lundi 12 janvier 2015

" Je ne suis pas Charlie "

« Je ne suis pas Charlie »

Tant de personnes ces jours-ci se réclament de Charlie. Pour ma part, je veux dire haut et fort, que je ne suis pas Charlie. Dans la phrase précédente, le mot « suis » est en fait deux mots. C’est le verbe « être » et le verbe « suivre » à la première personne de l’indicatif présent. Mon être, entendu comme étant la conscience que j’ai de moi-même, est essentiellement différent de ce que sont ou étaient les dessinateurs de Charlie Hebdo. Et je n’entends pas du tout suivre leurs traces ou suivre leur exemple. La raison en est bien simple: Cabu, un des dessinateurs de Charlie Hebdo sauvagement et injustement assassiné le 7 janvier dernier, a dit clairement que les membres de l’équipe de Charlie Hebdo, étaient tous des athées militants. Je respecte les athées, en tant que personnes, mais je considère que les athées militants emploient parfois des moyens non démocratiques pour défendre leurs idées.

La revue Paris Match, le 7 janvier dernier, commençait ainsi un de ses articles:

« Athée convaincu, mais surtout anticlérical cinglant, Cabu se défiait de toutes les religions, qu’il soupçonnait d’être, potentiellement, autant de foyers d’intolérance et de haine. Dès ses premiers dessins dans « Hara Kiri », au début des années 60, il avait raillé l’intégrisme catholique avec « Le journal de Catherine », une BD dont la jeune héroïne était pensionnaire du couvent des Oiseaux. » 
(Tiré de: Mort de Cabu - Un dessinateur contre tous les fanatismes)
www.parismatch.com/.../Mort-de-Cabu-Un-dessinateur-contre-tous-les-fanatismes)

Je considère qu’il est anti-démocratique de ridiculiser de façon outrancière les religions; toutes les religions. Je pense qu’il est assez facile de comprendre que pour toute personne qui a la foi, sa croyance en Dieu est ce qu’il y a de plus sacré. Lorsqu’on touche à ce qu’il y a de plus sacré pour un être humain, on risque de faire naître des frustrations qui peuvent aller jusqu'à des gestes de quasi démence. Qui ne se souvient pas du coup de tête irréfléchi, absurde et violent posé par Zinédine Zidane à l’endroit de Marco Materazzi, lors de la coupe du monde de soccer 2006? Quelle est la raison de ce geste insensé? Nous approchons de la fin du match, Materazzi s’agrippe un peu trop au maillot de Zidane. Le Français lui lance la phrase suivante : « Si tu veux mon maillot, je te le donnerai après le match ». Materazzi répond par cette phrase incendiaire: « Je préfère ta pute de sœur ». Et nous connaissons tous la suite. Si une parole offensante envers le membre d’une famille, peut provoquer de telles réactions, comment ne pas imaginer les réactions que peut produire un humour offensant envers les religions.

Au fil des ans, plusieurs personnes ayant la foi, ont été blessées par les caricatures des dessinateurs de Charlie Hebdo. Pour réagir comme l’ont fait les assassins du 7 janvier dernier, il ne faut pas être normal. Il faut que le jugement ait été faussé. Ce genre de meurtre frôle la démence. Cela, les dessinateurs de Charlie Hebdo le savaient très bien. Une de leurs plus fameuses caricatures, montre Mahomet qui se bouche les yeux et qui s’exclame: « C’est dur d’être aimé par des cons ».  Voilà le nœud du problème, selon moi. Toute personne normale, à travers le monde, considère les terroristes islamistes comme des personnes dérangées, des personnes qui ont subi un lavage de cerveau et qui peuvent commettre les pires atrocités s’ils se sentent menacés. Cela, tout le monde le sait. Alors dites-moi: à quoi sert dans ce cas, la plume d’un écrivain ou d’un dessinateur? Si tout le monde admet une chose et est d’accord avec une chose, à quoi cela sert-il d’enfoncer le clou? Il y a un proverbe qui dit: « On ne réveille pas quelqu’un qui ne dort pas ». S’il est certain et prouvé qu’un écrit ou un dessin n’aura aucun effet sur la mentalité des gens normaux, à quoi sert-il? Et qui plus est, si nous sommes assurés que cet écrit ou ce dessin risque d’avoir comme unique conséquence de mettre le feu aux poudres et de provoquer des gestes insensés, je juge pour ma part, qu’il est immoral de le publier.






3 commentaires:

  1. J'avais évidemment hâte de voir votre propos, Guy, sur les tragiques et dramatiques événements de la semaine dernière, les trois journées d'horreur qui ont envahi et secoué la terre entière. Je vous en remercie. C'est apprécie. Lucide et conséquent.

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  2. Me voilà rassurée ! Moi aussi je ne suis pas Charlie . Je pense tout comme vous ! L'exprimer à d'autres est plus difficile ...... il me semble que certaines personnes sont des moutons !

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  3. Chère Sophie,

    Merci de fréquenter mon blogue. Et bravo de ne pas désirer être un mouton. Parfois les gens suivent la voie de la majorité, sans trop réfléchir. La réflexion, voilà une denrée rare de nos jours. Nous croyons être bien informés en raison du fait qu'on nous bombarde de nouvelles à longueur de journée; mais l'important pour moi n'est pas tant d'être " informé ", mais d'être " formé ". Au plaisir de vous rencontrer un jour, si Dieu le veut. Je soupçonne que c'est assez improbable car, en imagination, je vous situe en France. P. Guy, omv

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