Le dimanche de la nouveauté
Le cinquième dimanche de Pâques de l’année C peut être qualifié de « dimanche de la nouveauté ». Il y a deux jours, j’ai commenté la deuxième lecture de la messe de ce dimanche, en m’arrêtant aux paroles que voici, tirées de l’Apocalypse de saint Jean : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
Dans l’évangile de ce dimanche,
Jésus nous dit :
« Je vous
donne un commandement nouveau: c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je
vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous
êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les
autres. » (Jn 13, 34-35)
Pourquoi
ce commandement est-il nouveau? Il est nouveau d’abord et avant tout parce que
Jésus ne l’avais jamais donné auparavant. Ma sainte préférée, sainte Thérèse de
l’Enfant-Jésus, m’a fait comprendre un jour pourquoi Jésus n’avait pas donné
son commandement nouveau avant la veille de sa mort. C’est quand même étonnant,
non? C’est son commandement à Lui, celui qui lui est le plus cher, et il attend la
veille de sa mort pour nous le donner. Jésus a donné beaucoup de commandements
durant sa vie publique: Tenez vos lampes
allumées; soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait; aimez vos
ennemis; faites du bien à ceux qui vous haïssent et vous persécutent, etc.
Tout cela, Jésus nous a invités à le faire dans les enseignements que nous
retrouvons dans les évangiles. Mais nous étions alors invités à vivre ces
commandements au mieux, de la meilleure façon possible.
Mais la
veille de sa mort, Jésus demande à ses apôtres de s’aimer les uns les autres
comme Lui les a aimés. Cela c’est nouveau. Jamais Jésus n’avait levé la barre
aussi haute en donnant un commandement; sauf, peut-être pour le commandement
suivant: « Soyez parfait comme votre
Père céleste est parfait ». Là aussi la barre est extrêmement haute,
mais on pourrait se donner comme excuse que personne n’a vu le Père. Comment
alors pouvoir l’imiter? Mais les apôtres ont vu pendant trois ans comment et à
quel point Jésus les a aimés. Et le geste du lavement des pieds que Jésus a
posé quelques minutes avant de donner son commandement nouveau, était un
condensé très fort et inoubliable de l’amour qu’il avait toujours manifesté
envers ses apôtres.
Thérèse
de l’Enfant-Jésus a dit un jour à Jésus: « Tu
sais très bien Jésus, qu’il m’est impossible d’aimer mes sœurs comme tu les aimes, à moins que Tu ne
viennes en moi pour les aimer à travers moi ». Or juste avant de donner son
commandement nouveau, Jésus s’est donné en nourriture aux apôtres; il a
institué l’Eucharistie. Il a trouvé le moyen de venir en nous pour nous
transformer en Lui, pour nous communiquer Son AMOUR. Maintenant, grâce au plus
grand des sacrements, nous pouvons aimer comme Lui nous aime, parce que c’est
Lui-même qui aimera à travers nous. Voilà pourquoi Jésus ne pouvait pas donner
son commandement nouveau avant le soir du Jeudi Saint.
Le
commandement de Jésus est nouveau aussi parce que chaque jour nous devons
entendre Jésus nous le chuchoter à l’oreille. Chaque jour nous devons entendre
ce commandement de la bouche de Jésus car chaque jour nous risquons d’offenser
quelqu’un ou d’être offensé par quelqu’un. De même que nous devrions prier le Notre Père à chaque jour pour demander
pardon à Dieu comme nous pardonnons aux autres, de même devrions-nous demander
à chaque jour à Jésus de nous chuchoter à l'oreille son commandement nouveau.
Car
nous avons tous l’expérience de ceci: c’est très souvent dans les
« communautés chrétiennes » que le commandement nouveau de Jésus est
le moins bien vécu. Quel mystère! Voilà un très grand mystère à mes yeux.
Comment se fait-il que dans nos paroisses, il y ait tellement de jalousies, de
médisances, de rancœur, de fermetures, de conflits, entre des personnes qui
viennent se nourrir régulièrement du Pain de Vie??? Comment cela se fait-il ???? Et cela, même les gens qui ne fréquentent pas
l’église, le savent. Presque tout le monde peut dire ceci: « Les chrétiens
qui fréquentent la messe le dimanche, ne sont pas meilleurs que nous. Nous les
entendons parler durant la semaine au bureau; nous voyons à quel point ils sont
critiques des autres, à quel point ils médisent, ils se fâchent facilement et
sont rancuniers. »
Jean
Vanier, qui est un des plus grands prophètes de notre temps, a écrit un livre
magnifique sur la vie en communauté. Le livre s’intitule: « La communauté,
lieu du pardon et de la fête ». Je trouve ce titre génial. Jean Vanier est
allé au cœur de la question en ce qui concerne la vie en commun. Il faut qu’à
chaque jour, à chaque heure du jour, nous soyons prêts à pardonner à qui nous
offense. Car l’offense est si facile et le pardon parfois si difficile. Mais si
nous apprenons à pardonner, et seul Jésus peut vraiment nous apprendre cela, la
fête s’ensuivra. Là où il y a pardon, il y a la fête, comme le montre si bien
la parabole du Père Miséricordieux,
autrefois appelée la parabole de l’enfant
prodigue (Lc 15, 11-32).
Jésus aurait aussi pu dire: « C’est
au manque d’amour que vous aurez les uns pour les autres, que les gens pourront
savoir que vous n’êtes pas mes disciples. »
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