait une dépression à cause de cela. 

7- Son engagement social Pier Giorgio était très "politisé" comme on dirait aujourd'hui. Il était très au courant des choses de son temps. Il était très déçu de l'ascension au pouvoir de Mussolini. Il a participé à des manifestations et a même été emprisonné à cause de ses convictions. 

"En septembre 1921, Pier Giorgio, qui vient d'avoir 20 ans, participe au premier congrès de la Jeunesse catholique italienne, à Rome. Le congrès a l'autorisation de célébrer la messe dans le Colisée le 4 septembre, mais lors de l'arrivée des fidèles au matin, l'autorisation est reportée et les congressistes sont accueillis par la police. Alors qu'ils essaient de déposer une gerbe devant la tombe du Soldat inconnu, la manifestation est interdite par les autorités. La police exige que tous les drapeaux soient retirés, mais Pier Giorgio défend celui du Cercle Cesare Balbo. Il finit par être arrêté avec ses camarades et emprisonné. Au cours d'un interrogatoire musclé, les policiers apprennent qu'il est le fils de l'ambassadeur d'Italie à Berlin, lui présentent leurs excuses et veulent le remettre en liberté mais Pier Giorgio refuse de sortir de prison sans ses camarades, et tous les détenus sont relâchés. ...

L'arrivée du parti de Benito Mussolini au pouvoir le 28 octobre 1922 est pour Pier Giorgio source d'une grande tristesse,  ... En octobre 1923, le journal auquel il participe, "Momento", soutient désormais le Duce et sort le drapeau du cercle "Momento" en son honneur lors de sa venue à Turin. Pier Giorgio écrit alors une lettre de démission du Cercle Cesare Balbo auquel appartient le journal : "Je suis vraiment révolté d'apprendre que ce drapeau, que j'ai tant de fois porté dans les cortèges religieux, tu l'aies exposé au balcon pour rendre hommage à cet homme qui détruit les œuvres pies, ne met aucun frein aux fascistes, laisse assassiner les ministres de Dieu comme Don Minzoni, permet que l'on commette d'autres vilenies et cherche à couvrir ces méfaits en rétablissant le crucifix dans les écoles […] Je prends toute la responsabilité de mon acte ; j'ai enlevé le drapeau et je t'adresse irrévocable démission […] "  (5)


8- Son amour du sport : Pier Giorgio était un athlète. Son sport préféré était l'alpinisme. 

Dès l’âge de 8 ans, avec sa mère, Pier Giorgio est initié aux joies de la montagne. Avec sa stature de montagnard, il se plait à faire de l’alpinisme et franchit des sommets de plus en plus haut. La montagne le passionne, elle lui permet de  relever des défis, ... Plusieurs autres sports font aussi partie de son quotidien:  le vélo, la randonnée, la natation, la voile, l’équitation, l’escrime, le ski, etc. Ici, il fait partie d’une compétition de ski à Sauze d’Oulx. ...

Le 7 juin 1925, quelques jours avant sa maladie qui lui sera fatale, il escalade la face la plus abrupte de La Lunelle. Sur la photo ci-dessous, il écrit lui-même: Verso l’alto : Vers le haut ! " (6)



C'est au sommet des montagnes que Pier Giorgio se sentait le plus près de Dieu, après, bien sûr, la communion eucharistique.

Les trois mots "Verso l'alto" ou "Vers le haut" sont les trois mots emblématiques de Pier Giorgio. Ils sont en quelque sorte son "motto" ou sa "devise". Alors que nous fêtons aujourd'hui son entrée au ciel, demandons lui de nous attirer VERS LE HAUT. 

"Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre." (1 Col 3, 1-2)


Pour terminer : 

Les photos ci-dessous sont des souvenirs de mon voyage en Italie en 2016 sur les pas de Pier Giorgio (7). Les photos ont été prises dans la "résidence Amétis" (nom de famille de la mère de Pier Giorgio) qui est la maison de campagne des Frassati située à Pollone, au pied des Alpes. C'est une résidence magnifique. Pier Giorgio est mort le 4 juillet 2025 dans la résidence familiale à Turin. Cette résidence très imposante et très belle est maintenant une banque. Nous ne pouvons donc pas la visiter. Pour conserver l'atmosphère de cette journée si importante pour la famille, une réplique exacte de la chambre de Pier Giorgio à Turin a été reconstituée dans la résidence Amétis à Pollone. C'est dans cette chambre que j'ai célébré la messe en 2016. En ce jour anniversaire de la mort de notre jeune saint, je trouvais que la meilleure façon de terminer ce blogue était de montrer la réplique de la chambre et du lit dans lesquels il est décédé. 

P. Guy Simard, omv, célébrant la messe à côté du lit sur lequel Pier Giorgio est mort




(3) Ibid. 

(4) Ibid. 






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