jeudi 24 décembre 2015

Comment interpréter les Saintes Écritures?

Comment interpréter les Saintes Écritures?
 
Quiconque lit la Bible avec assiduité, se trouve souvent devant le dilemme suivant: Comment dois-je interpréter tel ou tel passage, car il semble contredire un autre énoncé de la Bible?

Voici un exemple tiré de l’expérience humaine: il arrive parfois qu’une personne qui a reçu une grande faveur ou une grande grâce de la part de Dieu, ait l’impression que cette faveur lui ait été retirée à cause d’une infidélité qu’elle a commise. Ayant été infidèle au cadeau que Dieu lui a fait, notre Père céleste le lui a enlevé. C'est ainsi que parfois on se sent en vivant ce genre d'expérience. Un passage de la Bible semble confirmer cela: dans les évangiles, Jésus, constatant la dureté de cœur et la fermeture des grands prêtres et des anciens de son époque, leur dit:

« Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. » (Mt 21, 43)

Le message semble clair: vous avez eu le privilège d’être les premiers à croire en la Parole de Dieu et à bénéficier du Royaume de Dieu, mais puisque vous refusez de correspondre à cette grâce, elle vous sera enlevée.

Voilà donc un passage qui semble dire clairement qu’une grâce puisse nous être enlevée à cause de notre infidélité.

Mais tout passage de la Bible doit être éclairé et interprété par l’ensemble des Écritures Saintes. Il ne peut jamais être interprété isolément. C’est l’ensemble des Écritures, et surtout du Nouveau Testament, qui peut nous indiquer comment interpréter telle ou telle Parole de Dieu.

Or la Parole de Dieu nous révèle à plus d’une reprise que Dieu ne retire pas les dons qu’Il nous fait.

Le passage de la Bible le plus beau, le plus clair et le plus inspirant à ce sujet, est la parabole inventée par Jésus pour nous faire comprendre quelle sorte de Père nous avons dans les cieux: la parabole du Père Miséricordieux, autrefois appelée la parabole du Fils prodigue (Lc 15, 11-32). Dans cette parabole, le fils cadet d’une famille, demande à son père de lui donner à l’avance son héritage, car il semble juger que son père ne meurt pas assez vite à son goût. Le père acquiesce à sa demande et lui donne la somme d’argent désirée. Le jeune homme quitte la maison paternelle avec le butin et va mener au loin une vie dissolue et de débauche. Quand il se trouve sans aucun sou et obligé de travailler de façon servile pour gagner un peu d’argent, il « entre en lui-même » et se dit que les ouvriers dans la maison de son père, sont dans une situation bien meilleure que la sienne. Il se dit alors: « Je vais retourner chez mon père; je vais lui avouer que j’ai péché contre lui, et je lui demanderai de bien vouloir m’accueillir et m’accepter comme un de ses ouvriers ». Mais ce qu’il n’avait pas du tout soupçonné, c’est que son père n’accepterait jamais une telle proposition. Dès son arrivée auprès de son père, et lorsqu'il fut embrassé tendrement, le jeune homme a compris très clairement que rien au monde ne pourrait faire en sorte qu’il perde sa dignité de fils. Aucune faute, aucun égarement, ne lui enlèvera la grâce d’être le fils d’un Père aussi Miséricordieux.

On dit souvent que cette parabole est la plus belle page de la Bible, et en particulier des Évangiles. C’est sûrement vrai en un sens, car aucune page de la Bible ne nous donne une image aussi belle de notre Père du ciel.

Par cette page magnifique, on voit bien que Dieu ne veut absolument pas nous retirer ses dons.

Une phrase de saint Paul nous dit en très peu de mots, la même chose: « Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » (Rom 11, 29). Ces quelques mots de saint Paul sont sans ambiguïté et on ne peut plus clairs: notre Dieu ne se repent jamais de nous avoir donné une faveur ou une grâce, et il ne nous la reprendra jamais.

Saint Paul dit la même chose un peu plus haut dans cette même Lettre aux Romains, au chapitre 9. L’apôtre des nations témoigne du fait qu’il vit une douleur immense en constatant que ses frères et sœurs de race rejette le Christ et le christianisme. Il dit qu’il préférerait être lui-même condamné pourvu que les juifs acceptent le véritable Messie: Jésus Christ. C’est alors que parlant de ses frères de race, il dit:

« J’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Moi-même, pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais être anathème, séparé du Christ: ils sont en effet Israélites, ils ont l’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu; ils ont les patriarches, et c’est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles. Amen. » (Rom 9, 2-5)

Dans ce texte, saint Paul, devant le refus de ses frères et sœur de race d’accepter Jésus comme Sauveur et Messie, ne dit pas qu’ils « avaient » pourtant pour eux l’adoption, les alliances, les promesses, ect. Il dit clairement qu’ils « ont » tout cela. Ils l’ont encore, malgré leur refus.

De plus, pour interpréter correctement la Parole de Dieu, nous les catholiques, nous avons les saints et les saintes. Les saints ont une façon extraordinaire et bien à eux de comprendre les Saintes Écritures et de leur donner leur vrai sens. Ce n’est pas surprenant car les saints sont remplis de l’Esprit Saint. Or c’est l’Esprit Saint qui est l’auteur des Saintes Écritures. Notre fondateur, le Père Bruno Lantéri, n’est pas encore saint. Il est toutefois « Vénérable », c’est-à-dire qu’il a franchi la première étape en vue de la canonisation: l’Église a reconnu officiellement et publiquement que Bruno Lantéri a vécu les vertus chrétiennes de façon exemplaire et héroïque. Quand l’Église catholique déclare quelqu’un « Vénérable », elle proclame l’héroïcité de ses vertus.

Voici un texte admirable de notre fondateur (le fondateur des Oblats de la Vierge Marie, dont je suis), le Père Bruno Lantéri:

« Faisons-nous une grande idée de la bonté de Dieu. Ne la mesurons pas d’après notre petitesse, en nous imaginant qu’Il se lasse de notre instabilité, de notre pauvreté, de nos oublis, et qu’Il désire se venger de nos péchés, nous enlever son aide, nous refuser des grâces. Penser ainsi ferait en sorte que nous n’oserions plus aller lui demander pardon quand nous manquons à nos résolutions. Il n’est pas ainsi, notre bon Dieu. Dieu n’a pas besoin de nous, si ce n’est pour exercer sa miséricorde. Attribuons à Dieu ce qui lui appartient, c’est-à-dire, d’être bon, miséricordieux, plein de compassion; d’être un père aimant qui nous relève, qui ne se fatigue jamais de nous pardonner, et qui au contraire, se sent honoré et heureux quand nous allons lui demander pardon. »
(Bruno Lantéri, Carteggio, volume 2, p. 126 ; la traduction française est la mienne)

Dans une lettre écrite par le Père Lantéri, et qui est parvenue jusqu’à nous, il reprend cette idée et nous dit que le fait de penser que Dieu se lasse de nos fautes, et qu’à cause d’elles, Il nous refuse son aide ou les grâces dont nous avons besoin, « est une abomination due à notre ignorance et constitue un grand tort que nous faisons à Dieu, en le mesurant d’après notre petitesse ». (Bruno Lantéri, Carteggio, volume 2, p. 133 ; la traduction française est la mienne).

J’ai déjà partagé avec vous la grâce insigne qu’a reçue un jour madame Georgette Blaquière (cette dame française décédée il y a trois ans et que j’admire tant) et qui concerne précisément le thème que j’aborde aujourd’hui. Madame Blaquière a compris dans ses tripes et dans tout son être, que « les dons de Dieu sont sans repentance », lors d’une expérience très forte qu’elle a faite un jour, alors qu’elle croyait que Dieu lui avait retiré une grâce. Si vous n’avez jamais lu ce témoignage, je vous conseille fortement d’en prendre connaissance, en cliquant sur le lien suivant: 
dieumajoie.blogspot.com/.../deces-de-madame-georgette-blaquiere.html


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire