samedi 6 décembre 2014

Revitaliser la paroisse

Revitaliser la paroisse
 
" Allez par le monde entier; 
faites des disciples "

Depuis quelques mois, des paroissiens et moi-même, sentons le besoin de revitaliser notre paroisse, c’est-à-dire, lui donner plus de vie. La paroisse est d’abord et avant tout un territoire délimité par l’évêque d’un diocèse. Notre paroisse a été agrandie géographiquement en 2011, avec l’annexion du territoire de deux anciennes paroisses: Saint-Marcel et Saint-Octave. La paroisse Saint-Enfant-Jésus de la Pointe-aux-Trembles, à Montréal, couvre maintenant un assez grand territoire. Le même territoire logeait trois paroisses, il y a quatre ans.

Il peut sembler bizarre de dire qu’une paroisse est d’abord un territoire. Mais c’est un fait. Je ne veux pas dire par là que ce qui est le plus important pour une paroisse, c’est son territoire. Ce serait une aberration de dire une chose pareille. Le plus important, dans une paroisse, ce sont les paroissiens; ce sont les personnes qui croient en Jésus-Christ, notre Dieu et Sauveur, et qui s’efforcent de vivre ses enseignements.

La paroisse, comme telle, est en crise, en plusieurs lieux. C’est le cas dans une très grande partie du Québec, et aussi aux États-Unis. Ces dernières années, un curé de paroisse du diocèse de Baltimore, l’abbé Michael White, et un de ses paroissiens, monsieur Tom Corcoran, ont écrit un livre très stimulant, ayant pour titre : Rebuilt (que l’on pourrait traduire ainsi : Reconstruite). Ce livre est le fruit de l’expérience que ces deux hommes ont vécue dans leur paroisse. Ils ont littéralement « reconstruit » leur paroisse en quelques années. Cela ne s’est pas fait sans heurts, bien sûr, mais le résultat est assez impressionnant. Ce qui m’a frappé en lisant ce livre, c’est de constater que la souffrance de ces deux chrétiens était tellement grande de voir leur paroisse dépérir, qu’ils ont pris les grands moyens. Ils ont lu plusieurs livres et ils ont visité plusieurs lieux où le Christ est annoncé; en particulier chez nos frères et sœurs Protestants. Et ont agi et se sont laissés interpeller par d'autres communautés chrétiennes.  

L’abbé Michael White et monsieur Tom Corcoran, ont été invités dernièrement par les autorités de notre diocèse, à venir donner une session à Montréal, pour nous partager leur expérience. Je n’en suis pas revenu de voir que les dirigeants de notre diocèse aient eu l’inspiration de faire venir ces deux auteurs. Quelle bonne idée!  Et quel encouragement pour l’avenir de l’Église à Montréal!

J’ai participé, avec vingt de nos paroissiens, à la conférence d’ouverture de cette session. Je veux vous partager quelques unes des réflexions entendues ce soir-là. Monsieur Corcoran, d’emblée, nous a demandé : « Quelle est la mission de l’Église? »; ou encore : « Quelle est sa raison d’être? ». Pour répondre à cette question, M. Corcoran a repris les mots mêmes de Jésus, le jour où il est retourné au ciel :

 « Tout pouvoir m’a été donné au ciel  et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 18-20)  

La mission essentielle de l’Église, et donc de la paroisse, c’est de faire des disciples. Ce n’est rien d’autre que cela, mais c’est tout cela. L’abbé Michael White a pris la relève et a dit à tous les participants : « Dans notre agir, dans notre pastorale, la première question qui devrait nous venir à l’esprit est la suivante : « Pourquoi ? ». Pourquoi faisons-nous telle ou telle activité? C’est bien beau de réunir des gens, de faire des soupers-rencontre, d’organiser des sorties, etc, mais si cela ne contribue pas à « faire des disciples », nous perdons notre temps, en quelque sorte. Voilà le critère essentiel de l’activité pastorale d’une paroisse : « Est-ce que ce que je fais, aide à faire des disciples de Jésus, oui on non ? » Ne perdons pas notre temps à faire autre chose.

Une des expériences déterminantes qu’ont faites l’abbé Michael White et monsieur Corcoran, fut d’aller visiter une église protestante dans le diocèse d’Orange, en Californie. Cette église n’était pas une véritable église; c’était plutôt une grande salle où se réunissaient les chrétiens. Ce qui a frappé d’emblée les deux visiteurs, ce fut l’attitude des chrétiens qu’ils ont rencontrés, et leur accueil. Tout le monde avait le sourire au lèvres, tout le monde était joyeux. Nos deux « éclaireurs » n’en croyaient pas leurs yeux. Ils se demandaient comment une telle chose était possible. Qu’est-ce qui rendait ces gens si heureux et si accueillants? L’abbé White a été tellement impressionné qu’après être entré par une porte de l’église, il est sorti par une autre porte, pour entrer à nouveau par l’endroit où il était passé, juste pour voir si on l’accueillerait avec toujours autant d’enthousiasme. Et ce fut le cas.

Cette expérience a été déterminante pour nos deux voyageurs. Voilà ce qu’il faut faire, pour que notre communauté soit vivante: il faut soigner notre joie, soigner notre accueil. Depuis ce temps, je rêve de voir mes paroissiens arriver le dimanche à l’église, avec la tête et le cœur vides de leurs préoccupations personnelles (familiales, professionnelles, ou autres), et disposées à venir louer joyeusement le Seigneur, en famille, avec leurs frères et sœurs croyants. Oui, dès que nous mettons les pieds sur le stationnement de l’église, disons au Seigneur que durant la prochaine heure, nous ne voulons penser qu’à Lui et à son Royaume; que nous lui donnons entièrement cette heure; sans autre sujet de pensée que Lui. Et manifestons à tous notre joie de croire et notre joie de rencontrer des gens qui partagent la même foi que nous. Quel bonheur nous attend et nous est réservé durant cette halte hebdomadaire!

Et messieurs White et Corcoran ont bien mis en évidence que le focus en paroisse, doit être mis sur les gens qui ne viennent jamais loué le Seigneur; sur les " distants " ou les " absents ". Puisqu’il faut faire des disciples, on ne peut se contenter de rester le même nombre de personnes à chaque semaine, pour louer Dieu. Notre mission est d’inviter et d’attirer des gens à venir louer Dieu, se rassasier de sa Parole et de son Pain. Voilà notre mission. Essayons de la prendre au sérieux.

Demain, en paroisse, nous aurons une première rencontre dans le but de revitaliser notre paroisse. À cette occasion, j’ai composé la prière que voici :

Prière pour revitaliser la paroisse

Dieu notre Père, donne-nous la passion du Royaume des cieuxEnflamme-nous d’amour pour Toi et pour ton Règne.

Jésus, notre Sauveur et ami, fais de nous des disciples convaincus et convaincants, qui t’aiment et te servent sans réserve, très désireux de te faire connaître aux autres.

Esprit Saint, notre Défenseur et Consolateur, fais vivre à notre paroisse une nouvelle Pentecôte. Remplis-nous de tes dons et de tes fruits et envoie-nous porter la Bonne Nouvelle à toutes les personnes que nous rencontrons; sans gêne, sans respect humain et sans peur.

Marie, notre Mère et amie, Étoile de la nouvelle évangélisation, sois notre protectrice contre les assauts du Mauvais. Rends-nous sensibles à la présence de Jésus en nous, et aide-nous à le porter aux autres. Prie pour nous, afin  que Jésus transforme l’eau de nos vies en vin du Royaume, c’est-à-dire en son précieux Sang. Amen.

(Prière composée par le Père Guy Simard, omv, en la paroisse Saint-Enfant-Jésus de la Pointe-aux-Trembles, le 5 décembre 2014)



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