Comment Jésus va à la pêche
« Donne-moi à boire » (Jn 4, 7)
Jésus n’a jamais été un pécheur,
mais Il fut et Il est le plus grand pêcheur. Un jour, alors que ses amis
pêcheurs sur le lac de Galilée avaient passé la nuit sans rien prendre,
Jésus demande à Simon de retourner au
large et de jeter à nouveau les filets. Jésus connaissait les qualités de
leader de Simon; c’est pourquoi il s’adresse à lui. Simon, faisant un acte de
foi pure en la Parole
de Dieu, obéit et emmène ses amis dans cette folle aventure en compagnie de
Jésus. Et ce fut la pêche de leur vie. Les poissons étaient en si grand nombre,
qu’ils rompaient les filets. Simon, pris de vertige et de sainte frayeur en
réalisant qui était dans la barque avec eux, se jette aux pieds de Jésus et lui
demande de s’éloigner de lui car il se sent pécheur. Mais Jésus le réconforte
et l’encourage en lui disant que désormais, ce seront des hommes qu’il prendra
dans ses filets (Lc 5, 10). La vocation de Simon Pierre et des autres apôtres était alors
annoncée: ils deviendront des pêcheurs de pécheurs.
Jésus, ce jour-là s’est manifesté
comme étant le maître par excellence des pêcheurs de pécheurs. Jésus a consacré
toute sa vie à pêcher des pécheurs et Il le fera jusqu’à la fin du monde en
choisissant des amis qui pêcheront avec Lui. Aujourd’hui, l’Église nous
présente comme évangile du troisième dimanche du Carême de l’année A, la
rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Ce
très long évangile, nous montre comment Jésus s’y prenait pour pêcher des êtres
humains. Il nous faut apprendre de Lui, les rudiments de la pêche aux pécheurs. Car la Samaritaine ,
tout comme nous, était une grande pécheresse. J’espère chers amis, que vous
vous considérez tous comme étant de grands pécheurs. On peut être un grand
pécheur pour deux raisons: parce qu’on fait de gros péchés ou parce qu’on fait
de nombreux péchés. Vous êtes sûrement dans une de ces deux catégories. Ne dit-on pas; « Je suis un grand amateur de fruits de mer » pour signifier qu'on en mange beaucoup et souvent?
Jésus, ne regardant pas sa
fatigue, adresse la parole à la femme. Le pêcheur de pécheurs ne doit pas
attendre que la personne devant lui lui adresse la parole; il doit toujours
prendre les devants. Au diable la fatigue, au diable la timidité, au diable les
très bonnes raisons de ne pas engager le dialogue. Si on veut pêcher, il faut
tendre la perche. Si on ne la tend jamais, on ne prendra jamais rien. Jésus
sait que cette femme ne veut rien savoir d’une rencontre au puits en plein
midi. Jésus sait que cette femme est une Samaritaine et qu’un Juif ne doit pas
entrer en relation avec une Samaritaine. S’il lui parle, il la surprendra et la
fâchera sûrement car les Samaritains et les Juifs sont des ennemis jurés. Et
pourtant, Jésus lui parle, Jésus lui adresse la Parole.
Quels sont les premiers mots
que Jésus adresse à la femme? « Femme,
donne-moi à boire? ». Quelles paroles extraordinaires de la part de
Celui qui a tout à donner. Jésus ici, montre sa très grande vulnérabilité. Il
n’a pas peur de montrer sa très grande vulnérabilité. La grande révélation
chrétienne, c’est d’apprendre que Dieu est VULNÉRABLE. Dieu est en quelque
sorte en manque. Dieu, l’Amour parfait, est en manque d’amour. À partir du
moment où Dieu, l’Amour infini, crée une personne intelligente, capable d’aimer
à son tour, Il ne peut qu’aimer cette personne et désirer être aimé. C’est le
propre de toute personne ayant l’intelligence et la volonté, de désirer être
aimé. Tout être humain désire être aimé et cherche à être aimé. Et nous sommes
aussi en cela à l’image de Dieu. Chaque Personne divine veut être aimée, désire
être aimée. Cette vérité, aussi surprenante qu’elle puisse paraître, est la RÉVÉLATION de Dieu et
sur Dieu qui est pour moi peut-être la plus troublante: DIEU VEUT ÊTRE AIMÉ. Et
si un jour je comprends et saisi l’amour infini que Dieu a pour moi, et que je
comprends que cet amour infini qui m’aime, se meurt lui aussi d’être aimé, je
ferai tout pour satisfaire cet amour, pour donner à l’Amour infini, l’amour qui
lui est dû.
Quand Jésus demande à la Samaritaine de lui
donner à boire, il ne fait pas qu’engager une conversation; il ne fait pas
qu’une entrée en matière. Il révèle son cœur, le plus intime de son cœur. Le
Sacré-Cœur de Jésus est apparu à plusieurs personnes au cours des siècles. Les
paroles du Sacré-Cœur qui me touchent le plus, sont celles où Il exprime
clairement à quel point Il désire être aimé de nous. Si Jésus désire tant notre
amour, pourquoi ne voulons-nous pas le Lui donner? Voilà le grand mystère. Voilà
aussi le motif et la raison principale de l’adoration eucharistique, de la
prière, et de la charité. Mère Teresa de Calcutta a dit plusieurs fois que la
raison de son amour pour les pauvres, est la parole de Jésus sur la croix: « J’AI SOIF ». Jésus a soif
d’être aimé en ses pauvres et en chacun de nous. Car il habite en chacun de
nous. Il est chacun de nous. Mère Teresa savait qu’en servant le pauvre, elle
servait Jésus et Lui donnait à boire, à manger; qu’elle Le vêtait et Le
visitait (Mathieu 25, 35-40).
Jésus sur la croix, en disant « J’ai soif » (Jn 19, 28), nous dit qu’il se meurt d’être aimé.
Dire « donne-moi à boire » (Jn
4, 7) et dire « J’ai soif »,
c’est dire la même chose. Saint Jean, l’apôtre qui, semble-t-il, a le mieux
compris l’amour de Jésus, commence et termine son évangile en affirmant que
Jésus veut être aimé.
« Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a
rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et
pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs
irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont
pour moi dans ce sacrement d’amour. … Si tu savais combien je suis altéré de
me faire aimer des hommes, tu n’épargnerais rien pour cela. J’ai soif, je brûle
du désir d’être aimé. » (Le Sacré Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque)
Fait récent: Voici un petit fait récent: notre
communauté religieuse accueille ces jours-ci un jeune adulte de trente ans qui
est retourné aux études. Il habite en dehors de Montréal. Nous lui offrons le
gîte pour une durée de quatre mois, le temps qu’il termine ses études. Son nom
est Francis.
Notre métropole (Montréal)
a subi la semaine dernière ce qu’on peut considérer comme étant la plus grande
tempête de cet hiver. Francis est allé suivre ses cours ce jour-là. En cours de
route, il a vu trois jeunes femmes qui semblaient avoir de la difficulté à
déneiger leur automobile. Les bancs de neige soufflés par les déneigeuses de la
ville, ensevelissent souvent partiellement les autos. Francis a garé sa voiture
et à demandé à ces dames si elles avaient besoin d’aide. Elles ont trouvé
Francis très gentil et ont accepté son aide. Pour le remercier, elles l’ont inviter
à aller manger une crêpe avec elles dans un restaurant situé tout près. Francis
a accepté l’invitation et le voilà assis avec ces dames dans le restaurant.
Très tôt dans la conversation, Francis leur a posé cette question : « Croyez-vous en quelque chose? ».
Une des dames, sûrement étonnée de la question, a répondu : « Doit-on croire en quelque
chose? » Il s’en est suivi une discussion autour de la religion.
Francis, il est vrai, est chrétien et chrétien convaincu. Comme vous pouvez le
constater, il a le désir de faire connaître Jésus et l’audace de faire
réfléchir les gens sur les vraies questions. Voilà un exemple à suivre.
Quel lien y a-t-il entre ce fait divers et l’évangile du
jour? Dans les deux cas nous sommes en présence d’un évangélisateur et de
personnes évangélisées. Dans les deux cas, une personne consciente de porter en
elle un trésor qu’elle se doit de partager, prend les devants dans un dialogue
avec quelqu’un qu’elle ne connaît pas et qu’elle va sûrement déstabiliser par
ses questions. Or voilà souvent une occasion à ne pas manquer. Jésus a révélé à
la Samaritaine
des vérités qu’il n’a même pas partagées avec ses meilleurs amis. On serait
surpris de voir le bien que nous pouvons faire à de purs étrangers, en
engageant une discussion sur la foi, ainsi que le bien qu’on pourrait se ferait à soi-même en
agissant ainsi. Il est souvent plus facile de parler des choses de la foi avec
des étrangers qu’avec des membres de notre famille ou de notre entourage.
Si cela est vrai, pourquoi n’en profitons-nous pas?
Questions: Ai-je déjà consciemment et
volontairement posé des questions en rapport avec la foi à un pur étranger?
Ai-je déjà eu l’audace de faire réfléchir une personne rencontrée au hasard,
sur les vraies questions de la vie ou sur la question de la mort? Si ma réponse
à ces questions est négative, puis-je envisager que dorénavant je pourrais le
faire?
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