mardi 20 février 2018

Croire que Dieu est notre Père


Croire que Dieu est notre Père
























                                                    Visuel du Carême en notre paroisse.

Le thème que notre diocèse a choisi pour nous inviter à vivre un bon Carême, est le suivant: « Croire que Dieu est notre Père ». Voilà tout un programme de vie.

Le premier à avoir vécu ce programme de vie, est Jésus notre Seigneur et Sauveur. Aujourd’hui même, dans l’évangile de ce mardi de la première semaine du Carême, Jésus nous enseigne la Notre Père : « Vous donc, priez ainsi ABBA, PAPA ! » (Mt 6, 9). Il est beau qu’en français les mots abba et papa soient très semblables, surtout lorsqu’on écrit au moyen d’un ordinateur : le « b » est presque un « p » inversé. Le premier mot du Notre Père, en araméen, la langue de Jésus, est « papa »; c’est le mot que les petits enfants emploient pour s’adresser à leur père de la terre. Je ne saurais que cela de la relation de Jésus avec Dieu, que je croirais qu’Il est le Fils éternel du Père. 

Le « Notre Père » est une prière de confiance. Jésus nous invite à la confiance, spécialement en nous faisant demander le pain pour ce jour uniquement: « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » (Mt 6, 11). C’est une invitation à croire que Dieu sera présent dans notre vie à chaque jour et qu’Il pourvoira à tous nos besoins, à commencer par les plus nécessaires et les plus élémentaires. Celui qui nous a dit de ne pas nous soucier du lendemain, de regarder comment Dieu le Père nourrit les oiseaux du ciel qui ne sèment ni ne moissonnent ou encore comment Il vêt les lys des champs qui ne travaillent ni ne filent (Mt 6, 26-28) est la même Personne qui environ trois ans plus tard, s’est mise à avoir peur, à être triste à en mourir, à vivre de l’angoisse au point de suer du sang. Et ce même Jésus, sur la croix, criera vers son Père en pensant que Celui-ci l’avait abandonné. À ce propos, il est intéressant de noter que l’évangéliste Marc qui, croit-on, a été le premier des évangélistes à écrire son évangile, ne rapporte qu’une seule parole de Jésus sur la croix et cette parole est précisément celle dont nous parlons maintenant:  

« À la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabactani ? ». ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34).

Il est étrange que l’on ait gardé en araméen cette phrase de Jésus alors que les six autres paroles de Jésus sur la croix ne nous sont pas parvenues dans la langue de Jésus. C’est comme si cette phrase de Jésus revêtait une importance particulière. Étrange aussi est le fait que Jésus, par ce cri qui a dû transpercer le cœur de sa Mère, semble avoir été en proie au doute et quasi au découragement. L’immense confiance que Jésus avait envers son Père durant sa vie terrestre et même en son agonie où il emploie toujours le mot « abba », semble ici ébranlée et remise en question. À ce moment précis de sa vie et de sa douleur, Jésus ne s'adresse plus à son Père en l'appelant "abba " "papa ", mais en l'appelant "mon Dieu", ce qui est beaucoup moins intime et familier. C'est un signe évident que la confiance est ébranlée. Car c’est bien de cela qu’il s’agit à mes yeux. On a beau essayer de justifier cette phrase en disant que Jésus n’a pas douté de l’amour de son Père, ou n’a pas expérimenté un véritable abandon de la part de son Père, tout cela est pour moi uniquement le signe que cette phrase de notre divin Maître scandalise. Et devant un scandale, et surtout un scandale divin, l’être humain préfère se boucher les yeux et les oreilles, plutôt que d’être offensé et blessé dans la conception qu’il se fait de Dieu. Cette phrase de Jésus est tellement étonnante, surprenante et déconcertante, qu’on ne peut que remercier les évangélistes Marc et Mathieu de nous l’avoir rapportée.

Et pourtant, cette expérience vécue par Jésus sur la croix était à mes yeux nécessaire. Seulement à ce prix Jésus pouvait sauver l’humanité entière. Combien d’enfants de Dieu se sentent aujourd’hui ou se sont sentis par le passé abandonnés de Dieu et laissés pour compte. Jésus a voulu vivre ce sentiment d’être abandonné par le Père afin d'être solidaire de tout être humain qui se sent abandonné et afin, une fois ressuscité d'entre les morts, de pouvoir lui venir en aide. Jésus a vécu toutes les situations de souffrance humaine (peur, tristesse, angoisse, abandon, douleurs physiques) afin de pouvoir s'identifier à tout être humain et afin que tout être humain puisse s'identifier à Lui.  

Ce cri issu de la bouche de Jésus sur la Croix est pour moi le signe de la plus grande souffrance qu’Il a vécue. Je ne sais pas combien de minutes a duré cette terrible et ultime souffrance, mais nous savons tous qu’elle a connu une fin car au moment de rendre l’esprit, Jésus avait retrouvé toute sa confiance envers son cher Père du ciel lorsqu’il a dit: « Père (Abba), entre tes mains je remets mon esprit. » (Lc 23, 46).

Sur la photo mise au haut du présent blogue, il y a un détail qui a été expressément voulu par le concepteur du visuel: le doigt du Père arrive directement sur la Croix. C’est une invitation à croire que Dieu est notre Père, même dans les moments les plus douloureux de notre vie. La foi va jusque là; la foi se prouve jusque là. Il est cependant possible que notre foi vacille, mais la confiance peut toujours revenir et être au rendez-vous. Jésus en est la preuve et Il ne nous abandonnera jamais. 






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