Les
sources de l’accueil
Voici un extrait de l’évangile qui est proclamé
aujourd’hui en Église, en ce 25ème dimanche du temps
ordinaire:
« Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la
maison, Jésus leur demanda: « De
quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en
chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus
grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit: « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il
soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un
enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit: « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci,
c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il
accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » (Mc 9, 33-37)
L’accueil de l’autre est certainement une des plus
grandes œuvres à laquelle l’être humain est appelé. Or les sources de
l’accueil, sont l’humilité et l’amour. Il faut être humble pour accueillir
l’autre. Il faut être habité par la conviction profonde que l’autre est sur un point et probablement
sur plusieurs autres points, supérieur à nous et par conséquent, qu’il peut
nous enrichir.
L’être humain qui ne sait pas accueillir l’autre,
c’est l’être humain qui se suffit à lui-même, l’être humain qui se juge
supérieur aux autres. Remarquez la façon dont vous vous comportez dans une
soirée entre amis. Je prends comme exemple une soirée entre amis car c’est moins intimidant.
Allez-vous vers l’autre le sourire aux lèvres, très heureux de les rencontrer; ou bien attendez-vous que les autres vous sourient pour sourire à votre tour? Les
personnes les plus accueillantes que je connaisse, sont tout sourire quand
elles nous rencontrent. La raison en est qu’elle voient en nous nos qualités,
qu’elles nous apprécient. Elles voient en nous quelque chose d’unique. Cela
n’est peut-être pas fait de façon consciente, mais je suis certain qu’il y a
quelque chose de cela dans la personne qui est accueillante.
Au temps de Jésus, dans la société dans laquelle notre
Maître vivait, les enfants et les femmes étaient loin d’avoir l’importance que
nous leur reconnaissons aujourd’hui. Ce n’est pas pour rien que lorsqu’on
décrit une foule dans les évangiles, on spécifie ceci: « sans compter les femmes et les enfants ».
Jésus a fait énormément pour valoriser les femmes et les enfants. Nous en avons
une preuve dans l’évangile de ce dimanche. Jésus donne toute une leçon de vie à
ses disciples. Il leur dit que si quelqu’un veut être le premier, il lui faut
être le dernier de tous et le serviteur de tous. Et pour ancrer davantage cette
conviction dans le cœur des disciples, Jésus prend un enfant qui se trouvait
à ce moment-là près de lui, l’embrasse, le place AU MILIEU de ses disciples et
dit: « Quiconque accueille en mon
nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille ». Quelle
révolution ! Quel prophétisme en actes !
Jean Vanier, qui vient de
fêter ses 90 ans, a donné dernièrement une interview mise sur le site internet Aleteia. Voici un des faits qu’il
raconte dans cette interview :
« Nous rencontrons parfois des fragilités qui
font très peur. Certaines personnes rejettent toute forme de relation et
nous ne savons pas comment les rejoindre. Il faut alors des gens qui sachent de
quelle manière les approcher. Lors d’un voyage à Calcutta, on m’a présenté un
malade mental qui criait tout le temps. Les infirmiers se cachaient un peu de
lui. Avec mon peu d’expérience, je suis allé vers lui, les mains ouvertes (il
écarte les mains). Il est ensuite venu et il a posé ses deux mains dans les
miennes. On peut voir cela avec la Samaritaine. Jésus l’a touchée parce qu’il
avait besoin d’elle. Quand on peut commencer une relation en ayant besoin de
l’autre, il change. Si Jésus avait commencé à prêcher, elle aurait fui. Mais il
est venu humblement en disant « j’ai
besoin de toi ». (1)
Saint Luc, dans son évangile, nous rapporte un fait qui est très
touchant. Il nous rapporte les gestes qu’a posés une pécheresse publique venue
rencontrer Jésus lors d’un repas donné chez un pharisien nommé Simon. Nous
pouvons imaginer cette femme, entrant toute craintive dans une maison où elle
n’aurait jamais dû entrer vu son état de pécheresse, aller vers Jésus,
s’agenouiller derrière lui, lui mouiller les pieds de ses larmes, les essuyer
de ses cheveux, les embrasser et leur répandre un parfum. Simon n’en revient
pas et se scandalise du fait que Jésus se laisse toucher ainsi par une pécheresse
publique. Il se dit en lui-même : « Si cet homme (Jésus) était prophète, il saurait qui est cette femme qui
le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse ».
Jésus donna une très bonne leçon à ce cher pharisien :
« Simon, j’ai quelque chose à te dire : … Tu vois cette femme ? Je suis entré
dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle,
elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas
embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes
pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du
parfum sur mes pieds.Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses
nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais
celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » (Lc 9, 40. 44-47)
Cette femme a accueilli Jésus pour
ce qu’Il est vraiment: une personne extraordinaire. Jésus a accueilli
cette femme pour ce qu’elle est: une femme extraordinaire. Cette
pécheresse publique, si mal jugée par les gens de son village, est réellement
extraordinaire, tellement extraordinaire, qu’on saura jusqu’à la fin des temps
ce qu’elle a fait pour Jésus.
Chaque personne que nous rencontrons
est EXTRAORDINAIRE et souvent nous n'en prenons pas conscience. Jean Vanier est un maître en la matière. Chaque personne est extraordinaire
en elle-même mais aussi parce que lorsque nous la rencontrons, nous rencontrons
Jésus. Voilà le message essentiel que Jésus nous livre dans l’évangile d’aujourd’hui.
Chers amis, soignons notre accueil de l'autre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire