Quarante jours mis à l’épreuve par le démon
À chaque année, nous commençons les dimanches du Carême par le récit des tentations de Jésus au désert : Jésus tenté par le diable, par le démon. Cette année, nous lisons l’évangile de saint Luc. L’évangile de ce premier dimanche du Carême commence ainsi :
« Après son baptême, Jésus, rempli de l’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain; il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon. » (Lc 4, 1-2)
Le temps le plus fort de l’année pour les chrétiens, commence sous le signe de la lutte, du combat. L’antienne du bréviaire qui ouvre nos journées dit ceci : « Les yeux fixés sur Jésus Christ, entrons dans le combat de Dieu. ». Voilà ce que nous sommes invités à faire durant le carême : fixer les yeux sur Jésus pour apprendre de Lui à lutter. Saint Luc nous dit que cette lutte, elle est voulue par Dieu. C’est l’Esprit Saint reçu par Jésus le jour de son baptême, qui conduit notre Sauveur au désert pour qu’Il soit tenté par le diable, nous dira clairement saint Mathieu (Mt 4, 1). Avouez comme moi, qu’il n’est pas à la mode de parler du diable. Mais depuis quand, dites-moi, le chrétien est-il appelé a s’ajuster à la mode du temps? Dieu et son Église veulent que tous les enfants de Dieu entendent parler aujourd’hui de leur ennemi numéro un. Car lorsqu’on engage un combat, il faut d’abord, minimalement, connaître son adversaire. Or notre adversaire numéro un, chers amis, ce ne sont pas les journalistes athées qui se plaisent à nous décrier et à se moquer de nous; ce ne sont pas les vendeurs de drogue qui avilissent notre jeunesse; ce ne sont pas les mafieux qui tuent à volonté et détournent d’immenses sommes d’argent. Non, notre adversaire numéro un est celui qui inspire tous ces gens, et qui, malheureusement, essaie d’inspirer chacun et chacune de nous. Et qui plus est, cet ennemi est invisible et tout près de nous.
Notre adversaire numéro un, c’est le « diabolos », mot grec qui signifie « le diviseur ». L’évangile de Luc a été écrit en grec. Le mot grec que Luc a utilisé aujourd’hui est « diabolos » qu’on a traduit par « tentateur » dans le texte liturgique de ce dimanche. Ce n’est pas mauvais. En tout cas, c’est mieux que « diable », selon moi. Car diable, dans la culture actuelle, nous renvoie à un être cornu muni d’une fourche. Le « diabolos » n’a pas de corne et n’a pas de fourche. Toutefois, à côté de lui, nous ne sommes pas de taille; à côté de lui, nous ne faisons pas le poids. S’il n’y avait que lui et nous à être engagés dans le combat, la lutte serait de très courte durée et très inégale. Nous ne pouvons vaincre cet ange des ténèbres que si nous nous tenons en compagnie de notre Sauveur bien-aimé, Jésus Christ. Si nous gardons les yeux et le cœur fixés sur Jésus Christ, nous n’avons rien à craindre de l’Adversaire. Voilà le nom que je préfère donner, pour ma part, au « diabolos » : « l’Adversaire ». L’Adversaire avec un grand « A », car tous nos autres adversaires ne sont rien en comparaison de lui.
J’aime beaucoup le nom que Jésus donne au « diabolos » dans les évangiles. Jésus l’appelle : « le père du mensonge »:
" Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. Il était homicide dès le commencement et n'était pas établi dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui : quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu'il est menteur et père du mensonge." (Jn 8, 44)
Voilà vraiment ce qu’il est : le menteur numéro un. Dès les premières pages de la Bible, l’Adversaire est présenté comme le spécialiste du mensonge. Alors que Dieu avait permis de manger de tous les arbres du jardin, sauf un, l’Adversaire s’approche de la femme et lui dit : « Alors, Dieu vous a dit de ne manger d’aucun arbre du jardin » (Gn 3,1) C’est ainsi qu’une Bible qui fait autorité dans le milieu anglophone, traduit la phrase de l’Adversaire. Et je crois que cette traduction est la bonne. La femme répond alors que non; ils peuvent manger de tous les arbres, sauf un. Et elle ajoute que d'après les dires de Dieu, si elle et Adam mangent de cet arbre, ils mourront. Et l’Adversaire de répondre : « Pas du tout » (Gn 3, 4) Deux phrases dites par l’Adversaire, et ce sont deux mensonges. Les trois petits mots « pas du tout » sont d’une concision et d’une finesse psychologique extraordinaires. Combien de fois j’ai entendu l’Adversaire me souffler à l’oreille ces trois courts mots avec une gentillesse hypocrite, comme s’il voulait mon bien! Et combien de fois, je suis tombé dans le panneau, dans le piège! Le récit du premier péché est un des textes de la Bible les plus beaux selon moi, et les plus forts. La personne qui a écrit ce récit plusieurs siècles avant la venue de Jésus, devait être très intelligente, et elle en savait plus sur la condition humaine, que la majorité de nos romanciers actuels, fussent-ils les meilleurs et les auteurs de " best sellers ".
Chers amis, si nous voulons vivre un bon Carême et remporter le bon combat de la foi, gardons les yeux fixés sur Jésus Christ, notre bien aimé Sauveur.
Bon Carême; bonne lutte !
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