Pour construire, il faut se déconstruire
Si vous lisez de façon assidue et de façon régulière mon blogue, vous savez probablement qu’il y a une question pastorale
qui me hante depuis quelques années. Je l’exprimerais ainsi: doit-on, oui ou non, consacrer beaucoup de temps à préparer de jeunes
adultes à la confirmation lorsque le but de ces personnes est de devenir
parrain ou marraine et qu’elles n’ont pratiquement aucune connaissance de la
religion catholique? J’ai toujours su que les sacrements sont les
sacrements de la foi. Or si la foi catholique (spécialement le fait de savoir et de croire que Jésus est Dieu)
fait défaut, doit-on entreprendre un long parcours dans l’espoir que Dieu
donnera la foi à ces jeunes qui demandent à confirmer leur baptême tout en ne
sachant pas ce qu’est le baptême.
Dans un bloque précédent, j’avais
décidé que je ne consacrerais plus de temps à faire cela (1). Mais j’ai changé d’idée suite à
une rencontre avec une catéchète d’expérience. J’ai donc offert une fois de plus cette année une telle
formation en ma paroisse, du mois d’octobre jusqu’à maintenant, à raison d’une
rencontre de 90 minutes à chaque lundi soir. J’ai quand même fait un changement
important. Suite à la recommandation d’un de mes confrères Oblat de la Vierge Marie
qui vit avec moi, je ne donne plus cette formation seul, mais avec Christiane, une
dame de la paroisse âgée de 81 ans, pleine de feu et d’Esprit Saint.
C’est important, je pense, de suivre la recommandation de Jésus, d’annoncer le
Royaume des cieux deux par deux.
Le Seigneur, probablement pour
m’encourager, a permis que 10 jeunes adultes s’inscrivent à cette formation
cette année. Jamais je n’avais eu un groupe aussi nombreux. Et jamais je
n’avais eu un groupe aussi bien disposé. Ces jeunes adultes ont très bien
participé aux 11 rencontres. On ne pouvait guère demander mieux de leur part.
Voici ce que je crois avoir appris de cette expérience.
« Autre temps, autres mœurs »
Ce dicton, il faut aussi l’appliquer à la vie
en Église, au Québec, au 21ème siècle. Des gens demandent un service
ou une faveur à l’Église, tout en n’ayant pas, sans aucune faute ou sans
grande faute de leur part, les dispositions requises. Ou on ferme la porte,
pour des raisons qui peuvent nous sembler très bonnes, ou on ouvre la porte,
mais en ayant conscience qu’on devra se déconstruire. Il est fini le temps où
les jeunes dans la vingtaine, savaient que Dieu existait, qu’il y avait des
péchés et certains péchés plus graves que d’autres, etc. Pour plusieurs jeunes
adultes aujourd’hui, il n’y a plus de péchés ou du moins, ils ne s’en font pas
un problème. Ce qui manque, c’est la première annonce: Dieu nous aime, Dieu a
envoyé son Fils pour nous sauver. Jésus nous aime À MORT et nous veut
véritablement heureux. C’est cette expérience-là qu’il faut faire vivre aux
jeunes. Et si pour cela il faut sauter des étapes, même importantes, et donner
des sacrements un peu à bon marché, il faut le faire, selon moi. C’est cela que
j’appelle « se déconstruire »;
il nous faut abandonner nos schèmes mentaux et cela peut être très souffrant et
culpabilisant car souvent on ne sait pas si on fait bien ou non. Et pourtant,
c’est selon moi la seule façon dont Jésus pourra toucher les jeunes d'aujourd’hui: en se donnant à eux Corps et Âme. Plusieurs de nos jeunes adultes
feront leur première communion le 28 janvier prochain. Nous leur avons parlé de
l’Eucharistie, du grand don qu’est l’Eucharistie. Les jeunes nous ont écoutés
attentivement et sérieusement. Je les ai invités à faire de courtes prières à
Jésus d’ici au 28 janvier, du genre de celles-ci: « Jésus, aide-moi à croire en toi »; « Jésus prépare mon cœur à te recevoir »; « Jésus, aide-moi à croire en ta Parole »,
etc. Le reste appartient à Jésus. Ce sera à Jésus de se manifester SAUVEUR, AMI
et ÉPOUX le 28 janvier prochain. C’est Lui qui tient le gros bout du manche.
DES RÉPONSES DE DIEU:
Je considère avoir reçu ces
derniers temps des réponses de la part de Dieu à mes interrogations.
Première réponse: Lundi le 8 janvier dernier, nous vivions notre
avant-dernière rencontre de formation avec nos jeunes adultes. Depuis quelque
temps, j’avais toujours la même interrogation dans la tête et dans le cœur:
« Est-ce que ce que Christiane et
moi faisons a du sens, est-bien ce que Dieu veut? » Or ce même jour, à
la messe, nous entendions le prophète Isaïe nous dire ceci:
« La pluie et la neige qui descendent des cieux
n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre,
sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer,
donnant la semence au semeur
et le pain à celui qui doit manger ;
ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat,
sans avoir fait ce qui me plaît,
sans avoir accompli sa mission. » (Isaïe 55, 10-11)
n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre,
sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer,
donnant la semence au semeur
et le pain à celui qui doit manger ;
ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat,
sans avoir fait ce qui me plaît,
sans avoir accompli sa mission. » (Isaïe 55, 10-11)
Deuxième réponse: Le lendemain matin, le mardi 9 janvier, je me
suis levé en ayant les phrases suivantes de saint Paul dans l’esprit et dans le
cœur:
« « Mais qui donc est
Apollos? qui est Paul? Des serviteurs par qui vous êtes devenus croyants, et
qui ont agi selon les dons du Seigneur à chacun d’eux. Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé; mais
c’est Dieu qui donnait la croissance. Donc celui qui plante n’est pas
important, ni celui qui arrose; seul importe celui qui donne la
croissance: Dieu. » (1 Co 3, 5-7)
Troisième réponse: Je suis en train de traduire durant mes temps
libres, ou à temps perdu, la conférence qu’a donnée l’acteur américain Jim
Caviezel à Chicago à de jeunes universitaires catholiques, le 3 janvier dernier
à Chicago. Caviezel est un catholique convaincu. Il a été profondément marqué
par le fait d’avoir interprété le rôle de Jésus dans le film de Mel Gibson
intitulé: La Passion du Christ. Voici un extrait de sa conférence, qui est à
mes yeux une réponse à mon fameux questionnement:
« Au
printemps de l’an 2000, on m’a offert le rôle de Edmond Dantes dans « La vengeance de Monte Cristo ».
C’était une nouvelle adaptation du classique d’Alexandre Dumas. Ce fut une
période de grand stress. C’était la première fois que je devais porter un film sur
mes épaules (être l’acteur principal du
film) et malgré le fait que c’était ce que j’avais toujours voulu, je
n’étais pas en paix. Tout dans le film avait rapport avec ce que je suis. Mon personnage.
Edmond Dantes est injustement emprisonné. Malgré le fait que toutes les chances
soient tournées contre lui, cet homme solitaire prend la décision de se libérer
en détruisant le mal, même le mal au-dedans de lui. Il y a une merveilleuse
scène entre Edmond et un compagnon de prison, un prêtre, joué par le grand
Richard Harris. Au comble de la tristesse, dans un moment de grand désespoir,
alors que le prêtre est sur le sol en train de mourir, il se tourne vers Edmond
et lui dit: « Voici ta dernière
leçon: ne commets pas le crime pour lequel tu es en train de vivre ta sentence.
Souviens-toi que Dieu a dit: « La vengeance est mienne ». Je me
tourne alors vers lui et je lui dis: « Mais
je ne crois pas en Dieu ». Et le prêtre me dit: « Cela n’a pas d’importance Edmond; Il croit
en toi ». Et
c’est vrai; Dieu croit en nous. Dieu aime chacun de nous personnellement; et Il est avec nous, même dans nos pires moments de désespoir.»(2)
« Cela n’a pas d'importance Edmond; Il croit en toi ». Telles furent les dernières paroles du prêtre, comme vous pourrez le voir et l'entendre sur la vidéo ci-dessous.
« Cela n’a pas d'importance Edmond; Il croit en toi ». Telles furent les dernières paroles du prêtre, comme vous pourrez le voir et l'entendre sur la vidéo ci-dessous.
The Count of Monte Cristo: I'm a Priest, Not a Saint - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=DN5Kt_ILpi0
20 févr. 2014 - Ajouté par Unquoted
Unquoted 3,528 views · 0:44. The Count of Monte Cristo: Life Lesson: Life is a storm - Duration: 2:08. Jam Wow .Le message le plus important à inculquer à nos jeunes, c’est que DIEU CROIT EN EUX. Cela aussi fait partie de la PREMIÈRE ANNONCE, du KÉRYGME: « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, dit saint Jean, c’est Lui qui nous a aimés » (1 Jn 4, 10).
Quatrième réponse: J’ai eu ces
dernières années un confesseur dont le prénom est Jacques. Le Père Jacques m’a
souvent pardonné mes péchés au nom de Dieu et il me connaît très bien. Il y a environ un an,
ce cher ami qui est âgé de plus de 80 ans, a eu de très graves problèmes de
santé et a frôlé la mort. Depuis ce temps, il n’exerce plus de ministère public.
Je vais toutefois le rencontrer de temps en temps car j’aime beaucoup ce prêtre.
Lors de notre dernière rencontre, il y a de cela environ trois semaines, je lui
ai partagé mon malaise face au fait que nos jeunes adultes n’étaient pas tellement
prêts à recevoir les sacrements de la foi. À cela, il a répondu: « J’aurais
le goût de te dire quelque chose: « C’est
pas d’tes affaires! » (en français correct: « Ce n’est pas de tes affaires »). J’ai
souri devant ce langage cru qui ne laisse aucune ambiguïté sur le sens des paroles.
Cinquième réponse: J’ai écouté dernièrement une entrevue qu’a
donnée le théologien orthodoxe Olivier Clément sur son parcours de foi. Il a
dit ceci à la personne qui l’interviewait:
« J’ai lu les grands romanciers
russes du 19ème siècle et j’ai été très frappé par le caractère
prophétique des grandes œuvres de Dostoïevski. Là je me suis senti chez moi. C’est
une chose extrêmement curieuse. Je me souviens que quand j’ai lu cette scène de
Crime et Châtiment, où l’on voit un
assassin et une prostituée qui lisent ensemble l’évangile de la résurrection de
Lazare, j’ai eu l’impression que là, il y avait un autre christianisme. J’avais
une certaine idée du christianisme qu’on m’avait donnée à travers cette
éducation laïque et socialiste qui disait qu’au fond le christianisme c’était
tout simplement la morale n’est-ce pas? Et
là, je découvrais tout à fait autre chose: le mystère du salut par l’amour
apporté à des gens qui ne prétendaient à aucun mérite dans l’ordre de la
morale. » (3)
Voilà où j’en suis en ce moment.
(1) Dieu ma joie: Pourquoi confirmer des non croyants?
dieumajoie.blogspot.com/2016/06/pourquoi-confirmer-des-non-croyants.html
(2) SLS18 - Jim Caviezel Promotes "Paul, Apostle of Christ" - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=e9z-dMQjRBE
5 janv. 2018 - Ajouté par FOCUS - Fellowship of Catholic University Students
Jim Caviezel surprised #sls18 attendees, encouraging them to be warriors animated by faith. Caviezel will ...(3) Cet extrait de l'interview se trouve à la troisième minute et cinquante-quatrième seconde (3:54) de la vidéo que vous pourrez voir et entendre sur le site ci-dessous (en descendant un peu votre curseur)
Olivier Clément (auteur de Les Quatre évangiles) - Babelio
https://www.babelio.com/auteur/Olivier-Clement/16835
https://www.babelio.com/auteur/Olivier-Clement/16835
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire