lundi 26 mai 2014

Sainte Marie de l'Incarnation

Sainte Marie de l’Incarnation
Marie de l'Incarnation

Introduction :

Chers amis,

L’année 2014 est une année exceptionnelle pour quiconque a le souci du Québec, de sa religion, de sa tradition et de sa culture. Nous sommes bénis de Dieu alors que nous célébrons le 350ème anniversaire de la première paroisse (et cathédrale) en Amérique du Nord. Depuis l’annonce des festivités en cours, nous avons eu droit à la première porte sainte en dehors de l’Europe, à un nouveau cardinal pour le Québec, et à deux nouveaux saints. Il faut vraiment que l’année 2014 soit exceptionnelle pour que Guy Simard, le casanier par excellence, organise un pèlerinage paroissial dans sa ville natale, pour permettre à ses paroissiens d’aller ensemble « traverser la porte sainte » et prier nos deux nouveaux saints sur leur tombeau respectif. Ce pèlerinage aura lieu samedi le 7 juin. En moins de deux semaines, l’autobus de 56 sièges était rempli, et je m’en réjouis. Les gens qui n’étaient pas de la paroisse, étaient mis sur une liste d’attente et ne pourront pas, malheureusement, venir avec nous.

J’ai mis à date plusieurs textes sur mon blogue, pour souligner l’année exceptionnelle que nous vivons. Mon dernier texte porte sur sainte Marie de l’Incarnation. J’ai consacré du temps à découvrir la riche personnalité de notre nouvelle sainte, dans le but de la mieux aimer et la mieux faire connaître. Voici pour vous, le fruit de mon travail.  

Comme l’a si bien écrit Jacques Gauthier, « Si François de Laval est considéré comme le père de l’Église canadienne, Marie de l’Incarnation en est la mère. » Et si on reprend cette analogie, il faut dire que la mère est venue avant le père. Marie de l’Incarnation arrive en Nouvelle France, en 1639, vingt ans avant Mgr de Laval. Samuel de Champlain ayant fondé la ville de Québec en 1608, nous sommes au tout début de la colonie, alors que tout était à faire. Il n’y avait que 250 colons, lorsque Marie de l'Incarnation arriva à Québec.

Marie Guyart est née à Tours, en France, le 28 octobre 1599. À sept ans, elle fait un rêve qu'elle n'oubliera jamais. Elle se voit dans une cour d'école, en train de jouer avec d'autres enfants. C'est alors que « levant les yeux au ciel, je vis les cieux s`ouvrir, et Notre Seigneur descendant vers moi sous une forme humaine. Le voyant je criai à mes camarades: « Voyez! C`est Notre Seigneur, et Il vient vers moi! » Quand cette très adorable Majesté m`approcha, je sentis mon cœur en-flammé par Son Amour. Je commen-çai à étendre mes bras pour l`embrasser, et Lui, avec un regard plein de douceur et très attirant, me prit dans ses bras et me donna un bai-ser avec un indescriptible amour et Il me dit: « Veux-tu être à Moi? »  Je répondis : « Oui! »

À l’âge de 14 ans, Marie confie à sa mère son désir d’entrer au couvent. Sa mère n’accorde pas trop d’importance à ce désir. Les parents de Marie lui trouvent plutôt un mari : Claude Martin, un commerçant en soierie. Le couple aura un enfant : Claude. À 19 ans, Marie devient veuve, après seulement deux ans de mariage. Marie liquide le commerce de son mari voué à la faillite et retourne chez son père. Pendant un an environ, pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de son fils, elle s’adonne à des travaux de broderie, art dans lequel elle excelle. Elle deviendra ensuite gérante de l’entreprise de transport de son beau-frère, ce qui lui vaudra une grande notoriété à Tours. En 1620, en la veille de la fête de l’Annonciation, Marie Guyart expérimente de façon très vive la miséricorde de Dieu; elle qualifiera cette journée de « jour de ma conversion ». En 1631, elle entre chez les Ursulines de Tours, où elle prend le nom de Marie de l’Incarnation. Elle confie son fils à sa sœur. 

Durant l’octave de Noël 1634, Marie fait un songe. Ce songe sera fondateur pour tout le reste de la vie de Marie de l'Incarnation. Il est intéressant de constater que ce songe a eu lieu durant l'octave de Noël, alors qu'on célèbre de façon solennelle l'Incarnation du Seigneur. Le nom que Marie Guyart a choisi (ou reçu) en entrant en religion, est intimement lié à sa mission. Tout est providentiellement lié dans la vie de Marie de l'Incarnation. Dans le songe qu'elle a fait, Marie s'est vue débarquer sur une terre inconnue. Elle a vu la Vierge Marie avec son Fils sur ses genoux, qui parlaient « d’un vaste pays plein de montagnes, de vallées et de brouillards épais, … un pays pitoyable et effroyable. » Un an plus tard, alors qu'elle est en adoration devant le Saint Sacrement, elle entend Dieu qui lui dit : « C’est le Canada que je t’ai fait voir; il faut que tu y ailles faire une maison à Jésus et à Marie. » Un peu plus tard, elle apprend que les Pères Jésuites la veulent au Canada, pour diriger une école de filles. Elle sent que Dieu l’appelle à cette mission, et demande à Saint-Joseph de l’aider, voyant en lui le « gardien de ce grand pays ». Elle s’embarque sur le Saint-Joseph, le 4 mai 1639, accompagnée de deux autres Ursulines, de quelques Augustines (Sœurs hospitalières) et de madame de la Peltrie, une bienfaitrice qui met ses richesses au profit de l’évangélisation. Voici ce qu’elle dit de la traversée de l’océan, qui dura trois mois : « Il y a tant à souffrir sur mer, pour des personnes de notre sexe et de notre condition, qu’il le faudrait expérimenter pour le croire. Pour moi, je pensai mourir de soif, parce que les eaux douces s’étaient gâtées dès la rade et que mon estomac ne pouvait supporter les boissons fortes. Je passai presque tout le voyage sans dormir, et cette insomnie était accompagnée d’un mal de tête d’une violence extrême. Cependant, je possédais une paix très grande, dans l’union de mon souverain et unique bien. »

À son arrivée à Québec, le premier août 1639, tout est à faire : construire un monastère pour les Ursulines, apprendre les langues amérindiennes, éduquer les jeunes filles amérindiennes et françaises, et rédiger des dictionnaires, des grammaires et des catéchismes en iroquois et en algonquin. Elle jouera un rôle de premier plan comme conseillère des habitants de Québec, à commencer par les Jésuites et les administrateurs de la colonie. Sa correspondance avec son fils Claude, qui deviendra Dominicain et qu’elle ne reverra jamais, est une aide précieuse pour connaître l’âme de Marie de l’Incarnation et la vie des premiers colons. À la demande de son fils, Marie de l’Incarnation a écrit son autobiographie, qui est un chef d’œuvre de la littérature mystique. Après avoir lu ce livre, Bossuet a déclaré que Marie de l’Incarnation était « la Thérèse du Nouveau Monde et de  notre temps ». 

Au dernier jour de l'année 1650, le feu détruisit le monastère des Ursulines. Devant l'ampleur de la tragédie, les Hurons craignirent de perdre les Ursulines. Le chef Taiearonk montra toute l'affection qu'il avait pour ces religieuses, en leur disant : « Courage, saintes filles, ne vous laissez pas vaincre par l’amour de vos parents, et faites voir aujourd’hui que l’affection que vous avez pour les pauvres sauvages est une charité céleste plus forte que les liens de la nature ». Marie de l'Incarnation et ses compagnes, rebâtirent le monastère. Tout comme nos martyrs canadiens, Marie de l'Incarnation eut beaucoup à souffrir de la part des Iroquois, qui tuèrent ses amis et connaissances. 

La spiritualité de Marie de l'Incarnation est très bien exprimée dans les extraits suivants, tirés de lettres écrites à son fils Claude: 

« Dieu ne m’a jamais conduite par un esprit de crainte, mais par celui de l’amour et de la confiance.

Je suis beaucoup plus imparfaite que vous, mais pourquoi tant hésiter à nous perdre en Celui qui nous veut nettoyer et qui le fera si nous nous perdons en lui par une amoureuse et hardie confiance. Les petits font de petits présents ; mais un Dieu divinise ses enfants et leur donne des qualités conformes à cette haute dignité. C’est pour cela que je me plais plus à l’aimer et à le caresser, qu’à me tant arrêter à considérer mes bassesses et mes indignités.

Mais que ferez-vous dans l’impuissance où vous êtes de suivre Dieu et d’imiter sa perfection ? Pour moi, quand je me vois dans cette impuissance, je tâche de me perdre en lui, et si mon cœur en a le pouvoir, il traite avec lui familièrement  …  Pour vous parler ingénument, ma vie est d’entretenir continuellement ce commerce  … »


Marie de l’Incarnation meurt le 30 avril 1672. Un des plus beaux éloges que nous ayons de la nouvelle sainte, est la lettre qu’écrivit Mgr François de Laval, à Dom Claude Martin (le fils de Marie de l’Incarnation), le 12 novembre 1677, dont voici un extrait :

« Nous tenons à bénédiction particulière la connaissance qu’il a plu à Dieu nous en donner [de Marie de l’Incarnation], l’ayant soumise à notre conduite pastorale, et le témoignage que nous en pouvons rendre est qu’elle était ornée de toutes les vertus dans un degré très éminent, surtout d’un don d’oraison si élevée et d’une union à Dieu si parfaite qu’elle conservait sa présence parmi les différentes occupations où sa vocation l’engageait et au milieu de l’embarras des affaires les plus difficiles et les plus distrayantes. Elle était tellement morte à elle-même et Jésus-Christ la possédait si pleinement que l’on peut assurément dire d’elle, comme de l’Apôtre, qu’elle ne vivait pas, mais Jésus-Christ en elle, et qu’elle ne vivait et n’agissait que par Jésus-Christ. Dieu l’ayant choisie pour donner commencement à l’établissement des Ursulines en Canada, lui avait donné la plénitude de l’esprit de son Institut. C’était une parfaite supérieure, une excellente maîtresse des novices ; elle était capable de tous les emplois de la religion. Sa vie, commune à l’extérieur mais très régulière et animée d’un intérieur tout divin, était une règle vivante à toute sa communauté. Son zèle pour le salut des âmes et surtout pour la conversion des sauvages était si grand et si étendu qu’il semblait qu’elle les portait tous en son cœur, et nous ne doutons point qu’elle n’ait beaucoup contribué par ses prières à obtenir de Dieu les bénédictions qu’il a répandues sur cette Eglise naissante. »

En l’honneur de l’éducatrice exceptionnelle que fut Marie de l’Incarnation, le gouvernement du Québec, en 1989, a donné à l’édifice qui abrite le ministère de l’éducation du Québec, le nom de: « édifice Marie-Guyart » (auparavant, cet édifice portait le nom de « Complexe G »). Une statue de Marie de l’Incarnation a été mise sur la façade du parlement de Québec en 1969. Cette statue, ainsi que celles de Marguerite Bourgeoys et de Paul de Chomedey de Maisonneuve, sont les dernières statues à avoir été placées sur  la façade du parlement.


Sculpture (Marie de l'Incarnation). Statue. Vue avant / Christian Lemire 2006, © Ministère de la Culture et des Communications
Sculpture (Marie de l'Incarnation). 
Statue. Vue avant / Christian Lemire 
Parlement de Québec

Sainte Marie de l'Incarnation - ECDQ.tv

www.ecdq.tv/fr/videos/95f8d9901ca8878e291552f001f676923 avr. 2014
À l'occasion de la récente canonisation de Marie de l'Incarnation, nous vous invitons à ...

Dans la vidéo mise ci-dessous et intitulée " Conférences N-D: ", Sœur Louise Gosselin, o.s.u., supérieure générale des Ursulines, s’exprime ainsi : « Qu’est-ce qui motive Marie de l’Incarnation, qu’est-ce qu’elle cherche à faire? Comment comprend-elle sa mission? Un  refrain de Robert Lebel  le propose à sa manière, et j’invite mes sœurs Ursulines à l’entonner en ce moment-ci : « En ce pays » 

« En ce pays
Qui est le mien
Je voudrais tant porter ton Nom! »

Les paroles du chant " En ce pays ", sont inspirées des écrits de Marie de l'Incarnation

Pour entendre le chant, veuillez cliquer sur le lien suivant: 

EN CE PAYS - YouTube

www.youtube.com/watch?v=2Tfe4bcESBY27 juin 2008 - 6 min - Ajouté par RUAHensemblemusical
Robert Lebel by Jacques Gagne 12,652 views; Thumbnail 6:25 ... Ce pays que j' aime 1 ...

Voici les paroles du chant : 

En ce pays

Au centre de mon âme,
Il est un air si doux...
Comme une douce flamme,
Un tendre rendez-vous,
Comme un parfum suave
Qui vient je ne sais d'où,
Un chant de mariage
Appelant les époux!

Et mon cœur se repose
Quand il se perd en toi
Ne cherchant d'autre chose
Que de goûter ta joie.
Pour moi, ni la topaze,
Ni l'or n'ont plus d'éclat!
Ni même ces extases
Qui jalonnent mes croix.

En ce pays
Qui est le mien
Je voudrais tant porter ton Nom!

Et c'est bien toi que j'aime
Quand j'aime ces enfants!
Leur détresse inhumaine
M'atteint... en te blessant;
Qu'elle soit blanche ou indienne,
Qu'importe! Elle est ton sang...
Qui coule dans leurs veines
Et souffre en même temps.

Ouvriers d'Évangile,
Inlassables semeurs,
Comme il est difficile
D'être le grain qui meurt!
Je ne saurais vous dire
Combien souvent mon cœur
S'absente pour vous suivre
Et devient voyageur.

Mon âme sans frontière
Élargit sa maison
Depuis ce coin de terre
Jusqu'aux quatre horizons.
Comme voix de tonnerre
Qui roule sur les monts,
Mes oeuvres et ma prière
Sont l'écho de ton Nom!

Conférences N-D : Marie de l'Incarnation - ECDQ.tv

www.ecdq.tv/fr/videos/7501e5d4da87ac39d782741cd794002d15 mars 2010
Marie de l'Incarnation : un amour qui ne meurt pas » : conférence par soeur Louise Gosselin, o ...


Marie de l'incarnation lettre à son fils - YouTube

www.youtube.com/watch?v=cpeAgZIBYVg7 févr. 2013 - 9 min - Ajouté par Lorraine Richard
Marie de l'Incarnation écrit à son fils pour lui raconter le tremblement de terre de 1663.


Premières religieuses ursulines avec des étudiantes indiennes, à Québec / Batchelor, Lawrence R. - vers 1931 / <A onclick="window.open(this.href); return false;" href="http://collectionscanada.gc.ca">Bibliothèque et Archives Canada</A> - Domaine public
Premières religieuses ursulines avec 
des étudiantes indiennes, à Québec /
 Batchelor, Lawrence R. - vers 1931 /

1 commentaire:

  1. Excellent et essentiel article sur l'histoire de notre patrimoine culturel et religieux, pour la survie d'un Québec francophone et vivant.

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