Peut-on causer de la peine à Dieu?
Voilà toute une question, n’est-ce pas? Il y a deux jours, nous avons vécu en paroisse, le premier pardon (c’est ainsi que nous nommons dans les environs la première fois que les enfants de nos parcours de vie chrétienne, s’approchent du sacrement de la réconciliation). La catéchète a posé cette question aux enfants : « Peut-on faire de la peine à Dieu? » C’est moi qui avais suggéré à la catéchète de poser cette question. La réponse donnée par un enfant fut : « Oui ». On dit souvent que la vérité sort de la bouche des enfants; je crois pour ma part, que cette réponse est conforme à la réalité et que de fait, nous pouvons attrister Dieu, causer de la peine à Dieu. Mais je sais très bien que cette prise de position de ma part peut causer problème théologiquement. Si Dieu est dans la gloire et, comme on le dit souvent, dans une joie indicible et infinie, comment peut-il souffrir de quoi que ce soit? Et nous entendons souvent les gens dire : « À quoi cela servirait-il aux saints et aux saintes qui sont actuellement dans la gloire du ciel (et parmi eux il y a sûrement de nos parents et amis) de pouvoir encore souffrir? Ce serait un non-sens; ou bien ils sont dans la béatitude éternelle, ou bien ils ne le sont pas. » J’avoue que c’est tout un problème; tellement un problème, que les gens ne semblent pas vouloir en parler. C’est presque un sujet tabou. Cela fait longtemps que je me bats avec ce problème, pour ainsi dire, et que je cherche des gens qui peuvent m’éclairer sur le sujet. Je sais que le Père François Varillon, jésuite, soutient que Dieu le Père souffre, qu’il y a de la souffrance en Dieu. Je pense que l’abbé Maurice Zundel, avant lui, aurait soutenu la même thèse. Je viens de voir sur l’internet, que l’abbé Pierre Descouvemont a écrit un livre récemment sur ce sujet, intitulé : « Dieu souffre-t-il? » Bravo cher abbé Descouvemont d’avoir eu le courage d’écrire un lire sur ce sujet! J’espère lire ce livre prochainement.
Lorsque j’étais jeune, Julien Clerc chantait: " Ça fait pleurer le bon Dieu ". Dans cette chanson, Julien Clerc se demande pourquoi les enfants pleurent souvent, et ce qui les fait pleurer. Il cite alors les paysans qui disent aux enfants de ne pas pleurer car cela fait pleurer le bon Dieu de les voir si tristes. Vers la fin de la chanson, il dit: " Depuis bien sûr j’ai appris que l’bon Dieu ne pleurait pas … du moins pas aussi souvent, pas aussi souvent qu'on croit " (1). Les paroles de cette chanson traduisent le fait qu’on imagine assez mal Dieu le Père en train de souffrir de quelque peine que ce soit. Et pourtant j’ai personnellement la conviction qu’on peut attrister Dieu. Puisqu’un blogue a pour but, normalement, de permettre une interaction entre les lecteurs et le blogueur, je vous invite chaleureusement à participer à la discussion.
Pour moi, résoudre une telle question est presque essentiel à une vie spirituelle intense. C’est ma conviction, pour le moment en tout cas. Ne dit-on pas que le péché, dans son essence, est une offense faite à Dieu? Voilà pourquoi il ne faut absolument pas enlever le mot « péché » du vocabulaire chrétien. Je peux difficilement imaginer que quelqu’un puisse être « offensé » en ne ressentant absolument rien. Pour moi, la solution de ce problème se trouve dans la réflexion de l’abbé Maurice Zundel, ce prêtre extraordinaire, cet extraordinaire visionnaire. Maurice Zundel a été mis à l’écart de son ministère pour un certain temps, par jalousie (selon moi) de ses confrères prêtres, et, aussi, probablement, pour ses opinions théologiques jugées un peu trop dérangeantes. Le pape Paul VI a contribué grandement à réhabiliter l’abbé Zundel, en l’invitant â prêcher sa retraite du Carême au Vatican. Or, Maurice Zundel nous dit que Dieu est essentiellement une Personne. Voici un texte admirable de Zundel à ce sujet :
« On a presque toujours enseigné la religion du dehors, comme une chose qui s’apprend par cœur, comme 2 et 2 font 4. Et on a ainsi rendu impossible le dialogue avec Dieu, parce que Dieu est apparu simplement comme une chose à connaître et non pas comme une Personne dans l’intimité de laquelle on entre.
On ne peut pas imaginer la catastrophe de cette manière de traiter les choses divines. J’en ai entendu de ces raisonnements sur la causalité divine !
Dieu est la Cause Première – voilà ce type de raisonnement effroyable – Dieu est la Cause Première, c’est-à-dire que Dieu est l’Auteur de tout, absolument tout. Et, parce qu’il est la Cause Première, Il ne peut rien recevoir de personne, car s’Il pouvait recevoir quelque chose de quelqu’un, c’est qu’il lui manquerait quelque chose. Il ne serait pas complet. Il ne serait pas la Cause Première. Donc, la Joie de Dieu vient de Dieu seul. Sa Joie est parfaite. Elle est tellement parfaite que rien ne peut la troubler, car si quelque chose pouvait la troubler, il ne serait pas la Cause Première. Par conséquent, la damnation des damnés ne Lui fait absolument rien, car si elle pouvait atteindre Sa Joie, Il ne serait pas la Cause Première. Par conséquent la joie des élus ne Lui fait absolument rien, car si la joie des élus pouvait ajouter un atome à son Bonheur, Il ne serait pas la Cause Première. Par conséquent, non seulement Il ne reçoit rien de personne, non seulement l’univers entier reçoit tout de Lui, mais tout ce qu’Il fait, Il le fait pour Lui-même, Il le fait pour sa Gloire, non pas pour nous, mais pour Sa Gloire, car s’Il le faisait en définitive pour nous, c’est nous qui deviendrions la Fin de Dieu. Il n’aurait pas Sa fin en lui-même, Il ne serait pas la Cause première.
Voilà des raisonnements que l’on entend dans les auditoires de théologie à Rome, de la part de gens les plus savants. … Et c’est cela que l’on colporte dans les catéchismes, finalement, c’est cela que l’on dit dans des sermons et on demande ensuite aux gens d’aimer Dieu, de se décarcasser pour Dieu, de donner leur vie pour Dieu, alors qu’à Dieu ça ne fait rien du tout, puisqu’Il est la Cause Première et qu’Il ne peut rien recevoir de personne.
C’est qu’on a oublié, justement, que Dieu est au suprême degré une Personne, que Dieu est au suprême degré une Intimité, que Dieu est au suprême degré un Amour, que Dieu est au suprême degré un Cœur et que, pour Le reconnaître, il faut d’abord entrer ave Lui dans ce dialogue d’amour qui permet seul d’entrer dans l’intimité d’une personne. » (Maurice Zundel, Je parlerai à ton cœur, Éditions Anne Sigier, 1990, pp. 70-80)
Et pourquoi Jésus est-il venu sur terre? N’est-ce pas avant tout pour nous dire quelle sorte de Père nous avons dans le ciel? Et qu’est-ce que Jésus nous révèle de notre Père des cieux, surtout dans les trois paraboles de la miséricorde que l’on retrouve en saint Luc, au chapitre 15?
(1) Veuillez noter que dans la vidéo, ci-dessous, on perd l'image pendant quelques secondes (de la 20ème à la 32ème seconde) mais l'image revient après un certain temps.
(1) Veuillez noter que dans la vidéo, ci-dessous, on perd l'image pendant quelques secondes (de la 20ème à la 32ème seconde) mais l'image revient après un certain temps.
Julien Clerc "ça fait pleurer le Bon Dieu" - Vidéo Ina.fr | |
www.ina.fr/video/I0426414927 Feb 2013 - 3 min Sur le plateau de l'émission, Julien CLERC chante "ça fait pleurer le Bon Dieu" une chanson ... |
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