Notre pape n’est pas « politically correct »
Je pense que
nous connaissons tous l’expression « politically
correct ». Le dictionnaire Larousse nous dit que « le mouvement Politically Correct » cherche a établir
un nouveau code éthique, bannissant du vocabulaire tout élément
discriminatoire. Les termes ou les allusions susceptibles d’offenser certaines
parties de la population, doivent être évités. Ce phénomène a pris naissance
aux États-Unis au début des années 1970; il est apparu en Grande Bretagne dans
les années 1980. Ainsi, on préférera American
Native à American
Indian, Inuit à Eskimo, differently able à disabled, visually
impaired à blind. ».
Il s’agit donc de tout faire pour n’offenser personne, pour que notre langage contribue à ne discriminer personne. Et cela peut aller très loin dans la
volonté de ne condamner aucun comportement. Par exemple, le fait d’avoir changé
le mot « avortement » par
les mots « interruption
volontaire de grossesse », relève directement du PC (politically correct). Autrement dit, on
ne veut plus appeler un chat un chat, ou un chien un chien.
Or le moins que
l’on puisse dire, c’est que le pape François ne se soucie guère de cette
nouvelle tendance ou de ce « nouveau
code éthique », comme le définit le Larousse. Il n’a pas peur
d’appeler un chat un chat; et un chien un chien. Comme vous le savez
probablement, le pape a choisi comme lieu de résidence permanente, la Maison Sainte-Marthe, où il logeait
durant le dernier conclave. Chaque jour, le pape célèbre la messe dans cette
maison, à 7hres du matin, devant des fidèles ou divers groupes. C’est lors de
ces eucharisties quotidiennes, que notre cher pape semble
le moins se préoccuper du langage « politically
correct ». À au moins deux reprises, le pape a fait allusion aux chrétiens " corrompus ". Or ce qui est intéressant, c’est la description qu’il
fait de ceux qu’il appelle « les corrompus ».
Lundi matin, le 3 juin, le pape a décrit trois catégories de chrétiens :
les pécheurs, les corrompus et les saints. C’est en partant de l’évangile de ce
jour-là, qui rapportait la parabole de Jésus sur les vignerons homicides, que
le Saint-Père a fait cette distinction. Ce jour-là, le pape ne s’est pas
beaucoup attardé à décrire les « pécheurs »
car, a-t-il dit, nous savons très bien ce qu’est un pécheur, puisque nous le
sommes tous. Voici ses propres mots, à ce sujet : « Nous nous connaissons de l’intérieur; nous
savons ce qu’est un pécheur. Et si quelqu’un parmi vous n’a pas ce sentiment,
qu’il aille pour une consultation chez un médecin spirituel, parce que quelque
chose ne tourne pas rond ».
Le pape s’est
ensuite attardé à décrire ceux qu’il appelle « les corrompus » :
« La parabole cependant nous parle d’un autre profil de
chrétien, de ceux qui veulent s’emparer de la vigne et ont perdu le rapport
avec le Patron de la vigne. Un Patron qui nous a appelés avec amour, nous protège, et qui nous
donne la liberté. Ces personnes se sont senties fortes, autonomes de Dieu. Les
corrompus se sont cimentés dans le péché. Petit à petit, ils ont glissé dans
cette autonomie, l’autonomie dans le rapport avec Dieu, pensant ne pas avoir
besoin de ce Patron qui pourrait nous déranger. Ceux-là sont les corrompus,
ceux qui étaient des pécheurs comme nous tous, mais qui ont fait un pas de
plus, comme s’ils s’étaient cimentés vraiment dans le péché: ils n’ont pas
besoin de Dieu! Mais ce n’est qu’une apparence, parce que dans leur code
génétique ce rapport avec Dieu existe. Et comme ils ne peuvent le nier, ils se
créent un dieu spécial: eux-mêmes. Ce sont les corrompus, et c’est un danger
qui nous guette tous. Dans les communautés chrétiennes, les corrompus pensent
seulement à leur propre groupe, à eux-mêmes. Judas a commencé comme pécheur
avare, et a fini dans la corruption. C’est un chemin dangereux ce chemin de
l’autonomie : les corrompus n’ont plus de mémoire, ils ont oublié cet amour
avec lequel le Seigneur a créé la vigne, et les a créés, eux! Ils ont coupé le
lien avec cet amour ! Et ils deviennent les adorateurs d’eux-mêmes. Les
corrompus font tellement de mal dans les communautés chrétiennes. Que le
Seigneur nous protège du risque de glisser sur le chemin de la
corruption. »
Ensuite, le pape s’est mis à décrire les saints :
Les Saints n’ont pas perdu la
mémoire de l’amour de Dieu. Dans l’évangile de ce jour, les saints sont ceux qui « vont toucher le loyer de la vigne ». Ils savent ce qui les attend,
mais ils doivent le faire, et ils font leur devoir. Les saints, ceux qui
obéissent au Seigneur, ceux qui adorent le Seigneur, ceux qui n’ont pas perdu
la mémoire de l’amour avec lequel le Seigneur a créé la vigne. Comme les
corrompus font tellement de mal à l’Eglise, les saints font tellement de bien.
De ces corrompus, l’apôtre Jean dit qu’ils sont l’antéchrist, qu’ils sont au
milieu de nous, mais ne sont pas des nôtres. Des Saints, la parole de Dieu nous
parle comme d’une lumière, «ceux qui
seront devant le trône de Dieu, en adoration». Demandons aujourd’hui au
Seigneur la grâce de nous considérer des pécheurs ; la grâce de ne pas
devenir des corrompus : pécheurs oui, corrompus non! Et la grâce de prendre le
chemin de la sainteté ». (Tiré de Radio-Vatican, 6 juin 2013 : Le
Pape François : "Les corrompus font beaucoup de mal à
l'Eglise")
Le lundi 11 novembre dernier, le pape, toujours lors de
son homélie à la Maison Sainte Marthe, a repris la distinction entre « pécheurs et corrompus ». Cette
fois, il nous a fait mieux comprendre ce qu’il entend par « pécheurs ». Dans l’évangile du
jour, le Seigneur disait : « Si
ton frère a commis une faute contre toi, fais-lui de vifs reproches, et, s’il
se repent, pardonne-lui. Même si sept fois par jour il commet une faute contre
toi, et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : « Je me
repens, tu lui pardonneras. » (Lc 17, 3-4). Le pape a commenté ainsi
ce passage de l’évangile :
« Quand je lis ce passage je vois toujours un portrait de
Jésus. Nous l’avons entendu tant de fois : lui ne se lasse jamais de pardonner.
Et il nous conseille de faire la même chose. Le pécheur qui demande pardon, bien
qu’étant réellement repenti, tombe encore et il tombe à plusieurs reprises dans
le péché. Il se repent, mais il ne peut sortir de cela : il est faible. C’est la
faiblesse du péché originel. Il y a de la bonne volonté, mais il y a également
la faiblesse et le Seigneur pardonne. Là
où il y a tromperie l’Esprit de Dieu est absent. Telle est la différence entre
pécheur et corrompu. Celui qui mène une double vie est un corrompu. Celui qui
pèche, en revanche, voudrait ne pas pécher, mais il est faible ou il se trouve
dans une condition à laquelle il ne peut trouver de solution, mais il va voir
le Seigneur et lui demande pardon. Celui-là, le Seigneur l’aime, l’accompagne,
Il est avec lui. Et nous, nous devons dire, nous tous qui sommes ici : « pécheurs
oui, corrompus, non ». Les corrompus ne savent pas ce qu’est
l’humilité. Jésus les comparaient aux sépulcres recouverts de peinture : beaux
dehors, mais dedans, emplis d’os pourris. Un chrétien qui se vante d’être
chrétien mais ne mène pas une vie de chrétien est un corrompu. Nous connaissons
tous quelqu’un qui est dans cette situation et nous savons tous quel mal font à
l’Église les chrétiens corrompus, les prêtres corrompus. Que de mal ils font à
l’Église! Ils ne vivent pas dans l’esprit de l’Évangile, mais dans l’esprit de
la mondanité. Une pourriture recouverte de peinture: telle est la vie du
corrompu. Et ceux-là, Jésus ne les appelait pas pécheurs. Il les appelait
« hypocrites». Jésus pardonne toujours, il ne se lasse pas de pardonner.
L’unique condition qu’il demande est que l’on ne veuille pas mener cette double
vie. Demandons aujourd’hui au Seigneur d’échapper à toute tromperie, de nous
reconnaître pécheurs. Pécheurs oui, corrompus non. » (Tiré de L’Osservatore Romano
du 14 novembre 2013 : Pécheurs
oui, corrompus, non, messe du 11 novembre 2013 - Pape
... )
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire