Réflexions sur le Carême 2016
Chers amis,
Je vous
souhaite un très beau Carême. Ce Carême 2016 est très spécial à mes yeux. Il
est vraiment une bénédiction de Dieu. L’année que nous vivons est tout
simplement extraordinaire. Ce Jubilé de la Miséricorde voulu
par notre cher pape François, est un événement unique dans l’histoire de
l’Église. À ma connaissance, jamais l’Église n’a vécu une telle année de grâce,
une année qui a un tel focus, une telle finalité: connaître en profondeur la
première Personne de la Sainte Trinité ,
en ce qu’Elle a de plus beau, de plus grand, de plus mystérieux: sa MISÉRICORDE INFINIE.
Laissons-nous attirer par le Père, en cette année de grâce. Demandons-Lui
d’expérimenter au plus profond de nous sa MISÉRICORDE. Si nous voulons toucher
les autres, il faut absolument se laisser toucher par Dieu. J’ai mis ces
jours-ci sur mon blogue un merveilleux texte de Charles Péguy sur la Sainte Vierge. Péguy dit ceci,
en parlant de la Vierge Marie :
« À celle qui
est infiniment touchante. Parce qu’aussi elle est infiniment touchée ».
Le premier jour du
Carême, le Mercredi des Cendres, à
chaque année, Jésus nous invite à nous tourner ver le Père. Jésus nous invite à
faire
dans le secret des actes de miséricorde (désignés par le mot: aumône), des actes de piété (désignés par le mot: prière) et des actes de pénitence (désignés
par le mot: jeûne).
« Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la
trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les
synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen,
je vous le déclare: ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand
tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton
aumône reste dans le secret; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand vous
priez, ne soyez pas comme les hypocrites: ils aiment à se tenir debout dans les
synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient.
Amen, je vous le déclare: ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand
tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton
Père qui est présent dans le secret; ton Père qui voit dans le secret te le
rendra. » (Mt 6, 2-6)
Pourquoi faire ces
choses dans le secret? Certainement par humilité. Mais aussi et surtout pour
nous habituer à vivre chaque instant de nos vies sous le regard de Dieu, et non
pas des hommes. Tout ce que je fais, Dieu le voit. Dieu le Père est un papa qui
veille continuellement sur ses enfants et qui les regarde avec amour. Non
seulement Dieu voit tout ce que je fais, mais tout ce que je fais de bien, sera
récompensé par Lui. C’est une façon pour Lui, de me manifester son Amour, sa
Bonté et sa Bienveillance. C’est très rare, à mon humble avis, que nous osons
aujourd’hui penser à notre relation à Dieu en termes de récompense. On insiste beaucoup aujourd’hui sur le fait qu’on doive servir
Dieu en toute gratuité, sans rien exiger en retour. C'est vrai, et c'est très beau. Mais Dieu nous dit dans sa Parole, qu'il récompensera toutes nos bonnes actions. On ne peut pas empêche Dieu de donner et de se donner. Nous savons très bien
qu’une personne qui aime beaucoup donner aux autres, mais qui a beaucoup de
difficulté à recevoir, a un problème. Et ce problème a certainement comme cause
l’orgueil. L’orgueil dans la
Bible consiste précisément dans le fait de ne pas recevoir de
Dieu, mais de faire à notre tête, selon nos caprices et nos instincts. Tel fut
l’origine du tout premier péché. Durant notre vie, nous devons apprendre à donner, mais nous devons aussi apprendre à recevoir.
La Parole de Dieu et la vie chrétienne, sont
pleines de paradoxe, de choses qui ne semblent pas devoir aller ensemble. Saint
Paul parle souvent de façon paradoxale: il se considère comme celui qui, parmi
les apôtres, a travaillé le plus fort dans la vigne du Seigneur, et aussi comme
le dernier des apôtres.
Il est vrai qu’il est
beau de travailler gratuitement pour Dieu, de ne rien désirer en retour. Mais
il est beau aussi de considérer notre Père du ciel comme quelqu’un qui veut
sans cesse nous faire du bien, nous donner des cadeaux. Quel père terrestre
n’aime pas donner des cadeaux à ses enfants? Jésus dirait probablement :
« Combien plus votre Père céleste … »
Jésus aujourd’hui nous
invite à la joie, à la joie de savoir que notre Père du ciel voit toutes nos
bonnes actions et qu’Il les récompense toutes. Comment? Lui seul le sait.
« Celui
qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits
en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis: non, il ne perdra pas sa
récompense. » (Mt 10, 42)
Dans l’évangile du
début Carême, Jésus ne nous invite pas à la gratuité, mais à faire les choses à
la vue de Dieu seulement, et non à la vue des hommes. Quand nous faisons le
bien, nous sommes souvent heureux, je pense, d’être vus des hommes, d’être vus
par d’autres. Nous ne sommes peut-être pas tous comme les gens dont parle Jésus
dans l’évangile que nous commentons en ce moment, et qui faisaient tout, semble-t-il, pour
être vus des autres. Mais il nous arrive à nous aussi, je pense, d’agir un peu
dans le but d’être vus par autrui. Si je fais le bien pour être vu des autres
et que de fait, les autres me voient faire le bien, alors mon but est atteint;
j’ai eu ma récompense, comme le dit si bien Jésus. Je travaillais pour un but
et j’ai atteint ce but.
Or Jésus nous invite à
la foi et à l’espérance. Il ne nous dit pas comment notre Père du ciel nous
récompensera, ni quand Il nous récompensera. Il nous dit simplement qu’il le
fera: « Ton père voit
ce que tu fais en secret : Il te le revaudra. »
Ce qui est intéressant
ici, c’est que Jésus ne nous dit pas quand le Père va nous récompenser. Souvent
Jésus nous invite à espérer « au
bout », comme on dit, car Il nous invite à attendre la récompense à la
fin des temps. Ça c’est loin; ça c’est exigeant. Ça ça demande de l’espérance.
Plus la récompense est éloignée, plus il nous faut d’espérance:
« Heureux êtes-vous si
l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte
de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez
dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux! C’est ainsi
qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. » (Mt 5, 11-12)
Mais dans l’évangile que nous commentons en ce moment, Jésus ne nous
dit pas quand notre Père du ciel nous le rendra. Nous sommes donc tout à fait
en droit d’espérer qu’Il nous fera bientôt un cadeau.
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