vendredi 9 mai 2014

Le Père Lantéri et la mansuétude de Jésus

Le Père Lantéri et la mansuétude de Jésus

Fr Pio Bruno Lanteri

Chers amis, dans trois jours, le 12 mai, cela fera 255 ans que le Père Bruno Lantéri, fondateur de notre Congrégation religieuse (les Oblats de la Vierge Marie) est né. Bruno Lantéri est né le 12 mai 1759, à Cunéo, en Italie. Je profite du fait que nous célébrerons dans quelques jours l’anniversaire de naissance de Bruno Lantéri, pour vous faire connaître un peu son cœur.

Je viens tout juste de traduire un texte du Père Lantéri sur la mansuétude de Jésus. Jésus a dit un jour cette phrase très forte et très inspirante : « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). C’est la seule fois, dans tout l’évangile, que Jésus qualifie son cœur. Il semble que Jésus veuille avant tout que nous sachions et que nous croyions qu’Il est doux et humble de cœur.

Il est intéressant de voir comment on traduisait certains passages de la Bible, il y a de cela 250 ans. Les connaissances bibliques ont fait des progrès énormes depuis ce temps. Lorsque le Père Lantéri montre à quel point Jésus était plein de douceur envers des personnes qui, d’un point de vue purement humain, auraient normalement dû recevoir des reproches, j’ai jugé bon de mettre entre parenthèses les références bibliques dont parle notre fondateur, et de traduire certaines citations qu’il a mises en latin. J’aime particulièrement la façon dont le Père Lantéri décrit l’attitude de Jésus envers la pécheresse rencontrée chez Simon le pharisien. Le Père Lantéri a souvent abordé la mansuétude de Jésus dans ses écrits; et ce n’est pas sans raison. Le défaut particulier et personnel du Père Lantéri (car chacun de nous a normalement un défaut particulier qu’il doit combattre toute sa vie) était le manque de patience et de douceur. Toute sa vie, Bruno Lantéri a cherché à devenir doux et patient, comme l'est le Bon Pasteur.  

Considérations du Père Lantéri sur la mansuétude de Jésus :

« Il semble que Jésus nous ait tout dit, en nous disant qu’Il ne s’attend de notre part à nulle autre imitation que celle d’être doux comme Lui. Cela devrait nous suffire. Nous connaissons maintenant la leçon la plus importante. Nous devons par conséquent la mettre en pratique, d’autant plus que pour nous faciliter la chose, Jésus a voulu nous l’enseigner par son exemple. Je vous en ferai donc aujourd’hui le portrait, d’après ce que disent les évangiles, pour que nous puissions plus facilement devenir une copie de Jésus. Et je vous démontrerai, si j’en suis capable, comment la vie de Jésus fut tout entière douceur inaltérable, douceur victorieuse, douceur à toute épreuve.

Déjà les prophètes avaient dépeint quels seraient les traits de notre Maître, bien avant qu’Il ne se rende visible. Isaïe disait que son allure n’aurait rien de triste et de mélancolique, que ses manières n’auraient rien de dur ni d’austère, que sa voix ne serait pas criarde, mais qu’au contraire notre Roi et notre Maître se présenterait doux et pacifique, comme un agneau qui n’ouvre pas la bouche devant celui qui le tond ; que sa voix se ferait à peine entendre, que son pas serait si doux et ses déplacements si mesurés, qu’Il serait capable de poser le pied sur un roseau sec sans achever de le rompre, ou sur de la braise sans en éteindre le feu. Salomon disait que sa manière de converser avec les gens n’aurait rien d’âpre ou d’amer, rien d’ennuyeux ou de rebutant, et qu’il répandrait partout un air de mansuétude, de douceur et de joie.

Pour se faire une idée juste du doux portrait de Jésus, il convient de l’examiner de plus près. Ses regards avaient quelque chose de si singulier que même sans parler, Il réussissait par eux, à toucher les cœurs qu’Il voulait et à leur communiquer l’amour, la douleur, la conversion qu’Il désirait. À preuve de quoi, je ne donnerai que l’exemple de saint Pierre. Saint Pierre le renie, non pas une seule fois, mais trois fois et en jurant. On pourrait penser que Jésus aurait dû lui faire quelque vif reproche pour le réveiller et le faire se raviser; mais non, Jésus n’avait pas besoin de cela. Quiconque a compris la douceur pénétrante des regards de Jésus, sait très bien qu’un seul de ceux-ci suffisait pour transpercer le cœur de Pierre, l’instruire et lui faire expérimenter une douleur salutaire. Et de fait, Jésus n’avait pas encore regardé Pierre, que celui-ci, à l’instant même, ouvre les yeux et se confond, sort de la salle et pleure amèrement son manquement. Conversus Dominus respexit Petrum et egressus foras, Petrus flevit amare (Jésus se retournant, regarda Pierre qui sortit et pleura amèrement) (1).   

Quelle joie cela aurait été pour nous, si nous avions eu la chance, chers amis, d’entendre Jésus développer avec tant de grâce, la belle parabole du Bon Pasteur, auquel Il se comparait, afin que nous comprenions que son infinie bonté ne pouvait pas aller plus loin que de ramener sur ses épaules la brebis perdue. Ou encore la parabole du Fils progigue par laquelle Il voulait que tout le monde sache que sa douceur ne pouvait pas être vaincue par tous les désordres de cette vie ; et quand il nous invitait tous à apprendre de Lui à être doux et humble de cœur, pour que tous comprennent bien que la qualité par laquelle il voulait être distingué, était cette même douceur. Et quand Il déclarait être notre ami, notre frère et notre époux.

Mais que dire des discours de Jésus, alors que ses reproches étaient à ce point remplis d’onction, qu’ils auraient ramolli les cœurs les plus durs. Il parle à une femme prise en flagrant délit d’adultère, et que pensez-vous du fait qu’Il ne lui dise que ceci : « Femme, personne te condamne ? Eh bien, moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais, ne pèche plus » (Jn 8, 2-11). Marie Madeleine va se jeter à ses pieds dans la maison d’un pharisien, mais Jésus, bien loin de gronder cette pauvre pécheresse, devient au contraire son avocat, et entreprend de la défendre jusqu’à faire son panégyrique (Lc 7, 36-50). Il n’ignorait pas les désordres de la Samaritaine ; et pourtant, avec quelle affabilité, avec quelle habilité Jésus réussit à s’infiltrer dans son esprit et à gagner son cœur! (Jn 4, 1-42). Je dirais encore plus : Judas le traître l’embrasse ; et la prodigieuse douceur de Jésus fait en sorte qu’Il le supporte et qu’Il le qualifie encore une fois d’ami ; et pour seul reproche Il ne lui dira que ceci : « Amice, ad quid venisti ? (« Ami, pourquoi es-tu ici ? » Mt 26,50) Ah ! chers amis, dites-moi si la douceur de Jésus pouvait aller plus loin, et si l’esprit humain peut faire autre chose que de s’émerveiller devant  tant de douceur et de mansuétude? »

(1) Luc 22, 61-62: « et le Seigneur, se retournant, fixa son regard sur Pierre. Et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur, qui lui avait dit :« Avant que le coq ait chanté aujourd'hui, tu m'auras renié trois fois. Et, sortant dehors, il pleura amèrement ». Je suis très touché de constater que notre fondateur, le Père Lantéri, pour parler de la mansuétude de Jésus, consacre tout un paragraphe à l'événement historique qui m'impressionne le plus: le regard qu'a posé Jésus sur l'apôtre Pierre, immédiatement après que ce dernier l'eut renié trois fois. Ce passage des évangiles fait l'objet de ce que j'appelle mon testament spirituel. Si vous n'avez jamais entendu ni vu mon testament spirituel, je vous prie de prendre une quinzaine de minutes de votre temps et de regarder la vidéo suivante: 

Les Yeux de l'Amour - YouTube

www.youtube.com/watch?v=C4hTSQkji7o8 nov. 2012 - 15 min - Ajouté par Guy Simard
Ce que vous allez voir, est la chose la plus importante que je laisserai en ce monde. De tout ce ...

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