lundi 14 décembre 2015

Mai 68: crise de puberté

Mai 68: crise de puberté
 
Chers amis, comme vous le savez, chacun lit les événements de sa propre vie et les événements de l’histoire avec ce qu’il est profondément.

Hier je regardais à la télévision l’émission québécoise intitulée « Second Regard ». Cette émission n’est certes pas le premier regard que l’on devrait porter sur les événements de l’actualité. Je donnerais pour ma part comme nom à cette émission: « Dernier Regard », car les propos qu’on y tient devraient souvent être entendus après un long cheminement intellectuel et spirituel, ce qui nous aiderait à percevoir leur incongruité.

L’animateur de l’émission M. Alain Crevier, interviewait hier M. Denys Arcand, fameux cinéaste québécois qui se dit très fier des baby-boomers (les baby boomers sont les personnes nées au Québec entre 1946 et 1965). Ils sont en grande partie les responsables de ce qu’on appelle au Québec la « révolution tranquille ». Les films les plus fameux de M. Arcand mettent d'ailleurs en vedette des personnages qui sont typiquement des "baby-boomers".  

M. Crevier interviewait M. Arcand sur son film intitulé Les invasions barbares. Le cinéaste disait qu’il a voulu montrer dans ce film quelle serait sa mort rêvée: mourir aux côtés d’une très belle femme, dans un endroit enchanteur, parmi ses amis. Dans le film, c’est ce qui produit: une jolie toxicomane injecte un poison mortel dans le bras du personnage principal du film, au bord d’un lac, en présence des amis les plus proches de celui qui reçoit la piqûre mortelle.

M. Crevier semblait très heureux d’interviewer ce « visionnaire » qu’est à ses yeux Denys Arcand. Je n’en suis pas revenu lorsque M. Crevier a dit au cinéaste que peut-être bien que c’est son film qui a influencé les politiciens à voter la loi sur l’euthanasie qui vient d’entrer en vigueur au Québec. Car, disait M. Crevier, le personnage principal meurt avec une telle sérénité, une telle tranquillité d’esprit. Je n'en revenais pas d'entendre de tels propos. J’avais envie de me lever de mon fauteuil et de crier à tue-tête: « M. CREVIER, C’EST UN FILM; C'EST UNE FICTION; CE N'EST PAS RÉÉL ».

Lors de cette interview, M. Arcand ne cessait d’affirmer que la pensée selon laquelle on ne devrait pas permettre à un être humain de décider du moment de sa mort, est une pensée « moyenâgeuse ». Ce fameux cinéaste québécois est tellement fier de vivre au sein d’un peuple qui s’est affranchi du « pouvoir religieux ».  Voilà sa vision.

Voici ma vision: la révolution tranquille au Québec, a été vécue un peu à la même époque que le fameux Mai 68. Le mois de mai 1968, est pour plusieurs le début d’un « temps nouveau » comme l’a écrit Stéphane Venne et l’a chanté Renée Claude en 1970 (voir la vidéo mise à la fin du présent blogue). Cette époque a certes été un temps d’émancipation. Mais ce temps d’émancipation, à mes yeux, est l’équivalent de la crise de puberté. C’est le Père Daniel Ange qui qualifie ainsi les événements de mai 68 (voir la vidéo ci-dessous à la huitième minute et vingt-troisième seconde: 8:23). Je trouve cette expression tellement savoureuse et exacte. Plusieurs de nos contemporains ont cru être passés finalement à l'âge adulte en mai 68, alors qu'en fait, ils ont vécu à cette époque une crise de puberté. Ils sont devenus des adolescents contestataires, rejetant les idées reçues et désireux de mener leur vie comme ils l'entendent et sans aucune contrainte. Nous savons bien que c'est là la caractéristique de l'adolescence. Personnellement, je rêve encore du jour où le Québec passera à l'âge adulte. La bande de "supposés adultes" que constituent les personnages du film Les Invasions Barbares (film que j'ai vu au cinéma, soit dit en passant), sont à mes yeux une "bande d'adolescents" qui continuent à fumer du " pot " autour d'un feu (allusion à une des scènes du film où les personnages fument de la marijuana autour d'un feu de camp en faisant des farces à caractère sexuel, remplies de jeux de mots dont l'auteur, M. Arcand, doit être très fier et dont les personnages du film manifestement se délectent). 

J'avoue avoir été  choqué quand, à plusieurs reprises durant l'interview, M. Denys Arcand a qualifié de « moyenâgeuse » la position selon laquelle il ne revient pas à l’être humain de décider du moment de sa mort. L’homme moderne se croit tellement supérieur à tous les êtres humains qui l’ont précédé! Il est vrai que sur le plan de la technologie, l’humanité ne cesse de faire de nouveaux progrès. Mais sur le plan spirituel, l’homme moderne a tendance à nettement régresser. Je sais bien que parler de « plan spirituel » ou de « niveau spirituel »,  ne fait pas beaucoup de sens pour les nombreux athées qui vivent en ce moment sur notre planète. Car si les athées peuvent admettre que l’être humain ait un « esprit », cet esprit, n’est pas du tout pour eux « spirituel »; il est plutôt « matériel » car selon eux, la personne humaine n'est constituée que de matière. Or toute matière humaine finira ultimement dans un trou; dans la noirceur d'un trou, selon les athées. Quant à moi, je crois que j'ai en moi une âme immatérielle et immortelle qui quittera mon corps à l'heure de ma mort, et que la matière qui constitue mon corps, ressuscitera au dernier jour, à la fin du monde, grâce à la Toute-Puissance de Dieu et à son AMOUR. 

Voici ce qui est étrange à mes yeux: les athées au Québec tout au moins, considèrent pour la plupart la religion comme étant un résidu « moyenâgeux ». Et l’adjectif « moyenâgeux » est souvent pour eux synonyme de « grande noirceur » (The Dark Ages). Mais la plus grande noirceur réside selon moi dans la pensée athée. Qu’y a-t-il de lumineux et d’enthousiasmant à croire que nous finirons tous un jour dans la noirceur d'un trou. Selon moi, il est juste de considérer les athées comme étant les adeptes, les partisans et les artisans de la « GRANDE NOIRCEUR ». Je sais et je crois pour ma part, que je me dirige vers la « LUMIÈRE » et que l’être humain n’est pas appelé ultimement à nourrir le sol, mais à jouir d'un bonheur éternel auprès de Dieu. Le Moyen-Âge a eu, comme toute époque, ses forces et ses faiblesses. Mais le fait qu'à cette époque, la grande majorité des gens croyaient en Dieu, est une force et une qualité que j'admire au plus au point, et que j'envie. Plus notre société deviendra athée et matérialiste (car les athées sont les matérialistes à l'extrême, puisqu'ils ne croient qu'en l'existence de la matière), plus elle conduira ses citoyens vers la noirceur, et plus elle les coupera de la joie. 

Je suis en train de lire le livre que M. Éric-Emmanuel Schmitt a écrit sur sa conversion survenue il y a de cela vingt-cinq ans. M. Schmitt était athée, et athée convaincu. Une nuit, dans le désert du Hoggar, Dieu est venu à sa rencontre et a complètement bouleversé sa vie. Depuis lors, Éric-Emmanuel Schmitt croit en Dieu « sans l’ombre d’un doute » (1). Au moment de sa conversion, Schmitt était en expédition dans le désert, en compagnie d’une dizaine de personnes guidées par un Touareg du nom d’Abayghur. Abayghur était musulman et se retirait quelques fois par jour pour prier sur son tapis. Schmitt l’incroyant, était fasciné par la personne d’Abayghur et éprouvait une très grande admiration pour ce guide. Tout en respectant la religion de ce Touareg, il se demandait ce qu’il pouvait bien dire à Dieu lors de ses temps de prière. Au lendemain de la conversion de l’écrivain, qui se produisit alors que Schmitt s’était perdu hors du camp, ce dernier préféra ne pas parler aux autres membres de l’expédition de ce qui lui était arrivé. Abayghur, rongé par l’inquiétude d’avoir perdu un membre de l’expédition et un ami, fut le premier à trouver Schmitt. Voici quelques lignes de La nuit de feu, alors que Schmitt est converti depuis peu:   

« Abayghur s’assura que j’étais assis sans risque de déraper, puis s’éloigna pour prier sur son tapis.
 Mon regard changeait sur son attitude. Je la comprenais. Écrasé au sol, Abayghur se soumettait à l’infini, se remettait à sa modeste place d’animal éphémère, se purifiait des mesquineries et fatuités humaines. Il rendait grâce. Il remerciait Dieu d’être en vie, Lui réclamant la force de se comporter toujours au mieux.
  Cette hygiène spirituelle, j’en éprouvais désormais le besoin. Et, pour la première fois, gêné, timide, je me mis à prier.
  Je ne savais pas comment faire… Alors, par réflexe d’imitation, je m’agenouillai et joignis mes paumes face au crépuscule. » (Éric-Emmanuel Schmitt, La nuit de feu, Albin Michel, 2015, p.163).

Pour moi, Éric-Emmanuel Schmitt est véritablement devenu un adulte ce jour-là. Car quoi qu’on puisse en penser ou en dire, l’homme n’est grand qu’à genou.  


Post scriptum: Une amie a réagi à ce blogue. Voici ce que je lui ai répondu: 



Chère Colette, la raison principale pour laquelle j'ai écrit ce blogue, c'est que je n'en peux plus d'entendre de vieux clichés du genre de celui qu'emploie M. Arcand selon lequel les personnes qui ont des convictions religieuses et qui guident leur vie selon ces convictions, sont des résidus du Moyen-Âge; autrement dit: des arriérés qui n'ont pas su évoluer. C'est là où, pour moi, le bât blesse.

Le père Daniel Ange - Son appel à l'âge de 12 ... - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=Ktn5sjvjxb8
3 mai 2012 - Ajouté par Un feu sur la terre
POUR VOIR LA VIDÉO EN ENTIER : http://www.youtube.com/watch?v=4hFuGQS4G-k Coproduction KTOTV ...

(1) Éric-Emmanuel Schmitt a affirmé croire en Dieu « sans l’ombre d’un doute » lors d'une interview qui a eu lieu à la Librairie Paulines à Montréal, le 20 novembre 2015. J'ai entendu de mes propres oreilles cette phrase très forte car j'étais sur les lieux ce soir-là.    


Interview de Denys Arcand par Alain Crevier: 

Épisode du dimanche 13 décembre 2015 - Radio-Canada.ca

ici.radio-canada.ca/.../second-regard/2015.../mort-euthanasie-deathcoffee...

ENTREVUE AVEC DENYS ARCAND. En 2003, Denys Arcand présentait au grand écran Les invasions barbares. Le film aborde une foule de sujets, notamment ...


Vidéo: Renée Claude chante " Le début d'un temps nouveau ": 

Renée Claude - Le début d'un temps nouveau - 1970 ...

https://www.youtube.com/watch?v=yKy3C172ztg

3 commentaires:

  1. Un texte à y réfléchir.. Tellement difficile de départager le bon du moins bon et les choix bien personnels pour chacun, considérant oui les énormes "avancées" médicales qui se veulent être "humaines" ...et disant respecter lesdits choix des personnes. N'insistons-nous pas trop sur ces avis médicaux judicieux?

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    1. Chère Colette, la raison principale pour laquelle j'ai écrit ce blogue, c'est que je n'en peux plus d'entendre de vieux clichés du genre de celui qu'emploie M. Arcand selon lequel les personnes qui ont des convictions religieuses et qui guident leur vie selon ces convictions, sont des résidus du Moyen-Âge; autrement dit: des arriérés qui n'ont pas su évoluer. C'est là où, pour moi, le bât blesse.

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    2. Je vous comprends bien, c'est vrai que ça devient lassant à la longue que de n'entendre et réentendre les mêmes propos redondants à outrance. Surtout de personnalités pouvant et tentant d'influencer selon leurs points de vue bien personnels.
      Soyez bien certain que j'ai apprécié votre texte et ce que vous y avez ajouté concernant Éric Emmanuel-Éric Schmitt.

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