La fameuse « charte »
Voici le mot que je viens d'écrire à mes paroissiens et qui paraîtra dans dix jours, dans le semainier paroissial.
Chers
paroissiens,
Nous vivons des événements très importants dans notre société en ce moment et les prises de
position du gouvernement actuel au Québec, menacent de façon drastique ce que
l’Église catholique appelle « la
liberté religieuse ». Il est de plus en plus clair que certains
québécois se sentent menacés par la montée de l’islam. Il est aussi clair
qu’une grande partie de la communauté musulmane au Québec, se sent menacée par
le projet de loi qui fait les manchettes ces jours-ci. Mais je tiens à ce que
mes paroissiens sachent que Guy Simard, omv, pasteur catholique ici à la
Pointe-aux-Trembles, se sent aussi menacé par ce projet de loi. Je me sens
menacé dans mes valeurs profondes, dans ce en quoi je crois de tout mon cœur :
ma foi en Jésus Christ, Notre Seigneur.
Il y a de cela
quelques semaines, j’ai parlé fortement contre la « Charte » durant mon homélie dominicale, à l’église
Saint-Enfant-Jésus. Certaines personnes sont sorties durant mon homélie et
certaines autres personnes (nombreuses,
d’après ce que m’a fait savoir le bureau de notre députée et ministre Mme
Nicole Léger) se sont plaintes de mes propos au bureau de circonscription
de notre députée à l’assemblée nationale. Il y a de mes paroissiens qui,
manifestement, croient que je ne dois pas parler de ces choses à l’église. Ils
ont tout à fait le droit de penser cela. Mais je veux qu’ils sachent que j’ai
parfaitement le droit de parler haut et fort contre la Charte. Je suis prêtre catholique et, en plus, curé de paroisse.
J’ai la charge d’âmes et je me dois de transmettre à mes paroissiens la pensée
de l’Église en particulier sur ce qu’Elle entend par la « liberté religieuse ». Un chrétien a
tout à fait le droit de montrer en public de façon visible et évidente, sa foi
religieuse. En faisant cela, il ne veut pas convertir les gens à sa cause, mais
montrer que lui (ou elle) croit en
Dieu et en tel Dieu. Cela est tout à fait normal et c’est loin d’être un crime.
Vous me direz que personne ne juge que cela soit un crime. Mais un projet de
loi aussi contraignant et oppressif que celui qui vient d’être déposé en
chambre ces jours-ci, laisse presque sous-entendre qu’il s’agit d’un crime, que
cela ne se fait pas en « société ».
Vous avez peut-être remarqué le crucifix que je porte au cou de façon visible
lors de mes jours de congé, pour montrer que je suis croyant. Je n’aurais pas
le droit de porter un tel crucifix au travail, si je travaillais pour l’État.
Le projet de loi va jusque là.
Nous sommes en
droit de nous demander ce qu’il y a derrière cette volonté de légiférer de
l’État. La majorité des intervenants dans le débat, ces jours-ci, disent
clairement que jusqu’à maintenant, cela ne posait aucun problème que des
employés de l’État affichent clairement leur croyance. Et c’est un fait. Si c’est un fait, il y a une raison pour laquelle
certains membres du gouvernement tiennent tant à légiférer. Je soupçonne, pour
ma part, que le gouvernement souhaite une société athée. Je pense
personnellement, en me basant sur des déclarations entendues ici et là ces
jours-ci par des personnalités très fortes au Québec, que c’est l’athéisme
grandissant et militant (on peut militer
de façon camouflée), qui pousse le gouvernement à légiférer en la matière.
On veut lancer clairement le message suivant : toutes les religions sont
une menace à la paix dans le monde et à la paix civile, car toutes les religions
asservissent l’être humain, en particulier la femme. On veut une société sans
Dieu et on légifère en ce sens. Plusieurs croiront que j’exagère. Mais c’est
mon opinion; et comme curé de paroisse, je me dois de l’émettre.
Guy Simard, omv, curé.
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