Pénitents et confesseurs (Raniero Cantalamessa)
" Le fils prodigue ", peinture d'Arcabas (Chapelle de la Réconciliation, Bergame)
Nous vivons en ce moment dans
notre paroisse, ce que nous appelons « la
retraite annuelle ». Depuis que je suis curé ici, je tiens à offrir un
temps de ressourcement à nos paroissiens au moins une fois par année.
Ce soir, soir de clôture de la
retraite, les participants seront invités à vivre le sacrement de la
réconciliation. La réception de ce sacrement est vraiment le point culminant de
la retraite. C’est d’ailleurs le seul sacrement que nous célébrons durant les
trois jours que dure le ressourcement. Hier, sans que je m’y attende, les témoignages donnés par trois jeunes aux retraitants, a préparé au mieux les cœurs
à vivre notre dernier soir de retraite.
J’avais invité hier, pour animer
le deuxième soir de la retraite, l’abbé Alain Mongeau, curé de la paroisse
Saint-Jean-Baptiste à Montréal et quelques jeunes de la « Bande FM » fondée par Alain et
quelques jeunes il y a de cela quinze ans (1). La première fois
que j’ai entendu parler de la Bande FM ,
je croyais qu’il s’agissait d’une radio fondée par Alain et des jeunes. Mais
non. Les mots « Bande FM », signifient « Bande Foi et Mission ». Je comprends maintenant que ces
mots représentent une « bande d’amis
et amies qui sont réunis pendant un an, deux ans ou plus, pour développer une
amitié chrétienne basée sur la foi et la mission ». C’est la deuxième
fois que j’invite Alain et la Bande FM à
venir animer notre retraite paroissiale. Ils sont venus la première fois il y a
de cela quatre ou cinq ans.
J’ai
dit, dans le deuxième paragraphe du présent blogue, que, sans que je m’y
attende, les jeunes de la Bande FM
qui sont venus chez nous hier, ont très bien préparé les cœurs de nos paroissiens à vivre le
sacrement de la réconciliation ce soir. En effet, trois des quatre jeunes qui
ont témoigné hier de la façon dont Dieu les a attirés à Lui, ont mentionné le
fait qu’un point déterminant de leur cheminement de foi, a été le jour où ils
ont vécu le sacrement de la réconciliation. Les trois jeunes (tous dans la
vingtaine) ont dit que ce jour-là ils ont déposé un lourd fardeau dans le Cœur
de Dieu et qu’ils ont ressenti une PAIX qui n’est pas de ce monde, une
INCROYABLE PAIX.
Merci
chers jeunes, pour ce témoignage. Ce matin, en déjeunant, j’ai continué ma
lecture du livre du Père Raniero Cantalamessa, intitulé: Le regard de la
Miséricorde. J ’aime beaucoup lire en déjeunant. Je suis rendu à la
page 142. Comme par hasard, voici quelques extraits des pages que j’ai lues ce
matin:
« Les
grands retours à Dieu, au moins dans l’Église catholique, se sont toujours
achevés par une confession, de laquelle les personnes se sont relevées avec la
sensation d’être littéralement re-nées. Un bel exemple en est le poète des
Fleurs du mal, Charles Baudelaire, qui au cours de sa vie fut considéré – et se
considérait lui-même – comme un cas typique de « fils prodigue ».
Celui qui, envers lui, fit fonction de père accueillant et aimant, fut… sa
mère. Ce fut chez elle qu’il rentra malade, le corps réduit par ses excès à
« un lieu saccagé ». C’est auprès d’elle, qui le soigna avec un
dévouement infini, qu’il mourut le 31 août 1867, après s’être confessé, et
avoir demandé et reçu « en pleine lucidité » les derniers
sacrements.
Pénitents et confesseurs
Il est
important que les prêtres soient de vrais dispensateurs de la miséricorde du
Christ dans ce sacrement. L’Église latine a cherché à expliquer la confession
avec l’idée juridique d’un processus dont on ressort absout ou non absout. Dans
ce processus, le ministre revêt la fonction de juge. Cette fonction, si elle
est accentuée unilatéralement, peut avoir des conséquences négatives. Il
devient difficile de reconnaître dans le confesseur l’action de Jésus. Dans la
parabole du fils prodigue, le père ne se pose pas en juge, mais justement en
père; avant même que son fils ait achevé sa confession, il l’embrasse et
ordonne qu’on fasse la fête. L’Évangile est l’authentique « manuel pour
confesseurs », le Droit canon est là à son service, et non pour s’y
substituer.
Jésus
ne commence pas en demandant d’un ton péremptoire à la femme adultère, à Zachée
et à tous les pécheurs qu’il rencontre « le nombre et le type » de
péchés qu’ils ont commis: « Combien de fois? Avec qui? Où? ». Il a avant tout le souci que chacun puisse faire l’expérience de la
miséricorde, de la tendresse et enfin de la joie de Dieu dans l’accueil du
pécheur. Il sait qu’après cette expérience, le pécheur devra lui-même ressentir
le besoin d’une confession toujours plus complète de ses fautes. Dans toute la Bible , nous voyons la
pédagogie de Dieu en actes, qui ne demande pas à l’homme tout et tout de suite,
en termes de morale, mais seulement ce que, sur l’instant, il est en mesure de
comprendre. Paul parle de la « divine
patience » (Rm 3, 26) à ce sujet. L’essentiel est qu’il y ait un début
de vraie repentance et la volonté de changer et de réparer le mal commis. »
(2)
(1) Le curé iconoclaste - La Presse+
plus.lapresse.ca/screens/a655c978-ad4f-4cd1-ac69-ddba9faf8936%7C_0.html
27 mars 2016 - Dimanche après dimanche, Alain Mongeau attire les foules. ... la Bande FM, qui a débouché sur des projets de vie communautaire logeant ...
(2) Raniero Cantalamessa, Le regard de la Miséricorde, Éditions des Béatitudes, pp. 140-143.
J'ai l'impression que mon prof, l'Abbé Robert Clark, a lu le même livre car ce furent exactement ses propos, ce matin!
RépondreSupprimerQuel prêcheur exceptionnel, ce Père Cantalamessa!