Pourquoi le pape
est-il allé aux Philippines ?
Messe du pape François, célébrée à Tacloban
Une belle histoire d’amour s’est développée ces jours-ci entre le pape
François et le peuple philippin. Notre cher pape est très sensible et son amour
pour les gens lui permet de rapidement conquérir les cœurs. J’ai eu la chance
de voir à la télévision, quelques uns des moments du voyage apostolique du
Saint Père. J’étais devant le petit écran lorsque le pape a donné la raison
principale pour laquelle il s’est rendu aux Philippines. Cela m’a beaucoup
impressionné. Ce motif principal de son voyage, il l’a exprimé au lendemain de
son arrivée aux Philippines, le samedi 17 janvier. Ce jour-là, le pape s’est
rendu à Tacloban, la ville des Philippines qui a été dévastée en 2013
par le typhon Haiyan. Le cyclone, d'une
violence inouïe, en novembre 2013, avait fait plus de 7000 morts et des
dizaines de milliers de sinistrés sur l'île de Leyte, à 650 km de Manille. L'archevêque
local, John F. Du, a utilisé l’expression « Ground Zero de Tacloban »
pour décrire la dévastation causée par le typhon Haihan. Le pape a
célébré une messe sur un vaste terrain tout près de l’aéroport à peine
reconstruit. C’est à ce moment que nous avons appris la raison principale pour
laquelle le pape s'est rendu aux Philippines.
Aéroport International de Tacloban
Samedi 17 janvier 2015
Homélie improvisée par le Saint-Père
Dans la première lecture, nous avons entendu que nous
avons un grand-prêtre capable de compatir à nos faiblesses, parce qu’il a été
lui-même éprouvé en toute chose, excepté le péché (cf. Hb 4, 15). Jésus est comme nous.
Jésus a vécu comme nous. Il est égal à nous en tout ; en tout excepté le péché,
parce qu’il n’était pas pécheur. Mais pour être encore plus égal à nous, il
s’est revêtu, il a pris sur lui nos péchés. Il s’est fait péché (cf. 2 Co 5, 21) ! C’est saint Paul que le
dit, lui qui le connaissait très bien. Jésus nous précède toujours, et quand
nous traversons des croix, il est déjà passé devant.
Et si aujourd’hui nous sommes rassemblés ici, quatorze
mois après le passage du typhon Yolanda, c’est parce que nous avons la
certitude que nous ne serons pas déçus dans la foi, parce que Jésus est passé
devant. Dans sa passion, il a pris sur lui toutes nos souffrances. Et quand –
permettez-moi cette confidence – quand j’ai vu, de Rome, cette catastrophe,
j’ai senti que je devais venir ici. Ce jour là, j’ai décidé de faire le voyage
ici. J’ai voulu venir pour être avec vous – un peu tard, me direz-vous, c’est
vrai, mais je suis là.
Je suis là pour vous dire que Jésus est le Seigneur, que
Jésus ne déçoit pas. L’un de vous peut me dire: « Père, il m’a déçu par ce que
j’ai perdu ma maison, j'ai perdu ma famille, j’ai perdu ce que j’avais, je suis
malade…”. C’est vrai ce que tu me dis, et je respecte tes sentiments ; mais je
le vois là, cloué sur la croix, et de là, il ne nous déçoit pas ! Il a été
consacré Seigneur sur ce trône, et il est passé là pour toutes nos calamités.
Jésus est le Seigneur ! Et il est le Seigneur de la Croix ; il a régné là ! Pour
cette raison il est capable de nous comprendre, comme nous l’avons entendu dans
la première lecture : il s’est fait en tout égal à nous. C’est pourquoi nous
avons un Seigneur capable de pleurer avec nous, capable de nous accompagner
dans les moments les plus difficiles de la vie.
Beaucoup parmi vous ont tout perdu. Je ne sais pas quoi
vous dire. Lui, si, il sait quoi vous dire ! Beaucoup parmi vous ont perdu une
partie de leur famille. Restons simplement en silence, je vous accompagne par
le cœur en silence…
Beaucoup parmi vous se sont demandés en regardant le
Christ : “ Pourquoi, Seigneur ? ” Et à chacun, le Seigneur répond par le cœur.
Je n’ai pas d’autres paroles à vous dire. Regardons le Christ : il est le
Seigneur, et il nous comprend parce qu’il est passé par toutes les épreuves qui
nous ont frappés.
Et avec Lui, crucifié, il y avait la mère. Nous sommes
comme cet enfant qui est là-bas : dans les moments de douleur, de peine, dans
les moments où nous ne comprenons rien, dans les moments où nous voulons nous
révolter, il nous faut seulement tendre la main et nous accrocher à sa jupe et
lui dire : “ Maman ! ”. Comme un enfant qui dit : “ Maman ! ” lorsqu’il a peur.
C’est peut-être la seule parole qui peut exprimer ce que nous éprouvons dans
ces moments sombres : “ Mère ! Maman ! ”
Faisons ensemble un moment de silence. Regardons le
Seigneur : il peut nous comprendre parce qu’il est passé par toutes ces choses.
Et regardons notre Mère, et, comme l’enfant qui est là-bas, accrochons-nous à
sa jupe et disons-lui de tout notre cœur : “ Mère ! ” En silence, faisons cette
prière, que chacun lui dise ce qu’il sent…
[Silence]
Nous ne sommes pas seuls, nous avons une mère. Nous avons
Jésus notre frère aîné. Nous ne sommes pas seuls. Et nous avons aussi beaucoup
de frères qui, au moment de la catastrophe, sont venus nous aider. Et ainsi,
nous nous sentons davantage frères en nous aidant ; parce que nous nous sommes
aidés les uns les autres.
C’est tout ce que j’ai envie de vous dire. Pardonnez-moi
si je n’ai pas d’autres paroles. Mais soyez sûrs que Jésus ne déçoit pas. Soyez
sûrs que l’amour et la tendresse de notre Mère ne déçoivent pas. Et, accrochés
à elle comme des enfants, et avec la force que nous donne Jésus notre frère
aîné, allons de l’avant. Et marchons comme des frères. Merci !
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