Homélie 25ème dimanche, année C
Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous interpelle sur notre
rapport à l’argent. La Parole de Dieu vient nous interroger et nous
interpeller.
Tout le monde est d’accord pour
dire que la société nord-américaine est malade. Et une des raisons de cela,
c’est le fait que nous sommes engagés dans un système capitaliste effréné,
c’est-à-dire sans frein et sans limite. Cela tout le monde le sait, tout le
monde en convient, mais très peu de personnes en tirent des conséquences pratiques
pour le concret de leur vie. Voilà qui est très étrange, n’est-ce pas? Dans une
société, il existe des consensus très clairs sur une situation donnée qui est
inacceptable, et la majorité des gens demeure
silencieuse et ne fait rien. La fameuse « majorité silencieuse », est un fait que tout le monde connaît
et c’est un fait que tout le monde semble accepter comme une nécessité On
semble se dire: « C’est comme ça,
c’est comme ça. On ne peut rien y changer. Surtout pas moi. Que puis-je faire
pour changer cela? »
Voilà l’erreur. L’erreur, c’est
de penser qu’on ne peut rien changer. Et cette erreur, dans le fond, elle fait
notre affaire; elle s’accorde très bien avec notre paresse. Au fond, nous somme paresseux; nous sommes foncièrement
paresseux. On préfère ne pas bouger. Plutôt que de bouger; on préfère subir; on
préfère ne rien faire, plutôt que d’être agent de changement. Or tout cela, il
faut que ça change.
Je pense que beaucoup de
catholiques ne réalisent pas la chance qu’ils ont de croire en Dieu et de
pouvoir venir à chaque semaine, se ressourcer en Dieu. Dieu à chaque semaine,
essaie de nous réveiller, de nous stimuler, de nous pousser à l’action. « La Parole de Dieu est vivante et efficace »,
nous dit la Lettre
aux Hébreux (He 4, 12). Est-ce qu’elle est vivante et efficace en moi, la Parole de Dieu?
La première lecture d’aujourd’hui
est tirée du prophète Amos, un des prophètes les plus dynamiques, pour ne pas
dire « dynamite ». Amos, c’est une bonde de doctrine sociale.
Il se scandalise des riches marchands qui n’ont jamais assez d’argent et qui
trouvent que Dieu est dans leur chemin, que Dieu les empêche de faire de
l’argent avec son fameux sabbat, son fameux jour de repos. Le sabbat est
pour l’homme, dit Jésus, pas l’homme pour le sabbat. Le sabbat, c’est un
cadeau extraordinaire pour permettre aux gens de se détendre, d’avoir du temps
pour eux. Et la société veut nous faire croire que le sabbat, ce n’est pas bon,
que le jour du Seigneur est un obstacle à la vie en société. On est gouverné
par des principes trompeurs, que l’on avale sans y penser, tout en sachant
souvent qu’ils sont nocifs pour notre santé morale, psychologique et
spirituelle. Comme nous sommes bizarres, n’est-ce pas ???
Amos dit aux gens de son époque:
vous dites: « Quand est-ce que ce
fameux sabbat va être terminé, que nous puissions écouler notre marchandise? »
Je me souviens du jour, il y a de cela une quarantaine d’années où la pharmacie Jean Coutu faisait un sondage
pour savoir si nous désirions que la pharmacie demeure ouverte le dimanche. J’avais
répondu « non » car je
sentais que le repos du Jour du Seigneur
était par le fait même mis en danger. Il y a toujours une pharmacie qui est
ouverte dans un quartier, pour les urgences. Il n’est pas du tout nécessaire
que toutes les pharmacies soient ouvertes le dimanche. Je ne connais pas le
résultat du sondage qui a eu lieu ce jour-là, mais je sais que très peu de
temps plus tard, la quasi majorité des magasins ouvraient leurs portes le
dimanche, soit-disant pour aider le monde, mais je suis loin d’être certain que
le monde s’en trouve mieux. Certaines personnes disent qu’elles n’ont que le
dimanche pour faire leurs emplettes. Si c’est vrai, il y a là aussi un
problème. Normalement, les gens devraient avoir 48 heures de repos par semaine;
par repos, j’entends « absence de
travail rémunéré ».
J’ai fait une très belle
rencontre il y a de cela huit jours. J’ai déjà témoigné de cette rencontre à
deux reprises sur mon blogue. J’ai rencontré le 10 septembre dernier, Mme
Clothilde Fortier, qui est agente de pastorale à la Paroisse St-Paul l’Ermite. Elle a témoigné au Catéchuménat
de Montréal, de la façon dont on prépare les jeunes adultes à la
confirmation, dans leur paroisse. Une des recommandations que fait Mme Fortier,
c’est de permettre aux jeunes adultes de faire des « prises de conscience ». Elle leur demande de faire l’exercice
suivant: durant la semaine qui vient,
posez un geste dans votre entourage, qui va faire en sorte que le monde autour
de vous sera meilleur. Et dites-moi, la semaine prochaine, ce que vous aurez
fait dans ce but. Mme Fortier nous a raconté le fait suivant. Une jeune
adulte qui travaille en garderie et qui suit le parcours pour la confirmation,
a raconté ceci au groupe: cette semaine, à la garderie, il y avait un enfant
qui n’arrêtait pas de pleurer. Nous ne savions que faire. Je me suis dit en
moi-même: « Je vais prendre l’enfant
dans mes bras et je vais le bercer comme si c’était Jésus. » Elle a
pris l’enfant dans ses bras et elle l’a bercé en pensant qu’elle tenait Jésus
dans ses bras. Or l’enfant a arrêté de pleurer. Cette expérience est vraiment très
belle. Elle montre comment on peut mettre notre foi en action dans notre milieu
de vie et comment, de fait, on peut changer des choses dans notre entourage; on
peut faire une différence. C’est ce genre d’expérience, ce genre de prise de
conscience que je nous souhaite de vivre cette semaine. Vous pouvez tous rendre
le monde autour de vous plus beau, plus dynamique, plus vivant, plus aimant.
Que la Vierge Marie , la grande
porteuse de Vie par excellence, nous
accompagne sur ce chemin.
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