jeudi 4 août 2022

Le pape François aux catholiques québécois

Le pape François aux catholiques québécois 

 

Voyage apostolique au Canada : Vêpres avec les Évêques, les prêtres, les diacres, les consacrés, les séminaristes et les agents pastoraux.

Dans mon blogue du 27 juillet dernier, je disais que j'étais assuré que le pape François donnerait des messages importants aux catholiques québécois, durant son voyage pénitentiel en notre pays. Il a choisi de livrer ces messages jeudi le 28 juillet lors de vêpres célébrés dans la cathédrale de Québec avec les prêtres, les religieux et les laïcs engagés en Église. 

Voici comment le journal La Croix, qui jouit d'une très bonne réputation en France, a introduit le texte du pape dont il sera question dans le présent blogue : 

"Quel avenir pour l’Église catholique dans un pays où la pratique religieuse s’est massivement effondrée ? Devant les évêques, les prêtres et les responsables catholiques du Canada, réunis jeudi 28 juillet dans la cathédrale Notre-Dame de Québec, le pape François a cherché à donner quelques conseils aux fidèles, dans l’un des pays les plus frappés par la déchristianisation." (1)


Voici des extraits de son exhortation, qui m'ont interpellé

1- Le premier message qui me touche, est celui que le pape adresse aux pasteurs. Il cite la première lettre de saint Pierre, qui nous dit : "Veillez sur le troupeau non par contrainte, mais de bon gré" (Première lettre de Pierre, chapitre 5, verset 2). Le pape nous invite à servir le peuple de Dieu avec la générosité de Jésus et dans la joie. Il nous demande de le servir avec dévouement, tendresse et enthousiasme. 

À bas donc, le découragement, les déceptions et le défaitisme. Il nous invite, à la toute fin de son exhortation, à prendre pour modèle, saint Mgr de Laval :

Mettons en pratique ces paroles que nous adressons à saint François de Laval :

Combien de fois tes projets ont été anéantis !
Chaque fois, tu les as remis sur pied.
Tu avais compris que l’œuvre de Dieu n’est pas de pierre,
et qu’en cette terre de découragement,
il fallait un bâtisseur d’espérance. (2)

C'est un message important dans les circonstances où se vit la mission au Québec. Cette espérance, cette joie et ce dévouement, ne pourront nous habiter que si nous les recevons de l'unique Pasteur : Jésus Christ, et grâce, selon moi, à la communion et à l'adoration eucharistiques. Car c'est la Personne de Jésus qui est la source de la joie chrétienne. Prions Jésus de nous donner son Esprit. Voici comment notre cher pape décrit la joie chrétienne :  

"C'est la joie chrétienne : un don gratuit, la certitude de se savoir aimé, soutenu et embrassé par le Christ dans toutes les situations de la vie. Car c'est Lui qui nous libère de l'égoïsme et du péché, de la tristesse de la solitude, du vide intérieur et de la peur, en nous donnant un nouveau regard sur la vie, un nouveau regard sur l’histoire : « Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours » (Evangelii gaudium, n. 1)." (2)


2. Pour ne pas perdre notre joie, il faut nous débarrasser du regard négatif et adopter un regard qui discerne. Tout comme notre Père du ciel et Jésus, il faut aimer le monde, si nous voulons le transformer. Seul l'amour peut transformer une personne et transformer le monde.  

"Le premier, le regard négatif, naît souvent d'une foi qui, se sentant attaquée, se voit comme une sorte d’"armure" pour se défendre du monde. Elle accuse amèrement la réalité en disant : "le monde est mauvais, le péché règne", et court ainsi le risque de se revêtir d'un "esprit de croisade". Soyons attentifs à cela, car ce n'est pas chrétien ; ce n'est pas non plus la voie de Dieu, qui - nous rappelle l'Évangile – « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le Seigneur, qui déteste la mondanité, a un regard bon sur le monde. Il bénit notre vie, il dit du bien de nous et de notre réalité, il s'incarne dans les situations de l'histoire non pas pour condamner, mais pour faire germer la graine du Royaume précisément là où les ténèbres semblent triompher (NDLR : c'est moi qui ai mis ces phrases en caractères gras). Au contraire, si nous nous arrêtons à un regard négatif, nous finirons par nier l'incarnation, car nous fuirons la réalité au lieu de nous y incarner. Nous nous refermerons sur nous-mêmes, nous pleurerons sur nos pertes, nous nous plaindrons constamment et nous tomberons dans la tristesse et le pessimisme : tristesse et pessimisme qui ne viennent jamais de Dieu. Au contraire, nous sommes appelés à avoir un regard semblable à celui de Dieu, qui sait discerner le bien et s'obstine à le chercher, à le voir et à le cultiver. Il ne s'agit pas d'un regard naïf, mais d'un regard qui discerne la réalité." (2)

Le pape François, cite le pape Paul VI qui fait une distinction entre les mots "sécularisation" et "sécularisme". La sécularistion est bonne, mais le sécularisme est mauvais.  

Ccomme le dit Paul VI : 

"D’une part, on est obligé de constater au cœur même de ce monde contemporain le phénomène qui devient presque sa marque la plus frappante : le sécularisme. Nous ne parlons pas de cette sécularisation qui est l’effort en lui-même juste et légitime, nullement incompatible avec la foi ou la religion, de déceler dans la création, en chaque chose ou en chaque événement de l’univers, les lois qui les régissent avec une certaine autonomie, dans la conviction intérieure que le Créateur y a posé ces lois. Le récent Concile a affirmé, en ce sens, l’autonomie légitime de la culture et particulièrement des sciences.[78] Nous envisageons ici un véritable sécularisme : une conception du monde d’après laquelle ce dernier s’explique par lui-même sans qu’il soit besoin de recourir à Dieu ; Dieu devenu ainsi superflu et encombrant. Un tel sécularisme, pour reconnaître le pouvoir de l’homme, finit donc par se passer de Dieu et même par renier Dieu." (3)

Le pape François a parfois des idées qui nous surprennent mais qu'il vaut la peine de méditer. Ainsi, dans le discours fait à la cathédrale de Québec, il a dit ceci :  

"Dieu ne veut pas que nous soyons des esclaves, mais des enfants, il ne veut pas décider à notre place, ni nous opprimer avec un pouvoir sacré dans un monde régi par des lois religieuses. Non, Il nous a créés libres et nous demande d'être des personnes adultes, des personnes responsables dans la vie et dans la société." (2)

Cette phrase du pape est tout à fait dans la ligne de sa conception de la laïcité. Voici ce qu'il affirme dans une interview qu'il a accordée à un journal français :  

"Un État doit être laïque. Les États confessionnels finissent mal. Cela va contre l’Histoire. Je crois qu’une laïcité accompagnée d’une solide loi garantissant la liberté religieuse offre un cadre pour aller de l’avant. Nous sommes tous égaux, comme fils de Dieu ou avec notre dignité de personne. Mais chacun doit avoir la liberté d’extérioriser sa propre foi. Si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut porter une croix. On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture.

La petite critique que j’adresserais à la France à cet égard est d’exagérer la laïcité. Cela provient d’une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière. Je crains que cette approche, qui se comprend par l’héritage des Lumières, ne demeure encore.

La France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous." (4)

Il semble bien que pour le pape François, la sécularisation et la laïcité soient de bonnes choses, si, bien sûr, elles sont bien comprises. 


 (1) https://www.la-croix.com/Religion/Au-Quebec-conseils-pape-Francois-Canada-secularise-2022-07-29-1201226878

(2) https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2022/documents/20220728-omelia-vespri-quebec.html

(3)  Evangelii nuntiandi, no. 55.

 


(4)  https://www.la-croix.com/Religion/Pape/Le-pape-Francois-La-Croix-Un-Etat-doit-etre-laique-2016-05-16-1200760526

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