dimanche 19 mars 2017

Comment Jésus va à la pêche

Comment Jésus va à la pêche
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« Donne-moi à boire » (Jn 4, 7)

Jésus n’a jamais été un pécheur, mais Il fut et Il est le plus grand pêcheur. Un jour, alors que ses amis pêcheurs sur le lac de Galilée avaient passé la nuit sans rien prendre, Jésus  demande à Simon de retourner au large et de jeter à nouveau les filets. Jésus connaissait les qualités de leader de Simon; c’est pourquoi il s’adresse à lui. Simon, faisant un acte de foi pure en la Parole de Dieu, obéit et emmène ses amis dans cette folle aventure en compagnie de Jésus. Et ce fut la pêche de leur vie. Les poissons étaient en si grand nombre, qu’ils rompaient les filets. Simon, pris de vertige et de sainte frayeur en réalisant qui était dans la barque avec eux, se jette aux pieds de Jésus et lui demande de s’éloigner de lui car il se sent pécheur. Mais Jésus le réconforte et l’encourage en lui disant que désormais, ce seront des hommes qu’il prendra dans ses filets (Lc 5, 10). La vocation de Simon Pierre et des autres apôtres était alors annoncée: ils deviendront des pêcheurs de pécheurs.

Jésus, ce jour-là s’est manifesté comme étant le maître par excellence des pêcheurs de pécheurs. Jésus a consacré toute sa vie à pêcher des pécheurs et Il le fera jusqu’à la fin du monde en choisissant des amis qui pêcheront avec Lui. Aujourd’hui, l’Église nous présente comme évangile du troisième dimanche du Carême de l’année A, la rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Ce très long évangile, nous montre comment Jésus s’y prenait pour pêcher des êtres humains. Il nous faut apprendre de Lui, les rudiments de la pêche aux pécheurs. Car la Samaritaine, tout comme nous, était une grande pécheresse. J’espère chers amis, que vous vous considérez tous comme étant de grands pécheurs. On peut être un grand pécheur pour deux raisons: parce qu’on fait de gros péchés ou parce qu’on fait de nombreux péchés. Vous êtes sûrement dans une de ces deux catégories. Ne dit-on pas; « Je suis un grand amateur de fruits de mer » pour signifier qu'on en mange beaucoup et souvent?

La Samaritaine va puiser son eau en plein midi. Il y a une raison à cela. La raison est facile à trouver: elle ne veut rencontrer personne. Qui ira puiser de l’eau à un puits à l’heure la plus chaude de la journée? Cette femme n’avait vraiment pas le désir de rencontrer quelqu’un; et encore moins un Juif. Jésus, épuisé par la fatigue du voyage, se reposait près du puits, seul. Ses amis étaient allés au village faire des provisions. Jésus voit cette femme s’approcher de Lui. Il la voit non pas tant avec les yeux de son corps, mais avec les yeux de son âme. L’âme de Jésus voit l’âme de cette femme; Il voit toutes les scories de cette âme, tous les méandres de la vie de cette Samaritaine. Et c’est cette âme qu’il veut sauver et nourrir.

Jésus, ne regardant pas sa fatigue, adresse la parole à la femme. Le pêcheur de pécheurs ne doit pas attendre que la personne devant lui lui adresse la parole; il doit toujours prendre les devants. Au diable la fatigue, au diable la timidité, au diable les très bonnes raisons de ne pas engager le dialogue. Si on veut pêcher, il faut tendre la perche. Si on ne la tend jamais, on ne prendra jamais rien. Jésus sait que cette femme ne veut rien savoir d’une rencontre au puits en plein midi. Jésus sait que cette femme est une Samaritaine et qu’un Juif ne doit pas entrer en relation avec une Samaritaine. S’il lui parle, il la surprendra et la fâchera sûrement car les Samaritains et les Juifs sont des ennemis jurés. Et pourtant, Jésus lui parle, Jésus lui adresse la Parole.

Quels sont les premiers mots que Jésus adresse à la femme? « Femme, donne-moi à boire? ». Quelles paroles extraordinaires de la part de Celui qui a tout à donner. Jésus ici, montre sa très grande vulnérabilité. Il n’a pas peur de montrer sa très grande vulnérabilité. La grande révélation chrétienne, c’est d’apprendre que Dieu est VULNÉRABLE. Dieu est en quelque sorte en manque. Dieu, l’Amour parfait, est en manque d’amour. À partir du moment où Dieu, l’Amour infini, crée une personne intelligente, capable d’aimer à son tour, Il ne peut qu’aimer cette personne et désirer être aimé. C’est le propre de toute personne ayant l’intelligence et la volonté, de désirer être aimé. Tout être humain désire être aimé et cherche à être aimé. Et nous sommes aussi en cela à l’image de Dieu. Chaque Personne divine veut être aimée, désire être aimée. Cette vérité, aussi surprenante qu’elle puisse paraître, est la RÉVÉLATION de Dieu et sur Dieu qui est pour moi peut-être la plus troublante: DIEU VEUT ÊTRE AIMÉ. Et si un jour je comprends et saisi l’amour infini que Dieu a pour moi, et que je comprends que cet amour infini qui m’aime, se meurt lui aussi d’être aimé, je ferai tout pour satisfaire cet amour, pour donner à l’Amour infini, l’amour qui lui est dû.

Quand Jésus demande à la Samaritaine de lui donner à boire, il ne fait pas qu’engager une conversation; il ne fait pas qu’une entrée en matière. Il révèle son cœur, le plus intime de son cœur. Le Sacré-Cœur de Jésus est apparu à plusieurs personnes au cours des siècles. Les paroles du Sacré-Cœur qui me touchent le plus, sont celles où Il exprime clairement à quel point Il désire être aimé de nous. Si Jésus désire tant notre amour, pourquoi ne voulons-nous pas le Lui donner? Voilà le grand mystère. Voilà aussi le motif et la raison principale de l’adoration eucharistique, de la prière, et de la charité. Mère Teresa de Calcutta a dit plusieurs fois que la raison de son amour pour les pauvres, est la parole de Jésus sur la croix: « J’AI SOIF ». Jésus a soif d’être aimé en ses pauvres et en chacun de nous. Car il habite en chacun de nous. Il est chacun de nous. Mère Teresa savait qu’en servant le pauvre, elle servait Jésus et Lui donnait à boire, à manger; qu’elle Le vêtait et Le visitait (Mathieu 25, 35-40).

Jésus sur la croix, en disant « J’ai soif » (Jn 19, 28), nous dit qu’il se meurt d’être aimé. Dire « donne-moi à boire » (Jn 4, 7) et dire « J’ai soif », c’est dire la même chose. Saint Jean, l’apôtre qui, semble-t-il, a le mieux compris l’amour de Jésus, commence et termine son évangile en affirmant que Jésus veut être aimé.   

« Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour.   …  Si tu savais combien je suis altéré de me faire aimer des hommes, tu n’épargnerais rien pour cela. J’ai soif, je brûle du désir d’être aimé.  » (Le Sacré Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque)


Fait récent: Voici un petit fait récent: notre communauté religieuse accueille ces jours-ci un jeune adulte de trente ans qui est retourné aux études. Il habite en dehors de Montréal. Nous lui offrons le gîte pour une durée de quatre mois, le temps qu’il termine ses études. Son nom est Francis.

Notre métropole (Montréal) a subi la semaine dernière ce qu’on peut considérer comme étant la plus grande tempête de cet hiver. Francis est allé suivre ses cours ce jour-là. En cours de route, il a vu trois jeunes femmes qui semblaient avoir de la difficulté à déneiger leur automobile. Les bancs de neige soufflés par les déneigeuses de la ville, ensevelissent souvent partiellement les autos. Francis a garé sa voiture et à demandé à ces dames si elles avaient besoin d’aide. Elles ont trouvé Francis très gentil et ont accepté son aide. Pour le remercier, elles l’ont inviter à aller manger une crêpe avec elles dans un restaurant situé tout près. Francis a accepté l’invitation et le voilà assis avec ces dames dans le restaurant. Très tôt dans la conversation, Francis leur a posé cette question : « Croyez-vous en quelque chose? ». Une des dames, sûrement étonnée de la question, a répondu : « Doit-on croire en quelque chose? » Il s’en est suivi une discussion autour de la religion. Francis, il est vrai, est chrétien et chrétien convaincu. Comme vous pouvez le constater, il a le désir de faire connaître Jésus et l’audace de faire réfléchir les gens sur les vraies questions. Voilà un exemple à suivre.

Quel lien y a-t-il entre ce fait divers et l’évangile du jour? Dans les deux cas nous sommes en présence d’un évangélisateur et de personnes évangélisées. Dans les deux cas, une personne consciente de porter en elle un trésor qu’elle se doit de partager, prend les devants dans un dialogue avec quelqu’un qu’elle ne connaît pas et qu’elle va sûrement déstabiliser par ses questions. Or voilà souvent une occasion à ne pas manquer. Jésus a révélé à la Samaritaine des vérités qu’il n’a même pas partagées avec ses meilleurs amis. On serait surpris de voir le bien que nous pouvons faire à de purs étrangers, en engageant une discussion sur la foi, ainsi que le bien qu’on pourrait se ferait à soi-même en agissant ainsi. Il est souvent plus facile de parler des choses de la foi avec des étrangers qu’avec des membres de notre famille ou de notre entourage. Si cela est vrai, pourquoi n’en profitons-nous pas?

Questions: Ai-je déjà consciemment et volontairement posé des questions en rapport avec la foi à un pur étranger? Ai-je déjà eu l’audace de faire réfléchir une personne rencontrée au hasard, sur les vraies questions de la vie ou sur la question de la mort? Si ma réponse à ces questions est négative, puis-je envisager que dorénavant je pourrais le faire?







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