dimanche 14 juillet 2024

Cardinal Vanhoye, maître spirituel

 Cardinal Vanhoye, maître spirituel 

Cardinal Albert Vanhoye 1923 - 2021

Le cardinal Albert Vanhoye, que j'ai connu lors de mes années passées à Rome, est un véritable maître spirituel. Il n'était pas cardinal à l'époque où j'étais dans la ville éternelle. Il est un spécialiste de la Bible. Voici, ci-dessous quelques informations sur sa vie, glanées sur le site Aletéia :    

"Les jésuites ont annoncé ce jeudi 29 juillet le décès du plus âgé des cardinaux, le Français Albert Vanhoye à l' âge de 98 ans. Il étNé en 1923 à Hazebrouck, près de Lille, le Français entre dans la Compagnie de Jésus le 11 septembre 1941, en pleine guerre. Son arrivée au noviciat se révèle tout particulièrement marquante puisqu’il traverse la France entière à pieds pour rejoindre un séminaire situé dans les Landes, franchissant clandestinement la ligne de démarcation entre la zone occupée et la zone libre.

Après des études de lettres classiques en France, puis de philosophie et de théologie à Enghien (Belgique), il est ordonné prêtre le 25 juillet 1954. Envoyé à Rome en 1956, il obtient un doctorat en Écriture Sainte à l’Institut Biblique Pontifical. Après un bref passage en France, il revient à Rome pour enseigner.

De retour à l’Institut biblique pontifical, il y sera doyen de faculté de 1969 à 1975, puis recteur de 1984 à 1990. Ce spécialiste de l’exégèse de la Lettre aux Hébreux dirigera pas moins de 28 thèses de doctorat sur ce thème ainsi que sur différents thèmes de la théologie paulinienne...

Alors à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger ne cesse de faire appel à lui dès qu’un texte pontifical mentionne l’Écriture.

En 2006, il est créé cardinal par le pape Benoît XVI à l’âge de 83 ans. Le pape allemand lui remet ce titre "en considération des services [qu’il a] rendus à l’Église avec une fidélité exemplaire et un dévouement admirable". Aux yeux du 265e pape, le Français est l’un des plus grands exégètes qu’il ait connus." (1)

Je suis en train de lire le magnifique livre publié en 2008 et intitulé : Pietro e Paulo Esercizi spirituali biblici (Pierre et Paul Exercices spirituels bibliques) (2). Ce "livre" en réalité n'est pas un livre mais une retraite d'Exercices spirituels que le Père Vanhoye, sj, a prêchée à divers groupes. Des gens ayant suivi cette retraite, l'ont enregistrée et à l'aide des enregistrements, ont mis par écrit tous les enseignements. Le cardinal Vanhoye a été très reconnaissant envers ces personnes. Quel travail. en effet ! Le "livre" n'a malheureusement jamais été traduit. Il est pourant une mine d'or aux points de vue bibliques et théologiques. 

J'ai déjà écrit un blogue sur certaines pages de ce livre le mois dernier à l'occasion de la solennité des saints Pierre et Paul. Mes yeux ce jour-là se sont posés providentiellement sur un livre que j'ai acheté alors que j'étais à Rome et qui était dans ma bibliothèque. J'ai sorti ce livre de la bibliothèque et j'ai commencé à le lire (3). Depuis ce temps, je le lis à chaque matin au déjeuner et je le savoure. Je traduirai pour vous quelques pages de ce livre dans les semaines à venir car il s'agit d'une véritable petite mine d'or. 

Pourquoi aimer notre Père des cieux ?

Cette question que je viens de poser, peut sembler un peu étrange. Le cardinal Vanhoye ne se pose pas cette question dans le livre mais ce qu'il nous enseigne nous aide à répondre à cette question. Une telle question peut sembler étrange mais elle n'est pas sans raison. Nous aimons tous, je pense, notre Père du ciel. Mais il est aussi vrai que nous avons souvent tendance à aimer davantage Jésus qui nous est plus proche et plus familier grâce à son humanité. Jésus a dit : "Qui m'a vu, a vu le Père" (Jn 14, 9). Nous savons cela mais le fait demeure que nous avons plus de difficulté, normalement, à aimer le Père qu'à aimer Jésus son fils. 

Le livre du Père Vanhoye (j'emploie le mot Père parce qu'au moment de la parution du livre, il n'était pas cardinal) m'a donné une raison supplémentaire d'aimer notre Père des cieux. Ce livre m'a appris une vérité que je ne connaissais pas jusqu'à maintenant. 

Voici ce que dit le Père Vanhoye au début du chapitre 3 du livre, chapitre intitulé : La vocation de saint Paul :

"Dans l'histoire des débuts de l'Église, la vocation de saint Paul est un événement de première importance. En même temps que l'aspect de vocation, cet événement présente aussi l'aspect de la conversion. L'aspect de vocation est premier, parce qu'il exprime plus directement l'intervention divine: Dieu a "appelé" Paul. La parole "conversion" au contraire exprime une action de la personne humaine qui se tourne vers Dieu." (p. 31)

Le Père Vanhoye nous dit que "Dieu a "appelé" Paul". Cela je l'ai toujours su. Mais quelle Personne divine a appelé Paul ? Avant de lire ce livre, j'aurais répondu que c'est Jésus notre Seigneur qui a appelé Paul sur le chemin de Damas. Or le livre me révèle que c'est toujours Dieu le Père qui "appelle". Cela est nouveau pour moi et me fait aimer encore davantage notre Père des cieux. 

Le Père Vanhoye donne de belles et grandes preuves de cela dans le livre. Il nous dit que lorsqu'on lit les récits de l'appel de Paul dans les Actes des apôtres écrits par saint Luc, nous pouvons avoir l'impression que c'est Jésus qui a appelé Paul. Mais Paul lui-même ne dit jamais cela. 

"Le Dieu de nos pères est à l'origine de la vocation de Paul. Saint Paul prend toujours cette perspective, soit pour parler de sa propre vocation, soit pour parler de la vocation de d'autres personnes; "vocation", nous le savons bien, signifie "appel" (vocare, en latin veut dire "appeler") ; l'action d'appeler est toujours référée à Dieu dans les lettres de Paul, excepté dans un seul texte, où il signifie "inviter quelqu'un à dîner" (1 Co 10, 27). À l'exception de ce cas unique, quand Paul utilise le verbe "appeler", le sujet est toujours Dieu lui-même. À propos du Christ, Paul dit parfois qu'il lui a donné une mission mais il ne dit jamais que le Christ lui a donné sa vocation. Paul parle de sa vocation dans la Lettre aux Galates au chapitre 1, versets 15 et suivants, en disant: " Quand celui qui m'a mis à part dès le sein de ma mère et m'a appelé. au moyen de sa grâce, s'est plu à révéler son Fils en moi afin que je l'annonce au milieu des nations, aussitôt, sans consulter...". Il est clair dans ce texte que l'expression "Celui qui m'a appelé" désigne Dieu le Père, puisqu'il dit après qu'il "révéla son Fils"." (pp. 39-40) 

Je profite de cette citation pour montrer à quel point les personnes qui ont fait des études bibliques et qui, par conséquent ont appris le grec et l'hébreu, ont un net avantage sur nous les pauvres profanes en ce qui concerne la connaissance de la Bible. Dans le livre, le Père Vanhoye insiste pour dire que les Bibles dans la plupart des cas ne traduisent pas bien un petit mot dans le passage de la Lettre aux Galates que nous venons de citer :

"En parlant de la révélation du Fils, Paul utilise une construction grammaticale inattendue: il ne dit pas "Dieu s'est complu de me révéler son Fils, comme il serait naturel de dire, mais il dit "révéler en moi son Fils". Souvent les traducteurs trouvent que cette expression ne va pas bien. et par conséquent ils la reportent à l'expression plus spontanée qui est "me révéler". Mais cela n'est pas exact... Nous devons respecter le texte et chercher à approfondir ce que veut dire Paul quand il dit "révéler en moi". L'expression signifie une action intérieure. L'action divine de révélation est intérieure, même si l'événement a également un aspect extérieur; la vocation en effet, ne doit pas se concevoir comme une mesure administrative de la part de Dieu, comme si Dieu se contentait d'assigner une fonction à telle ou telle personne, mais c'est une grâce personnelle intime, laquelle rend ensuite possible une mission tournée vers d'autres personnes. La mission en effet, doit être un témoignage, ce n'est pas seulement la transmission d'une chose extérieure, mais bien plutôt un témoignage qui surgit d'une expérience personnelle profonde. Il y a une grande différence entre la communication extérieure d'un fait qui s'est produit et l'annonce apostolique de la foi chrétienne." (pp. 45-46) 

Ce que le Père Vanhoye dit de la vocation de Paul, est vrai aussi de toute vocation chrétienne. Dieu notre Père a appelé chaque baptisé à vivre une relation extraordinaire et filiale avec Dieu. Quelle grâce nous avons reçue de la part de notre Père des cieux en recevant le baptême ! Saint Paul dit: "Nous le savons bien, frères aimés de Dieu, que vous avez été élus par lui" (1 Th 1, 4).

On comprend très bien l'estime et l'admiration que le pape Benoît XVI avait pour le cardinal Alberte Vanhoye. 

Provided to YouTube by Les Éditions PontBriand Dieu nous appelle · Robert Lebel Je t'ai cherché longtemps ℗ 2006 Les Éditions Pontbriand ...
YouTube · Robert Lebel - Topic · 20 mars 2021

Dieu nous appelle (Robert Lebel) 

Pareil au vent que l'on ne voit jamais 
Et qui pourtant fait chanter nos forêts 
Le Dieu vivant se laisse découvrir 
Et nous pressentir l'Éternité 

Dieu nous appelle 
Dieu nous attend 
Allons à sa rencontre 
C'est lui le Dieu vivant!

Et c'est en vain 
Qu'on veut le remplacer 
Par des chemins 
D'étranges libertés 
Qui n'offrent rien 
Que des semblants d'amour 
Dont on revient toujours 
Le cœur blessé.

Et c'est en vain 
Qu'on cherche le bonheur 
Dans tous ces biens 
Qui laissent un vide au cœur, 
Car notre faim 
Ne trouve pas en eux 
Le pain qui rend heureux 
Il vient d'ailleurs.



(2) 


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