lundi 9 décembre 2024

Un miracle de l'Immaculée

 Un miracle de l'Immaculée

La Vierge du pilier, cathédrale Notre-Dame de Paris

Nous fêtons aujourd'hui en Église la solennité de l'Immaculée Conception. Cette solennité mariale a lieu à chaque année le 8 décembre. Mais puisque le deuxième dimanche de l'Avent a u lieu hier, la solennité de l'Immaculée a été reportée à aujourd'hui. 

On parle beaucoup ces jours-ci de la cathédrale de Paris qui a été restaurée après le terrible incendie de 2019. Il y a une statue de la Vierge Marie qui est particulièrement vénérée dans cette cathédrale. On l'appelle souvent "La Vierge du Pilier" :


"La statue de la Vierge à l'Enfant revêt une grande signification pour les fidèles et les visiteurs de la cathédrale. Elle symbolise la maternité divine de Marie ainsi que la relation entre Marie et Jésus. Pour de nombreux croyants, elle est aussi un symbole de réconfort, de protection et d'espérance.

La statue a survécu à plusieurs événements majeurs de l'histoire, y compris l'incendie dévastateur de la cathédrale en avril 2019. Bien que la cathédrale ait subi d'importants dommages, la statue de la Vierge à l'Enfant a été préservée et restaurée. "(1)


Paul Claudel est un des plus grands écrivains français. Il a été converti à Dieu par l'intercession de la Vierge Immaculée au pied de la statue de la Vierge du pilier le 25 décembre 1886.  

La Vierge du pilier, cathédrale Notre-Dame de Paris

Plaque commémorative de la conversion de Claudel 
sur le plancher de la cathédrale de Paris 

Voici quelques phrases glanées de son témoignage de conversion 

"J’ai été élevé, ou plutôt instruit, d’abord par un professeur libre, dans des collèges (laïcs) de province, puis enfin au lycée Louis-le-Grand. Dès mon entrée dans cet établissement, j’avais perdu la foi, qui me semblait inconciliable avec la pluralité des mondes...  A dix-huit ans, je croyais donc ce que croyaient la plupart des gens dits cultivés de ce temps... Je vivais d’ailleurs dans l’immoralité et, peu à peu, je tombai dans un état de désespoir.

Tel était le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. Je commençais alors à écrire et il me semblait que dans les cérémonies catholiques, considérées avec un dilettantisme supérieur, je trouverais un excitant approprié et la matière de quelques exercices décadents. C'est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j'assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand'messe. Puis, n'ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. Les enfants de la maîtrise en robes blanches et les élèves du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui les assistaient, étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J'étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l'entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c'est alors que se produisit l'événement qui domine toute ma vie.

En un instant mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d'une telle force d'adhésion, d'un tel soulèvement de tout mon être, d'une conviction si puissante, d'une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n'ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J'avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l'innocence, de l'éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable.

Voici maintenant quelques extraits d'un poème de Claudel où l'on ressent tout l'amour qu'il a envers la Vierge Marie :

La Vierge à midi  


Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.

Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.

Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela,
que je suis votre fils et que vous êtes là.

Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête. Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.

Ne rien dire, regarder votre visage,
laisser le cœur chanter dans son propre langage.

Ne rien dire, mais seulement chanter,
parce qu’on a le cœur trop plein,
comme le merle qui suit son idée,
en ces espèces de couplets soudains.

Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
la femme dans la Grâce enfin restituée.

La créature dans son honneur premier,
et dans son épanouissement final,
telle qu’elle est sortie de Dieu au matin,
de sa splendeur originale.

Intacte ineffablement parce que vous êtes
la Mère de Jésus-Christ,
qui est la vérité entre vos bras,
et la seule espérance et le seul fruit.

Parce que vous êtes la femme,
l’Eden de l’ancienne tendresse oubliée,
dont le regard trouve le cœur tout à coup
et fait jaillir les larmes accumulées.

Parce que vous m’avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France,
parce qu’elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense,
parce qu’à l’heure où tout craquait, c’est alors que vous êtes intervenue,
parce que vous avez sauvé la France une fois de plus.

Parce qu’il est midi,
parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui,
parce que vous êtes là pour toujours,
simplement parce que vous êtes Marie,
simplement parce que vous existez.

Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !

Paul Claudel, 

1922


(1)https://boutique.notredamedeparis.fr/fr/content/12-la-statue-notre-dame-de-paris#:~:text=Elle%20se%20trouve%20dans%20une,relation%20entre%20Marie%20et%20J%C3%A9sus.


(2) https://www.dieumaintenant.com/conversionclaudel.html


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