Comment interpréter les Saintes Écritures?
Quiconque lit la Bible avec assiduité, se
trouve souvent devant le dilemme suivant: Comment
dois-je interpréter tel ou tel passage, car il semble contredire un autre
énoncé de la Bible ?
Voici un exemple tiré de l’expérience
humaine: il arrive parfois qu’une personne qui a reçu une grande faveur ou une
grande grâce de la part de Dieu, ait l’impression que cette faveur lui ait été
retirée à cause d’une infidélité qu’elle a commise. Ayant été infidèle au
cadeau que Dieu lui a fait, notre Père céleste le lui a enlevé. C'est ainsi que parfois on se sent en vivant ce genre d'expérience. Un passage de la Bible semble confirmer cela:
dans les évangiles, Jésus, constatant la dureté de cœur et la fermeture des
grands prêtres et des anciens de son époque, leur dit:
« Aussi, je vous le dis :
Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera
produire ses fruits. » (Mt 21, 43)
Le message semble clair: vous avez eu le
privilège d’être les premiers à croire en la Parole de Dieu et à bénéficier du Royaume de Dieu, mais puisque vous
refusez de correspondre à cette grâce, elle vous sera enlevée.
Voilà donc un passage qui semble
dire clairement qu’une grâce puisse nous être enlevée à cause de notre
infidélité.
Mais tout passage de la
Bible doit être éclairé et interprété par l’ensemble des Écritures Saintes. Il ne peut jamais
être interprété isolément. C’est l’ensemble des Écritures, et surtout du Nouveau
Testament, qui peut nous indiquer comment interpréter telle ou telle Parole de Dieu.
Or la Parole de Dieu nous révèle à plus d’une
reprise que Dieu ne retire pas les dons qu’Il nous fait.
Le passage de la Bible le plus beau, le plus
clair et le plus inspirant à ce sujet, est la parabole inventée par Jésus pour
nous faire comprendre quelle sorte de Père nous avons dans les cieux: la parabole
du Père Miséricordieux, autrefois
appelée la parabole du Fils prodigue (Lc
15, 11-32). Dans cette parabole, le fils cadet d’une famille, demande à son
père de lui donner à l’avance son héritage, car il semble juger que son père ne
meurt pas assez vite à son goût. Le père acquiesce à sa demande et lui donne la
somme d’argent désirée. Le jeune homme quitte la maison paternelle avec le butin et
va mener au loin une vie dissolue et de débauche. Quand il se trouve sans aucun
sou et obligé de travailler de façon servile pour gagner un peu d’argent, il
« entre en lui-même » et se dit que les ouvriers dans la maison de
son père, sont dans une situation bien meilleure que la sienne. Il se dit
alors: « Je vais retourner chez mon
père; je vais lui avouer que j’ai péché contre lui, et je lui demanderai de
bien vouloir m’accueillir et m’accepter comme un de ses ouvriers ».
Mais ce qu’il n’avait pas du tout soupçonné, c’est que son père n’accepterait
jamais une telle proposition. Dès son arrivée auprès de son père, et lorsqu'il fut embrassé tendrement, le jeune homme a compris très clairement que rien au monde ne
pourrait faire en sorte qu’il perde sa dignité de fils. Aucune faute, aucun
égarement, ne lui enlèvera la grâce d’être le fils d’un Père aussi
Miséricordieux.
On dit souvent que cette parabole
est la plus belle page de la
Bible , et en particulier des Évangiles. C’est sûrement vrai
en un sens, car aucune page de la
Bible ne nous donne une image aussi belle de notre Père du
ciel.
Par cette page magnifique, on
voit bien que Dieu ne veut absolument pas nous retirer ses dons.
Une phrase de saint Paul nous dit
en très peu de mots, la même chose: « Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans
repentance » (Rom 11, 29). Ces quelques mots de saint Paul
sont sans ambiguïté et on ne peut plus clairs: notre Dieu ne se repent jamais
de nous avoir donné une faveur ou une grâce, et il ne nous la reprendra jamais.
Saint Paul dit la même chose un
peu plus haut dans cette même Lettre aux Romains, au chapitre 9. L’apôtre des
nations témoigne du fait qu’il vit une douleur immense en constatant que ses
frères et sœurs de race rejette le Christ et le christianisme. Il dit qu’il
préférerait être lui-même condamné pourvu que les juifs acceptent le véritable
Messie: Jésus Christ. C’est alors que parlant de ses frères de race, il dit:
« J’ai dans le
cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Moi-même,
pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais être anathème, séparé du
Christ: ils sont en effet Israélites, ils ont l’adoption, la
gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu; ils ont les
patriarches, et c’est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus
de tout, Dieu béni pour les siècles. Amen. » (Rom 9, 2-5)
Dans ce
texte, saint Paul, devant le refus de ses frères et sœur de race d’accepter
Jésus comme Sauveur et Messie, ne dit pas qu’ils « avaient » pourtant pour eux
l’adoption, les alliances, les promesses, ect. Il
dit clairement qu’ils « ont » tout
cela. Ils l’ont encore, malgré leur refus.
De
plus, pour interpréter correctement la Parole de Dieu, nous les catholiques, nous avons
les saints et les saintes. Les saints ont une façon extraordinaire et bien à
eux de comprendre les Saintes Écritures
et de leur donner leur vrai sens. Ce n’est pas surprenant car les saints sont
remplis de l’Esprit Saint. Or c’est l’Esprit Saint qui est l’auteur des Saintes Écritures. Notre fondateur, le
Père Bruno Lantéri, n’est pas encore saint. Il est toutefois « Vénérable », c’est-à-dire qu’il a
franchi la première étape en vue de la canonisation: l’Église a reconnu
officiellement et publiquement que Bruno Lantéri a vécu les vertus chrétiennes
de façon exemplaire et héroïque. Quand l’Église
catholique déclare quelqu’un « Vénérable »,
elle proclame l’héroïcité de ses vertus.
Voici un texte admirable de notre
fondateur (le fondateur des Oblats de la Vierge Marie , dont je suis),
le Père Bruno Lantéri:
« Faisons-nous
une grande idée de la bonté de Dieu. Ne la mesurons pas d’après notre
petitesse, en nous imaginant qu’Il se lasse de notre instabilité, de notre
pauvreté, de nos oublis, et qu’Il désire se venger de nos péchés, nous enlever
son aide, nous refuser des grâces. Penser
ainsi ferait en sorte que nous n’oserions plus aller lui demander pardon quand
nous manquons à nos résolutions. Il n’est pas ainsi, notre bon Dieu. Dieu n’a
pas besoin de nous, si ce n’est pour exercer sa miséricorde. Attribuons à Dieu
ce qui lui appartient, c’est-à-dire, d’être bon, miséricordieux, plein de
compassion; d’être un père aimant qui nous relève, qui ne se fatigue jamais de
nous pardonner, et qui au contraire, se sent honoré et heureux quand nous
allons lui demander pardon. »
(Bruno
Lantéri, Carteggio,
volume 2, p. 126 ; la
traduction française est la mienne)
Dans une lettre écrite par le Père
Lantéri, et qui est parvenue jusqu’à nous, il reprend cette idée et nous dit
que le fait de penser que Dieu se lasse de nos fautes, et qu’à cause d’elles,
Il nous refuse son aide ou les grâces dont nous avons besoin, « est une abomination due à notre ignorance et constitue un
grand tort que nous faisons à Dieu, en le mesurant d’après notre petitesse ».
(Bruno Lantéri, Carteggio,
volume 2, p. 133 ; la
traduction française est la mienne) .
J’ai déjà partagé avec vous la grâce
insigne qu’a reçue un jour madame Georgette Blaquière (cette dame française
décédée il y a trois ans et que j’admire tant) et qui concerne précisément le thème que j’aborde
aujourd’hui. Madame Blaquière a compris dans ses tripes et dans tout son être,
que « les dons de Dieu sont sans
repentance », lors d’une expérience très forte qu’elle a faite un
jour, alors qu’elle croyait que Dieu lui avait retiré une grâce. Si vous n’avez
jamais lu ce témoignage, je vous conseille fortement d’en prendre connaissance,
en cliquant sur le lien suivant:
dieumajoie.blogspot.com/.../deces-de-madame-georgette-blaquiere.html
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