Le Dieu des sorties (2)
En ce deuxième dimanche du
Carême, comme à chaque année, l’Église nous propose de méditer sur la Transfiguration de
Jésus. La transfiguration, c’est essentiellement la divinité de Jésus présente
au plus profond de lui, qui se laisse voir au grand jour. La lumière divine du
Verbe éternel, cachée durant plus de trente ans, jaillit pendant quelques
instants de l’être profond de Jésus et irradie tout son corps, au grand
étonnement des trois témoins privilégiés que sont Pierre, Jacques et Jean.
Le message que j’en tire
aujourd’hui est celui-ci: Dieu veut, de tout temps se manifester. Il choisit
des occasions pour le faire. Et il nous demande à nous, de coopérer à cela. Le
pape François ne cesse de nous dire que notre Dieu est un Dieu qui sort, qui se
manifeste à l’extérieur; et que les chrétiens ont pour mission de manifester
Jésus, de le rendre présent au monde. Aujourd’hui, la première lecture de la
messe commence ainsi: « Le Seigneur
parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir … » Voilà la
vie chrétienne résumée en son essence: le chrétien est celui ou celle qui vit
une intimité avec Jésus, qui parle et dialogue avec Lui, et qui ensuite sort.
En notre paroisse, c’est le
message que le Seigneur ne cesse de vouloir nous faire comprendre depuis plus
d’un an: nous devons résolument nous tourner vers l’évangélisation.
L’évangélisation, c’est porter Jésus aux autres.
Le premier et le plus efficace
des moyens de porter Jésus aux autres, c’est de permettre à Jésus d’être vu par
plusieurs. Et ce moyen, c’est l’adoration eucharistique. Si nous voulons que
Jésus se manifeste, il faut commencer par le sortir du tabernacle et le montrer
au monde. Il faut donner la chance aux chrétiens de venir voir Jésus
directement, sans intermédiaire. Ce qui ressemble le plus à Jésus transfiguré sur la montagne, c'est Jésus présent dans l'Eucharistie. Jésus est là avec son corps glorieux et lumineux. Nous avons un trésor caché dans le tabernacle
et nous ne le sortons presque jamais. Si l’Église permet que le Saint-Sacrement
soit conservé dans un endroit précis qui se nomme le tabernacle, c’est d’abord
et avant tout pour que les personnes malades qui ne peuvent pas se déplacer,
puissent recevoir chez eux le Corps et le Sang de Jésus, leur Sauveur. Mais la
deuxième raison pour laquelle l’Église demande de conserver l’Eucharistie, c’est pour permettre l’adoration eucharistique.
Je viens de lire la courte
autobiographie d’un prêtre de Montréal, l’abbé Gilbert Chabot, décédé le 28 décembre dernier, à l'âge de 85 ans. Gilbert Chabot
était policier avant de devenir prêtre. Vous pouvez lire cette courte
autobiographie sur l’internet, gratuitement en PDF. J’ai mis le lien au bas du
présent blogue (1).
Aux pages 23 et 24, Gilbert Chabot raconte qu’une fois devenu prêtre, il a été
nommé vicaire dans la paroisse Saint-Georges, à Montréal. Le curé lui a dit que
puisqu’il avait été policier, il pourrait peut-être faire quelque chose pour un
de ses paroissiens qui est policier et qui ne s'est pas confessé depuis
cinquante ans. L’abbé Chabot se rendit plusieurs fois auprès de son confrère
policier et il l’a souvent invité à recevoir le sacrement de la réconciliation.
Mais à chaque fois, le policier a refusé catégoriquement. Jusqu’au jour où le
policier tomba gravement malade et s’approchait de la mort. L’épouse de ce
policier savait que son mari était à l’article de la mort et elle a téléphoné à
l’abbé Chabot pour que celui-ci lui puisse venir le confesser. L’abbé Chabot répondit
à cette femme que c’était peine perdue; qu’il avait essayé en vain plusieurs
fois. Mais la dame a tellement insisté que l’abbé Chabot, fâché, a accepté de
se rendre au chevet du policier mourant. Mais cette fois-là, il s’est dit que
ce serait la bonne fois. Il est alors allé au tabernacle pour chercher
l’Eucharistie. Il a mis une hostie dans une custode et s'est rendu auprès du
mourant. Il essaya de nouveau en vain de convaincre le policier de se
confesser, en lui laissant entendre qu’il n’avait plus grand temps à vivre.
Mais le policier rétorqua qu’il n’était pas si malade que cela. Alors l’abbé
Chabot dit au policier que s’il refusait aujourd’hui son invitation, c’est
Jésus Lui-même qu’il refusait puisque Jésus était là avec eux dans cette pièce.
L’abbé Chabot sort alors la custode de sa poche, l’ouvre, et montre l'hostie au policier.
En l’espace de quelques secondes, le policier accepte de se confesser. Et
l’abbé Chabot de dire: j’ai tout essayé pendant des mois pour que ce policier se confesse et il
a suffi d’un regard posé sur l'Eucharistie pour que le policier accepte de
se confesser. Voilà ce qui se passe lorsqu’on donne aux gens l’occasion de
voir, de regarder et contempler le Seigneur de gloire, le Seigneur Ressuscité,
dans le sacrement de son Amour qu’est l’Eucharistie.
La conclusion de cette histoire
est celle-ci: Quand allons-nous nous décider à sortir Jésus de son tabernacle,
pour le montrer aux gens, aux personnes qui ont le droit de venir passer du
temps avec Lui?
Dans sa courte autobiographie, l’abbé
Chabot nous révèle que c’est devant le Saint-Sacrement exposé qu’il a senti
l’appel à devenir prêtre. Cette fois-ci, je vais citer mot à mot l’abbé
Chabot:
« Les Quarante-Heures mises à part, les hommes se réunissaient à la basilique Notre-Dame dans la chapelle du Sacré-Cœur de Jésus. À tous les jeudis soirs, c’était le ralliement central. Tous les hommes étaient là, et moi aussi j’y étais bien fidèlement. C’est un jeudi soir, dansla Chapelle du Sacré-Cœur de
Jésus où assis avec des confrères dans le dernier banc, j’attendais l’aumônier.
Le prêtre s’est amené, a posé Jésus dans
l’Ostensoir et au moment même où il L’a placé dans l’Ostensoir: Il m’a vu et je L’ai vu! « Par ta
lumière, nous voyons la lumière » (Ps 36, 10). Il m’a saisi radicalement.
Je me suis écroulé sur mon banc et j’ai pleuré comme un enfant. Imaginez la
scène, un policier qui s’écroule sur son banc et pleure entouré d’hommes. Tous
se demandent: Que se passe-t-il? Est-il malade? Que lui arrive-t-il? Je n’ai
jamais oublié cette saisie du Christ et c’est à cet instant précis que j’ai
compris intérieurement et d’une façon éternelle que le Christ est vivant, que
le Christ est agissant, que Jésus est là comme nulle part ailleurs, en même
temps j’ai compris par une grâce intérieure, ceci: PRÊTRE.
« Les Quarante-Heures mises à part, les hommes se réunissaient à la basilique Notre-Dame dans la chapelle du Sacré-Cœur de Jésus. À tous les jeudis soirs, c’était le ralliement central. Tous les hommes étaient là, et moi aussi j’y étais bien fidèlement. C’est un jeudi soir, dans
Comprendre
cela, c’est assez pour vous assommer. Vous restez là, sans être capable de
bouger. Cette emprise du Christ a duré presque une journée et demie. Après la
cérémonie, les gens me parlaient, j’entendais bien ce qu’ils me disaient mais
je ne comprenais pas. Je n’étais pas là, je ne saisissais rien.
À la
suite de cette rencontre, ma mère à la maison me trouvait bien distrait. Elle
me disait: « Je te parle, tu ne réponds pas. » C’est seulement le lendemain
après-midi que j’ai fini par revenir sur terre, que les personnes, les choses
ont repris de leur consistance. » (pp. 16
et 17)
Abbé Gilbert Chabot 1930 - 2015
Dans
deux semaines environ, ce seront les vingt-quatre heures pour le Seigneur,
demandées par le pape François. C’est la troisième année qu’il nous demande
cela. Le vendredi 4 mars, nous serons invités à garder l’église ouverte durant
vingt-quatre heures, pour permettre aux gens de venir prier le Seigneur. Nous
en profiterons pour vivre l’adoration perpétuelle dans la chapelle que nous
avons inaugurée il y a un peu moins d’un an, dans le but que nos paroissiens
puissent avoir accès à l’eucharistie, au sacrement de l’Amour par excellence. Dans
la pensée du pape, les vingt-quatre heures pour le Seigneur sont surtout l’occasion de permettre aux baptisés de se réconcilier avec Dieu en recevant le
sacrement de la réconciliation. Le présent Jubilé
de la Miséricorde
est une occasion merveilleuse de goûter la Miséricorde divine.
Voici comment le pape François a décrit les premières vingt-quatre heures pour
le Seigneur, en 2014 :
« Vendredi et samedi prochains, nous vivrons un moment
pénitentiel spécial, appelé « 24 heures pour le Seigneur ». Il commencera
vendredi après-midi, par la célébration dans la basilique vaticane, puis dans
la soirée et pendant la nuit, des églises du centre de Rome seront ouvertes
pour la prière et pour les confessions. Ce sera — on peut l’appeler ainsi — ce
sera la fête du pardon, qui aura lieu aussi dans de nombreux diocèses et de
nombreuses paroisses du monde. Le pardon que le Seigneur nous donne doit être
fêté, comme l’a fait le père de la parabole du fils prodigue, qui, lorsque son
fils est revenu chez lui, a fait la fête, en oubliant tous ses péchés. Ce sera
la fête du pardon. » (2)
Comme il est beau et bon que le pape nous rappelle que le
pardon est une fête. C’est une fête pour Dieu de nous pardonner; ce devrait
aussi être une fête pour nous de nous laisser réconcilier avec Dieu. Le pape a
choisi de vivre les vingt-quatre heures pour le Seigneur lors de la fin de
semaine du dimanche appelé: Laetare (mot latin signifiant « se
réjouir »). Le quatrième dimanche du Carême, est à chaque année le
dimanche de la « joie ». Le prêtre peut en ce dimanche porter des
vêtements roses. L’Église veut en ce dimanche, associée la couleur violette du
Carême à la couleur blanche de Pâques; ce qui donne la couleur rose. C’est un
peu comme si l’Église montrait son ardent désir d’arriver à la joie de Pâques.
Le pape François a probablement volontairement choisi le dimanche de la joie
pour fêter en même temps la joie du pardon, la joie de la réconciliation.
(1) [PDF]
Témoignage d’un policier devenu prêtre - Missa
www.missa.org/gc_040209.pdf
duire le témoignage que l'abbé Gilbert Chabot donne sur l'histoire de sa vocation au ..... désir d'entrer au service de la Police même si je n'avais pas beaucoup.(2)
Angélus, 23 mars 2014 | François
https://w2.vatican.va/.../angelus/2014/.../papa-francesco_angelus_20140...
23 mars 2014 - ANGÉLUS. Place Saint-Pierre IIIe Dimanche de Carême, 23 mars 2014.... moment pénitentiel spécial, appelé « 24 heures pour le Seigneur ».
Un Évangile que j'aime beaucoup que La Transfiguration!
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